décembre 1847

Informations générales
  • TD48.251
  • CONFERENCE ECCLESIASTIQUE, décembre 1847. [Sur l'éducation des enfants]
  • Orig.ms. CU 27; T.D. 48, pp. 251-255.
Informations détaillées
  • 1 AFFECTIONS DESORDONNEES
    1 DEVOIRS DE CHRETIENS
    1 EDUCATION
    1 ENFANTS
    1 ENSEIGNEMENT
    1 ENSEIGNEMENT OFFICIEL
    1 ENSEIGNEMENT RELIGIEUX
    1 FAMILLE
    1 FEMMES
    1 MARIAGE
    1 MERE DE FAMILLE
    1 MEURTRE
    1 ORPHELINATS
    1 ORPHELINS
    1 PARENTS
    1 PERE DE FAMILLE
    1 PERFECTION
    2 DE BRUYNE, DONATIEN
  • décembre 1847
La lettre

Les devoirs des parents commencent avant même que l’enfant ne soit né. Quelles précautions ne doit pas prendre la mère pour que le fruit qu’elle porte arrive à maturité! On ne peut se faire une idée du peu de connaissance que des personnes qui passent pour instruites ont sur ce point, et je me rappelle avoir été consulté, en conversation, par une femme du monde qui désirait savoir si je ne lui permettrais pas de se faire avorter. Je ne sais ce qui m’étonna le plus, ou de la question elle-même, ou du sang-froid avec lequel elle m’était adressée. La mère qui est enceinte doit éviter toute fatigue ou un exercice violent qui les [= l’] expose à mettre leur [= son] enfant au monde avant le terme. Dans le peuple on a recours à certains remèdes, dans les classes élégantes on monte à cheval.

Je ne parle pas des détails horribles de quelques infanticides, auxquels se prêtent malheureusement trop des hommes qui, abusant de leur science dans l’art de guérir, se prêtent aux plus monstrueuses opérations pour donner la mort, avant pour ainsi dire qu’ils n’aient reçu la vie, à ces êtres en qui une âme a pourtant été déposée, et qui seront éternellement privés de la lumière de Dieu, parce que le crime qui les avait conçus n’a pas voulu leur permettre de voir la lumière du jour.

Je dis seulement qu’un gouvernement est bien coupable, quand il pousse en quelque sorte à des monstruosités de cette espèce en fermant à la misère, à la honte ou à la faiblesse, ces asiles que la prévoyante charité du christianisme avait ouverts, et où elle adoptait pour ses enfants ces petits êtres, fruits d’une passion coupable, ces autres orphelins par la pauvreté de leurs parents. On ne leur demandait pas leur nom pour les protéger; celui qu’ils recevaient au baptême suffisait aux yeux de la foi pour les rendre dignes d’intérêt et de respect. Mais c’est qu’alors on avait la foi.

Quels sont les devoirs des parents par rapport à la naissance de leurs enfants, à leur conservation, ainsi qu’à leur instruction, éducation et sanctification?

Quels sont les devoirs des parents par rapport à la naissance de leurs enfants?

Je ne comprends pas bien cette première question. Veut-on parler des règles de l’accomplissement du mariage? Voici la mienne [opinion]. Ne jamais permettre ce qui est contre nature. Tolérer, après les observations convenables que le conjoint soit passif, quand il ne peut faire autrement, quand l’autre conjoint veut gêner les lois de la nature.

L’enfant est conçu. La mère doit fuir les travaux, les dangers, les courses, les plaisirs, les émotions qui pourraient nuire à son fruit. Crime de l’avortement, plus grand quand le foetus est animé. Rien de fixe sur l’animation. Dom de Bruyne prétend que c’est dès l’instant de la conception. Il est sûr qu’il est prudent de donner le baptême à tout foetus; mais est-il sûr qu’il soit animé? Laissons cette question aux amateurs d’embryologie sacrée.

Engager les parents à se préparer à accomplir les devoirs de père et de mère en chrétiens.

Influence du sentiment de la maternité chez une femme. Comment on peut s’en emparer pour la rendre chrétienne. Faire confesser les femmes sur le point d’accoucher. Facilité plus grande pour donner l’absolution.

