[Autres notes et fragments de sermons et de conférences]

Informations générales
  • TD46.319
  • [Autres notes et fragments de sermons et de conférences]
  • Prix des âmes.
  • Orig.ms. CS 146; T.D. 46, pp. 319-321.
Informations détaillées
  • 1 FEMMES
    1 PRETRE
    1 SALUT DES AMES
    1 SAUVEUR
    1 ZELE APOSTOLIQUE
    2 MARIE DE BETHANIE
    2 MOISE
    3 NAIM
  • Des dames.
  • 1838-1839
La lettre

(p. 25-26)

En considérant, mes dames, les profonds abaissements du fils de Dieu, on [sait] ce que c’est qu’une âme. On ne le sait pas.

Ce qui afflige le plus, c’est que dans l’homme on n’aime que la partie la moins noble.

Obligation pour nous de travailler au salut des âmes. Immense privilège de celui qui est appelé à travailler au salut des âmes.

Division: Obligation et bonheur de travailler au salut des âmes. Causes de cette obligation, conditions de cette obligation; ou bien pourquoi êtes-vous obligées et à quoi êtes-vous obligées?

Parce que vous êtes tenues d’imiter Jésus-Christ: Exemplum dedi vobis; parce que vous avez contracté une dette envers lui: il a sauvé votre âme; parce qu’il vous a confié des âmes.

A quoi êtes-vous obligées? A travailler au salut de vos maris, de vos enfants, de vos domestiques, de vos amis, de tous les hommes.

De vos maris, de vos enfants: voilà le bonheur de la famille chrétienne. Elle se forme pour l’éternité, elle bâtit sur le rocher et non sur le sable.

De vos domestiques: saint Paul à Philémon.

De vos amis: unicuique mandavit…

Mais les devoirs sont plus stricts, à mesure que les relations se resserrent. Vous êtes obligées à sauver des âmes, parce que vous en avez perdu. Fratres meos quaero. Mes dames, n’avez-vous participé à la damnation de personne? Et quelquefois dans le silence ne vous est-il pas arrivé d’entendre comme le cri des âmes, qui vous demandent compte de leur damnation?

Le plus grand bonheur pour un coeur généreux et noble que de faire quelque chose digne de lui. Rien de plus noble et de plus généreux que de travailler au salut des âmes. C’est ce qui a dévoré Jésus-Christ. Sitio.

Bonheur de travailler au salut des âmes, récompense dès ce monde.

Il est, mes dames, une joie que Dieu a voulu accorder au prêtre comme encouragement à ses travaux apostoliques, et que je ne crois pas permis aux autres hommes de goûter, joie ineffable dont les joies du monde ne sont pas même l’ombre, c’est en ce moment solennel où le sacrifice adorable se consomme, lorsque faisant tomber les paroles sacramentelles sur l’hostie et sur le calice, le ministre des autels commande à son Dieu de s’immoler en quelque sorte une seconde fois pour le salut des pécheurs, et que s’unissant à l’agneau qui efface les crimes de la terre, il lui demande la grâce d’être victime, à son tour, non pas seulement pour ses frères, non pas pour ceux qu’il connaît, mais s’il le faut pour l’âme du plus dégradé de ses semblables qui languit au fond d’une peuplade inconnue. Oh! comme alors sa poitrine s’agrandit pour y réchauffer, s’il le pouvait, tous ses frères de douleur! Il semble qu’au moment où il s’est offert ainsi à Jésus, Jésus lui prête son coeur pour lui faire comprendre ce que c’est qu’une âme.

Mais, mes dames, si vous ne pouvez goûter au même degré les joies que Dieu a réservées pour ceux, sur qui il a imprimé un caractère plus particulier de ressemblance avec celui qui est prêtre dans l’éternité, les efforts tentés pour le salut des âmes portent toujours avec eux leur récompense. Pourquoi ne pas essayer de connaître le prix que Dieu attache à ce genre de dévouement? Quoi! n’est-il parmi vous personne, qui, plus à plaindre que la veuve de Naïm, pleure la mort spirituelle de son époux et de son fils? N’y a-t-il point quelque soeur, qui, comme Marthe et Marie, ne puisse dire à Jésus: Seigneur, si vous eussiez été ici, mon frère ne serait pas mort? Mes dames, je tremble à cette question, mais je dois vous la faire. N’avez-vous jamais concouru à la perte des âmes, et dans les moments de silence n’avez-vous pas entendu, comme du fond des enfers, les reproches d’un réprouvé qui vous fut connu et qui vous reprochait d’avoir causé sa perte? Ah! quand on a beaucoup vécu, c’est bien difficile.

Rien ne vous rend plus semblables à Jésus-Christ. Son plus grand titre est celui de rédempteur. Mais l’âme qui se dévoue imite Jésus-Christ. Rien de plus grand que le sacerdoce. Mais l’âme qui prie pour les âmes, participe au sacerdoce.

L’instruction que vous venez d’entendre, mes dames, est une de celles que les anges écrivent pour servir au jugement et de celui qui la prononce et de ceux qui l’entendent. Vous et moi nous serons jugés pour le zèle que nous avons eu pour le salut des âmes de nos frères; moi plus sévèrement que vous sans doute, mais vous selon la position que la Providence vous a faite, selon le nombre d’âmes confiées à votre sollicitude, selon le degré de vigilance qui était exigé de vous. Mais c’est parce que depuis longtemps je suis effrayé des illusions étranges que l’on se fait à cet égard, que j’ai voulu vous donner cet avertissement. La terreur s’empare de moi, quand je réfléchis sur l’indifférence, pour ne rien dire de plus, de la plupart de vos familles. Je m’étais laissé aller, je l’avoue, à l’espoir qu’en vous adressant depuis bientôt quatre ans, des instructions qui vous fussent plus particulièrement applicables, je ferais du bien non seulement à vous, mais aux personnes sur qui vous pouviez agir. Sans doute, mes dames, il y a beaucoup de ma faute. Si j’eusse apporté plus de préparation, si j’eusse obtenu par la prière et la mortification une grâce plus grande à mes paroles, je serais venu à bout d’éloigner de vos coeurs ce démon qui ne se chasse que par la prière et le jeûne. Mais, mes dames, n’auriez-vous pas, à votre tour, à vous examiner sérieusement? Et si vous avez reçu ou pu recevoir dans cette enceinte des grâces que Dieu accorde à bien peu de personnes, ne songerez-vous pas au compte qu’il vous faudra rendre de la manière dont vous avez fait fructifier ces grâces pour vous et pour les autres? Ah! je vous en conjure, au moment où l’Eglise célèbre la naissance de celui qui est venu pour sauver tous les hommes, au moment où vous vous préparez à le recevoir dans vos coeurs, prenez des sentiments dignes de lui. Ce qu’il désire, ce sont des âmes; faisons tous nos efforts pour lui en présenter un grand nombre.

Notes et post-scriptum