Cours d’histoire ecclésiastique, 1875-1876. [Plan et notes de conférences].

Informations générales
  • TD47.123
  • Cours d'histoire ecclésiastique, 1875-1876. [Plan et notes de conférences].
  • *Première leçon*: Principes sur lesquels repose l'histoire ecclésiastique.
  • Orig.ms. CT 59; T.D. 47, pp. 123-125.
Informations détaillées
  • 1 CREATEUR
    1 EGLISE
    1 HISTOIRE DE L'EGLISE
    1 JESUS-CHRIST
    1 JESUS-CHRIST CHEF DE L'EGLISE
    1 PECHEUR
    1 SAUVEUR
  • Conférences universitaires de Nîmes.
  • 1875-1876
La lettre

L’histoire de l’humanité – et l’histoire ecclésiastique, qui est l’histoire de la portion de l’humanité à laquelle tout se rapporte, – repose sur trois grands faits ou principes, sans la notion desquels il est impossible de rien comprendre à la succession des événements qui se développent à travers les siècles: la création, le péché originel, Jésus-Christ.

Dieu créateur, dès lors souverain propriétaire gouvernant le monde par sa providence. L’homme révolté contre son Dieu par un premier péché, entraînant le monde dans le désordre. Jésus-Christ rédempteur de l’humanité et fondateur de l’Eglise. Dieu créateur, l’homme pécheur, Jésus-Christ rédempteur. Telles sont les trois grandes idées d’où il faut partir pour se faire une idée exacte de l’Eglise.

1. Dieu créateur.

Il faut une cause première n’ayant rien au-dessus d’elle, n’ayant rien qui lui soit égal, indépendante, source de tous les êtres. C’est Dieu, indépendant, souverainement puissant, créateur tirant tout du néant par sa puissance, faisant tout servir à ses fins, se donnant pour fin de toutes choses: omnia propter semetipsum operatus est Dominus; propriétaire suprême de tout ce qu’il a créé, créant le monde matériel et le monde spirituel, les anges et la matière, les unissant par la nature humaine, corps et âme.

Destinée de l’humanité.

2. L’homme pécheur.

L’homme au milieu de la création en est le roi pour la commander, en est le pontife pour adorer et reconnaître tous les droits de Dieu.

L’homme, comme Dieu dont il est l’image, est intelligence et volonté. Intelligence, il peut connaître la vérité. Volonté, il est capable de faire le bien; mais placé dans la main de son conseil, il peut faire le mal. Il n’a pas le droit de le faire, il en a la possibilité. Aussi rien de plus faux que la définition de (= définir) la liberté: le droit de faire le bien et le mal. Est-ce que Dieu n’est pas libre? Peut-il faire le mal? Et les anges et les saints? Ils sont incapables de mal faire.

Dans le monde je vois deux extrêmes: la nature inintelligente, incapable de bien et de mal; Dieu infiniment parfait, infiniment capable de bien, infiniment incapable de mal. Entre [les] deux, plus les êtres sont intelligents, plus ils sont capables de bien et plus le mal qu’ils font est marqué d’un sceau de malice. Plus leur volonté est bonne, plus le bien leur est facile et le mal difficile. Mais s’ils font le mal, ils en deviennent esclaves. Qui facit peccatum, servus est peccati. Plus au contraire il y a de vérité dans l’homme, plus il est libre: Veritas liberabit vos.

Représentons-nous la puissance d’intelligence et de volonté du premier homme, pour nous faire une idée de son péché. Dieu l’avait doué pour en faire le trait d’union des créatures. Il se sert de la place magnifique qui lui était faite pour y porter le désordre. Bouleversement dans l’ordre moral, bouleversement qui s’élève dans l’ordre intellectuel, et voilà la concupiscence, les passions, les désordres, les guerres, la souffrance, la mort.

3. Jésus-Christ rédempteur et fondateur de l’Eglise.

Voici un fait inexplicable à la raison humaine, un Dieu fait homme pour réparer le désordre apporté par l’homme. Instaurare omnia in Christo. Jésus-Christ ressaisit de ses deux puissantes mains la double chaîne qu’Adam avait laissé tomber. Il purifie par son sang. Il sanctifie l’eau, matière inorganique, l’huile pour [= par] le Saint-Esprit, le pain et le vin pour [= par] l’eucharistie, l’homme par son union à Dieu.

Il rapporte la vérité par la prédication, la grâce par les sacrements, la royauté par l’Eglise.

C’est cette Eglise, continuation de Jésus-Christ, dont nous ferons l’histoire; mais auparavant il faut constater le fondement sur lequel l’a établie Jésus-Christ. Fundamentum aliud nemo ponere potest, praeter id quod positum est, quod est Christus Jesus.

Concluons et disons que sur la terre l’oeuvre de Dieu, c’est l’Eglise. Elle sort de l’Eternité, traverse le temps pour subir les épreuves nécessaires. Elle retourne à l’éternité, fille par excellence de Dieu. Unie à Dieu par Jésus-Christ, elle reçoit de Dieu dans l’éternité la plus grande gloire qu’elle puisse recevoir. Mais s’il en est ainsi, que peuvent contre elle les pouvoirs humains, la science humaine, les passions humaines?

Ah! on veut la rabaisser. Mais pour la rabaisser, il faudrait la détruire, et elle est impérissable. Comprenons donc comment, après l’étude de Dieu, la plus belle des études est celle de l’Eglise. Et si l’Eglise est chargée de nous parler convenablement de Dieu, si ses persécutions ne viennent que de la défense de la vérité et des droits de Dieu qui lui est confiée, rien n’est beau comme l’étude des annales de l’Eglise.

Notes et post-scriptum