[Instructions aux collégiens]

Informations générales
  • TD47.201
  • [Instructions aux collégiens]
  • JUGEMENT DERNIER
  • Orig.ms. CT 35; T.D. 47, pp. 201-211.
Informations détaillées
  • 1 ATHEISME
    1 CIEL
    1 CORRUPTION
    1 DIEU
    1 DOMINATION DE DIEU
    1 ENFER
    1 HYPOCRISIE
    1 JUGEMENT DERNIER
    1 JUSTICE DE DIEU
    1 MANQUE DE FOI
    1 MECHANTS
    1 MISERICORDE DE DIEU
    1 PECHE MORTEL
    1 PERSECUTIONS
    1 PROVIDENCE
    1 SOUVERAIN JUGE
    3 JERUSALEM
  • Elèves du collège de Nîmes.
  • fin 1877
La lettre

Tunc videbunt Filium hominis, venientem in nube cum potestate magna et majestate.

Notre-Seigneur en unissant le châtiment de Jérusalem avec le jugement dernier, voulait donner la certitude de ce jugement terrible avant la fin des temps par l’accomplissement plus rapproché de la prise de la cité déicide. On vit, en effet, se réaliser cette effroyable sentence, et son retentissement, la situation des enfants de Jacob dispersés aux quatre vents du monde, prouve que si Dieu est fidèle dans ses promesses, il l’est aussi dans ses vengeances.

Oui, il y aura un jugement. Une trompette retentira et l’on entendra une voix crier à travers les ruines du monde bouleversé: Surgite mortui, venite ad judicium.

Méditons cette grande et solennelle manifestation de la justice divine. Je veux vous y montrer trois considérations principales:

1° La justification de Dieu envers les hommes.

2° La récompense finale des bons après les épreuves.

3° La condamnation des méchants.

1. Justification de Dieu.

Est-il possible que Dieu ait besoin d’être justifié? Et pourquoi pas? Quand il est insulté, blasphémé sur tous les points du monde, qu’on nie sa bonté, que l’on tire de certains événements des arguments contre sa bonté, sa justice, sa providence, son pouvoir. Eh bien! il faut que ces attributs se manifestent et qu’il [= Dieu] soit justifié.

Sa bonté. Ah! sans doute, le jour du jugement sera un jour amer: Dies magna et amara valde. Mais pourquoi? Parce qu’il sera évident aux yeux de tous que votre condamnation sera d’abord basée sur la bonté même de Dieu, que vous aurez repoussée. Je prends un exemple parmi vous. Evidemment quelqu’un ici est en péché mortel. Si cette nuit la mort le frappait, quel serait son sort? L’enfer évidemment. Serait-ce de la faute de Dieu? Ses parents ne l’avaient-ils pas placé dans une maison chrétienne? Les secours religieux lui avaient-ils manqué? Ne pouvait-il prier? Les sacrements n’étaient-ils pas à sa portée? D’autres se sont sanctifiés, et lui? Aurait-il le droit de dire: « Mon Dieu, vous n’avez pas été bon pour moi? » Non, non. Son crime est irrémissible. Il a abusé des grâces, elles lui ont été retirées. Noluit benedictionem, et elongabitur ab eo. Or, établissez que ce que je dis de ce maître ou de cet élève en état de péché mortel, je le dis de tous les damnés. Ils se sont perdus, parce qu’ils l’ont bien voulu. Et déjà je vois un immense cercle de réprouvés, condamnés par le Souverain Juge uniquement parce qu’ils n’ont pas profité des dons magnifiques mis à leur disposition. Mais je vais plus loin. Cette bonté devait avoir un terme. Le terme atteint, elle devait se retourner contre ceux qui l’auraient dédaignée et le châtiment devait être égal au mépris des avances divines. Le pécheur doit porter le poids de son refus: Noluit benedictionem, et elongabitur ab eo.

Justification de la justice. Dieu est essentiellement juste ou il n’est pas. Or certains esprits se font un jeu de nier la justice divine. Ils se complaisent dans je ne sais quelles objections qui conduisent au fatalisme. C’est l’histoire d’un myope qui nierait l’existence d’objets qu’un oeil plus ferme découvre parfaitement. Je ne vois pas les mobiles de la justice divine; donc la divine justice n’est pas. A peu près comme un homme à vue courte n’accepterait qu’une maison à un étage, parce qu’il le voit, mais nierait qu’elle eût un toit parce qu’avec ses yeux affaiblis, il ne le voit pas.

