7 avril 1872. – Assemblée générale des délégués des comités catholiques.

Informations générales
  • TD47.017
  • Analyse des paroles prononcées par le R.P. d'Alzon à la clôture du Congrès catholique, le 7 avril 1872.
  • Revue de l'Enseignement chrétien, t. 3, pp. 10-12 (mai 1872). - Résumé et extraits.
  • Ecrits spirituels, pp. 1436-1439.
  • Orig.ms. CS 168; T.D. 47, pp. 17-20.
Informations détaillées
  • 1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
    1 CONGRES CATHOLIQUES
    1 PAIX DE L'AME
    3 FRANCE
  • Assemblée générale des délégués des comités catholiques.
  • 7 avril 1872.
  • Eglise des Carmes à Paris.
La lettre

Pax vobis.

Messieurs, quels adieux plus opportuns puis-je vous adresser, au terme de travaux féconds, je le pense, et où notre union s’est montrée si grande, que les paroles empruntées à l’évangile de ce jour? Les apôtres unis au Cénacle, dans ce que j’oserai appeler le premier des congrès, étaient tristes de la séparation de leur Maître; et lui, pour les consoler, leur apparaît miraculeusement et leur dit ces simples mots: La paix soit avec vous. Je les recueille sur les lèvres du Sauveur pour vous les adresser, à mon tour: Pax vobis. Qu’elle soit cette paix le fruit de vos travaux passés, le but de vos travaux futurs!

La paix soit avec vous pour vous d’abord, mais aussi pour les autres, car en nous séparant nous avons une grande mission de pacification à remplir. Or, laissez-moi vous le dire, le secret de cette paix vous le trouverez pour vous et pour les autres dans la foi, l’espérance et la charité.

Pour vous d’abord. Soyez des hommes de foi, marchez dans cette lumière qui fait voir les événéments et les devoirs, comme Dieu lui-même les envisage. Soyez surtout les fils de la vérité, tenez du fond de votre coeur aux principes et fuyez la manie des expédients. Que votre vie entière réglée par la doctrine du Sauveur en ait les saintes hardiesses, les vertus et la fécondité. Ayez la paix dans la vérité.

Ayez la paix dans l’espérance. Qu’est-ce qui trouble les hommes pour la plupart du temps? Ne sont-ce pas les délices de la terre? Par l’espérance vous vous élèverez plus haut. Vous ne demanderez pas le bonheur à ce qui passe, vous aurez l’ambition de ce qui est éternel, et, dès lors les choses du temps, les vaines disputes des hommes vous troubleront peu. Votre trésor étant dans le ciel, vous ferez bon marché des avantages d’un jour, et vous serez des hommes pacifiques, parce que la paix de J.-C. ressuscité vous apprendra à ne chercher que ce qui est en haut, à ne savourer que ce qui est en haut: Quae sursum sunt, quaerite…, quae sursum sunt, sapite, non quae super terram.

Ayez la paix dans la charité. Aimez Dieu seul. Que lui seul remplisse vos coeurs, qu’il soit votre mobile, votre vie, votre tout! Comprenez la grandeur de la société avec Dieu, et de cette union merveilleuse où le créateur veut élever la créature jusqu’à lui. Là vous trouverez l’unique paix, la paix de Dieu: pax Dei quae exsuperat omnem sensum.

Je vous souhaite la paix pour les autres. Tout ce qui vient de Dieu est un bien, dont le privilège est de ne point diminuer en se partageant. Votre foi, votre espérance, votre charité s’accroîtront en proportion de ce que vous les communiquerez à vos frères. Allez donc et portez-leur la foi. Le monde périt dans les ténèbres de l’erreur et du mensonge; sauvez-le en lui rendant la lumière; en lui donnant la vérité par vos paroles, surtout par vos exemples. Que votre vie soit une perpétuelle prédication de la foi, et vous aussi vous serez des apôtres, à qui J.-C. viendra dire: Pax vobis. Et, nous le savons, les souhaits de J.-C. se transforment pour ceux qu’il aime en réalité.

Donnez la paix aux autres. L’espérance vous fait mépriser les biens terrestres. Soyez généreux envers le pauvre surtout, et l’aumône que le dédain des richesses rendra plus abondante, en vos mains, d’abord apaisera ses colères si accumulées, puis le disposera à accepter son indigence, quand il verra que vous vous dépouillez pour lui. Plus vous donnerez, plus il comprendra que la félicité ne gît pas dans l’or, et vous lui apprendrez le désir des biens d’en haut en lui montrant que vous tenez peu aux jouissances terrestres. Par ce côté votre mission est admirable car vous avez le dernier mot de la réconciliation possible entre ceux qui ont beaucoup et ceux qui n’ont rien.

Enfin, je vous souhaite de donner la paix dans la charité. Vous êtes des hommes de bonnes oeuvres, Messieurs, mais les bonnes oeuvres s’accomplissent de tant de manières. En venant nous parler peu de celles que vous avez accomplies, beaucoup de celles qui se présentent à faire, vous avez fait acte d’humilité et de bonne volonté. Oui, le champ est vaste; poursuivez vos saintes traditions du bien pour l’amour de Dieu. A mesure que les haines montent de certains côtés, comme les flots de la tempête, souvenez-vous que les eaux d’aucune mer en furie n’ont pu éteindre la charité: Aquae multae non potuerunt extinguere caritatem. Accroissez-la au contraire, chaque jour par des inventions nouvelles, portez-la partout, au centre de la France et jusqu’à ses extrémités. Oui, partout où la haine du révolutionnaire se montrera, que la charité du catholique se montre plus grande; que les armes de l’enfer soient vaincues par les armes du ciel! Et, de même qu’à l’exemple de Notre-Seigneur je vous souhaite la paix, vous pourrez non seulement la souhaiter, mais la procurer aux autres.

En nous séparant, souvenez-vous que quelques jours après la visite de Jésus, les apôtres qui avaient vu leur Maître monter au ciel, avaient invité Marie,s a mère, de se trouver au milieu d’eux. Faites comme les apôtres, invitez Marie à présider vos futurs efforts, mettez-vous plus spécialement sous sa protection. Des prodiges tout récents nous prouvent quelle est sa constante puissance. Invoquez-la et par elle vous transformerez vos travaux en miracles.

Me permettrez-vous d’ajouter que nous avons un devoir de reconnaissance à remplir envers ceux qui ont dirigé vos travaux? Une église n’est pas un lieu, où il soit convenable de voter des remerciements. Vous avez ici mieux à faire. Je vous demande une prière pour votre président et ses collaborateurs, pendant que va se continuer le saint sacrifice(1).

Clôture du Congrès.

Une messe célébrée à l’Eglise des Carmes a clôturé le Congrès. A l’évangile, [le P. d’Alzon] a adressé aux membres de la réunion quelques paroles d’adieu, dont voici l’analyse.

Notes et post-scriptum
1. Dans le manuscrit, les lignes qui suivent sont insérées entre les textes 10 et 11. Ces quelques mots à la 3e personne sont bien, comme le titre, de l'écriture du P. d'Alzon. Les *Ecrits spirituels* n'ont pas reproduit les textes 11, 12 et 13.