[Autres notes et fragments de sermons et de conférences]

Informations générales
  • TD46.322
  • [Autres notes et fragments de sermons et de conférences]
  • [Mortification.]
  • Orig.ms. CS 147; T.D. 46, pp. 322-324.
Informations détaillées
  • 1 DISCIPLINE INSTRUMENT
    1 MORTIFICATION
    1 MORTIFICATION CORPORELLE
    1 PENITENCES
    2 FRANCOIS DE SALES, SAINT
    2 PASCAL, BLAISE
    2 SURIN, JEAN-JOSEPH
  • Des prêtres.
  • 1838-1839
La lettre

(p. 33)

Force du prêtre qui a l’esprit de Dieu. Ne timeas a facie eorum quia tecum ego sum, ut eruam te, dicit Dominus. Jer., I, 8.

Sommes-nous réduits à l’état déplorable où en était réduit Israël? Quelle puissance n’a pas celui avec qui est le Seigneur? Fort contre ses passions, fort contre les démons, fort contre les méchants, fort contre les faibles, fort contre les bons.

Mortifications. – La question est de savoir si l’on peut encourager la pratique des mortifications extérieures. Certaines personnes prétendent qu’on ne doit approuver que celles qui sont prescrites par l’Eglise: 1° parce qu’on ne voit pas que Jésus-Christ en ait pratiqué; 2° parce qu’il suffit de pratiquer celles que Dieu nous envoie; 3° parce que ces mortifications portent à l’orgueil; 4° parce qu’en excitant les sens, elles donnent de mauvaises impressions.

A cela on répond: 1° que Jésus-Christ a jeûné; 2° qu’il a passé des nuits en prières sur la montagne; 3° que le supplice de la croix a été volontaire pour lui. Oblatus est, quia ipse voluit. – Ego animam meam a meipso pono; 4° qu’il a encouragé les jeûnes.

A la seconde objection [on répond]: 1° qu’il en est de la mortification volontaire comme de la politesse. Pascal dit: « Je me gêne pour vous lorsque cela n’est pas nécessaire, afin de vous prouver que je me gênerai pour vous lorsque cela le sera ». De même par la mortification volontaire on dit à Dieu: Je suis dans la disposition de me sacrifier pour vous. Et en cela on lui en donne des preuves. 2° La mortification extérieure est comme l’exercice. Il ne suffit pas qu’un soldat soit disposé à faire la guerre, il faut qu’il s’y prépare et voilà pourquoi on l’exerce. De même le chrétien ne doit pas seulement être disposé à souffrir, il faut qu’il s’y exerce. Car, de même que les troupes pleines de bonnes dispositions mais sans expérience sont presque toujours battues par les troupes bien exercées, de même le chrétien qui s’en tient à ses bonnes dispositions et qui ne les éprouve pas les voit souvent se réduire en fumée quand vient l’heure du combat. Les troupes exercées dans un pays ont encore cet avantage qu’elles le gardent sans faire la guerre, parce que l’ennemi calcule l’état des forces de celui qu’il veut attaquer. Or, il est certain qu’il redoute plus un pays préparé en réalité à le recevoir qu’un pays disposé à intervention par la haine qu’il sait s’y trouver contre lui.

3° Le secret de la mortification volontaire se trouve dans ces paroles de saint Paul: Je ne fais pas le bien que je veux. On a beau vouloir, quand l’occasion se présente il arrive bien souvent qu’on ne peut pas. Or il est certain que la volonté se fortifie en passant à l’état d’acte. Plus je ferai certains actes, plus j’aurai de facilité pour en faire de semblables. Or en raisonnant d’après ce principe, plus je ferai d’actes de mortification extérieure ou intérieure volontaire, plus je fortifierai ma volonté pour les cas où je serai obligé par force de me mortifier.

L’objection de l’orgueil que donnent les mortifications volontaires n’en est pas une. Car s’il est établi qu’elles sont bonnes, l’orgueil qu’elles pourront exciter devra être mis au rang de celui que produisent les bonnes oeuvres et combattu par les mêmes moyens.

Enfin, certaines mortifications extérieures produisent de l’excitation. Saint François de Sales et le P. Surin répondent que c’est cela même qu’on se propose, car cette excitation du corps n’étant ni bonne ni mauvaise en elle- même, il suffit de savoir la diriger. Car toute la différence qu’il y a entre un prédicateur qui prend une tasse de café ou un verre de vin ou une prise de tabac pour mieux prêcher, et une religieuse qui prend la discipline pour mieux faire l’oraison, est que le prédicateur met son corps à la disposition de son âme par une excitation agréable, et que la religieuse, au contraire, arrive au même résultat par une excitation douloureuse qui est plus conforme à l’esprit de l’évangile, parce qu’elle contrarie les sens au lieu de les flatter. Quant aux effets mauvais que ces mortifications ont sur certains tempéraments, il faut savoir choisir celles qui ne nuisent pas. Ceci est de la prudence du confesseur.

Enfin, si l’on dit que ces excitations factices finissent par affaiblir le corps, on répond que c’est précisément le but du jeûne tant recommandé par le Saint-Esprit, et qui lui-même irrite beaucoup certains tempéraments.

Notes et post-scriptum