Il faut qu’il y ait un jour où les yeux de tous soient ouverts, où les lois de Dieu soient évidentes dans leur justice. Et il faut que cette justice soit proclamée de la façon la plus manifeste: et par l’évidence des crimes commis, et par les châtiments par où ils seront atteints. Etrange position. Des hommes auront passé leur vie à nier la justice de Dieu, à la braver sans cesse, à vivre comme s’il n’y en avait pas, et ils s’étonnent que Dieu se réserve un jour pour la manifester comme Dieu sait faire quand il veut. « Vous êtes juste, Seigneur, et vos jugements sont droits »: Justus es, Domine, et rectum judicium tuum. Voilà ce que les saints répéteront de concert avec les anges. Et c’est ce qui accroîtra la rigueur de la sentence dernière. Cette suprême justice de Dieu est la condition de ses perfections et de sa sainteté. Or cette sainteté méconnue, ces perfections niées, il faut qu’il leur soit rendu une réparation éclatante. Venez, vous tous qui ne rendiez pas l’obéissance due à ses lois, venez recevoir le châtiment proportionné à vos prévarications et à vos crimes. Et si Dieu est juste, si son jugement est droit, quels poids de condamnation ne tombera pas sur tout votre être, et comme vous-même vous serez forcé de dire, malgré vous, sans doute: Justus es, Domine, et rectum judicium tuum. Livrez-vous pendant cette vie à vos objections et, ce qui est pire que tout, à vos doutes, vous n’y gagnerez qu’un jugement plus sévère, plus public, plus honteux pour vous; et tandis que les anges de la justice divine vous précipiteront au fond des abîmes, votre supplice commencera dans cette obligation où vous serez de proclamer la justice de Dieu, la droiture de son jugement, et de dire avec rage: Justus es, Domine, et rectum judicium tuum.

Justification de la providence. Certes, c’est une des consolations telles quelles de certains esprits faibles de trouver que les choses vont au hasard ou sous l’impulsion d’une loi fatale, sans contempler la manière dont Dieu tient en ses mains paternelles le fil des choses et les conduit avec cette sagesse infinie que l’homme ne voit pas, parce que la portée de son intelligence s’arrête à la surface sans en pénétrer le fond. De là ce cri de l’insensé: Mangeons et buvons, car demain nous mourons. Eh oui, vous mourez, mais après la mort, le jugement: Statutum est hominibus semel mori, post haec autem judicium. Là est la providence de Dieu. Ah! sans doute elle éclate, mais que de chrétiens qui la repoussent! Que d’hommes en l’acceptant d’une façon générale ne veulent jamais en accepter les dispositions paternelles pour ce qui leur est personnel! Mais parce qu’on n’a pas voulu accepter la place faite par cette bonté qui prévoit et pourvoit, parce qu’on l’a insultée, elle aussi châtiera à son tour: Ego quoque in interitu vestro ridebo, et subsannabo, cum id quod timebatis, advenerit. Oui, Dieu a ses terribles dérisions et il vous faudra bien les subir. Que de fois déjà dans cette vie ces dérisions se manifestent! Mais que sont-elles auprès de la dérision du jugement dernier, quand tous les hommes crieront à ces superbes insulteurs: « Et toi aussi tu as été blessé comme l’un de nous ». Alors ils sauront s’il y a une providence.

