[Autres notes et fragments de sermons et de conférences]

Informations générales
  • TD46.325
  • [Autres notes et fragments de sermons et de conférences]
  • Pentecôte.
  • Orig.ms. CS 148; T.D. 46, pp. 325-329.
Informations détaillées
  • 1 APOTRES
    1 EGLISE
    1 MARTYRS
    1 PENTECOTE
    1 PEUPLE DE DIEU
    1 SAINT-ESPRIT
    2 CESAR
    2 CONSTANTIN LE GRAND
    2 JEAN, SAINT
    2 PIERRE, SAINT
    3 ANGLETERRE
    3 ASIE
    3 FRANCE
    3 JERUSALEM
    3 RUSSIE
  • 1838-1839
La lettre

(p. 41)

Spiritus Domini replevit orbem terrarum. Sap. I, 7. – Repleti sunt omnes Spiritu Sancto.

Jésus était monté au ciel, et depuis dix jours ses apôtres réunis dans le Cénacle attendaient l’effet des promesses. Tout à coup un grand vent.

Le peuple juif disait: « Ils sont ivres », comme aujourd’hui on dit: Ils font leur métier. Eh bien, j’admets la chose, les apôtres étaient ivres et nous ne faisons que notre métier.

De toutes les attaques dirigées contre la religion une des plus fréquentes consiste à rabaisser aux yeux des hommes ceux qui sont chargés de publier les vérités ou d’en respecter les lois. Ainsi les apôtres: musto pleni sunt isti. Aujourd’hui on nous accuse de faire notre métier. Et l’on ne voit pas que plus on déprécie la valeur de l’instrument, plus on relève le mérite de l’ouvrier qui l’emploie.

L’esprit répandu sur les apôtres, tel est, mes frères, le mystère de ce jour. Jésus montant au ciel l’avait promis; les apôtres l’attendent, il leur est envoyé. Cum complerentur dis Pentecostes. Mais ce n’est pas aux apôtres seuls qu’il devait être donné. Par eux devait se répandre cet esprit divin sur toute chair selon l’expression du prophète: effundam de spiritu meo super omnem carnem.

Cette Eglise que vous aimez tant, mes frères, il y a dix-huit siècles qu’à pareil jour elle fut formée par le Saint-Esprit, il y a dix-huit siècles qu’on l’attaque et il y a dix-huit siècles que, victorieuse de tous les assauts, elle rend le bien pour le mal et présente la vie véritable aux hommes qui voulaient lui donner la mort. Elle naquit à Jérusalem au moment où l’esprit consolateur, promis par Jésus, fut répandu sur les apôtres et, depuis, le même esprit qui est sa vie l’anime, la développe, la fortifie.

Quelle impression eut faite sur les Juifs un homme qui, en les entendant dire que les apôtres étaient ivres, leur eût répondu: Oui, ils sont ivres, et quoique pleins de vin ils vont convertir le monde. Douze ivrognes chargés de convertir le genre humain! Le genre humain assez sot pour se laisser convertir par de telles gens!

[Autres notes sur le même sujet.]

Mes frères, il y avait cinquante jours que le Christ avait été mis à mort et qu’il était ressuscité. Les Juifs, réunis de plusieurs points du monde connu, célébraient à Jérusalem l’anniversaire de l’alliance que Dieu avait contractée avec eux dans le désert, sur le mont Sinaï, en leur donnant sa loi, quand au milieu des rues de Jérusalem on vit paraître douze hommes qui venaient enseigner une loi nouvelle. Ces hommes [se] disaient envoyés du Seigneur, et comme preuve de leur mission ils parlaient, et les peuples de diverses contrées qui les entendaient parler les entendaient tous. Plusieurs milliers de Juifs les crurent, se firent baptiser par eux, et ce jour-là l’Eglise de Jésus-Christ prit naissance. Cette Eglise qui commença, il y a dix-huit siècles, dure encore et durera jusqu’à la fin des temps, parce que l’esprit qui l’entretient c’est l’esprit de Dieu même et que le Seigneur a promis d’être avec elle jusqu’à la consommation des siècles.

Or, mes frères, je voudrais vous faire voir aujourd’hui cette assistance permanente de l’Esprit-Saint veillant sur les destinées de l’Eglise, assistance qui se fait voir et sur le corps entier et sur les membres du corps; et cette instruction n’a pas d’autre place. Je vous montrerai d’abord l’Eglise protégée par le Saint-Esprit, et le même Esprit assistant d’une manière spéciale les membres divers de l’Eglise.

Action du Saint-Esprit sur le corps de l’Eglise, action du Saint-Esprit sur chaque membre en particulier.

L’Eglise est une société chargée d’enseigner la vérité et la pratique des vertus. Comme société elle est attaquée par les puissances de la terre, dans l’enseignement de la vérité par les hérétiques, dans la pratique des vertus par ses propres enfants. Et quoique, à certaines époques, on voie comme une alliance infernale contre elle entre les puissances de la terre, les hérétiques et les enfants révoltés, il faut considérer successivement ces trois sortes d’ennemis pour établir quelque ordre dans ce que j’ai à vous dire.