L’enfant naît. Le faire baptiser au plus tôt. Tout doit céder devant le salut compromis.

Engager la mère à le nourrir. Avantages, quand elle le peut. Inconvénients des nourrices. Nourrices, filles de joie. Communication de certaines maladies.

Influence des bonnes. Mauvaises habitudes. – Surveillance des parents.

Danger de parler devant les enfants de certains sujets. Leur facilité à saisir bien plus grande qu’on ne saurait le croire. Leur curiosité. Leur innocence compromise. Or toutes les précautions doivent être prises, dès que l’enfant vient au monde. Il faut que les parents se proposent par avance à parler et à agir avec respect. Quant à la conservation de l’enfant, un régime sévère est le plus souvent ce qui convient le mieux. Que d’enfants tués par trop de soins!

C’est une grave question que celle de l’instruction, question non d’utilité, mais de nécessité pour toutes les carrières.

Instruction du peuple, primaire. – Inconvénient de trop déclasser ceux qui n’ont pas de moyens intellectuels. Avis sévère à donner aux parents, afin qu’il n’aient pas un jour sur les bras des êtres inutiles.

Instruction chrétienne. Mais que de choses à dire là-dessus, que l’on ne peut toucher qu’en passant! Obliger les parents à s’instruire pour leurs enfants. Cela possible dans quelques classes, impossible absolument pour toutes.

L’éducation. – Aurait peut-être dû précéder l’article sur l’instruction. L’éducation se donne à tous les instants. Premiers principes. Mais pour les donner il faut les avoir reçus.

Devoirs des curés et des confesseurs. Deux défauts à combattre.

[a] Affection déréglée des parents. Affection absurde, celle de l’araignée qui suce les mouches; elle empêche le développement de la virilité, de l’intelligence, du sens moral. On [a] des enfants gâtés, pleins de caprices; des adolescents pleins de passions, des hommes nuls.

Cette tendresse est une des plaies des familles. C’est elle qui fait que les trois quarts et demi des parents sont le plus grand obstacle à l’éducation de leurs enfants. Système de sentimentalité.

[b] Second défaut: indifférence. On a hâte de jeter le fils au collège, la fille au couvent. Le collège et le couvent devraient être des pis-aller. L’enfant est le gardien de ses parents, leur témoin: témoin importun, ennuyeux; on s’en délivre. On ne se figure pas les idées de certains écoliers et écolières sur ce qu’ils feront de leurs enfants. Indices déplorables de la perte du sentiment de [la] famille.

Toutefois, avantage immense dans l’éducation publique. Pour le physique, le régime; pour le moral, le frottement des caractères et l’émulation pour les idées; puis, les idées de régularité.

On veut savoir ce que doivent faire les parents pour la sanctification de leurs enfants. Je réponds tout, car c’est là l’unique nécessaire.

Paganisme dans les idées: ils se posent en idoles.

Matérialisme dans les projets: rien qu’un établissement humain.

Athéisme dans les idées de vocation: on dispose de tout sans Dieu, et les prêtres n’y contribuent pas peu.

Sensualisme dans les plaisirs: bals, spectacles.

Vanité pour les petites filles, amour-propre pour les garçons.

Ce qu’il faudrait: des idées chrétiennes. Elles sont absentes chez les enfants, parce qu’elles sont absentes chez les parents, et absentes chez les parents, parce qu’elles sont absentes du sacerdoce.

Epoque pour la première communion: le plus tôt possible.

La sanctification n’est pas la piété seule, c’est la transformation de l’être en J.-C. Or cela n’est pas seulement quelques pratiques de piété, c’est le renouvellement de la vie tout entière.

Affaire de toute la vie, de toutes les pensées, de tous les sentiments. C’est l’habitude de penser aux vérités de la foi, c’est le désir de ce qui est seul digne de fixer le coeur du chrétien, c’est l’amour de tout ce que J.-C. a aimé. Or cela se voit-il chez les parents? Et pour que cela se voie chez eux, cela leur est-il communiqué en paroles vivantes? Voilà la question qui va de nous aux parents, pour retourner des parents à nous et qui, après nous avoir fait réfléchir sur les devoirs des parents, peut nous faire sérieusement réfléchir sur les nôtres.

Notes et post-scriptum