Septembre 1879 – Oblates de l’Assomption

Informations générales
  • TD47.381
  • DIXIEME INSTRUCTION [d'une retraite aux Oblates]: MARIE AU CALVAIRE
  • Retraite sur la Sainte Vierge prêchée aux Oblates en septembre 1879, pp. 43-46, 1941.
  • Orig.ms. CT 100; T.D. 47, pp. 381-383.
Informations détaillées
  • 1 COMPASSION DE LA SAINTE VIERGE
    1 CROIX DE JESUS-CHRIST
    1 MARIE NOTRE MERE
    1 OBLATES
    1 PECHEUR
    1 RETRAITE SPIRITUELLE
    1 SACRIFICE DE JESUS CHRIST
    1 SOUFFRANCE
    1 UNION A JESUS-CHRIST
    2 BERNARD DE CLAIRVAUX, SAINT
  • Oblates de l'Assomption
  • Septembre 1879
  • Nîmes
La lettre

Je ne suivrai point Marie dans la solitude, où la laisse Jésus. Joseph est mort, et les saints Livres ne nous disent rien du moment où il rendit son âme bienheureuse entre les mains de son Fils adoptif et de son Sauveur à la fois. Marie était restée seule, et Jésus l’avait abandonnée à elle-même, malgré l’amour si immense qu’il lui portait. Si Marie avait offert à Dieu ce qu’elle avait de plus cher au monde, Jésus avait offert, à son tour, ce qu’il avait de plus cher sur la terre, Marie, sa mère, pendant les trois années de sa vie apostolique. Pourtant un moment devait venir où les deux coeurs seraient unis, le coeur de la mère et celui du fils, le moment de l’immolation de l’Homme- Dieu. Examinons les leçons que ce grand spectacle nous donne. Je vois:

1° Marie s’attendant à la souffrance depuis la prophétie du vieillard Siméon et l’acceptant;

2° Marie s’unissant à Jésus dans son sacrifice;

3° Marie, mère des pécheurs.

I. Marie acceptant la souffrance.

Cette souffrance était grande comme les abîmes de la mer, et elle avait duré autant que la vie de Jésus, depuis le jour de la présentation au Temple. Ah, elle voyait s’approcher à chaque instant l’heure du supplice que son amour lui ferait partager. Or, elle l’acceptait dans la perfection de son abandon à la volonté de Dieu. Ses devoirs s’accomplissaient avec la même sainteté. Elle travaillait, elle aimait, elle souffrait. Qui dira ce qui se passait dans son coeur, quand elle contemplait Jésus victime pour les péchés des hommes?

Que doit-il se passer dans le coeur de la religieuse invitée à prendre Jésus- Christ pour époux, mais qui sait que cet époux donne rendez-vous à ses épouses au Calvaire, sur la croix? Voilà le mystère. Jésus, sanctificateur des âmes par ses souffrances et sa mort, disant aux âmes appelées à la perfection: « Voulez-vous compatir à mes douleurs et souffrir avec moi? » A quoi sert, en effet, cette longue série de protestations d’un amour de vraie épouse, si l’on ne sait pas partager le sort de cet époux divin? Allez, faites des chemins de croix, récitez le chapelet des mystères douloureux, à quoi cela sert-il si vous n’avez pas le courage de vous immoler et de mourir à vous-même?

Marie acceptant la souffrance est un modèle accusateur. Elle est innocente, vous êtes pécheresses; mais vous croyez avoir tout dit, quand vous vous proclamez toutes découragées. Telle est la mode du temps: l’ennui, le découragement. On se croit intéressante et surtout bien à plaindre d’avoir de si pauvres natures, incapables d’aucun effort pour vaincre les difficultés. Mais alors qu’êtes-vous venues faire au couvent, et pourquoi portez-vous un crucifix? Faites-y attention. Ce crucifix sera votre condamnation, tant que vous ne serez pas résolues à être vous-mêmes crucifiées, à vous unir à Jésus et à dire avec saint Paul: Je suis attachée avec Jésus-Christ à la croix.

II. Marie s’unissant à Jésus dans son sacrifice.

C’est ici une des plus magnifiques leçons que la foi puisse donner aux âmes appelées à la perfection. Que le sang de Jésus ait seul contribué au salut du genre humain, rien de plus incontestable. Mais que Jésus, dans son amour pour nous, ait invité sa mère à prendre part à ses douleurs afin de donner, s’il était possible, quelque chose de plus à ses souffrances, c’est incontestable aussi. Elle n’a pas pu mourir, dit saint Bernard, elle a pu commourir, c’est- à-dire recevoir dans son coeur toutes les tortures qu’un coeur maternel puisse endurer. Elle a souffert pour nous prouver à quel point elle est notre mère; elle a souffert pour nous apprendre comment on peut prouver à Jésus son amour en souffrant avec lui. Elle a souffert pour nous apprendre la puissance de l’immolation pour le salut des âmes.

Saint Grégoire le Grand disait que les trois mille vierges, qui habitaient Rome durant son pontificat, retardaient la chute de l’empire romain. On peut en dire autant de la France. A coup sûr, les religieuses sont pour beaucoup dans lutte de l’Eglise contre l’enfer. Elles pourront tous les jours davantage, à la condition qu’elles monteront au Calvaire avec Marie et qu’elles s’y immoleront avec Jésus.

III. Marie, mère des pécheurs.

Admirable enseignement que celui de Marie au pied de la croix! Tandis que les docteurs de l’Eglise terrassent l’erreur par leurs écrits, que les apôtres portent la prédication de la vérité aux extrémités du monde; au pied de la croix Marie souffre, prie, invoque la miséricorde éternelle pour que le mal soit écarté et les pécheurs convertis. C’est là l’incessante prière de Marie devant le trône de l’éternelle miséricorde. Mais outre qu’au ciel cette prière se prolonge avec Marie et les saints, dans le ciel cette prière doit se prolonger avec Marie et les âmes de dévouement sur la terre. Or, des Oblates de l’Assomption doivent plus que d’autres être de ces âmes-là.

Voilà votre admirable vocation, quand vous n’êtes pas en mission; vous unir aux douleurs de Marie, être les coopératrices de Jésus à l’imitation de Marie. Qu’à ce point de vue le mystère de la Compassion de la Sainte Vierge vous soit particulièrement cher, et plaise à Marie que vous le reproduisiez dans toute votre existence! (1).

Notes et post-scriptum
1. Cette instruction est reproduite également en C00745 avec l'ensemble de la retraite à laquelle elle appartient. Les archives des O.A. possèdent l'original de cette retraite sauf précisément celui de notre instruction, la dixième, dont elles n'ont qu'une copie dactylographiée, l'original étant aux ACR [note ajoutée le 28 septembre 1998].