octobre 1878 – Enfants de Marie.

Informations générales
  • TD47.239
  • Fête du Saint-Rédempteur. [Sermon adressé aux] Enfants de Marie, octobre 1878.
  • Orig.ms. CT 40; T.D. 47, pp. 239-241.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DE JESUS-CHRIST POUR LES HOMMES
    1 GLOIRE DE DIEU
    1 REDEMPTION
    1 SAUVEUR
    2 PAUL, SAINT
  • Enfants de Marie.
  • octobre 1878
  • Nîmes
La lettre

Empti enim estis pretio magno; glorificate, et portate Deum in corpore vestro.

Telle est la fête que nous célébrons aujourd’hui, la fête du rachat. La fête de la rédemption. Le genre humain vendu sous le poids du péché ne pouvait se racheter, un captif ne se rachète pas par lui-même, le prix de cette rédemption est le sang d’un Dieu. Mais comment s’accomplit ce mystère et quel fruit devons-nous en tirer? Voilà les deux questions que je veux examiner avec vous.

1.

Comment s’accomplit le mystère de la rédemption? N’oublions pas la parole de l’apôtre: Empti estis pretio magno. Il s’agit d’un prix très considérable et en étudiant je vois qu’il ne peut être plus grand. Qu’est-ce? Dans le sein de la Trinité, le Père peut[-il] aimer plus que son Fils? C’est lui qu’il donne: Sic Deus dilexit mundum. Cherchez un prix plus grand qu’un Dieu, vous ne le pourrez pas. Mettez l’homme coupable dans une balance, de [= dans] l’autre un Dieu. Voilà le prix: Sic Deus dilexit. Cela s’est accompli non par la force, mais par amour: Sic Deus dilexit. Quand comprendrez-vous qu’à votre tour il vous faut aimer?

Et le Fils? Ecoutez saint Paul: Dilexit me, et tradidit semetipsum pro me. Le principe de la rédemption, c’est l’amour. Et ce don perpétuel de lui-même qui se perpétue à travers les siècles est la preuve de son amour. Suivez-le partout: à l’autel, il se livre; au tabernacle, il se livre; à la communion, il se livre. Or il faudrait examiner pourquoi, quand J.-C. se livre ainsi, nous autres [nous] ne nous livrons pas. A quel degré pourtant nous devrions nous livrer! Mais nous ne le pouvons pas. De nous-mêmes, c’est vrai. Mais voyez. Le grand instrument du mystère de l’Incarnation, c’est le Saint-Esprit. Voulez-vous que ce prix vous soit appliqué? Invoquez le Saint-Esprit: Spiritus Sanctus superveniet in te.

Quel est donc cet amour? Allez à Bethléem, à Nazareth, à Jérusalem, au Calvaire. Suivez-le pas à pas, depuis son agonie jusqu’à son dernier soupir. Voilà ce que l’amour produit dans l’humanité du Sauveur. Quand cet amour opérera-t-il en vous et produira-t-il des prodiges semblables? Examinons.

2.

Effets que la rédemption doit produire en nous.

Je devrais m’en tenir aux paroles de mon texte: Glorificate, et portate Deum in corpore vestro. Glorifier Dieu. Ce cri a retenti sur le berceau du Sauveur: Gloria in excelsis Deo. Le but de toute la vie chrétienne est là. – L’homme cherche la gloire pour lui. Folie et mensonge! Elle n’est, [elle] ne peut être que pour Dieu. Qu’est la vie et qu’est-ce que la gloire? Vapor ad modicum parens… deinceps exterminabitur. La gloire de Dieu est éternelle comme lui; il n’a pas besoin de la nôtre, mais il veut bien l’accepter. Glorificate Deum. Mais ce n’est pas tout, Dieu veut une union intime avec nous, et veut que nous le portions en nous: glorificate et portate Deum in corpore vestro. Et c’est ainsi que nous participons à la rédemption. Porter Dieu en soi. Mais il faut en être digne. Quand le deviendrez-vous?

Si vous voulez porter Dieu en vous, il faut lui devenir semblables et par là réaliser en vous tous les fruits de la rédemption. Voilà que vous êtes libres: Christus liberavit nos. Nous pouvons agir avec la liberté du bien. En quoi sommes-nous affranchis du péché? Liberati a peccato. Libres par la vérité. Veritas liberavit vos.

Mais il ne s’agit pas seulement de nous faire racheter, il faut que nous contribuions à racheter les autres. Ecoutez saint Paul: Nunc gaudeo in passionibus pro vobis, et adimpleo ea quae desunt passionum Christi, pro corpore ejus quod est Ecclesia. Remarquez, ce n’est pas pour lui que l’Apôtre souffre dans sa chair, c’est pour les autres, c’est pour son corps mystique qui est l’Eglise. Eh bien, c’est le devoir de tout chrétien, soit pour sauver certaines âmes en particulier, soit pour travailler d’une manière générale au triomphe de cette épouse.

Notes et post-scriptum