- TD49.057
- Notes diverses.
- [Lamennais et Chateaubriand]
- Orig.ms. CU 120, pp. 8-9; T.D. 49, pp. 57-58.
- 1 ENSEIGNEMENT DE LA LITTERATURE
1 INDEPENDANCE CATHOLIQUE
1 PERSECUTIONS
1 PRETRE
2 CHATEAUBRIAND, FRANCOIS-RENE DE
2 LAMENNAIS, FELICITE DE - 1829-1830
- Paris
L’abbé de Lamennais et le vicomte de Chateaubriand sont deux grands génies, avec la différence que l’un sait ce qu’il veut et l’autre ne le sait pas. Mais prétendre que l’on veuille ensuite établir un parallèle entre les fruits qu’ont produits leurs ouvrages, et dire que l’un et l’autre ont fondé deux écoles que l’on comparera, voilà ce qui paraîtra au moins extraordinaire. Nous le répétons, M. le comte de Chateaubriand a un grand génie; mais que son génie soit un de ceux qui édifient, que le feu qu’il répand ressemble à un de ces brasiers que dans les ténèbres quelques naufragés allument sur la grève, autour duquel les compagnons se réunissent et réparent leurs forces, qu’il ne soit pas plutôt un de ces météores fugitifs qui ne laissent après eux que [illisible], voilà certes ce qu’on ne niera pas, à moins de se laisser entraîner par des phrases, à moins d’un enthousiasme qui dégénère dans le ridicule.
Qu’a fait l’abbé de Lamennais, au contraire? Il a vu la religion persécutée, proscrite, sur le point d’abandonner une terre dont elle avait longtemps fécondé le génie; et il a gémi, et il s’est souvenu qu’il était prêtre, c’est-à-dire placé entre le ciel et la terre, et il a voulu que ce ne fût pas en vain. Certain que la religion ne pouvait triompher qu’en se séparant des choses de la terre, il a dit aux prêtres et aux évêques: « Soyez prêtres, soyez évêques ». Rien de plus. Toutes les chaînes qui semblaient la retenir encore aux intérêts matériels, il a voulu les briser, et dès lors la grande lutte s’est établie.