1838-1839

Informations générales
  • TD48.201
  • [Notes diverses sur le péché et la conversion]
  • Orig.ms. CU 17; T.D. 48, pp. 201-208 et 210.
Informations détaillées
  • 1 BIEN SUPREME
    1 BONHEUR
    1 CONCUPISCENCE DE LA CHAIR
    1 CONSEQUENCES DU PECHE
    1 CONVERSION SPIRITUELLE
    1 EDUCATION RELIGIEUSE
    1 FAMILLE
    1 JUGEMENT DERNIER
    1 JUSTICE DE DIEU
    1 LUTTE CONTRE LE MAL
    1 LUTTE CONTRE LE PECHE
    1 LUXURE
    1 MARIAGE
    1 MAUX PRESENTS
    1 MISERICORDE DE DIEU
    1 MORT
    1 MORT DE JESUS-CHRIST
    1 PAIX
    1 PASSION DE JESUS-CHRIST
    1 PECHE
    1 PECHEUR
    1 RESURRECTION DE JESUS-CHRIST
    1 SALUT DES AMES
    1 SOCIETE
    2 ANTIOCHUS IV EPIPHANE
    2 SUZANNE, BIBLE
    3 JERUSALEM
  • 1838-1839
La lettre

[A. De l’impureté.]

Et fiunt novissima hominis illius pejora prioribus.

Quel triste spectacle nous présente le Sauveur, lorsqu’il nous présente l’âme succombant une seconde fois aux attaques de l’esprit immonde! Vous avez nettoyé une fois votre âme, elle s’est souillée une seconde fois par le crime.

Je me propose, pour renouveler l’horreur du péché, de considérer dans une première réflexion les effets désolants de ce vice par rapport à la société et [à] la famille. Nous verrons dans une seconde réflexion les effets de ce vice par rapport à l’homme pris individuellement.

Par rapport à la société. – Jetez les yeux sur les grands bouleversements sociaux. Mais faut-il vous faire assister à la dissolution lente d’une société, vous montrer la volupté énervant tous les ressorts? Quand les rois ont-ils fait le malheur de leur peuple? Quand il ont été voluptueux: Tarquin, Rodrigue en Espagne, Salomon; [les] guerriers Holopherne, Annibal, et l’on ne connaît plus Capoue que par son amphithéâtre.

Magistrats: Suzanne.

La nation française. La déesse raison.

La famille indissoluble et dans l’intérêt de la femme, et dans l’intérêt de l’enfant.

Education morale. – Formation. Moeurs. Vertus conjugales. Attachement de deux intelligences.

Dieu unit deux êtres et leur confie le soin de lui donner des adorateurs et des enfants. Il donne le pouvoir au père, l’amour à la mère. Mais ces époux ont des défauts. Pour les supporter, la grâce du sacrement.

Peines des enfants, sanctification du mariage. On ne le voit plus que comme un moyen d’assouvir la passion. Quand la passion est assouvie, la fatigue.

Dans l’intelligence et dans les coeurs.

[B] Impénitence finale.

Ecce vado, et quaeretis me, et in peccato vestro moriemini.

Parce qu’à la mort on aime encore plus le monde que pendant la vie.

L’homme ne peut-il se convertir à l’heure de la mort? Difficulté apportée de la part du pécheur lui-même, difficulté de la part de Dieu.

[1] De la part du pécheur. Jamais il n’a plus aimé le monde, et jamais son amour ne se fait plus vivement sentir à son coeur. Siccine separat amara mors? Jamais il n’a eu plus de regret. Jamais il n’a eu besoin de plus de temps pour débrouiller sa conscience, et jamais il n’en a eu moins. Dixit enim in corde suo: oblitus est Deus. Jamais il n’a eu plus besoin de sa liberté d’esprit, et jamais il n’a été moins libre. Trouble de la maladie, trouble du regret de quitter le monde, trouble de la pensée de la mort. Impossibilité de faire pénitence.

