[Autres notes et fragments de sermons et de conférences]

Informations générales
  • TD46.360
  • [Autres notes et fragments de sermons et de conférences]
  • De la confession.
  • Orig.ms. CS 154; T.D. 46, pp. 360-363.
Informations détaillées
  • 1 CONFESSION SACRAMENTELLE
    1 ENFER
    1 INCARNATION DE JESUS-CHRIST
    1 MISERICORDE DE DIEU
    1 PARDON
    1 PECHEUR
    1 PUISSANCE DE DIEU
  • 1838-1839
La lettre

(p. 321)

[A. -] Puissance de Dieu dans la confession. – Semel locutus est Deus, duo haec audivi, quia potestas Dei est, et tibi, Domine, misericordia.

La puissance de Dieu manifestée dans la confession, miséricorde de Dieu.

Vous dites que la confession est humiliante, et moi je veux vous montrer qu’elle est glorieuse, puisque c’est l’acte le plus grand de la puissance de Dieu. Je dis qu’elle est consolante, parce que c’est l’acte de sa miséricorde.

C’est l’acte le plus grand de la puissance de Dieu. Que ceci ne vous étonne pas, mes frères. Quand Dieu a créé le monde, il a triomphé du néant, mais lorsqu’il pardonne au pécheur, il triomphe pour ainsi dire, de lui-même, il triomphe de sa justice offensée.

Lorsque Satan et ses anges se révoltèrent contre lui, il ne leur pardonna pas, il se contenta de créer l’enfer et de les y précipiter. Mais lorsqu’il veut pardonner à l’homme rebelle, voyez ce qu’il fait: il fait taire la voix de sa justice, il tient conseil en lui-même; la Trinité adorable se partage l’oeuvre de la réparation, et chacune des personnes divines semble se partager les divers ministères à remplir. Le Père, dans son amour, donnera son Fils; le Fils s’offrira pour victime; l’Esprit-Saint se chargera de sanctifier les âmes. Ah! mes frères, quel spectacle! Le Fils prendra un corps et une âme semblables aux nôtres. Ah! mes frères, quel spectacle, un Dieu-homme, l’humanité unie à la divinité, un Dieu pauvre, humble, souffrant; un Dieu mort et donnant par sa mort la vie à la mort! Quel trait de puissance! Et ce Dieu, remarquez ceci, donnant aux hommes le pouvoir d’appliquer les mérites de son sang et de nous faire participer à la réconciliation. La réconciliation! Quoi! ce que Dieu n’a pas fait pour les anges, il l’a fait pour les hommes?

Mais, dites-vous, il n’en est pas moins humiliant de se reconnaître pécheur. Que prétendez-vous par là? Parce que vous ne vous reconnaîtrez pas pécheur, le serez-vous moins pour cela? Parce que vous ne voulez pas profiter des prodiges de la puissance divine, des bienfaits de l’incarnation, serez-vous moins marqué du sceau de la réprobation? Quel orgueil et qu’il est mal placé! Ah! qu’il me paraît, au contraire, glorieux de faire ma paix avec mon Dieu par un moyen qui est le triomphe de sa puissance, par l’effusion du sang de Jésus-Christ qui m’est appliqué!

Mais, direz-vous, il m’est bien pénible d’aller m’humilier devant mon semblable. Mais dans cet acte même je vois un signe de la grandeur, à laquelle la réconciliation est attachée. Quel est le pouvoir suprême? N’est-ce pas le droit de faire grâce, droit que le souverain se réserve à lui seul? Eh bien, ce droit Dieu le communique à des hommes, ce privilège il le concède à l’humanité, il donne à des hommes le droit de grâce. Quel pouvoir se réserve-t-il à lui-même? Lorsque Jésus disait au paralytique, que l’on avait descendu par les toits, que ses péchés lui étaient remis, les Pharisiens ne trouvèrent-ils pas qu’à Dieu seul il appartenait d’exercer cet étrange pouvoir? Eh bien, ce pouvoir Jésus-Christ le donne à l’homme, l’homme devient dépositaire du pouvoir de Dieu. Et remarquez qu’ici ce n’est pas un homme qui est honoré par là, c’est l’humanité, comme l’humanité tout entière a été honorée par l’amour qui a porté un Dieu à se faire homme. Et nous nous plaindrons, et nous rougirons des privilèges que Dieu nous donne!

