[Notes de lectures et d’exercices littéraires]

Informations générales
  • TD49.015
  • [Notes de lectures et d'exercices littéraires]
  • Premier cahier. Extraits. Religion des Juifs. Réflexions sur la vie de ce peuple. Réfutation de quelques assertions contre les Juifs par Voltaire.
    [Anthropologie, sacrifices humains et autres questions]
  • Orig.ms. CU 111, pp. 12-15; T.D. 49, pp. 15-18.
Informations détaillées
  • 1 ANCIEN TESTAMENT
    1 DEMONS
    1 FINS DERNIERES
    1 JUIFS
    1 SAUVAGES
    2 DAVID, BIBLE
    2 EZECHIEL
    2 JEPHTE
    2 JEREMIE
    2 JETHRO
    2 MOISE
    2 VOLTAIRE
    3 BABYLONE
    3 MADIAN
  • 1826-1830
  • Paris
La lettre

[A] Réflexions sur le butin enlevé par Moïse dans le camp Madianite.

Les critiques commencent par prétendre que les Israélites enlevèrent dans le camp madianite 675.000 brebis, 72.000 boeufs, 61.000 ânes et 32.000 juenes filles. Ces auteurs oublient qu’il faut entendre tout le pays madianite, d’après le texte de l’Ecriture, ils disent 32.000 jeunes filles tandis qu’il faut compter, d’après le texte, depuis la naissance jusqu’à l’âge nubile; quant aux calculs faits par les Juifs, voyez page 289 et suivantes.

p. 276. Voltaire accuse Moïse d’avoir voué à l’anathème les Madianites dont Jétro, le grand-prêtre, lui avait donné sa fille en mariage. Mais Jétro et ses Madianites étaient à 50 lieues du Garid, que Voltaire donne pour limite aux Madianites; dans la première circonstance où il ne donne au pays de Madian que huit lieues carrées au plus, comment fait-il son calcul?

p. 281. Au fond il y avait deux peuples: les uns descendants de Madian, fils déchus, conservèrent quelques restes de la connaissance du vrai Dieu; ils vivaient sur les bords de la mer Rouge et Madian, leur capitale, était au levant de cette mer. Leur pays s’étendait sur la côte occidentale et selon quelques-uns jusqu’au mont Sinaï. C’était chez eux que vivait le grand-prêtre Jétro, beau-père de Moïse. Les autres, vaincus par les Hébreux avaient leur habitation près de la mer Morte; ils adoraient Belphégor ou Baal-Azor, comme les Moabites leurs voisins; leur capitale était sur l’Arnon et voisine de celle des Moabites. Leur richesse consistait dans leur or et leurs troupeaux, qui, selon toute apparence, étaient en plus grand nombre que ceux dont les Israélites s’emparèrent et qui contenait plus de 32.000 jeunes filles, mais qui aussi devait être plus étendue que ne le prétend Voltaire; car on ne savait pas jusqu’où ils se prolongeaient dans le désert et vers l’Orient, où Voltaire lui-même ne leur donne aucune borne.

[B] Si les Juifs étaient anthropophages.

Voltaire, pour le prouver, déclare que Moïse menace les Juifs qu’ils mangeront leurs enfants. Je voudrais bien savoir ce que dirait un cannibale qu’on menacerait, pour le punir d’un grand crime, de lui faire manger de la chair humaine.

Ezéchiel, dit le même auteur, promet aux Juifs de leur faire manger de la chair de cheval et de cavalier. Donc les Juifs faisaient de la chair un mets délicieux. Pour le coup la conséquence est juste. Il ne reste qu’à savoir si le texte est vrai ou falsifié, voyons-le. Le voici d’après la Vulgate: Fils de l’homme prophétise, contre Goyet dis-lui: Voici ce que dit le Seigneur, je t’amènerai des contrées de l’Aquilon, et je t’amènerai par des détours sur les montagnes d’Israël.

J’y briserai ton arc dans ta main gauche et j’abattrai tes flèches de ta main droite. Tu tomberas sur ces montagnes tous tes bataillons et les peuples qui sont avec toi. Je te donnerai à dévorer aux bêtes sauvages, aux oiseaux et aux animaux carnassiers… Le temps approche; il est arrivé, dit le Seigneur: voici le jour dont j’ai parlé. Les habitants sortiront des villes d’Israël, ils ramasseront les armes et les brûleront; le bouclier et le javelot, l’arc et les flèches, les bâtons de tes mains et tes longs épieux seront jetés au feu. Les enfants d’Israël n’iront plus couper du bois dans les forêts; ils feront du feu avec tes armes; ils pilleront ceux qui les ont pillés, et ces nations avides deviendront leur proie, dit le Seigneur. Dans ce jour, je rendrai célèbre la vallée des voyageurs. J’en ferai le tombeau de Gog et l’étonnement des passants. On y ensevelira Gog et toute son armée et on l’appellera la vallée de l’armée de Gog.