Justification de son pouvoir. La vie de bien des chrétiens est une bravade continuelle du pouvoir de Dieu. On dit: « Dieu est dans le ciel et ne s’occupe pas des affaires de ce monde. Qu’est-ce que Dieu? Et si Dieu est, pourquoi le désordre moral qui nous assiège de toute part? » Or il convient que ce pouvoir se manifeste d’une manière plus solennelle. Ce pouvoir est le plus majestueux, et parce qu’il plaît à Dieu de le manifester uniquement quand il lui plaît, il n’en est pas moins formidable. Et c’est dans cette immense réunion du genre humain que ce pouvoir éclatera d’une façon plus divine: Tunc videbunt Filium hominis venientem in nube cum potestate magna et majestate. D’abord, quel pouvoir plus grand que celui de ce Fils de l’homme qui commande non pas à un peuple, mais à tous les peuples, non pas aux hommes d’un temps, mais aux hommes de tous les temps? Tous y paraîtront. Cherchez, si vous le pouvez, un tribunal au-dessus de celui-là. Il vient pour juger les justices mêmes: cum accepero tempus, ego justitias judicabo. Les peuples et leurs rois seront assignés devant ce pouvoir immense; les législateurs ne seront pas à l’abri de son regard; la justice rendue, la loi promulguée, ce qu’ont fait les hommes dans leurs combinaisons les plus solennelles, il faut que tout cela soit passé au crible: Ego justitias judicabo. Convoquez donc les peuples, mais convoquez surtout leurs souverains, rois, empereurs, magistrats, chefs d’armée, gouverneurs paisibles des provinces, ravageurs des nations, il n’est rien que le pouvoir divin n’atteigne en ce terrible jour: Ego justitias judicabo.

2. Jugement dernier, glorification des élus.

Le Souverain Juge séparera les bons des mauvais, comme le pasteur sépare les brebis des boucs. Il leur doit une récompense. Il veut, en effet, glorifier:

Leurs travaux. Le bon serviteur fait valoir les talents qui lui ont été confiés. Il les fait valoir avec intelligence, avec obstination, et ces travaux doivent avoir leur récompense. Heureux le chrétien assez intelligent pour comprendre qu’il n’a pas été placé sur la terre pour y rester les bras croisés, et qui juge qu’un travail acharné lui est imposé, s’il veut prendre part à un légitime repos! Qu’elle est belle la mission du chrétien vraiment travailleur! Ah! il faut qu’il reçoive la récompense de ses travaux.

Leurs persécutions. C’est la condition de tout serviteur de Dieu, d’être persécuté. Le disciple n’est pas au-dessus de son maître. Jésus-Christ a été persécuté, il faut que les vrais chrétiens souffrent persécution: Si me persecuti sunt, et vos persequentur. Seulement en face de la persécution constante, il y a la victoire constante aussi. In mundo pressuram habebitis: sed confidite, ego vici mundum. Certes, cette guerre constante des persécuteurs contre les persécutés, nous en sommes tous les jours les témoins, mais le triomphe doit apparaître, afin que les victimes soient de temps en temps consolées dès ici-bas. Mais comme il est conforme à la justice, à la providence, à la sagesse de Dieu que les saints ne crient pas en vain: Vengez notre sang, Vindica sanguinem nostrum. Or, c’est ce qui apparaîtra dans ce jugement suprême, quand la sentence rendue contre les bourreaux sera la glorification des victimes.

Leurs vertus. Il faudrait convoquer ici avec les anges toute la multitude des saints, et faire l’énumération de toutes les vertus pour lesquelles ils sont récompensés. Il faudrait surtout montrer quels sentiments agiteront leur coeur, quand le juste juge posera sur leur front la couronne de gloire qui leur est réservée. Quel spectacle! Tout ce que l’humanité a pu ramasser de prodiges de foi, d’humilité, de mépris pour les biens périssables, de générosité, d’ardeur, de prières, de pénitence, tout cela apparaîtra pour recevoir sa récompense: De caetero reposita est mihi corona justitiae, quam reddet mihi in illa die justus judex. Venite, benedicti Patris mei; possidete regnum quod paratum est vobis a constitutione mundi.

3. Condamnation des méchants.

Mais où éclatera surtout la majesté divine, c’est dans la condamnation des méchants. S’il n’y avait pas de criminels, à quoi bon les tribunaux, les juges et leurs sentences? Or c’est là surtout ce qui doit resplendir. Voilà le temps de la colère, dies irae, la colère de Dieu, la colère des saints, des martyrs qui crieront: Vindica sanguinem nostrum qui effusus est; la colère du monde entier, de toute créature qui viendra en aide à son auteur contre ces grands insensés: Et pugnabit cum illo orbis terrarum contra insensatos.