L’Eglise est une société. – Elle a ses lois (détail): sedebitis, judicantes duodecim… Ces lois contrarient les lois humaines – Luttes – Césars – Constantin – Schisme de l’Orient – Schisme de la Russie, de l’Angleterre.

Mais différence entre la société divine et les sociétés humaines. Où sont les Césars? Où est le Bas-Empire? Spiritus…

Vaisseau perdu. – Barque de Pierre – Les puissances. – L’Esprit de Dieu qui souffle où il veut, et nul ne sait d’où il vient ni où il va, souffle l’unité des temps et du même coup submerge les grands vaisseaux et pousse au port la barque immortelle.

Païens. – On vous a dit ce qu’était le paganisme, quand Jésus répandit son sang pour laver le monde. Le fleuve qui jaillit sur la croix coulait à pleins bords, quand le vieux monde effrayé voulut lui opposer une barrière; et de même que pour arrêter une inondation subite et menaçante on oppose aux flots envahisseurs tout ce qui se présente sous la main, de même le paganisme voulut opposer comme une digue d’instruments de supplice aux envahissements du fleuve de vérité, qui emportait dans ses flots vainqueurs les statues des faux dieux, leurs autels et les débris de leurs temples. Vains efforts! Quand on le croyait sur le point de tarir enfin, le sang des martyrs que l’esprit de Dieu poussait à la mort et au triomphe, se répandait au loin avec plus de rapidité et d’étendue.

Le privilège n’appartient pas à l’Eglise naissante. Vous avez entendu le père commun des fidèles proclamer des martyrs de dix ans, la plupart Français. L’Eglise de France ne pouvant plus témoigner de sa foi sur les échafauds par la mort de ses enfants ou sur la terre étrangère par les vertus de ses confesseurs exilés, envoie encore ses prêtres mourir par le monde jusqu’aux extrémités de l’Asie, et proclamer ainsi à la face du monde que si la trompette sonnait encore, elle saurait cette vaillante guerrière revêtir encore les armes de la patience et de la charité, comme moyens de cueillir des palmes, de ceindre son front des lauriers arrosés de son propre sang.

Autorité de l’Eglise opposée à la fluctuation des hérésies. Il fallait que toutes les vérités fussent attaquées et toutes défendues. Esprit de Dieu assistant les Pères et les apologistes.

Saints conciles, vénérables assemblées, quel esprit vous assistait dans l’unité de vos décisions? Spiritus Domini…

Corruption de ses enfants, pureté de sa morale. Mais parce qu’elle est sévère, on n’en veut pas. Cause de troubles, de désordre, de mort.

Lorsque le mal est trop grand, l’esprit se retire. Quelquefois il suscite une tempête et l’air est purifié. Ainsi en France, il y a cinquante ans. Catholiques, vous aimez votre mère, ne portez-vous pas dans son sein le venin de la corruption.

Eglise de Jésus-Christ, que tu me parais belle dans ton ensemble et merveilleuse dans les destinées que t’a faites l’esprit de Dieu qui t’anime! Soit que je te considère comme cette petite pierre qui devint une haute montagne, et que je voie J.-C., les apôtres te servir de fondement: fundamenta ejus in montibus sanctis, et que je considère l’Esprit-Saint qui sert de ciment éternel aux pierres vivantes de ton temple! Soit que je te considère comme un soleil et portant la lumière que tu as reçue, ou consolateur qui enseigne toute vérité aux nations assises à l’ombre de la mort. Soit que je te compare à une fontaine d’eau vive qui jaillit du sein même de Dieu, et qui rend la santé aux malades, ferme les blessures, dissipe toute infirmité et donne une force surnaturelle pour marcher dans les sentiers de la justice.

Que tu es belle dans ton ensemble, mais que tu es belle aussi dans les détails!

Dieu est amour, et c’est surtout le Saint-Esprit, lien d’amour, qui unit tous les membres. Charité que le Saint-Esprit consomme. Mais nous sommes imparfaits. Esprit de sacrifice. – Prodiges de l’esprit de sacrifice. – Le sacerdoce, les prêtres, les religieuses. Pour l’âme et pour le corps tous frères en Jésus-Christ.

Mais l’action sur chacun en particulier. Action du Saint-Esprit pour la conversion du pécheur, pour sa persévérance dans les tentations.

Dieu est amour, s’écriait le disciple bien-aimé. Dieu est amour, et c’est l’Esprit-Saint qui est l’amour qui unit le Père au Fils, par lequel il nous unit à Dieu et entre nous. Videte qualem charitatem. Amour de bienveillance. – Pardon des injures. Fuite des torts. – Zèle pour le salut des âmes.

Charité, sentiment nouveau. Emitte spiritum tuum, et creabuntur. Mais, il y a du mal dans le monde, il faut souffrir pour faire le bien. L’esprit de Dieu est un esprit de sacrifice. Amour de Jésus-Christ. – Sacerdoce. – Ordres religieux.

Notes et post-scriptum