Toi donc, fils de l’homme, écoute ce que t’ordonne le Seigneur: Dis aux bêtes sauvages, aux oiseaux de proie et à tous les animaux carnassiers: Venez, hâtez-vous, accourez aux nombreuses victimes que je vais immoler pour vous sur les montagnes d’Israël; vous mangerez la chair des braves et vous boirez le sang des princes de la terre. Vous vous repaîtrez de leur graisse, vous vous enivrerez de leur sang et vous serez rassasiés à ma table de la chair du cheval et du cavalier belliqueux, et de tous les guerriers, dit le Seigneur.

Voilà le passage où Voltaire croit trouver qu’Ezéchiel promet aux Juifs la chair du cheval et du cavalier.

p. 298. Plus bas il se rétracte par un on croit.

[C. Sacrifices humains]

p. 305. Il prétend encore que les Juifs ont offert des sacrifices humains à la divinité. Oui, mais aux divinités cananéennes, malgré la défense expresse de la loi. Lui-même ne s’appuie que sur les imprécations de David et sur les menaces que Dieu fait à ceux qui ont offert de pareils sacrifices; il prétend encore que la loi les ordonnait expressément et qu’il n’y avait aucun point de la loi mieux constaté. On peut lui demander où il l’a vu et lui objecter ces paroles de Jérémie, de la bouche de qui Dieu se sert au sujet de ces sortes de sacrifices, et qui dit en les condamnant: choses que je n’ai point ordonnées, dont je n’ai point parlé et qui ne sont jamais montées dans mon coeur. Preuve que l’Ecriture condamne non seulement la destruction, mais même la barbarie de ces sacrifices; d’où vient qu’on ne voit nulle part que tant de pieux rois en aient jamais offert. Dieu même dans le Deutéronome défend à son peuple de l’adorer comme les païens, ajoutant: car ces nations ont fait pour adorer leurs dieux des abominations que le Seigneur déteste, leur offrant leurs fils et leurs filles et les brûlant dans les flammes.

p. 313. Il le prétend parce que la Vulgate, en parlant des hommes voués et qui auront manqué à leur voeu dit: non redimetur, sed morte morietur. C’est comme si l’on disait que tout homme condamné à mort était immolé, car il y a encore de la différence entre être immolé ou être mis à mort. Il ne paraît cependant pas que M. de Voltaire veuille la sentir.

Il ignore encore qu’il y avait plusieurs sortes de voeux, le neder, voeu simple, après lequel on pouvait racheter les objets offerts à Dieu; mais après le cherem ou grand voeu on renonçait à tous les droits sur l’objet offert pour les céder à Dieu. On offrait ainsi ses maisons, ses esclaves; les maisons et les terres formaient le revenu du temple, les esclaves y étaient employés à servir et n’étaient point immolés. Les animaux étaient offerts en sacrifice, mais c’était seulement le cherem volontaire. Le cherem pénal était un anathème solennel prononcé par l’autorité publique; tels furent les cananéens dévoués par Dieu.

p. 321. Jephté, dit-il, immola sa fille en vertu de cette loi. Et dans quel passage a-t-il vu cela? Il dit auparavant que Jephté fit un sacrifice humain en immolant sa fille, mais est-ce une raison pour que la loi le permît? Plusieurs auteurs prétendent que sa fille ne fut point immolée, mais vouée au service du temple.

p. 325. Paroles de Voltaire.

Les savants ont agité la question si les Juifs, en effet, sacrifiaient des hommes à la divinité, comme tant d’autres nations. C’est une question de noms.

[D. Magiciens]

p. 339. Voltaire [un mot illisible] parle des possédés guéris par des magiciens. Il reconnaît que du temps des prophètes qui précédèrent la captivité de Babylone, il y avait des magiciens et des possédés, et prétend ailleurs qu’il n’y avait pas de diables.

[E] Croyances des diverses sectes judaïques.

p. 351. Les pharisiens croyaient à l’enchaînement des effets et des causes, ordonné par la providence de ce Dieu dont les décrets rendaient les événements infaillibles, sans gêner la liberté de l’homme. Ils croyaient encore que l’âme des justes passait dans des lieux de délices, d’où elle pouvait venir animer d’autres corps humains. Tandis que les âmes des méchants renfermées pour toujours dans des cachots ténébreux y souffraient éternellement des peines proportionnées à leurs crimes.

p. 352. Les Saducéens ne croyaient pas qu’il y eût après la mort ni peines ni récompenses, et niaient l’existence des anges.

Notes et post-scriptum