[Notes de lectures et d’exercices littéraires]

Informations générales
  • TD49.049
  • [Notes de lectures et d'exercices littéraires]
  • Dixième cahier(1). Extraits divers. Extraits de Monsieur de Lamennais sur l'indifférence.
  • Orig.ms. CU 119; T.D. 49, pp. 49-51.
Informations détaillées
  • 1 APATHIE SPIRITUELLE
    1 ATHEISME
    1 CHRISTIANISME
    1 CONSCIENCE MORALE
    1 DECADENCE
    1 DISPOSITIONS AU PECHE
    1 ENNEMIS DE L'EGLISE
    1 ENSEIGNEMENT
    1 ENSEIGNEMENT DE LA LITTERATURE
    1 ENSEIGNEMENT DES SCIENCES
    1 HAINE ENVERS LA VERITE
    1 HERESIE
    1 INDIFFERENCE
    1 INSTITUTIONS POLITIQUES
    1 INTELLIGENCE
    1 MORT
    1 ORGUEIL
    1 PECHE ORIGINEL
    1 PENSEE
    1 PERSECUTIONS
    1 PEUPLE
    1 PEUPLES DU MONDE
    1 PHILOSOPHIE MODERNE
    1 POLITIQUE
    1 REFORME DU COEUR
    1 RELIGION NATURELLE
    1 SOCIETE
    1 TRIOMPHE DE L'EGLISE
    1 TYRANNIE DES SENS
    1 VERITE
    1 VERTUS
    1 VICES
    2 BONALD, LOUIS DE
    2 LAMENNAIS, FELICITE DE
    2 LUTHER, MARTIN
    2 MAHOMET
    2 ROUSSEAU, JEAN-JACQUES
    3 EUROPE
  • 1826-1830
  • Paris
La lettre

[A]

M. de Lamennais attaque l’esprit du siècle, je veux dire l’indifférence, et commence par demander aux philosophes si la religion a jamais commencé, et si ce sont les orateurs qui l’inventèrent. Après leur avoir prouvé le contraire, il leur demande si elle n’est bonne que pour le peuple, et c’est alors qu’il montre l’inconséquence de ces hommes qui veulent de la religion pour le peuple et non pour eux.

Passant ensuite à ceux qui prétendent que l’on doit suivre la religion dans laquelle chacun est né, il les réfute par les propres paroles de leur chef, Jean-Jacques Rousseau. Il montre que ceux qui prétendent que [toutes] les religions peuvent être vraies ou trompent [ou] se trompent. Il ne peut y avoir à la fois la vérité dans deux religions, dont l’une dit oui et l’autre dit non. Toutes ne sauraient être fausses, puisque de leur propre aveu l’erreur est nuisible et rend vicieuse toute personne conséquente. Or aimer ce qui est faux et par cela même vicieux ne saurait être un devoir pour personne. – La naissance décide de tout en matière de religion, si le fils n’a pas tort de suivre la religion de son père. Ainsi Dieu fait à certains peuples un devoir d’adorer le vice. – Le système de Rousseau détruit tout, jusqu’à la vertu, car il avoue qu’on ne peut être vertueux sans religion; il finit même par tomber nécessairement dans l’athéisme.

[B] Premier volume. Introduction.

L’auteur fait observer l’état désespéré de l’Europe occasionné par sa léthargique indifférence. Il présente les peuples dans un sommeil, devenus énervés par une insouciance déplorable et éteignant en eux les plus nobles sentiments de la nature et de la religion. La cause de cette dégradation vient de l’asservissement de l’âme au corps. L’homme mort au monde intellectuel n’existe que dans le monde physique.

Et, chose remarquable, c’est à l’étude des sciences qu’il a dû cette horreur de son essence immortelle, ce désir de la mort, de l’extinction de son âme, et cette haine de la vérité, principe de destruction dans le monde moral comme dans le monde politique.

