1844-1854

Informations générales
  • TD48.321
  • [Du salut. Notes de sermon]
  • Orig.ms. CU 38; T.D. 48, pp. 321-322.
Informations détaillées
  • 1 FINS DERNIERES
    1 JUGEMENT DERNIER
    1 SAGESSE DE DIEU
    1 SAGESSE HUMAINE
    1 SALUT DES AMES
    1 SALUT DU GENRE HUMAIN
    2 PAUL, SAINT
  • 1844-1854
La lettre

Ego quoque in interitu vestro ridebo, et subsannabo, cum vobis id quod timebatis, advenerit. Prov., I, 26.

Prenez-y garde, mes frères, le monde passe et Dieu est éternel. La sagesse, du haut des collines saintes, découvre les révolutions et la succession des choses. Que de bouleversements n’a-t-elle pas préparés, du fond de son impénétrable immutabilité! Ce Dieu bon et patient ne rompra pas le roseau déjà brisé, il n’éteindra pas la mèche qui fume encore; mais pensez-vous qu’il soit pusillanime, parce qu’il est généreux? Non, non. Quand le vin de sa colère aura rempli la coupe qu’il tient sur la tête des pécheurs, il la secouera avec indignation et il les forcera de la boire jusqu’à la lie.

A quoi auront alors servi tous les calculs de la sagesse humaine? Le Seigneur les a découverts jusque dans leurs ressorts les plus secrets et les a déjoués. Et, dans sa fureur terrible, il joint aux châtiments l’insulte: Ego quoque in interitu vestro ridebo. Tandis que vous vous enfliez de votre puissance éphémère, vous leviez le front contre le ciel, et vous l’insultiez par vos sarcasmes et vos railleries. Vous disiez: « Qui nous verra? Et quand Dieu nous verrait, que peut-il contre nous? » Dieu, à son tour, vous insultera. Ego quoque in interitu vestro… Insulte cruelle et d’autant plus amère que la mort du pécheur ne lui permet plus de se faire illusion.

Vous comptiez sur la vie et vous trouviez que la jeunesse est le temps des plaisirs, et, loin de chercher de saintes et pures jouissances au pied des autels, vous avez écouté la voix de la volupté, et les émotions mondaines ont fait battre votre coeur. La piété a été pour vous une fatigue intolérable, et la loi du Seigneur un joug qui humiliait trop votre front. Et le joug du Seigneur vous l’avez brisé; et cette fleur d’amour et de vertu, vous l’avez laissé se faner. Et vous avez cherché dans je ne sais quel étourdissement fébrile à étouffer la voix du remords. Et Dieu veut avoir son tour, et lorsque vous serez sur le point de périr, il vous repoussera et se rira de vous; il confondra vos pensées et ne vous permettra pas d’exécuter vos plus beaux projets.

Vous redoutiez la mort, et qui ne la redoute pas? Mais pour le chrétien la pensée de sa dernière heure est un salutaire avertissement. Il la considère, mais pour s’y préparer. Vous, lorsque vous y songiez, vous reculiez la tête avec horreur. Et, mes frères, que pensez-vous que sera la mort pour vous? Les victimes que l’on conduit au supplice ne peuvent éviter leur sort, et vous pas davantage. Cum vobis id quod timebatis, advenerit. Tunc invocabunt me, et non exaudiam: nam consurgent, et non invenient me. Prov. I, 28. Comedent igitur fructus viae suae, suisque consiliis saturabuntur. Prov. I, 31.

Ego autem dixi: Forsitan pauperes sunt et stulti, ignorantes viam Domini, judicium Dei sui. Ibo igitur ad optimates, et loquar eis: ipsi enim cognoverunt viam Domini, judicium Dei sui, et ecce magis hi simul confregerunt jugum, ruperunt vincula. Idcirco percussit eos leo de sylva. Prov., V, 4-6.

Vous dites quelquefois: Je veux servir Dieu en grand. Voilà qui est parfait. Mais qu’est-ce que se livrer à de grandes choses? N’est-ce pas s’occuper des grandes questions? Et quelle plus grande question, je vous prie, que celle du salut auquel vous ne songez seulement pas? Est-ce, par hasard, la médisance; est-ce le jeu, le bal qui sont ces grandes choses qui vous préoccupent exclusivement?

Le salut, affaire par excellence. Saint Paul appelle le salut l’affaire par excellence. Rogamus vos, fratres, ut abundetis magis (in omni opere bono), et operam detis, ut quieti sitis, et ut vestrum negotium agatis. I Thess., IV, 10.

Notes et post-scriptum