INSTRUCTIONS SUR L’IMMACULEE CONCEPTION, 1879

Informations générales
  • TD47.280
  • INSTRUCTIONS SUR L'IMMACULEE CONCEPTION, 1879
  • *Troisième instruction: Immaculée Conception*.
  • Orig.ms. CT 50-51; T.D. 47, pp. 280-282.
Informations détaillées
  • 1 COMPASSION DE LA SAINTE VIERGE
    1 HUMILITE DE LA SAINTE VIERGE
    1 IMMACULEE CONCEPTION
  • Des dames
  • Du 4 au 8 décembre 1879
La lettre

Il y a dans Marie deux vertus qui la séparent des autres créatures: son humilité et sa patience dans la douleur. Je veux aujourd’hui vous en dire un mot. Je voulais aussi vous parler de sa fécondité, mais je réserve ce sujet pour les associées de Notre-Dame des Vocations.

1. Humilité de Marie.

Il [= Elle] n’a de semblable que celle de Jésus. Jésus a dit: Discite a me, quia humilis. Pourquoi l’Homme-Dieu est-il humble? Il l’est comme homme, car je ne puis partager l’opinion d’un pieux et savant auteur qui affirme que Dieu lui-même est humble. Mais enfin pourquoi l’humilité de Jésus-Christ? Parce qu’il connaît le néant d’où il a été tiré, et ce néant lui apparaît de telle sorte que sa création n’est pas un titre à l’existence, puisque le miracle de la conservation des êtres est aussi grand que le miracle de leur création. Et c’est ce qui constitue l’humilité du Sauveur.

C’est aussi le principe de l’humilité de Marie. Vous avez, Seigneur, dit saint Augustin, fait deux sortes de créatures: l’une près de vous, l’autre près du néant. Les créatures près de Dieu, ce sont les anges, purs esprits; les créatures près du néant, ce sont les êtres matériels. Mais, à le bien prendre, les unes et les autres sont bien près du néant, d’où elles ont été tirées. Marie, qui n’a pas à s’humilier pour ses péchés, sent la profonde misère de son origine, et c’est pourquoi elle s’humilie profondément. L’humiliation lui est une nécessité, et la lumière dont elle est inondée, en lui faisant mieux connaître son origine, la rendait toujours plus humble.

Il y avait un être par sa nature supérieur à Marie, le porte-flambeau de Dieu, Lucifer. Et la lumière aussi devait le rendre favorable. Loin de là. Il s’est attribué lui-même les qualités dont Dieu l’avait revêtu, et il a été précipité au fond des enfers. Voilà une humilité et un orgueil qui n’ont rien de commun avec l’orgueil et l’humilité des enfants d’Adam. A Marie et à Satan saint Paul peut demander: « Qu’avez-vous que vous n’ayez reçu? Satan l’oublie, il est réprouvé; Marie se le rappelle, et son humilité est le principe de son bonheur. Respexit humilitatem ancillae suae. Mais nous, quel motif pouvons-nous avoir d’être fiers? Ah! nous avons le poids de nos péchés, leur souillure et leur honte.

C’est dans son humilité que Marie trouve le principe de sa pureté. Elle ne tient qu’à Dieu, de qui elle a tout reçu. Quand donc, à force de nous détacher du péché par l’horreur que la connaissance de nous-mêmes nous inspirera, deviendrons-nous purs comme Marie? Abaissons-nous devant nos péchés, mais aussi en face de notre néant et de l’être de Dieu. C’est pour les saints un principe d’humilité que de voir combien Dieu est grand et combien nous [le] sommes peu.

2. Mérite des souffrances de Marie.

Marie n’avait pas à souffrir. Conçue sans péché, fidèle à la grâce, qu’avait-elle à expier? Mais elle aimait et elle voulait témoigner à Dieu son amour. C’était donc comme un sacrifice d’amour qu’elle a offert ses souffrances. Il y a encore ici une immense différence entre Marie et nous, mais il y a aussi une bien admirable leçon. Par amour pour Dieu, Marie offre ses douleurs pour expier les péchés des autres. Voyons ce que nous avons à offrir.

1° Tout péché veut une expiation. Et si nous réfléchissons à la justice de Dieu, rendons-nous compte de ce qui lui est dû ici-bas et méditons sur la vie de pénitence que nous voulons embrasser, si nous voulons nous rapprocher de la pureté de Marie.

2° Il s’agit encore de nous, mais quel sujet de méditation, si nous pensons que par amour pour les âmes Marie a accepté de si rudes souffrances, et si nous cherchons à nous rendre compte de ce que nous devons offrir à Dieu avec amour! Car c’est surtout la pénitence aimante qui touche le coeur de Dieu.

3° Enfin, ne pouvons-nous pas entrer dans la voie de sa souffrance par amour, sinon pour toutes les âmes, au moins pour quelques âmes au salut desquelles nous tenons plus particulièrement?

4° Enfin, vous êtes filles de l’Eglise catholique et vous devez aimer votre mère. Eh bien, elle est aujourd’hui exposée à la persécution. Pourquoi cette pensée n’exciterait-elle pas votre amour? Et pourquoi supposant que vous n’avez rien à souffrir pour vous, n’offrirez-vous pas pour l’Eglise, pour le salut des âmes, une vie plus forte, plus pénitente, plus douloureuse? Voilà un moyen très pratique d’imiter Marie, sachez l’employer, et vos douleurs, comme pour elle, se transformeront en une éternelle joie. Mulier, cum parit…

Notes et post-scriptum