[Notes de lectures et d’exercices littéraires]

Informations générales
  • TD49.008
  • [Notes de lectures et d'exercices littéraires]
  • Premier cahier. Extraits. Religion des Juifs. Réflexions sur la vie de ce peuple. Réfutation de quelques assertions contre les Juifs par Voltaire]
    [Le veau d'or]
  • Orig.ms. CU 111, pp. 7-9; T.D. 49, pp. 8-11.
Informations détaillées
  • 1 ANCIEN TESTAMENT
    1 APOSTASIE
    1 CHATIMENT
    1 JUIFS
    2 AARON
    2 BOLINGBROKE, HENRY ST-JOHN
    2 COLLINS, ANTHONY
    2 LE CLERC, JEAN
    2 MOISE
    2 STAHL, GEORG VON
    2 TINDAL, MATTHEW
    2 VOLTAIRE
  • 1826-1830
  • Paris
La lettre

[A] Sur l’impossibilité de l’adoration du veau d’or.

p. 113. Paroles de Voltaire:

Il est impossible de réduire l’or en poudre que l’on puisse avaler, et l’art de la plus savante chimie n’y suffit pas.

Réponse. Sthal, chrétien et chimiste de premier ordre, dans ses opuscules a dit que le sel de tartre mêlé au soufre dissout l’or, au point de le réduire en poudre qu’on peut avaler.

Dans un ouvrage intitulé: Origine des lois des sciences et des arts, ou dans le nouveau cours de chimie on y lit: Le natron, matière commune en Orient et surtout près du Nil, produit le même effet. Moïse connaissait parfaitement bien toute la force de son opération et il ne pouvait mieux punir l’infidélité des Israélites qu’en leur faisant boire de cette poudre, parce que l’or rendu potable par ce procédé est d’un goût détestable.

p. 118 et 121. Paroles de Voltaire.

Il était impossible sans miracle de jeter en fonte le veau d’or en moins de trois mois. Le peuple s’adressa au frère de Moïse pour avoir le veau d’or, la veille du jour même où celui-ci descendit de la montagne et Aaron le jeta en fonte en un seul jour.

Voltaire se trompe doublement, car il n’est pas de fondeurs qui, si on leur donne les matières, ne fassent en une semaine au plus un travail aussi informe que le veau d’or.

Secondement, on ne voit en aucun endroit le temps qu’Aaron employa à son ouvrage.

p. 122. Collins Tindal et Colinbroke ne conçoivent pas que les Juifs, qui n’avaient pas de quoi raccommoder leurs sandales, aient demandé un veau d’or massif.

Le veau d’or était portatif, d’après l’expression de l’Ecriture, par conséquent il n’était point massif.

Voyez à ce sujet, page 125, des lettres de quelques juifs portugais et allemands à Voltaire.

[B] Sur le massacre ordonné après l’adoration du veau d’or.

Paroles de Voltaire:

p. 127. L’humanité, la bonté de coeur empêche ces écrivains de croire que Moïse ait fait égorger vingt-trois mille hommes pour expier ce péché. Ils n’imaginent pas que vingt-trois mille hommes se soient ainsi laissés égorger par les lévites, à moins d’un autre miracle. D’abord en supposant seulement les lévites au nombre de douze mille, ce qui n’est point outré, qu’y a-t-il de miraculeux que douze mille hommes armés aient pu massacrer 23.000 hommes sans armes et surpris à l’improviste?

Ensuite on peut relever une petite absurdité de ces écrivains, que n’a point sentie Voltaire, c’est qu’au lieu de 23.000 hommes le texte dit environ 3.000. Est-ce la faute de l’Exode s’ils prennent 20 pour environ?

Paroles de Voltaire:

p. 131. Ces écrivains ne conçoivent pas que les Juifs aient demandé un veau d’or pour l’adorer, au pied de la montagne où Dieu parlait à Moïse, au milieu des foudres et des éclairs que ce peuple voyait et au son de la trompette céleste qu’il entendait.

Selon le Clerc, tout l’appareil cessa et l’on n’aperçut plus de nuage, si ce n’est sur quelques sommets de la montagne. Le peuple ignorait ce que Moïse était devenu; et qui sait si dans leur intention ces honneurs qu’ils rendaient à ce simulacre ne se rapportaient pas à Dieu, puisqu’il s’écria à cette vue: O Israël, voilà ton Dieu qui t’a tiré de l’Egypte, et Aaron leur dit: ce sera demain la solemnité de Jéhovah.

Rappelons-nous de chez quel peuple, les Juifs sortaient et de quelles superstitions ils avaient été témoins. En fallait-il assez [= plus] pour séduire un peuple ignorant?

p. 135. On trouve étrange qu’Aaron, le plus coupable de tous, ait été récompensé de son crime dont les autres étaient si horriblement punis, et qu’il ait été nommé grand-prêtre au milieu des cadavres de 23.000 hommes.

Aaron pressé, menacé par le peuple, cède à la crainte, et n’était-ce pas chez lui faiblesse plutôt que tout autre sentiment?

Il prévarique, mais la sincérité de son repentir, les prières de son frère désarment Dieu, qui après plusieurs mois le nomme grand prêtre, et qui peut-être veut donner par là un exemple de miséricorde. p. 139.

Il n’y a qu’un étranger qui eût pu ajouter l’histoire de l’adoration du veau d’or: elle était trop déshonorante à la nation pour qu’elle se soit permis cette innovation; d’un autre côté, elle ternissait trop la renommée d’Aaron pour qu’un prêtre pût l’ajouter.

p. 143. Que si on nie ce fait par l’impossibilité que le peuple et Aaron, après avoir été témoins de tant de merveilles opérées en leur faveur, aient pu prévariquer, on pourra leur représenter les infidélités si fréquentes de ce peuple, son inconstance et son incrédulité.

Notes et post-scriptum