Ce n’est pas que la vérité ait pesé sans cesse sur lui, elle lui a toujours paru un fardeau trop lourd jusqu’à ce que la religion soit venue le lui alléger. Il faut en même temps que sa vive lumière vienne nous montrer l’homme livré à deux sentiments: épris pour le bien et asservi par le mal.

La chute originelle du premier homme nous explique le monde moral. Ainsi les peuples baisseront de plus en plus en de plus déplorables souvenirs, selon que la vérité aura plus ou moins dominé dans les doctrines et dans les moeurs.

Par la raison l’homme s’approche de la divinité. Ses sens, au contraire, le réduisent au rang de la brute; et l’homme esclave des sens est ennemi des lois de l’ordre, parce que l’ordre n’est que l’ensemble des vérités, et que les vérités sont toutes la conséquence l’une de l’autre. Ainsi lorsque le christianisme parut sur la terre, il fut combattu par toutes les passions parce qu’en en combattant une il les combattait toutes.

Les persécutions préparèrent le triompphe du christianisme, et lorsque assis sur le trône des Césars il dominait le monde, les hautes vérités qu’il enseignait développant et agrandissant l’esprit humain, il se fit un nouveau genre d’ennemis: les sophistes, adversaires qui empruntant quelques-unes de ses doctrines pour en attaquer d’autres, se servaient de ses propres armes pour le combattre. Ils furent aussi terrassés.

A mesure que la raison se perfectionne, elle oppose de nouveaux obstacles à la religion, mais ils sont tous surmontés et ne font qu’ajouter un nouvel éclat à son empire.

A la persécution des sophistes les sens ajoutent une autre persécution: le mal gagne de tout côté, un grand coup frappe les coeurs et la religion reparaît, belle de ses nouveaux succès.

Toutefois tous les genres d’attaque ne sont pas épuisés. L’hérésie prend toutes les formes pour saper le roc inébranlable de la vérité. Mais efforts impuissants. Une force invincible les repousse, ces attaques ne font que l’affermir jusqu’à ce que précipités dans les abîmes ils n’aient plus à jouir que de la paix triste de la mort. Tous ces genres d’attaque sont épuisés, les objections sont toutes détruites, l’erreur toujours repoussée se rebute, mais ne veut pas avouer sa défaite et méprise désormais jusqu’à la destruction. Tout jusque dans les sciences, tout ce qui pourrait lui présenter la voie de la vérité, elle le rejette et ne craint pas de se sacrifier elle-même à son orgueil. L’état présent des choses semble être parvenu à ce degré de la vie du Sauveur, où le juge vint lui demander: « qu’est-ce que la vérité », et se retourna sans attendre sa réponse.

Le but de l’auteur est de montrer l’absurdité des principes de l’indifférence et ses affreux résultats. Il montre l’absurde de ces deux principes: que nous n’avons aucun intérêt à nous assurer de la vérité de notre religion, ou que posé cet intérêt il est impossible de découvrir la vérité qu’il nous importe de connaître, et que supposé cette importance elle est impossible à découvrir.

[C] Chapitre premier.

L’auteur nous présente les doctrines comme maîtresses du monde, et souveraines régulatrices des hommes et surtout des peuples dans leurs actions. Par conséquent aucune doctrine n’est indifférente à la société et l’état d’indifférence ne peut être permanent. De tristes preuves nous convainquent assez de l’influence des doctrines sur la politique; depuis Mahomet qui soumet l’empire d’Orient jusqu’à Luther qui précipite les rois de leurs trônes, l’on peut voir les résultats des opinions sur les peuples. Toute doctrine est bonne ou mauvaise. Or son influence en bien ou en mal est de quelque importance.

L’indifférence n’est propre qu’à humilier, puisqu’elle n’est produite que par le défaut de lumière ou de bonne foi. Pour que l’homme fût indifférent, il faudrait qu’il eût quelque chose d’indifférent en soi, et l’auteur ne craint pas de dire avec Mr de Bonald qu’il n’y a rien d’indifférent, et l’indifférence se rétrécit toujours à mesure que l’intelligence se développe.

Notes et post-scriptum
1. Le neuvième cahier manque.