Vers 1867

Informations générales
  • TD47.025
  • [Notes sur] L'Eglise et la Révolution.
  • Ecrits spirituels, pp. 1073-1074 (pour les paragraphes 1 à 17).
  • Orig.ms. CS 172-180; T.D. 47, pp. 25-29.
Informations détaillées
  • 1 ASSOCIATION
    1 ATHEISME
    1 ATHEISME DE L'ETAT
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 EGLISE
    1 ELECTION
    1 ENNEMIS DE L'EGLISE
    1 INSTITUTS RELIGIEUX
    1 JESUS-CHRIST
    1 MODERES
    1 NATURALISME
    1 ORDRE SURNATUREL
    1 PAPE
    1 RATIONALISME
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    1 REVOLUTIONNAIRES ADVERSAIRES
    1 SOCIALISME ADVERSAIRE
    1 SOCIETE
  • Vers 1867
La lettre

[I. Du futur concile.]

Le concile doit se proposer de combattre l’incrédulité, le rationalisme, le naturalisme, le socialisme.

L’incrédulité par l’affirmation plus nette des principes de la foi.

Le rationalisme par la proclamation du principe d’autorité plus nettement défini, par la proclamation de l’infaillibilité du Pape.

Le naturalisme, en montrant le terme du bonheur dans le monde supérieur, et les moyens de l’obtenir dans les secours apportés par Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Le socialisme par une nouvelle proclamation des grands principes sociaux que l’Eglise seule possède, et par la prédication du principe de charité, à l’aide duquel elle peut seule guérir les plaies que l’esprit d’égoïsme, de haine et de révolte a faites à la société malade.

En face de ces idées, quel est le rôle des Congrégations modernes?

Contre l’incrédulité:

1° Affirmer Jésus-Christ, auteur et consommateur de la foi, et pour l’affirmer utilement, l’étudier plus que jamais.

2° Se livrer à l’enseignement entendu dans le sens le plus vaste.

3° Développer le zèle de la prédication de Jésus-Christ, non seulement parmi les chrétiens, mais chez les incrédules, les hérétiques, les Juifs et les païens.

Contre les rationalistes:

1° Montrer la supériorité de l’intelligence, qui prend pour point de départ une autorité immuable.

2° Montrer la nécessité de fortifier la puissance pontificale au point de vue moral et intellectuel, à mesure que sa puissance politique et temporelle semble diminuer.

En face du naturalisme:

1° Se sanctifier d’abord soi-même, afin de prêcher d’exemple.

2° Puis, travailler à faire pénétrer partout les moeurs chrétiennes.

Reste le socialisme. Les Congrégations religieuses se trouvent ici en face de tous les maux les plus horribles. Il faut qu’elles les guérissent en pénétrant dans les classes gangrenées. La démocratie est un fait. Il faut en tirer tout le parti possible, en s’occupant de toutes les oeuvres qui peuvent la christianiser.

[II]

Jésus-Christ, base de l’ordre surnaturel.

Manifesté surtout par le Pape, dont il faut fortifier la puissance spirituelle en proportion de l’affaiblissement, je ne dis pas de sa puissance temporelle, mais sociale.

Nouvel ordre des choses. En effet, les gouvernements païens, apostats: l’Eglise s’adressant aux individus.

Travail dans la société:

1° Par le clergé séculier, dont je ne m’occupe pas.

2° Par le clergé régulier. Le clergé régulier, vraie armée du Pape. L’unir au Pape et fortifier sa puissance par son union avec le Pape.

Mission du clergé: 1° Pour la science entendue au sens chrétien; 2° pour les questions sociales; 3° pour les missions.

[III. Libertés à revendiquer.]

Liberté d’éducation.

Liberté de tester.

Liberté d’association.

Liberté de propriété.

Liberté de l’Eglise.

Liberté des oeuvres.

Engagement de se dévouer à toutes les libertés de l’Eglise catholique.

Solidarité des ouvriers chrétiens. – Solidarité chrétienne.

[IV.] De l’avenir des sociétés religieuses, à propos du futur concile.

L’Eglise a besoin de la sainteté de la vie religieuse. L’Eglise a besoin de la force des associations religieuses.