Ils sont condamnés pour leur incrédulité. Il y en a de plusieurs sortes, aucune ne sera épargnée. Incrédulité du raisonnement orgueilleux, de cette intelligence d’autant plus vaine que sa vue est plus courte. Ils n’ont pas voulu voir Dieu dans ses oeuvres. Ils l’ont nié, parce qu’ils ont refusé, disaient-ils, de croire ce qu’ils ne comprenaient pas. Les exemples en sont nombreux aujourd’hui. Mais à cette heure suprême, la majesté divine apparaîtra trop évidente sur le monde et ses débris. Dans ce désordre universel, ils seront bien obligés d’avouer que s’il y a un Dieu destructeur, il y avait un Dieu créateur; et des débris fumants de la terre sortira la proclamation de Dieu, qui ne détruit ainsi que pour punir le péché, et pugnabit cum illo orbis terrarum contra insensatos.

Il y a encore une espèce d’incrédulité, c’est celle des gens qui ont peur d’y voir. Ils poursuivent le bonheur à leur façon; ils ne le veulent trouver que sur la terre; le ciel les fatigue; ils renoncent à l’espérance et bientôt à la foi. Ils veulent mal faire et n’être pas troublés par d’importunes lumières. C’est de ces hommes que le Saint-Esprit a dit: Noluit intelligere, ut bene ageret. N’allez pas les troubler, ils aiment mieux ne pas comprendre: Noluit intelligere, ut bene ageret. Eh bien, au dernier jour, il faut que cette imbécillité volontaire soit révélée. Et déjà ce sera une assez grande humiliation que d’être condamnés à manifester cette honte aux yeux du monde entier. Ah, s’écrieront ces intelligents, qui dans leur sagesse mondaine n’avaient pas voulu comprendre la sagesse des saints: Nos insensati, vitam eorum aestimabamus insaniam, et finem illorum sine honore; ecce quomodo computati sunt inter filios Dei, et inter sanctos sors illorum est. Oui, il y a là une condamnation que l’incrédule de plaisir sera forcé de porter contre lui-même, et d’échos en échos ce cri retentira: Nos insensati; nous étions donc des insensés.

Voyez maintenant quel châtiment est réservé à l’irréflexion, et méritez de ne pas être condamnés à prononcer un jour votre propre sentence, en étant réduits à dire le lamentable: Nos insensati. Ah! armez-vous de la foi; croyez, marchez à sa lumière. C’est la foi qui conduit à l’espérance et l’espérance au ciel. A ce moment, il y aura malgré vous la foi, mais il n’y aura plus d’espérance. Car si la foi conduit à l’espérance, l’incrédulité, de quelque nature qu’elle soit, conduit au désespoir sur la ruine de toutes les pensées sacrilèges de la libre-pensée et de la morale indépendante: In illa die peribunt omnes cogitationes eorum.

Condamnation de leur foi. Voilà pour les incrédules, que dirai-je de ceux qui croient? Nous portons, dit saint Paul, la grâce dans des vases d’argile. Cela s’applique à la pureté, cela s’applique bien plus à la foi. La pureté est une admirable vertu, à condition qu’elle se répande à [dans] l’âme. Ce que la pureté est au corps, la foi l’est à l’âme, et c’est, je vous étonnerai peut-être si je vous dis que la base du traité de saint Augustin sur la Virginité, c’est qu’il n’y aura pas de vierges chez les hérétiques. Le plus grand crime, c’est le crime contre la foi, et tout péché dans la lumière de la foi contracte une souillure spéciale. Mais c’est là le crime de celui qui expose sa foi. Vous l’exposez par des lectures mauvaises et par de mauvaises conversations. Voilà le péché de l’écrivain, ce qui ne vous regarde pas, et du lecteur; ceci vous regarde. Ah! qui me donnera de vous faire comprendre le crime du jeune homme lisant des livres propres à lui faire perdre la foi? Qui me donnera de faire comprendre le crime de deux jeunes hommes se communiquant le mal? Voyez Satan, voyez Eve et notre premier père. Satan perdu pour jamais entraîne nos premiers pères par l’incrédulité qu’il leur prêche. Or si ce crime commis aux premiers jours a entraîné pour l’humanité entière un si affreux châtiment, vous croyez qu’il n’y en aura pas pour ceux qui le continuent. Allez, si vous le voulez, dans vos conversations impies l’un renouvelant le crime du père du mensonge, l’autre l’imbécillité coupable de la première femme, et devenez l’un un démon, l’autre un damné.

