1838-1839

Informations générales
  • TD48.216
  • [Canevas d'un sermon de] PAQUES.
  • Orig.ms. CU 21; T.D. 48, pp. 216-218.
Informations détaillées
  • 1 ASSOMPTION DE LA SAINTE VIERGE
    1 GLORIFICATION DE JESUS-CHRIST
    1 MARTYRS
    1 MORT
    1 MORT DE JESUS-CHRIST
    1 PAQUES
    1 RESURRECTION DE JESUS-CHRIST
    1 TOMBEAU
    3 ORIENT
  • 1838-1839
La lettre

Et erit sepulchrum ejus gloriosum.

Le Sauveur a souffert, il a accompli sa tâche, il est mort. Mais ici, mes frères, quelle différence entre la mort du Sauveur et celle des autres hommes. Il meurt, et dès lors sa gloire commence.

La mort des hommes est pour eux le commencement de l’oubli. A peine peuvent-ils échapper à la nuit du sépulcre par une vie de grandes actions. Jésus, au contraire, meurt dans l’ignominie. Il meurt au milieu de deux scélérats, objet de l’exécration du peuple et de la jalousie des prêtres; il expire sur une croix, supplice des esclaves; et voilà qu’il se relève triomphant, et que sa gloire date de son tombeau. Et erit…

Est-ce tout, mes frères? Non, ce triomphateur de la mort fera quelque chose de plus, car cette gloire qu’il a acquise à son sépulcre, il la donnera à des degrés divers au sépulcre de tous les lieux. Le sépulcre du chrétien aura aussi sa gloire, et il sera vrai de dire du disciple ce qu’on a dit du maître: Son sépulcre sera glorieux. Et erit sepulchrum ejus gloriosum. Chrétiens, livrez-vous donc à l’allégresse. Jésus-Christ meurt, mais pour ressusciter, et par la résurrection il détruit la mort même. Ce qui est le complément de la défaite des autres est le principe de sa victoire. Il ira au fond du tombeau chercher la vie pour la communiquer à ses frères.

Je viens donc aujourd’hui, mes frères, vous parler de la gloire du sépulcre de Jésus-Christ et de la gloire que Jésus-Christ répand sur les tombeaux des siens. Oui, Jésus donne sa gloire aux sépulcres des siens. Qui le sait mieux que vous, ô Marie, vous dont le sépulcre, seul avec celui de votre Fils, n’aura rien à rendre quand sonnera l’heure de la résurrection de toute créature? Alors, ô ma reine, vous viendrez avec votre Fils, et de même que vous avez participé à ses douleurs au Calvaire, de même vous participerez à sa gloire comme vous y participez déjà. Bénissez-moi donc en ce moment, et donnez-moi la grâce de bien faire comprendre à ceux qui m’écoutent la gloire de votre Fils, et la vôtre, et celle de tous les vrais chrétiens. Regina coeli.

Jésus succombe en apparence sous la fureur de ses ennemis, mais dans le fait il ne fait que s’en servir comme d’instruments aveugles pour l’accomplissement de sa volonté. Il meurt, parce qu’il le veut bien; il dépose sa vie de lui-même, comme il l’a prédit. Ses derniers moments semblent tissés avec toutes les douleurs et toutes les ignominies; et il accepte et ces ignominies et ces douleurs, parce qu’elles avaient été prédites; et elles avaient été prédites, parce qu’il entrait dans les desseins de la Providence de sauver les hommes par un décret qui bouleverse toutes les idées que la volupté, l’ambition, l’orgueil pouvaient leur suggérer, parce que Dieu voulait sauver le monde par la folie de la croix. Placuit Deo per stultitiam praedicationis salvos facere credentes.

Les scribes et les pharisiens le provoquent, et il ne leur répond pas, parce qu’en leur répondant il se serait montré homme comme eux. Il ne leur répondra pas, parce que s’il leur avait répondu il ne serait pas mort, il n’aurait pas subi cette dernière humiliation, et il fallait qu’il la prît toute.

Le voyez-vous s’écriant dans cette lutte de toutes les passions: Salvum me fac, Domine, quoniam intraverunt aquae usque ad animam meam; veni in altitudinem maris, et tempestas demersit me. – Et inundaverunt aquae super caput meum. Dixi: perii. – Dixisti: Ne timeas.

Jésus, en effet, ne craint point. Il descend jusqu’au fond des abîmes, in lacu novissimo; mais tout à coup il se relève, et, dominant les flots de la mer, il s’avance au milieu des vagues mugissantes, emportant comme gage de sa victoire les dépouilles mêmes de la mort. O mort, où est ton aiguillon?

Voyez la gloire de Jésus. Il meurt, il ressuscite. Voyez pendant les premiers siècles le témoignage des martyrs. Pourquoi? Pour attester la résurrection. Et saint Paul n’a-t-il pas dit: Si Christus non resurrexit, ergo vana est spes nostra, vana est praedicatio nostra. Les martyrs proclament cette vérité. Pourquoi ce délire d’hommes qui courent à la mort, pour attester le triomphe qu’un autre homme avait remporté sur la mort?

Mais il faut que le tombeau lui-même ait sa gloire.

D’abord avili, puis réparé, puis perdu, puis retrouvé.

Semblable à ces généraux qui dans le fort de la bataille lançaient leur épée dans le camp de l’ennemi pour exciter le courage de leurs soldats, Jésus a laissé son tombeau au milieu des infidèles.

Croisades anciennes par la force. – Croisades modernes par la vérité.

Regardez, voilà l’Orient.

Mais il y a quelque chose de plus, Jésus veut rendre le tombeau des siens glorieux. Tombeau de Marie. – Tombeaux des martyrs. – Catacombes. – Tombeaux des saints.

Pensée religieuse des tombeaux.

Son tombeau est le premier pas vers la gloire. – La gloire véritable, c’est la gloire du ciel.

Le corps enseveli, l’âme portée par les anges dans le sein d’Abraham.

Ne sentez-vous pas une grande tristesse en pensant que vous mourrez, que vous pourrirez inconnus? Ah! si vous le voulez, votre tombeau sera glorieux!

Notes et post-scriptum