Quand on quitte des personnes chéries pour un voyage d’agrément, n’avez-vous pas éprouvé plus de peine, au moment du départ, en pensant à la séparation qu’en songeant au plaisir que vous alliez éprouver? Dans les larmes du pécheur mourant voyez le regret de quitter le monde et non d’avoir offensé Dieu. – Le manque de temps. On a toujours du temps pour ce qu’on aime.

[2] De la part de Dieu. Dieu veut un hommage libre. Or l’hommage qu’on lui rend est-il libre? L’hommage de l’empereur romain qui s’inclinait pour aider son vainqueur à monter à cheval était-il libre?

Dieu se retire. Est-ce au moment où il a le moins besoin de vous qu’il ira vous chercher. Qui habitat in caelis, irridebit. Dominus subsannabit eos. Moquerie. Il repousse leur prière. Folie. Il leur laissera de vaines espérances. Dieu manifeste ses attributs sur la terre. C’est la miséricorde; mais lorsque la miséricorde est méprisée, la justice reprend ses droits.

Dieu dit au pécheur: « Tu ne m’as pas voulu. Eh bien, je te livre à toi-même ». Il faut que cette justice se manifeste dès ici-bas, et que nous ayons dans ces jugements éternels comme un reflet des brasiers éternels. Quaeretis me, et non invenietis, et in peccato vestro moriemini.

Or, voici ce qui se passe à la mort. Ou le malade meurt tout à coup, et tout le monde frémit. Oui il meurt avec la connaissance de son péché et dans les regrets désespérés comme ceux d’Antiochus. Ou il meurt, averti par ses parents, mais averti trop tard; car les parents cruels ont fait dans cette funeste circonstance l’office des démons, ils lui ont caché la vérité, alors qu’il lui importait le plus de la connaître.

A qui nous fierons-nous donc? A nous-mêmes. Mais nous pouvons mourir subitement. Et supposons que nous ne mourions pas subitement, pouvons-nous compter sur notre courage, quand tant d’autres ont donné des preuves de faiblesse, et de faiblesse bien naturelle? Est-ce sur nos parents? Vous ne comptiez pas sur eux. Peut-être avez-vous à vous reprocher d’avoir laissé descendre au tombeau un des vôtres, sans le prévenir. Ne comptez que sur Dieu, mais comptez-y à temps. Ecce nunc tempus acceptabile, ecce nunc dies salutis.

[C] Sur la concupiscence de la chair.

Je ne sais quel sentiment pénible s’empare de moi en ce moment.

Supplice infligé par Dieu à l’homme. Il s’est révolté contre son maître, le corps se révolte contre l’âme. Assujettissement de l’âme au corps, avilissement de l’âme, obscurcissement de l’intelligence.

Révolte contre Dieu, révolte de la chair contre l’esprit. Nature de cette révolte, avilissement de l’âme, avilissement du corps. Premier effet par rapport à l’âme: obscurité, perte de la foi, de l’espérance. L’attache aux biens de la terre, la crainte de la mort, l’anéantissement de tout sentiment généreux. – L’indifférence aux biens célestes, la haine de Dieu.

Effets par rapport au corps. Approchez-vous d’un cadavre, vous frémissez. Sachez d’abord que l’infestion, la corruption, la laideur n’est rien en comparaison de ce qui vous attend.

Si tous les saints y sont condamnés.

Sachez que votre âme sera condamnée à habiter votre cadavre, plus hideux encore. – Sachez, de plus, que la dégradation de votre âme est encore plus grande que celle de votre corps.

[D. Nécessité de la conversion.]

Si veritatem dico vobis, quare non creditis mihi?

Il y a quatre semaines que je vous parle, quels progrès avez-vous faits?

Or je viens vous dire que votre bonheur est intéressé à votre conversion sur la terre et dans l’éternité.

Le bonheur, dès ici-bas, est attaché à la vertu. Jésus-Christ a promis à celui qui quitterait tout pour le suivre le centuple dès ce monde. Jouissance de la vertu, connaissance de la douceur de la souffrance.

Vie fatiguée du monde. La paix du chrétien. Quaerite primum regnum Dei, et haec omnia adjicientur vobis. – Dicebant: Pax, pax, et non erat pax. – Non est pax impiis.

