1844-1854 – Dames de la Miséricorde.

Informations générales
  • TD48.175
  • [Instruction] SUR LA MANIFESTATION DE L'ESPRIT DE JESUS-CHRIST
  • Orig.ms. CU 13; T.D. 48, pp. 175-176.
Informations détaillées
  • 1 CROIX DE JESUS-CHRIST
    1 ESPRIT CHRETIEN
    1 IDEES DU MONDE
    1 JESUS-CHRIST
    1 RESPECT HUMAIN
    1 SCANDALE
    2 JEAN-BAPTISTE, SAINT
    2 PAUL, SAINT
  • Dames de la Miséricorde.
  • 1844-1854
La lettre

Beatus est qui non fuerit scandalisatus in me.

Ne vous étonnez pas, mes dames, si je commence la série d’instructions, que je me propose de vous adresser cette année, par les paroles que notre divin Sauveur adressa aux disciples de Jean qui étaient venus savoir s’il était réellement le Messie. Beatus est qui non fuerit scandalisatus in me. Jésus- Christ est, de nos jours, un sujet de scandale pour tant de chrétiens qu’il est nécessaire de rappeler souvent à ceux qui font profession de l’être, qu’ils ont plus que jamais à s’élever au-dessus des sentiments vils et bas qui entraînent un si grand nombre de leurs frères dans les rangs opposés à ceux où ils avaient juré de combattre.Jésus est devenu un sujet de scandale universel, et, je ne crains pas de le dire, tous ou presque tous rougissent de lui. Et vous, mes dames, qui par votre position êtes plus que toutes les autres obligées de faire connaître Jésus-Christ par votre conduite, plus qu’un autre peut-être vous rougissez de votre Dieu.

Cette proposition vous choque, j’en suis sûr, vous la trouvez exagérée, fausse même. Eh bien, je veux dissiper une de vos illusions et vous prouver combien vous vous scandalisez à cause de Jésus-Christ; et si j’ai le temps, je vous montrerai la nécessité où vous êtes de faire cesser ce scandale.

Je dis en premier lieu que nous nous scandalisons de Jésus-Christ, à cause du bien que fait le prochain. L’esprit de Jésus-Christ est opposé à l’esprit du monde. Qu’un homme se sépare des coutumes du monde en ce qu’elles ont de mauvais, « cette personne se distingue », dit-on, et l’on n’aime pas les gens qui se distinguent. Que cette personne fuie la médisance, on ne l’aime pas davantage. Qu’à une époque où les toilettes sont indécentes, on voie une personne suivre les règles de la modestie, on n’aime pas les gens qui sont vêtues comme des religieuses. En un mot, il est une foule de motifs qui portent à blâmer. Mais descendons. Au fond, de qui se scandalise-t-on? De Jésus-Christ. On ne veut pas de ses lois qui gênent, on veut pouvoir dire qu’elles sont impraticables et l’on éprouve un secret dépit contre toute personne, qui, dans une position semblable à la nôtre, agit de manière à condamner notre conduite par la sienne.

Nous nous scandalisons de Jésus-Christ, à cause du bien que nous ne faisons pas. La parole de Jésus-Christ étant une censure continuelle de notre manière d’être, nous nous scandalisons de Jésus-Christ toutes les fois que nous rougissons de lui. Or dans combien de circonstances ce scandale ne se présente-t-il pas? Et d’abord, dans vos sentiments que vous n’osez manifester ou que vous manifestez, même en sens contraire de ce qu’ils sont. Dans vos paroles: que de tolérance, pour ce que vous condamnez intérieurement! Dans vos actes: que de choses que vous ne faites pas, parce que vous n’osez pas! Que de pratiques pieuses que vous abandonnez! Vous rougissez de Jésus-Christ.

Nécessité de ne pas se scandaliser de Jésus-Christ.

Il est nécessaire qu’il y ait des scandales, et Jésus-Christ sur le Calvaire est le plus grand scandale qui ait été offert au monde. Ainsi si vous voulez servir Dieu, il faut vous attendre à embrasser ce que saint Paul appelle le scandale de la croix. Mais c’est là même que je trouve le bonheur: c’est de pouvoir, dans le scandale de la croix, trouver un gage de salut. Et beatus est [qui non fuerit scandalisatus in me].

Comment cela? C’est que l’on compte avec le monde et que tant que je suis avec le monde, je me scandalise de Jésus-Christ.

Comment cela? Parce que tant que je me scandalise de Jésus-Christ, je n’ai pas la lumière de la foi. Autrement, je ne me scandaliserais pas.

Comment cela? C’est que tant que je me scandalise de Jésus-Christ, j’aime le monde et non le ciel.

Comment cela? C’est que tant que je me scandalise de Jésus-Christ, je ne l’aime pas.

Notes et post-scriptum