B. – La confession, manifestation de la puissance de Dieu.

Après tout, que nous doit Dieu? Nous doit-il plus qu’à Satan? Et quand il serait vrai, comme je le confesse, qu’il y a quelque chose d’humiliant dans la confession, serait-il donc raisonnable de se plaindre que Dieu, pour guérir notre orgueil, emploie un moyen humiliant? N’est-ce pas l’orgueil qui est le principe de notre révolte? Et l’humiliation ne détruit-elle pas l’orgueil? Ne convient-il donc pas à l’homme de s’humilier?

Mais je dis que la confession est la manifestation de la miséricorde. Quoi que vous fassiez, mes frères, Dieu subsiste, Dieu est juste, Dieu veut que sa justice ait des droits. Pour l’apaiser, il a consenti à ce que son Fils souffrît pour vous, il vous offre de vous appliquer les mérites de sa Passion par la confession. Tant que vous vivez, il est libre à vous d’accepter ces conditions de paix, mais viendra un temps où le pardon qui fut refusé à Satan vous sera refusé à vous aussi, si vous ne l’acceptez pas tandis qu’il est encore temps.

Oh! s’il suffisait pour détruire l’enfer de nier son existence, je vous dirai de toutes mes forces: Niez, niez l’enfer et vivez ensuite au gré de vos passions. Mais l’enfer, ce n’est pas une idée, ce n’est pas un rêve, une imagination de poète; l’enfer, quoi que vous disiez, quelque incompréhensible qu’il vous paraisse, est une formidable réalité. Et plaise à Dieu que vous n’en fassiez pas bientôt l’irréparable expérience! L’enfer a été créé par la justice divine envers les démons et par l’amour divin envers les hommes: par la justice, afin de châtier les anges rebelles; par l’amour, afin d’effrayer notre nature tombée et de la forcer par la terreur à lever les yeux vers le ciel. Eh bien, mes frères, dites tant que vous voudrez que la miséricorde divine n’est pas immense en nous donnant un moyen, quel qu’il soit, d’éviter les brasiers éternels, je vous dirai que vous avez menti. Mais quand ce moyen est aussi doux, quand pour éviter ce mal immense il suffit d’aller déposer dans le coeur d’un homme pécheur comme vous, et dès lors forcé à la miséricorde envers vous, à cause de la miséricorde dont lui-même [bénéficiera], je dis qu’il faut être bien orgueilleux ou bien insouciant pour ne pas se réfugier dans l’asile ouvert par la miséricorde divine, et ne pas proclamer qu’à Dieu seul [elle] appartient. La confession est le chef-d’oeuvre de la miséricorde, et je soutiens que rien n’est plus doux. Ah! mes frères, je n’en voudrais pour preuve que la douce émotion qu’éprouve le pécheur, qui se relève après que l’absolution du prêtre a brisé sur son front le joug du passé et l’a affranchi des liens du démon. Ah! mon ministère n’a pas été encore bien long, et cependant quelles douces larmes n’ai-je pas vu couler sur des joues sillonnées par les rides du vice! Pourquoi le premier sentiment du pécheur qui se relève absous est-il de se jeter dans les bras de celui qui vient de le pardonner au nom de Dieu? Ah! que mon coeur a senti battre d’une douce émotion le coeur, que ma parole, par le pouvoir que m’a donné Jésus-Christ, mon maître, venait de purifier des souillures du vice et du crime!

Humiliation de la confession.

La confession, je le reconnais, est très humiliante. Je ne prétends pas en dissimuler le côté pénible. A Dieu ne plaise! Cette humiliation est trop nécessaire pour que je la combatte, mais je considère qu’elle est nécessaire et qu’elle n’est rien auprès de la confession qui attend le pécheur au jugement dernier.

Stellae non sunt mundae in conscpectu ejus, quanto magis homo putredo, et filius hominis vermis. Job.

Notes et post-scriptum