Bonheur éternel. La plus grande affaire est celle du salut. La vie est un temps de noviciat. C’est l’or qui se purifie dans la fournaise, c’est la statue qui sort du bloc informe sous le ciseau de l’artiste, c’est le ciment qui se polit sous le burin du lapidaire. Quand donc vous auriez été accablé sous le poids de l’infortune pendant cette vie, qu’est-ce à côté de la gloire qui vous attend? Seul vous pouvez vous occuper de cette affaire. – Vous pouvez perdre la fortune, mais si vous ne vous convertissez pas, vous perdez votre âme, qui est vous-même, et vous la perdrez pour l’éternité.

Vous devez vous convertir par reconnaissance. Voyez ce que Dieu a fait pour vous. Dieu est père. Jerusalem, Jerusalem, quae occidis prophetas, et lapidas eos qui ad te missi sunt: quoties volui congregare filios tuos, quemadmodum gallina congregat pullos suos sub alas, et noluisti?

Mais si vous ne voulez pas vous convertir, il vous traitera en juge. Producam ignem de medio tui, qui comedat te. Feu des passions, feu du malheur. – Nisi conversi fueritis, gladium suum vibrabit, arcum suum tetendit, et paravit illum. – Et paravit in eo vasa mortis; sagittas suas ardentibus effecit.

Il vous apporte la paix ou la guere, au nom de Dieu. Que voulez-vous? Converte nos, Domine, et convertissons-nous. Jugum meum suave est, et onus meum leve.

In principio erat Verbum, et Verbum erat apud Deum, et Deus erat Verbum.

Décomposition des idées. – Vague dans lequel on tombe.

Les uns ont prétendu qu’il y avait tois esprits, les uns qu’il n’y [en] avait qu’un seul se manifestant sous trois formes.

La foi catholique: un Dieu en trois personnes. La seconde personne appelée Verbe, image: Qui cum sit splendor gloriae, et figura substantiae ejus.

Jésus-Christ est Dieu par sa mission surnaturelle. Il fait de nous des enfants de Dieu. Il nous apprend à rendre à Dieu le culte digne de Dieu par l’humilité. Il nous fait faire des actes semblables à ceux de Dieu.

[E. Du jugement dernier]

Cum autem venerit filius hominis in majestate sua, et omnes angeli ejus cum eo, tunc sedebit super sedem majestatis suae.

Je voudrais, au lieu de glacer d’effroi vos imaginations par la pensée des scènes épouvantables qui auront lieu alors, vous donner une idée convenable de la justice de Dieu envers le pécheur, de sa manifestation du crime aux yeux de tous, et de la nouvelle lumière avec laquelle vous envisagerez vos fautes.

La lumière qui vous fera connaître vos fautes. Nous nous faisons illusion ici-bas, parce que refusant de marcher à la lumière du flambeau de la foi, nous ne prenons que celle de la raison, et encore la diminuons-nous par la fumée des passions que nous excitons autour d’elle; semblables au voyageur qui par une nuit nébuleuse discerne à peine son chemin et pose quelquefois les pieds dans le précipice, alors qu’il croit marcher dans sa route. Mais à nous cette fatigue nous plaît, et, pourvu que nous marchions loin de Dieu, nous sommes satisfaits.

Lumière divine. Dieu la manifestera à nous, non pas sans doute comme amour, mais comme règle. Il est lui-même la loi. Il nous permettra de découvrir toutes ses perfections, afin de nous donner une idée de notre dégradation, sa beauté, notre laideur, sa justice, la nôtre, son amour, le nôtre. Scrutabor Jerusalem in lucernis… Revelabitur ignominia tua, et videbitur opprobrium tuum: ultionem capiam, et non resistet mihi homo… – Ecce ego congregabo omnes amatores tuos, quibus commista es, et omnes quos dilexisti, cum universis quos oderas: et congregabo eos super te undique, et nudabo ignominiam tuam coram eis, et videbunt omnem turpitudinem tuam.