Maintenant, jetez un regard sur les abominations commises chez les peuples qui n’ont pas la foi, hérétiques, mahométans, païens; tout cela est abominable. Ce n’est rien auprès des crimes de ceux qui ont péché dans la lumière. Mais, direz-vous, s’il en est ainsi, mieux vaut ne pas avoir la foi. Prenez garde, la perte de la foi est un commencement de châtiment. Vous avez laissé se briser le vase fragile, dans lequel ce précieux trésor était contenu; vous êtes devenu aveugle volontaire, vous aurez un châtiment spécial pour cet aveuglement volontaire. Vous avez repoussé la foi, la vérité, Jésus-Christ, et voilà Jésus-Chrsit qui vient vous en demander compte.

Condamnation de la corruption des méchants. Ah! qui pourra peindre cet horrible état d’une âme enfoncée dans le mal, et qui voit sa honte manifestée aux yeux de tous? Les voilà ces hommes corrompus et corrupteurs, qui croyaient avoir le droit de porter partout leurs débordements et leurs scandales. Ils s’en vantaient et Dieu les leur jette à la face: Ergo et tu confundere, et porta ignominiam tuam. La voilà cette ignominie d’une vie de débauches, d’injustices, de blasphèmes, d’insolences, de perfidies, de rébellion contre Dieu et contre les hommes. Ergo, et tu confundere, et porta ignominiam tuam. Que de fois vous aviez dit avec l’impie: Peccavi, et quid mihi accidit triste? Ah! vous n’aviez éprouvé aucune tristesse à cause de votre péché, parce que vous ne connaissiez plus le remords. Mais le voilà votre remords, le ver qui ne mourra pas, Vermis eorum non moritur. Il sera pour l’éternité attaché à votre coeur pour le mordre, le torturer, et en même temps un manteau de confusion couvrira toute votre vie: Ergo et tu confundere, et porta ignominiam tuam.

Condamnation des hypocrites. Ah! que je voudrais n’en point trouver ici! Il y a deux sortes d’hypocrites. L’hypocrite qui ayant une certaine vertu en rougit et se cache sous le masque du péché; je crois qu’il y en a ici. Etes-vous tous aussi mauvais que vous en avez l’air quelquefois? A Dieu ne plaise! C’est ce que j’appelle l’hypocrisie du respect humain. Il y a l’hypocrisie qui contrefait la vertu. Laquelle des deux est plus détestable? Choisissez. L’une est plus lâche, l’autre plus perfide; elles sont menteuses toutes les deux. Quoi qu’il en soit, toutes les deux seront révélées un jour. N’espérez pas la cacher, hypocrites du respect humain; vous serez l’objet d’un immense mépris qui commencera au jugement universel. N’espérez pas vous cacher; il faudra que votre espérance périsse, et spes hypocritae peribit.

Et vous qui avez pris le voile de la vertu pour cacher une vie de turpitudes. Ah! il faut que tout cela soit révélé et que votre espérance reçoive sa confusion, et spes hypocritae peribit. – Que serez-vous à ce terrible jugement? Des insulteurs de Dieu, des docteurs de scandale, des incrédules, des insensés croyant d’une façon et agissant d’une façon contraire, des êtres corrompus et corrupteurs, des hypocrites de lâcheté ou d’intérêt? Songez quelle horrible révélation aura lieu en ce moment suprême, quelle justification de Dieu, quelle gloire et quel triomphe pour les saints, quelle condamnation pour les réprouvés! Or, c’est à cette heure terrible que s’exercera la justice de Dieu. Cum arripuerit judicium manus mea, reddam ultionem hostibus meis. Pensez-y. Que vous le vouliez ou ne le vouliez pas, il y aura une convocation, il y aura un jugement, il y aura une sentence prononcée, après laquelle Jésus-Christ dira aux uns: Venite, benedicti Patris mei; aux autres: Discedite a me, maledicti. Après quoi, il n’y aura plus de temps; ce sera l’éternité, heureuse si vous êtes bénis, horrible dans ses châtiments si vous êtes maudits. Etes-vous les bénis du Père, êtes-vous les maudits de Dieu? Le choix est entre vos mains. Vous savez à quelles conditions vous pouvez [choisir] votre sort. Choisissez, mais souvenez-vous que ce que vous aurez choisi, le sera pour l’éternité.

Notes et post-scriptum