Sept conférences sur la nouvelle prise de possession de la société par l’esprit chrétien. Cathédrale, 1873.

Informations générales
  • TD47.068
  • Sept conférences sur la nouvelle prise de possession de la société par l'esprit chrétien. Cathédrale, 1873.
  • Troisième conférence: Des manifestations catholiques.
  • Orig.ms. CS 201; T.D. 47, pp. 68-72.
Informations détaillées
  • 1 ACTION SOCIALE
    1 CHEMIN DE FER
    1 DROITS DE DIEU
    1 HAINE CONTRE JESUS-CHRIST
    1 LUTTE CONTRE LE MONDE
    1 PELERINAGES
    1 PRIERES PUBLIQUES
    1 RESPECT HUMAIN
    1 SOCIETE
    2 LARCY, ROGER DE
    3 FRANCE
  • De la fin décembre 1872 à février 1873, le lundi.
  • Cathédrale de Nîmes.
La lettre

Nous avons montré rapidement, dans les deux précédentes conférences, la nécessité de ramener l’esprit chrétien dans la société moderne. Reste à examiner par quels moyens. Aujourd’hui nous parlerons des manifestations catholiques. Je les considérerai aujourd’hui dans leur ensemble; plus tard nous viendrons au détail.

Nous avons eu ces manifestations. Elles ont surgi d’une façon toute spontanée. Elles ont été pacifiques, comme il convient à des catholiques. Sauf de rares et malheureuses exceptions elles ont repoussé tout caractère politique. Je dis qu’il faut les continuer en les maintenant sur le terrain exclusivement catholique, et alors elles présentent un triple caractère sur lequel je veux fixer votre attention.

1° Elles sont une protestation contre la pusillanimité et elles sont une réhabilitation du caractère chrétien.

2° Elles sont une réparation des insultes faites à Dieu et la proclamation publique de ses droits.

3° Elles sont une reprise de possession de la vie publique par les catholiques, et le plus grand acte social qu’ils puissent accomplir.

1.

1° Protestation contre la pusillanimité. 2° Résurrection de la dignité chrétienne.

[1° Protestation contre la pusillanimité.]

N’est-ce pas un lieu commun de dire qu’il n’y a plus de beaux, de grands caractères? Chacun songe à soi. Il n’y a plus que des égoïstes. La prudence, l’intérêt matériel, l’ambition, le plaisir, mais c’est ce qu’il y a de plus prudent et ce qu’il y a de plus commun.

Mais pour faire une manifestation, il faut se gêner; il faut se compromettre, brûler ses vaisseaux. Une manifestation, c’est le drapeau religieux. Or quiconque lève son drapeau, dit qu’il est prêt à combattre.

Que parmi les gens qui ont fait des manifestations, il y ait eu des gens étonnés d’eux-mêmes, qui en doute?

Enfin, c’est la destruction du respect humain.

2° Résurrection de la dignité chrétienne.

Le respect humain détruit. Reste cet ancien caractère français, jadis si chevaleresque. – Reste le courage de la vie publique. – Reste la grandeur de la vie catholique.

Eh bien catholiques qui m’écoutez, quand vous serez catholiques jusqu’au bout, vous regarderez de toute part et vous verrez qu’il n’y a rien de grand comme vous. Vous verrez que vous défendez la plus grande des causes et vous serez forcés de reconnaître que si Dieu a permis les persécutions, c’est pour retremper les caractères.

Mais quand des masses se lèvent pour de grandes manifestations, déjà l’effet voulu est produit et la victoire est assurée.

2.

1° Réparation des insultes faites à Dieu. 2° Proclamation de ses droits.

1° Réparation.

Dieu est attaqué par le mépris, la haine et la peur.

Les savants le méprisent. Il faut leur montrer qu’au-dessus de la science il y a la foi, et l’honorer publiquement. – Les incrédules et les dépravés le haïssent. Il faut prouver que nous l’aimons en nous compromettant et en l’affirmant. – Les mauvais catholiques en ont peur. Oui, voilà le mal. Il faut prouver à ces trembleurs notre confiance et une confiance publique.

Courage de M. de Larcy; attribuant [sic] aux prières publiques.