Les crimes secrets, impureté, vengeance, flatterie, orgueil, ambition, bassesse, perfidie. – Sedens adversus fratrem tuum loquebaris, et adversus filium matris tuae ponebas scandalum; haec fecisti, et tacui.

Juxta est salus mea ut veniat, et justitia mea ut reveletur. C’est ce moment qui doit dédommager Dieu de tous les blasphèmes que l’on vomit contre lui. Quare fremuerunt gentes?… – Oblitus est Dominus… Descendat de cruce…, et convenez que cette sentence sera très juste. Prévenons-la.

[F] J.-C. gage de paix entre le ciel et la terre.

La cause de la guerre était le péché, la cause de la réconciliation sera l’abolition du péché. Or nous avons vu que J.-C. a satisfait au péché par sa mort; et la preuve qu’il en a triomphé, c’est sa résurrection, car s’il n’avait pas triomphé du péché, il en aurait été la victime. La mort était comme le sphinx. J.-C. a triomphé de la mort, donc il a triomphé du péché, et ressuscité par sa propre énergie afin de montrer sa puissance. Il ressuscite glorieux. Donc il a satisfait à la dette qu’il s’était chargé d’acquitter. Donc il a remporté une double [= triple] victoire, la première sur la justice de Dieu, la seconde sur le péché, la troisième sur la mort: sur la justice, puisque étendant [?] des mérites infinis aux hommes, il oblige Dieu à les récompenser; sur le mal, puisque sans le détruire il donne aux hommes la force d’en triompher.

Mais Jésus-Christ qui veut nous faire participer à son triomphe, veut que nous participions à son combat, et c’est ici que la résurrection du Sauveur est un gage de notre triomphe. Jésus est notre chef, il veut que nous triomphions avec lui et par lui. Notre triomphe est certain, parce qu’il nous aime, qu’il dépendait de lui de détruire le péché, et qu’il n’a pas voulu le détruire pour nous laisser une plus grande part à la victoire et à la récompense. Courage donc et commençons une bonne fois cette lutte, à la suite d’un chef qui a toujours vaincu.

Posuit in eo Dominus iniquitatem omnium nostrum, oblatus est quia ipse voluit. Tous les péchés vont être expiés en Jésus. Il expie devant les tribunaux, dans les supplices, sur la croix. Devant les tribunaux, devant le prêtre, devant les magistrats, devant le peuple.

Supplices, flagellation, le couronnement d’épines, le portement de la croix. Et sur la croix il est notre prêtre, notre roi, notre Dieu.

Devant les prêtres l’hypocrisie, la jalousie, l’indifférence, la haine, l’avarice.

Devant Pilate la timidité, le respect humain, les injustices.

Devant Hérode la curiosité, l’égoïsme.

A la flagellation les impudicités, au couronnement l’ambition, en portant sa croix nos faiblesses et nos chutes.

Sur le Calvaire il s’empare de l’humanité, il est prêtre, il est roi, il est Dieu.

[G] Désir de voir le mal disparaître, le péché vaincu.

Vie de J.-C., vie du monde. La vie du monde se fortifie par l’amour des richesses. La vie du monde, vie matérielle. Si quis diligit mundum… Matérialisme universel.

Semblables aux Hébreux qui adoraient le veau d’or au pied du Sinaï.

Signe des peuples qui finissent comme les vieillards, qui cherchent à amasser. Mais aussi la vie se retire.

Concupiscentia carnis, concupiscentia oculorum et superbia vitae.

Par suite, la société repose sur de l’argent.

Les liens de la famille. Education.

Les oeuvres de charité anéanties. – Pour nous, nous vous engageons à vous faire des amis. De mammona iniquitatis. – Vae qui jungitis agros ad agros! Conséquence: ou abus ou avarice.

Mais c’est, me direz-vous, c’est pour faire du bien. Quaerite primum regnum Dei. – Pour nous, nous ne saurions trop vous dire: La figure du monde passe. – Beati pauperes…

Je vous dirai encore: Thesaurisate vobis amicos. – Bonnes oeuvres. – Je vous dirai: Eleemosynis redime. – Je vous dirai encore: Songez au ciel.

Notes et post-scriptum