- TD47.340
- MEDITATIONS [POUR DES] FETES DE L'ANNEE(1)
- *Naissance de Jésus-Christ*.
- Orig.ms. CT 79-80; T.D. 47, pp. 340-341.
- 1 ENFANTS DE DIEU
1 NATIVITE
1 RENOUVELLEMENT
2 JEAN, SAINT
3 BETHLEEM - Vers 1874
Et Verbum caro factum est.
Le moment de mettre au monde le Fils de Dieu est venu pour Marie. Elle est à Bethléem dans une étable, repoussée de tous. Joseph est le seul témoin du prodige; elle enfante son fils premier-né: Et peperit filium suum primogenitum.
Seigneur Jésus, c’est une crèche où vous voulez être déposé en venant au monde: Et posuit eum in praesepio; vous êtes déposé dans la mangeoire des animaux. Serait-ce votre premier autel? Serait-ce une affreuse figure de la manière dont vous savez vous donner en nourriture à ces hommes animaux dont parle saint Paul, indignes de vous recevoir? Mon Dieu, vous allez au-delà, et la crèche aussi est la figure de mon coeur: vous voulez y naître. Et dans cette naissance au-dedans de moi je trouve votre intention: 1° de faire de moi un homme nouveau; 2° de me communiquer l’adoption des enfants de Dieu.
1. L’adoption de Jésus-Christ fait de nous des hommes nouveaux.
En effet, celui qui était sur le trône dit, selon saint Jean: Ecce nova facio omnia. Or, ce grand renouvellement de l’univers n’a eu lieu qu’à cause du renouvellement de l’humanité. Or, voici le prodige. Tandis qu’à la fin des temps Dieu renouvellera tout dans sa gloire, dans la plénitude des temps Dieu en déposant son Fils sur la terre a semé, en quelque sorte, dans l’humanité le germe de cette gloire par la divinité de Jésus unie à son humanité. Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous: Et habitavit in nobis. Pourquoi cette habitation intérieure, sinon pour rapporter en nous comme un germe nouveau, un principe de vie divine? En sorte que si un Dieu fait homme, ç’a été afin que l’homme fût fait Dieu: Deus factus est homo, ut homo fieret Deus. Quel privilège, quelle grandeur! Mais alors je ne dois plus avoir que des pensées divines et des sentiments divins. Mes actes doivent porter un cachet spécial. Je porte en moi, avec Jésus-Christ, la condamnation du monde, et tout en moi doit le condamner. J’aurai beau faire, si je suis uni à Jésus-Christ, je porte par la foi en moi un Dieu né dans une crèche, mort sur une croix, et qui pendant toute sa vie n’a pas eu à poser sa tête. Ceci n’est pas précisément l’approbation des idées humaines. Pourtant si je veux le recevoir en moi, il faut que je le reçoive tel qu’il est, venant établir son royaume sur les ruines de l’empire du monde; venant à la place des vices mettre la vertu, au lieu du péché la sainteté, en un mot renouvelant toutes choses.
Mon Dieu, ce renouvellement a-t-il eu lieu dans mon coeur, et quand l’y opèrerez-vous?
2. La naissance de Jésus-Christ principe d’adoption pour les chrétiens.
Voici bien un autre prodige. Jésus vient sur la terre et saint Luc nous dit qu’il n’y avait pas pour lui de place dans l’hôtellerie; mais saint Jean prenant les choses de plus haut nous le montre venant dans ses domaines, et les siens refusant de le recevoir. In propria venit, et sui eum non receperunt. Telle est l’histoire du monde: Jésus y vient et on le chasse de partout. Jésus-Christ ne se rebute pourtant pas, et ceux qui le reçoivent, obtiennent de lui le don magnifique d’être faits les enfants de Dieu: Quotquot autem receperunt eum, dedit eis potestatem filios Dei fieri.
Mon Dieu et mon Sauveur, voilà pourquoi vous êtes venu du ciel en terre. C’est afin qu’étant le frère d’un Dieu fait homme je devinsse le fils de Dieu. Mon Sauveur, je veux vous recevoir au plus profond de mon âme, avec toutes les adorations qui vous sont dues et auxquelles vous avez des droits si évidents. Mon Dieu, venez en moi, rendez-moi un homme nouveau et adoptez-moi pour votre fils. Je veux m’en rendre digne par toute une vie d’efforts et d’amour. Enfant de Dieu par votre grâce, vous m’en donnerez les privilèges et je m’efforcerai d’en avoir la perfection. Enfant de Dieu, mais que puis-je désirer de plus? Enfant de Dieu par la sainteté, je le serai par l’union la plus intime que vous m’accorderez avec vous, ô Père, par votre Fils adorable, aux siècles des siècles. Ainsi soit-il.