Instructions données aux dames de la Miséricorde, de Nismes, commencées le lundi 8 février 1836.

Informations générales
  • TD48.019
  • Instructions données aux dames de la Miséricorde, de Nismes, commencées le lundi 8 février 1836.
  • Première Instruction
  • Orig.ms. CT 109; T.D. 48, pp. 19-20.
Informations détaillées
  • 1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
    1 MISERICORDE
    1 MISERICORDE DE DIEU
    1 OUBLI DE SOI
  • Dames de la Miséricorde de Nîmes
  • 8 février 1836
  • Nîmes
La lettre

Ce n’est pas sans quelque effroi, mes dames, que je viens essayer de continuer parmi vous le bien qu’a opéré pendant la retraite l’homme apostolique que vous avez entendu.

Joie de l’entendre. – Crainte de ne pouvoir le remplacer. – Nécessité de continuer son travail. – Il a planté; c’est à nous à arroser. Ego plantavi, Apollo rigavit, Deus autem incrementum dedit.

Ce que je ne ferai pas, vous le ferez, je compte donc sur vous avec une entière confiance. Je dois vous l’avouer, répugnance. – Promesse de ne rien négliger, au contraire, de donner à notre oeuvre toute l’extension convenable.

On vous l’a dit, Dieu n’est guère connu sur la terre que par sa miséricorde, mais sa miséricorde embrasse tout, s’étend à tout. Notre miséricorde doit ressembler à la miséricorde divine et pour cela il faut nous détacher de tout intérêt propre. Je n’ignore point que c’est là le plus haut point de la perfection chrétienne, mais je n’ignore pas, non plus, que J.-C. adressait à ses disciples ces étonnantes paroles: « Quand vous aurez accompli tout ce que l’on vous aura imposé, vous devrez dire: nous ne sommes que des serviteurs inutiles ». Vous aurez, mes dames, bien des travaux à entreprendre, bien des fatigues à supporter, mais J.-C. l’a dit: « Le royaume du ciel souffre violence, et ceux-là seuls qui font effort s’en emparent ». Regnum caelorum vim patitur.

La charité ne cherche point ses intérêts propres. C’est sous ce rapport qu’il convient de la considérer. Je ne parle pas ici d’un certain intérêt matériel. A Dieu ne plaise, mes dames, que je vous suppose une semblable pensée! Mais la charité peut quelquefois se corrompre au souffle empoisonné de l’amour-propre. On se dit à soi-même: « J’ai bien travaillé pour cette oeuvre, je l’ai plantée », et lorsqu’un autre vient pour l’arroser, on murmure. Qu’eût fait saint Paul, s’il se fût attaché ainsi?

Nécessité de se convaincre de son inutilité, servi inutiles sumus. Preuve que Dieu bénit une oeuvre, quand il la fait passer en différentes mains.

Nécessité de tout faire pour Dieu et non pour les hommes ni pour soi-même. Par rapport à soi, désintéressement; par rapport aux autres, charité; par rapport à Dieu, reconnaissance.

Notes et post-scriptum