- TD47.163
- Instructions aux élèves de l'Assomption. 1877.
- Neuvième instruction: De la fin de l'homme.
- Orig.ms. CT 23; T.D. 47, pp. 163-165.
- 1 BONHEUR
1 BUT DE LA VIE - février-mars 1877.
- Collège de l'Assomption, Nîmes.
Au moment de vous préparer aux Pâques, il importe de revenir sur certaines vérités fondamentales, celle-ci par exemple: La vie humaine a-t-elle un but? Vous comprenez que je n’ai pas à répondre, vous savez tous que le propre de la raison est d’agir pour un but.
Mais quel est ce but? Ici il faut réfléchir. Selon que le but s’élève ou s’abaisse, la destinée de l’homme s’élève ou s’avilit. Disons d’abord ce que ce but ne doit pas être, ensuite ce qu’il doit être, en effet.
1. Ce que n’est pas le but de l’homme.
Remarquez d’abord que Dieu nous a donné le désir du bonheur, du vrai bonheur, que dès lors il ne s’agit pas de liberté, mais de volonté. Nous voulons par nature être heureux. Vous ne pouvez pas dire: je suis libre de vouloir être malheureux, quoique vous acceptiez un malheur passager pour un bonheur éternel, comme vous acceptez une opération douloureuse pour conserver la vie.
Vous voulez nécessairement le vrai bonheur. Vous êtes insensé si vous voulez un bonheur faux. Or vous voulez un bonheur faux, si vous voulez les biens du corps, les plaisirs, l’ambition, les satisfactions naturelles de l’âme. Vous serez fatalement malheureux par la déception. Et telle est pourtant l’erreur coupable de l’intelligence et le crime de la volonté. Et c’est pourtant ce que nous voyons tous les jours. Telle est la cause de la dégradation de l’homme, et quand une génération penche de ce côté elle est perdue.
2. Quel est le vrai bonheur de l’homme?
1° Il faut qu’il soit impérissable.
2° Il faut qu’il n’ait pas de limites.
3° Il faut qu’il apaise la soif de vérité.
4° Il faut qu’il agrandisse l’intelligence et le coeur.
Or il n’y a que Dieu, être infini, vérité éternelle, amour sans limites, qui peut combler ces désirs. Certes ici-bas l’homme a besoin de soutiens pour son corps, de connaissances pour son intelligence, d’amis pour son coeur, mais ce ne sont que des moyens, ce n’est pas le terme. Le bonheur, c’est la vision de Dieu, par laquelle l’intelligence qui connaît ne fait pour ainsi dire qu’un avec l’objet connu. La seule différence est dans la différence qui subsiste entre l’intelligence divine et la nôtre. Celui qui a la vue meilleure voit mieux, mais c’est le même objet qu’on voit, à l’aide de la même lumière.
Mais quels efforts de pureté, de sainteté, vous ne voyez pas ici-bas, parce que vous ne purifiez pas vos yeux! Et vous ne verrez là-haut qu’autant que votre regard sera pur. Mais voilà votre fin, Dieu. Tendez à lui, et, méprisant les créatures, perdez-vous par la foi dans sa vérité, par la correspondance à la grâce dans son amour, afin qu’il soit votre récompense surabondante dans la patrie.