[Notes de lectures et d’exercices littéraires]

Informations générales
  • TD49.020
  • [Notes de lectures et d'exercices littéraires]
  • Troisième cahier. Extraits divers. Histoire romaine. - Causes de sa grandeur et de sa décadence. - Maximes générales sur la politique. - Abrégé de la vie de Charles-Quint.
    Histoire Romaine
  • Orig.ms. CU 113, pp. 1-4; T.D. 49, pp. 20-24.
Informations détaillées
  • 1 DIPLOMATIE
    1 ENERGIE
    1 GUERRE
    1 PEUPLE
    1 PEUPLES DU MONDE
    1 SENS DE L'HONNEUR
    1 SOUVERAIN PROFANE
    2 ALEXANDRE LE GRAND
    2 ANNIBAL
    2 CICERON
    2 DEMETRIUS DE PHALERE
    2 FLAVIUS JOSEPHE
    2 LUCRECE, ROMAINE
    2 MASSINISSA
    2 MONTESQUIEU
    2 NUMA POMPILIUS
    2 PYRRHUS
    2 ROMULUS
    2 SCIPION EMILIEN
    2 TARQUIN LE SUPERBE
    2 TULLIUS HOSTILIUS
    2 VEGECE
    3 AFRIQUE
    3 ALEXANDRIE, EGYPTE
    3 ATHENES
    3 CAPOUE
    3 ITALIE
    3 LACEDEMONE
    3 ROME
    3 VEIES
  • 1826-1830
  • Paris
La lettre

[A] Commencements de Rome, ses guerres.

Rome dans ses commencements ne ressemblait sous aucun rapport aux villes européennes de nos jours. C’était un assemblage de chaumières placées sans ordre, ne formant point de rues. Mais bientôt sous ses rois elle sortit de cette barbarie. Ses rois élevèrent des monuments de la nation future. On commençait à bâtir la ville éternelle.

Romulus et ses successeurs étaient sans cesse en guerre avec leurs voisins; tout leur but était d’enlever les récoltes et les troupeaux: de là l’usage des triomphes, l’une des principales causes de leur gloire.

Romulus accrut son peuple en y incorporant les Sabins, anciens fils de Lacédémone. Il prit leur large bouclier, au lieu du petit bouclier argien. En général il faut remarquer que les Romains se perfectionnèrent rapidement, en prenant des vaincus les usages qui leur ont paru plus utiles que les leurs.

Alors on croyait en Italie que les traités de soumission n’engageaient qu’avec les princes [avec lesquels] ils avaient été faits, et que le pacte était rompu par la mort du prince; de là les guerres recommençaient sans cesse avec les mêmes peuples. Le règne de Numa fut pacifique, mais l’on peut présumer que s’il n’avait pas eu des successeurs plus actifs que lui, c’en était fait de l’agrandissement de Rome.

Une des causes de la prospérité de cette ville fut la suite non interrompue des grands hommes qui la gouvernèrent. Tarquin, après avoir usurpé l’empire, gouverna en maître absolu, mais l’attentat de son fils sur Lucrèce le perdit, et le peuple qui supporte une augmentation de tributs, ne souffre pas un affront. La mort de Lucrèce ne fut cependant que la cause de la révolution: un peuple aussi fier ne pouvait pas supporter plus longtemps le joug de la servitude.

Tarquin fut un usurpateur, mais il est à présumer qu’il n’a pas été flatté. Sa douceur envers les soldats, sa libéralité envers ses alliés, la manière dont ceux-ci prirent part à ses intérêts prouvent la supériorité de son génie. Malheur à la réputation de tout prince qui est opprimé par un parti qui devient le dominant, ou qui a tenté de détruire un préjugé qui lui survit.

La nomination annuelle des consuls à la place des rois augmente encore les forces de Rome. Les princes les plus illustres ont parfois des moments d’oisiveté; les consuls, au contraire, brûlés du désir de se dinstinguer dans le court espace qui leur était prescrit, ne se donnaient aucun repos. Les consuls demandaient la guerre au sénat: ce corps l’aimait, parce qu’elle occupait les esprits; le peuple l’aimait plus encore, parce que la sage distribution du butin l’enrichissait sans lui coûter et lui épargnait des travaux pénibles. Les consuls désiraient le triomphe, et pour l’obtenir il fallait au moins une victoire, aussi attaquaient-ils avec impétuosité et la force décidait d’abord. Rome toujours en guerre devait ou s’élever ou périr; mais s’étant fait une loi de ne faire la paix qu’après avoir vaincu, sa constance dans les malheurs la sauva plus d’une fois de la ruine.

Les Romains à l’armée n’avaient ni machine de guerre ni paye; aussi se battaient-ils rapidement et souvent seulement pour enlever les récoltes, ce qui après plusieurs siècles de guerre ne fit que les aguerrir sans rien diminuer de leur pauvreté. Rome avait autour d’elle des peuples faibles mais elle en avait aussi de bien courageux. Elle s’unit les villes du Latium après qu’elles eurent été vaincues par Tullius Hostilius. Les décemvirs en ôtant à Rome sa liberté semblèrent lui avoir ôté l’âme qui la faisait agir. La prise de Véïes, au siège de laquelle le sénat avait établi une paye pour les soldats, opéra une révolution dans l’art militaire qui fut perfectionné. Les voisins opposèrent toujours cependant une résistance vigoureuse. La prise de Rome par les Gaulois ne fit que changer quelques cabanes de pasteurs qu’ils brûlèrent en habitations plus dignes des futurs maîtres du monde. Rome fut rebâtie et parut avec un nouvel éclat.