L’Eglise doit donc veiller sur ses obligations et protéger ses droits, en face de ce qu’on est convenu d’appeler la société laïque, qui, au nom du bien-être nie la pauvreté; au nom de la famille, nie la chasteté; au nom de la liberté, nie l’obéissance; au nom de la vie naturelle, nie la vie surnaturelle; au nom de la raison, nie la révélation et, dès lors, se trouve en antagonisme avec l’Eglise et cherche à ruiner ses armées.

En face de l’Eglise qui doit les défendre.

Trois questions:

1° Les associations religieuses ont-elles le droit de subsister?

2° Les sociétés religieuses ont-elles le droit de réclamer les moyens de subsister? (Propriétés, vie commune).

3° Les sociétés religieuses ont-elles le droit d’avoir une raison d’être, de subsister?

La société civile ne veut pas du but. Elle ôte les moyens d’existence. Elle ôte le droit à l’existence. Mais voyez: la liberté perce de toute part, le droit d’association aussi, la question des ouvriers également. De tout cela il y aura une invasion qui donnera fatalement la liberté à l’Eglise.

Ne dites pas: « Vous êtes devenu catholique libéral ». Non, mais je me fais un argument ad hominem. Vos principes ne sont pas les miens, mais au nom de vos principes vous êtes forcé de me donner l’existence et le moyen d’exister.

Je vais plus loin. Revenons au point de vue historique: l’époque où l’Etat était païen; l’époque où l’Etat a été chrétien; l’époque où l’Etat est sans foi.

D’abord, efforts individuels; puis, dans l’union de l’Eglise et de l’Etat, biens et abus.

A présent, efforts individuels. Frères convers impossibles.

Question des voeux solennels impossibles.

Question des clôtures.

Question de la reconnaissance légale des sociétés religieuses.

D’où une réforme sur une foule de points, à qui sera militant dans les Ordres religieux.

[V. L’Eglise et la Révolution.]

Aujourd’hui deux camps seulement: l’Eglise et la révolution. Entre deux les aveugles, les modérés, les béats, et, qui pis est, les politiques.

La révolution gagne du terrain. L’Eglise se réconcilie et se transforme, autant que l’immortelle constitution de l’Eglise peut se transformer. Le dogme est immuable, la morale est immuable, les applications sociales se modifient. C’est ce que l’Eglise a toujours fait.

Composée de deux éléments: l’élément divin est immuable, l’élément humain s’assouplit. Ceux qui ne voient pas ces choses ont une bien courte vue.

[VI.]

Stupidité des gens honnêtes et modérés qui ne voient pas la nécessité de s’arrêter dans les concessions. Les révolutionnaires ne cèdent jamais rien et exigent que les catholiques cèdent tout. C’est ainsi que par modération les catholiques se suicideront.

Moyen admirable inventé par la révolution. Elle dit aux gens: « Concédez-moi quelque chose, demain un peu plus, après-demain un peu plus ». Le quatrième jour,si vous n’êtes pas mort d’inanition, ce n’est pas sa faute.

[VII. Des élections.]

Faut-il s’occuper des élections?

Il faut laisser déblayer le terrain. Il faut poser les principes. Il faut être patient comme l’Eglise et comme Dieu. Il faut garder ce que l’on a et en profiter pour gagner du terrain.

[VIII. Des élections.]

Nous sommes vaincus. Mais vous avez une consolation, c’est que vous représentez un principe.

Pesons bien nettement la situation. Qu’on ait voté pour le général(1), rien de mieux. Mais qu’on vous propose de tendre la main au socialisme catholique, c’est ce que je ne comprendrai jamais. Il y a un protestantisme luthérien, calviniste, méthodiste, épiscopalien; mais un catholicisme socialiste, il n’y en a pas. Si l’on est socialiste, on n’est plus catholique.

Mais faut-il désespérer? Non, certes.

Notes et post-scriptum
1. Un extrait de ce texte figurant dans les *Ecrits spirituels* a été reproduit dans cette banque de données à C00827. Comme dans les E.S. il y est daté de novembre 1869. A la suite des T.D. nous avions daté le texte publié ici de *vers 1868*. L'allusion au *général* nous permet de rectifier et de rapprocher sa composition des 3 et 10 août 1867, où le général Walsin-Esterhazy fut le candidat officiel de Nîmes pour les élections au Conseil général. Rappelons que c'est le 26 juin 1867 que Pie IX avait annoncé son intention de convoquer un concile oecuménique (note ajoutée le 5 septembre 1998).