5 juin 1879 – Premières communiantes.

Informations générales
  • TD47.272
  • [Sermon pour la] PREMIERE COMMUNION CHEZ LES DAMES DE L'ASSOMPTION, Nîmes, 5 juin 1879.
  • Orig.ms. CT 47; T.D. 47, pp. 272-274.
Informations détaillées
  • 1 ANEANTISSEMENT
    1 ANEANTISSEMENT DE JESUS-CHRIST
    1 PREMIERE COMMUNION
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 ROI DIVIN
    1 SAINTE COMMUNION
    2 DAVID, BIBLE
  • Premières communiantes.
  • 5 juin 1879
  • Prieuré de Nîmes
La lettre

Le prophète saluant l’entrée glorieuse de Jésus-Christ au ciel, invitait les chefs des esprits célestes à en ouvrir les portes: Attollite portas, principes, vestras. Jésus fait aujourd’hui son entrée dans un autre ciel, celui de vos âmes, et, avant d’inviter vos anges gardiens à en ouvrir les portes, je viens vous présenter ce divin Maître dans un tout autre appareil. Celui qui avait voulu naître dans une étable destinée aux animaux, voulut un jour entrer en triomphateur dans la ville qui, à quelques jours de là, devait le mettre à mort. Mais son triomphe était voulu d’en-haut, et un autre prophète avait prononcé ces paroles: Dicite filiae Sion: ecce rex tuus venit tibi mansuetus.

En face de pareils abaissements, vous avez compris la nécessité de vous anéantir, comme ce divin visiteur; car lui qui voulait vous sauver, il croirait n’avoir rien fait, s’il ne vous montrait pas le principe de la perte de tant d’âmes, l’orgueil. Quant à lui, il reste dans sa paix et sa douceur, il ne s’emporte point. Ce qu’il veut faire, il l’accomplit, mais dans une grande puissance. – C’est un roi, et dans une grande mansuétude – c’est un bienfaiteur. Ecce rex tuus venit tibi mansuetus. Reconnaissez sa puissance pour vous y soumettre, et sa douceur pour l’imiter.

Mais quand le prophète a annoncé sa venue, il veut, lui aussi, l’annoncer. Il ne vient pas seulement en roi, il vient encore en ami: Ecce sto ad ostium, et pulso. Il a frappé depuis plusieurs jours à la porte de votre coeur. Que voulait-il y faire? Il voulait vous donner la plus tendre preuve de sa tendresse. « Si quelqu’un m’ouvrira, j’entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi ». Mais c’est lui qui porte les mets du festin, où il vient se donner de ses propres mains: se dat suis manibus.

« Prenez et mangez, prenez et buvez »; lui-même l’a dit. Venez, transformez-vous, soyez d’autres Jésus-Christ. Il ne veut pas venir sous votre toit, il veut pénétrer dans le sanctuaire de votre coeur. C’est là qu’il vous donne les marques de sa tendresse et qu’il vous fait entendre ses divines exigences. Jouissez de votre bonheur et ne le perdez jamais. Ne le sacrifiez pas à de vains et coupables entraînements; car si Jésus-Christ, à la communion, ne veut plus appeler les chrétiens ses serviteurs: Jam non dicam vos servos; il vous appelle ses amis: Vos autem dixi amicos; et ailleurs: « Vous êtes mes amis ». Mais il pose une condition: Vos amici mei estis, si feceritis quae praecipio vobis. Entrez dans la voie de cette amitié divine.

Mais montons plus haut. Je vous disais que le Saint-Esprit saluant par la voix du prophète le triomphe du Sauveur, vainqueur du péché et de son esclavage, avait inspiré à David de chanter: Attollite portas, principes, vestras. Un dialogue s’établit. – Quis est iste rex gloriae. – Dominus fortis et potens, Dominus potens in praelio. – Et la voix du prophète reprend: Attollite…Dominus virtutum ipse est rex gloriae. J’emprunte ces paroles de David et je dis à vos anges gardiens, aux natures célestes préposées à la garde de ces pauvres coeurs: Ouvrez vos portes, afin de laisser passer le roi de la gloire. – Quoi? reprennent les anges, ce pain que vous tenez entre vos mains, c’est le maître de la terre. – Oui, c’est celui qui, depuis près de deux mille ans, combat et triomphe; il veut prendre un peu de repos dans le coeur de ses enfants. – Quel est donc ce roi? – Dominus virtutum ipse est rex gloriae.

Ah! mes filles, si jeunes, si faibles, si peu de chose aux yeux du monde, en recevant la visite de votre roi, vous allez, si vous le voulez, être sacrées reines. Jeunes princesses, ouvrez vos portes, ouvrez votre coeur dont Jésus-Christ, selon la doctrine de saint Augustin, veut faire son trône et son ciel, et comprenez bien qui y entre: Dominus fortis et potens, Dominus potens in praelio. Et il veut que vous combattiez avec lui. Mais avec qui donc? Dominus virtutum ipse est rex gloriae. Ici les interprétations surabondent. Le Seigneur des vertus, c’est le Dieu de tous les prodiges. Le Dieu des vertus, c’est le Dieu de toute perfection. Le Dieu des vertus, c’est le Dieu de tous les saints courages.

Venez, recevez votre roi dans sa douceur et son humilité, recevez-le dans sa tendresse. Recevez-le dans sa gloire, dont il jouit déjà et qu’il vous destine; si vous faites de votre coeur son paradis ici-bas, et si vous voulez combattre avec lui pour triompher avec lui.

Notes et post-scriptum