[Notes de lectures et d’exercices littéraires]

Informations générales
  • TD49.046
  • [Notes de lectures et d'exercices littéraires]
  • Huitième Cahier. Extraits divers. Mémoires divers ayant rapport à la révolution. Mémoires de Madame Roland.
  • Orig.ms. CU 118; T.D. 49, pp. 46-48.
Informations détaillées
  • 1 ATHEISME
    1 COLERE
    1 DESOBEISSANCE
    1 EMOTIONS
    1 ENNEMIS DE DIEU
    1 ENSEIGNEMENT DE LA LITTERATURE
    1 LIBERTE
    1 ORGUEIL DE LA VIE
    1 PASSIONS MAUVAISES
    1 PATRIE
    1 PIETE
    1 PRISONNIER
    1 REPUBLICAINS
    1 SUICIDE
    1 VOLONTE PROPRE
    2 BARRIERE, JEAN-FRANCOIS
    2 BRISSOT, JACQUES-PIERRE
    2 BUZOT, FRANCOIS
    2 DELACHERIS
    2 FOX
    2 LEMONTEY
    2 PETION, JEROME
    2 PLUTARQUE
    2 ROLAND, MADAME
  • 1826-1830
  • Paris
La lettre

[A] Mémoires de Madame Roland.

Témoignages sur son compte.

Elle est comblée d’éloges par Lemontey, mais je ne sais si cette autorité doit être reçue par tous les hommes, et surtout par les hommes bien pensants. Fox, chef de l’opposition anglaise, fait grand cas de ces mémoires.

Extraits de sa vie.

Elle portait à huit ans Plutarque à l’église, au lieu de son livre de messe, malgré sa piété fervente, remarque son historien, et à quatorze elle pleurait de n’être ni Spartiate ni Romaine.

Jugement de la vie de Mme Roland par Barrière(1).

Son coeur se sentait ému au seul nom de gloire, de liberté, de patrie.

La notice sur la vie de Madame Roland est faite dans un esprit très mauvais, celui qui la loue de saluer (en montant à l’échafaud) la liberté. Delachéris, qui vante le courage de son mari de s’être suicidé, me paraît faire peu de cas des règles de la seule raison. Il ne faut point parler ici de la religion, il n’y en a point dans l’historien. Peut-être son héroïne en a-t-elle montré, mais il ne parle absolument pas de ses derniers sentiments religieux. La faute peut en être à celui qui les omet, mais du moins il le devrait faire remarquer, et l’on ne peut que affirmer que la religion de l’écrivain est nulle. On ne sait cependant que penser d’une femme qui deux fois cherche à se suicider dans le but de laisser ses biens à sa fille.

Les deux époux se jetèrent dès le commencement dans le parti de la Gironde. Ils étaient déterminés républicains, et qui sait s’ils eussent eu l’avantage dans leur faction, s’ils n’eussent pas traité leurs adversaires comme ils furent traités par eux. La manière dont cette femme se montre dans les partis me semble dénoter de l’arrogance.

[B] Les mémoires de Madame Roland.

Mémoires particuliers.

Première partie.

Le peu que j’en ai lu me semble dénoter une femme radicalement impie, qui dans sa prison, au moment où son sort est le plus incertain et où toutes les possibilités se réunissent pour la menacer de la mort, fronde la divinité et la religion. La manière dont elle parle d’elle, la bonne opinion qu’elle cherche à faire concevoir sur son compte, le peu de respect avec lequel elle parle de son père, la promesse qu’elle fait de n’épargner personne ne peuvent me la faire regarder sous les mêmes yeux que l’auteur de sa notice.

[C] Mémoires concernant la révolution par Madame Roland.

Il est impossible de ne pas voir dans cette femme un fond d’orgueil inconcevable. Sa haine pour la royauté et son amour pour la liberté finissent par être ridicules. La prison la fait tomber dans des inconséquences très fortes. Elle s’emporte contre la Convention, elle attaque le talent de ses ennemis, lorsqu’elle ne peut attaquer leurs opinions parce qu’elles sont les siennes. Les intérêts privés la conduisent presque en tout, elle soutient les principes les plus atroces, et me semble guidée en tout par ses passions, une opinion excessivement favorable et poussée quelquefois jusqu’au ridicule d’elle et de son mari. Une haine démesurée du roi, de la noblesse et du clergé, couronnée par la haine des jacobins et l’idolâtrie de la liberté. Elle s’était jetée à corps perdu dans la révolution et dans la faction de la Gironde. A peine la scission [faite] entre les deux qu’elle accable ceux qui avaient partagé ses opinions au commencement d’invectives méritées peut-être, mais déplacées dans la bouche d’une femme frénétique de la liberté.

Pétion, Buzot, Brissot sont des divinités à ses yeux. Mais que l’on ne contrarie en aucune façon sa manière de voir, car l’on devient aussitôt un monstre à ses yeux. Du reste ses mémoires ne sont intéressants que pour le ministère de son mari. Comme elle ne voit que lui et elle, il est impossible qu’elle ne s’aveugle pas quelquefois.

Notes et post-scriptum
1. Les *Mémoires* de Madame Roland avaient été publiés par Bosc après le 9 thermidor. L'édition qu'E. d'Alzon eut en mains est celle de Berville et Barrière, Paris, 1820 ou 1823, 2 volumes.