Jeudi-Saint vers 1838-1839

Informations générales
  • TD48.211
  • *Memoriam fecit...*
  • Orig.ms. CU 17; T.D. 48, p. 211.
Informations détaillées
  • 1 EUCHARISTIE
    1 JEUDI SAINT
    2 DAVID, BIBLE
    3 BETHLEEM
  • Jeudi-Saint vers 1838-1839
La lettre

En ce jour où l’Eglise célèbre l’institution du sacrement de l’eucharistie, afin de vous instruire et de vous édifier en même temps, j’ai cru devoir vous parler d’un doute soulevé dans mon esprit par le mystère d’un Dieu caché sous les espèces du pain, et des consolantes réponses que me suggérait la pensée de la miséricordieuse puissance de Dieu. Quelquefois en tenant entre mes mains le pain et les oblations saintes, que mes paroles allaient changer au corps et au sang de J.-C., je me suis demandé s’il était bien vrai qu’un Dieu s’abaisse jusqu’à obéir à la voix d’un mortel. Quelquefois recueillant dans le calice les fragments tombés de l’hostie, je me suis demandé s’il était bien possible qu’un Dieu consentît à voiler la majesté de sa nature infinie sous des parcelles presque imperceptibles, que mon oeil et mon doigt cherchaient avec anxiété.

Mes ces doutes [se] sont toujours dissipés bien vite, au souvenir de l’élan d’admiration arraché aux transports du prophète-roi, lorsqu’il saluait de loin dans ses cantiques inspirés le triomphe de la charité divine. Memoriam. Ce cri d’enthousiasme et de reconnaissance était pour mon oreille comme l’écho des chants célestes, que les anges font retentir autour de la victime immolée, lorsqu’ils la dédommagent par leur amour et leurs adorations de la tiédeur et de l’absence des lâches et indignes chrétiens de nos jours. Ce regard jeté dans un avenir encore lointain par le berger de Bethléem, l’ancêtre de Jésus, était pour mon intelligence comme une lumière, qui en dissipait les ténèbres par les plus douces et les plus étincelantes clartés. Je ne voyais plus un sujet de doute et d’incertitude dans ce qui m’était présenté comme le résumé des prodiges du Tout-Puissant. O profondeur des trésors de Dieu dans ces quelques grains de blé pétris par la main des hommes, dans ces quelques gouttes de vin renfermés dans le calice!

Mes frères, en ce jour consacré à l’institution du mystère de nos autels, je n’ai pas cru, en venant vous rompre le pain de la parole, pouvoir choisir un sujet plus propre à exciter votre piété que les prodiges renfermés dans ce mystère. Or, je veux vous le présenter sous un double point de vue. Vous y verrez la victime immolée pour les péchés du monde, et je vous ferai voir les merveilles accumulées en elle par la miséricordieuse bonté de Dieu. Vous y verrez encore la nourriture de vos âmes, et je vous présenterai encore les prodiges que cette nourriture céleste opère tous les jours.

Merveilles contenues dans l’eucharistie comme victime pour le salut du monde; merveilles opérées par l’eucharistie, aliment de nos âmes, voilà tout mon sujet.

Notes et post-scriptum