[B] De l’art de la guerre chez les Romains.

Ce fut un Dieu, dit Végèce, qui leur inspira la légion: elle était composée de soldats pesamment armés, de soldats armés à la légère et d’un corps de cavalerie. Cicéron en parlant des soldats dit: ils portent leur nourriture pour plus de quinze jours, tout ce qui est à leur usage, tout ce qui sert pour se fortifier à l’égard de leurs armes; ils n’en sont pas plus embarrassés que de leurs mains. On accoutumait les soldats romains à faire en 5 heures 20.000 pas romains et quelquefois 24.000: pendant ces marches ils portaient jusqu’à 60 livres. On les habituait à sauter, tout armés; ils prenaient dans leurs exercices des armes d’une pesanteur double des armes ordinaires. Au camp comme à la ville ils s’exerçaient à toutes ces manoeuvres, et après le travail ils couraient se jeter dans le Tibre pour s’entretenir dans l’usage de nager.

Les Romains n’ont eu d’autres moyens de rétablir leurs affaires que de rétablir la discipline militaire. On saignait après le combat comme marque d’honneur. Ces hommes étaient sains et payaient rarement tribut au changement de climat.

Ils ne furent surpris qu’une fois par les épés tranchantes des Gaulois et les éléphants de Pyrrhus. Ils changèrent leur épée, quand ils connurent celle des Espagnols. La guerre, dit Josèphe, était pour eux une méditation et la paix un exercice.

[C] Comment les Romains purent s’agrandir.

Dans un dénombrement fait à Rome peut de temps après l’expulsion de ses rois et dans celui que Démétrius de Phalère fit à Athènes, il se trouva à peu près le même nombre d’habitants. Rome en avait 440.000, et Athènes 431.000. Mais ce dénombrement de Rome tombe dans un temps où elle était dans la force de son institution, et celui d’Athènes dans un temps où Athènes était entièrement corrompue. On trouve que le nombre des citoyens pubères faisait à Rome le quart de ses habitants, et à Athènes un peu moins du vingtième. La puissance de Rome était donc à celle d’Athènes à peu près ce qu’un quart est à un vingtième, c’est-à-dire cinq fois plus grande. Ce fut le partage égale des terres qui permit à Rome de sortir de son abaissement et cela se sentit bien quand elle fut corrompue.

[D] Des Gaulois, de Pyrrhus, parallèle de Carthage et de Rome, guerre d’Annibal.

Les Gaulois n’eurent le désavantage sur les Romains qu’à cause des vices de leurs armes.

Pyrrhus, aventurier qui ne pouvait subsister qu’en entreprenant instruisit les Romains dans les guerres qu’il leur fit.

Carthage, plus riche que Rome, fut plus tôt corrompue. La pauvreté contenait les Romains, les richesses ôtaient tout frein aux Carthaginois. Les factions de Carthage étaient fomentées par la guerre, à Rome la guerre étouffait tout autre sentiment.

A Rome le peuple se laissait diriger par le sénat, à Carthage le sénat était gouverné par le peuple. L’or de Carthage s’épuisa, la constance des Romains s’accrut par les revers. Les mauvais lucres pouvaient forcer Carthage à la paix, les revers ne faisaient qu’augmenter les prétentions de Rome. Enfin, et c’est en quoi Rome a eu tout l’avantage, Carthage payait des mercenaires pour se défendre; Rome accordait comme une faveur la permission de combattre: par elle le préjugé qui fait tout chez les hommes fut cette fois pour les Romains, et l’on vit des peuples d’Afrique préférer l’honneur stérile de combattre pour Rome à l’or que leur offrait Carthage.

Rome en temps de guerre employait tous ses citoyens, elle était entourée de colonies qui la défendaient; les villes d’Afrique mal fortifiées ne pouvaient opposer aucune résistance.

D’un autre côté, Alexandrie commença à ôter à Carthage une partie de son commerce.

La cavalerie Numide l’emportait sur celles des Romains, et Scipion fut assuré de la victoire quand il eut gagné Massinissa à son parti. L’art de la navigation était très imparfait, l’invention de la boussole et de la poudre à canon l’ont entièrement changée. Dans la seconde guerre punique les Romains donnèrent le plus bel exemple de constance que couronna le succès. On a reproché à Annibal de ne pas avoir amené ses soldats à Rome, mais dit Montesquieu, mais les soldats de cette armée devenus riches n’auraient-ils pas trouvé partout Capoue? Oui, mais ils l’auraient trouvée après la prise de Rome, et les Romains pour reprendre leur ville natale ne leur auraient pas laissé le temps de s’énerver. Il eût fallu qu’Annibal brulât leur butin, à l’exemple d’Alexandre; mais Annibal n’était pas le roi de ses sujets [= soldats].

Les victoires d’Anni[bal].

Notes et post-scriptum