Et vous voulez que Dieu ne vous rende pas en triomphes ce que vous lui donnerez en réparations. Per quae quis peccaverit, per haec et torquetur. Je retourne l’argument et je dis: Chacun sera récompensé selon qu’il aura agi. Vous agissez en particulier, vous aurez des récompenses privées. Vous agissez publiquement, vous aurez des récompenses publiques.

2° Proclamation des droits de Dieu.

Les droits de Dieu, mais rien de plus méconnu. Les catholiques chantent: Domini est terra. Les incrédules répètent: Nolumus hunc regnare. Or ces droits sont manifestes: Coeli enarrant gloriam. Mais il ne faut pas tout laisser à la nature, il faut les publier, ne pas permettre qu’on les escamote. Il faut oser les proclamer. C’est ennuyeux, cela dérange certains calculs, les gens qui mettent Dieu dans leur poche et menacent de le faire sortir, mais se gardent bien de le montrer.

Eh bien, il faut briser toutes ces diplomaties. Arrière les habiles! Est-ce que Jésus-Christ était bien habile en se faisant crucifier? Ce fut sa manifestation. Est-ce que les apôtres, les martyrs étaient habiles? Est-ce que Pie IX est habile? Non, non, ne soyons pas habiles. Moriamur in simplicitate nostra. Faisons au grand jour nos manifestations sans aucune habileté que celle de défendre la bonne cause, la cause de Dieu.

Autrefois on avait des corporations fermées, aujourd’hui nous avons de vastes associations; autrefois des confréries, aujourd’hui des congrès; autrefois des processions, aujourd’hui des pèlerinages; autrefois des démarches confiées à quelque homme puissant, aujourd’hui des pétitions par centaines de mille, et tout cela pour Dieu et rien que pour Dieu.

3.

1° Prise de possession de la vie publique. 2° Acte social.

[1° Prise de possession de la vie publique.]

Ai-je besoin d’insister sur ce point? On a voulu nous exclure de la société, on le veut encore. Que font les révolutionnaires? Nous avons des droits basés sur des devoirs. Ne l’oublions pas, nous sommes la paix, l’ordre, la justice.

Nous sommes la paix, parce que nous sommes l’ordre, parce que nous sommes la justice. Laissons chanter à la révolution: Qu’un sang impur… Chantons avec les anges: Et in terra pax. Les manifestations pacifiques, mais publiques, prouveront que nous existons, que nous avons des droits, que nous voulons les exercer. Il serait plaisant que quand on inaugure tant de chemins de fer, les catholiques n’eussent pas le droit de locomotion, sous le beau prétexte que les pèlerinages ne sont pas dans nos moeurs. Eh bien on les y mettra, nous les ferons près, nous les ferons loin, et malgré leur mauvaise grâce, nous forcerons certains chemins de fer à faire des pèlerinages à prix réduit comme des trains de plaisir.

2° Acte social. – La société se meurt, parce qu’elle est séparée de Dieu.

Il faut lui rendre la vie en lui rendant Dieu. Il faut ramener Dieu, non par la porte de derrière, mais manifestement, au grand jour, en face de la société. Il faut lui dire: « Seigneur, nous sommes de très malhabiles maçons, venez rétablir la maison sociale qui s’écroule sans cesse ». Il faut lui dire: « Notre patrie est fort mal gardée, l’ennemi y est entré. Venez la garder, Seigneur. Nous vous en conjurons publiquement, ostensiblement ».

Et voyez, mes frères. Les catholiques ont prié, et M. de Larcy le constate lui-même: Pourquoi pas de prières publiques? Que s’est-il passé en France? Les hommes d’ordre se sont entendus, les hypocrisies de Rome se sont révélées, il a fallu reculer. Ce soir, demain, on reculera pour éviter une chute certaine.

Dirai-je les fractionnements que Dieu a faits dans certains partis? Dirai-je les morts que Dieu envoie?

Oui, mes frères, nous ferons des manifestations pacifiques, religieuses, exclusivement religieuses. Et les caractères se retremperont. Et Dieu s’apaisera. Et la société se rassoiera sur ses bases, car, voyez-vous, Dieu aime la France.

Notes et post-scriptum