CAREME 1837 [Notes sur 12 sujets de sermons]

Informations générales
  • TD48.036
  • CAREME 1837 [Notes sur 12 sujets de sermons]
  • 5. [Jésus terme de la loi.]
  • Orig.ms. CT 116; T.D. 48, pp. 36-37.
Informations détaillées
  • 1 JESUS-CHRIST
    1 LOI ANCIENNE
    1 LOI NOUVELLE
  • février-mars 1837
  • Eglise Sainte-Perpétue, Nîmes.
La lettre

Nolite putare quoniam veni solvere legem, non veni solvere, sed adimplere.

Jésus est le terme de la loi: finis legis Christus. Il l’accomplit de trois manières: en faisant succéder la réalité aux figures ou en remplaçant [par] les sacrements les cérémonies légales, secondement en apportant une plus grande vérité au monde, en faisant succéder la loi d’amour à la loi de crainte et en imposant des commandements plus parfaits.

Que Jésus-Christ ait accompli la loi en faisant succéder la réalité aux figures, les sacrements aux cérémonies légales, c’est ce que nous avons exposé, il y a trop peu de temps, devant un autre auditoire pour que nous jugions convenable d’en reparler ici. Jésus-Christ accomplit la loi en apportant une plus grande connaissance de la vérité, c’est ce que nous essaierons de développer dimanche prochain. Nous nous efforcerons de prouver que Jésus ayant, comme on le reconnaît, apporté une morale plus pure au monde, n’a pu le faire sans présenter un dogme plus développé, et par là nous réfuterons d’une manière indirecte mais frappante, nous le croyons du moins, l’indifférence où aboutissent la plupart des sectes protestantes qui disent: « Pratiquez la morale, peu importe le dogme! »

Enfin J.-C. accomplit la loi en faisant succéder l’amour à la crainte, et c’est ce que je me propose de vous faire comprendre.

Ce développement, je le trouve dans les paroles énoncées du Sauveur. Il ne vient pas détruire, mais accomplir. C’est toujours la même loi, plus parfaite. Nous ferons comprendre la différence des observances anciennes et des observances nouvelles. Elle est plus parfaite dans l’importance qu’acquiert chaque précepte, et dans l’esprit avec lequel on doit envisager chaque partie. Enfin, elle est plus parfaite à cause des dispositions qu’elle exige de ceux à qui elle s’adresse.

1° Plus parfaite, parce qu’elle est plus développée. Remarquez que c’est toujours la même: arbre en hiver et arbre au printemps. La loi ancienne commandait des lois gênantes, parce que les hommes ne connaissaient pas assez Dieu. Mais, direz-vous, dans le sens de quelques hommes, que l’humanité en se développant doit être plus libre. Oui, si vous le voulez, dans un sens; mais non, si vous prétendez qu’elle est affranchie de plus de devoirs. Voyez un enfant, s’il n’est pas obligé à plus [de] devoirs envers son père qu’un inconnu. Cet inconnu s’astreindra cependant à certaines formes de politesse, auxquelles ne s’astreindra pas l’enfant. L’humanité étant comme étrangère à Dieu, les hommes étaient les enfants de l’esclave. Mais quand nous avons reçu l’adoption d’enfants de Dieu, nous avons eu d’autres devoirs.

2° Nous avons une loi plus parfaite, à cause de l’esprit qui l’anime et du but de cette loi. Quelle était la sanction de la loi ancienne? Des biens temporels. Sanction de la loi nouvelle: le ciel.

Objection. Mais je veux pratiquer la religion en grand. Qu’y a-t-il de grand, qu’y a-t-il de petit? Tout est indifférent sans une règle pour estimer. Tout est petit, si vous voulez comparer ce que vous pouvez avec ce que Dieu a le droit d’exiger. Il n’y a donc rien de grand que par le prix que Dieu veut lui donner, et s’il plaît au Seigneur d’attacher une récompense éternelle à un verre d’eau froide donné en son nom, est-ce à vous de vous plaindre de la facilité qu’il vous donne pour conquérir les cieux?

Il semble que Dieu se soit plu à tout rapetisser pour défier votre vanité. Qu’est-ce que la matière des sacrements? Un peu d’eau, un peu de pain et un peu de vin. Et il fallait qu’il en fût ainsi, afin de vous humilier. Mais aussi comme tout grandit, quand avec l’esprit qui vivifie on pénètre le sens de la lettre! Comme les plus humbles pratiques s’ennoblissent dans la vue de la récompense!

Qui ergo docuerit sic homines. Contre ceux qui parlent et ne font pas. – Contre ceux qui font par ostentation de leurs vertus.

Notes et post-scriptum