[Les bons livres]

Informations générales
  • TD48.256
  • [Les bons livres]
  • VIE DE LA SOCIETE.
  • Orig.ms. CU 28; T.D. 48, pp. 256-258.
Informations détaillées
  • 1 COURS
    1 DEFENSE DE L'EGLISE
    1 DOCTRINE CATHOLIQUE
    1 FRANCAIS
    1 LIVRES
    1 MISSIONNAIRES
    1 NATION
    1 PEUPLE
    1 SOCIETE
    1 VERITE
    3 EUROPE
    3 FRANCE
    3 NIMES
  • vers 1848
La lettre

Ego sum via, veritas et vita.

Tout est remis en question et les opinions de toute sorte entraînent les esprits. En pareille occasion tout ce qui a trait à l’instruction du peuple a la plus haute importance, et j’espère vous le faire voir par les considérations que je me propose de vous développer.

1° Vie de la société.

Toute société subsiste à l’aide de certains moyens, comme l’homme. Otez ces moyens, l’homme meurt et la société aussi. Or la condition fondamentale de la société, c’est la vérité et les lois qui en découlent, non pas toute vérité, mais les vérités d’ordre. Là où la vérité sera la plus complète, les conditions [seront] meilleures. Mais on voit par une certaine anomalie les vérités faillir et les conséquences morales subsister, ce qui ne peut durer longtemps, il est vrai, mais ce qui forme objection pourtant chez les esprits superficiels. Mais quand il n’y a plus ni vérité ni morale, tout croule. Nous en sommes là.

Toutefois deux instructions: l’une bonne, l’autre mauvaise; il faut favoriser l’une et combattre l’autre, il faut redoubler d’efforts.

On dira: les livres ont perdu la France. C’est vrai. Lesquels? Les mauvais. C’est pourquoi il en faut de bons. S’il y en avait de bons, les mauvais n’auraient pas pris la place.

On dira: Il est bien temps de quêter pour des livres, il faut du pain. Mais cela ne suffit pas, il faut la vérité. Malheur à la France qui n’a cherché que l’ordre matériel! Dieu la punit assez visiblement, je pense.

On dira: Les mauvais [livres] ont plus d’attrait. 1° Cherchez des livres intéressants. 2° Si vous pouviez les faire disparaître, tant mieux! Au moins paralysez-les. 3° Hâtez-vous, avant qu’on ait pris le goût de leurs séductions, d’en mettre de bons.

Et puis, s’il y en a tant de mauvais, à qui la faute? A vous, mère ou père, si vos enfants les lisent; à vous, maîtres ou maîtresses, si [ce sont] vos domestiques.

Cependant le mal gagne [avec] l’incrédulité et la corruption des moeurs. Corrumpere et corrumpi saeculum vocatur, disait Tacite. Cela est encore vrai. Il faut revenir fermement à la vérité catholique, à l’enseignement catholique, à l’instruction catholique. Quelle vérité sociale que le catholicisme ne contienne, quelle erreur sociale qu’il ne condamne!

Donc les livres catholiques sont un remède à la société malade. Mais la société ne se juge pas seulement par le dedans, il faut l’envisager par son action.

2° Mission de la société.

La vie intime ne suffit pas à la société, elle a besoin d’une vie extérieure qui manifeste au dehors ce qu’elle recèle dans son sein, et cette vie, cette action extérieure, lorsqu’elle est indiquée par la Providence, s’appelle mission, vocation. Et chaque peuple, qui ne rompt pas avec Dieu, reçoit de lui une mission. Celle de la France [est] magnifique: l’épée et le bouclier, l’arme de la volonté divine dans le monde, l’épée et le boulevard de l’Eglise. Instrumentum divinissimae voluntatis per orbem, gladium et propugnaculum Ecclesiae. Voilà la mission de la France; elle l’accomplit envers les Maures, envers les papes, envers les saints Lieux. Cette mission, la France l’oublie; sa puissance de prosélytisme, elle la met au service du mal. Il faut la retourner du côté du bien. Comment? Par l’instruction. Il faut renouveler cette propagande généreuse, il faut faire des Français autant de missionnaires.

Mais quoi, vous manquez votre but? Ce sont des missionnaires qu’il nous faut. Et d’où sortiront les missionnaires? N’est-ce pas du peuple? Et qui vous dit qu’une page tombée sur le coeur d’un chrétien ne fera [pas] de cet homme un missionnaire? Il ne faut qu’un mot tombé d’un livre à une heure de silence pour déterminer toute une vie.

Et puis, quand le peuple redeviendra chrétien, il y aura une action universelle qui poussera à la prédication. Un proverbe étranger dit: Ce que deux Français savent, il faut que toute l’Europe le sache. Quand les Français sauront bien leur religion, toute l’Europe la saura. Quand les Français mieux instruits pratiqueront mieux, toute l’Europe sera bien près d’aller à confesse.

Quelle prétention! Qu’est-ce qu’une oeuvre? Pour toutes ces considérations ce n’est qu’un grain de sable. Et qu’est-ce que le ciment qui unit les murs des édifices? Des grains de sable. Et les pierres, qu’est-ce que c’est? Unissez-les, vous aurez des édifices séculaires qui défient le temps. Songez à la responsabilité de la France.

Mais est-ce que les nations seront jugées? Mais chaque membre d’une nation sera jugé comme faisant partie de cette nation? Avez-vous songé à vous confesser des péchés que vous faites comme Français, comme chargé de répandre et de défendre la vérité?

Catholiques de Nîmes, si la France penche vers sa ruine, sauvez-la en sauvant et en défendant votre foi!

Notes et post-scriptum