Notes diverses.

Informations générales
  • TD49.065
  • Notes diverses.
  • [Sur la société et la religion, l'autorité et la liberté, l'Eglise et l'Etat]
  • Orig.ms. CU 120, pp. 18-22; T.D. 49, pp. 65-69.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DIVIN
    1 ANARCHISTES
    1 AUTORITE DE L'EGLISE
    1 AUTORITE PAPALE
    1 BUT DE LA VIE
    1 CALVINISME
    1 DESPOTISME
    1 EDUCATION EN FAMILLE
    1 EDUCATION HUMAINE
    1 EGLISE
    1 ELECTION
    1 ENSEIGNEMENT OFFICIEL
    1 ETAT
    1 EVEQUE
    1 FAMILLE
    1 FAUSSES DOCTRINES
    1 GALLICANISME
    1 GOUVERNEMENT
    1 IDEES DU MONDE
    1 LEGISLATION
    1 LIBERAUX
    1 LIBERTE
    1 MAITRES
    1 MINISTRE
    1 MOINES
    1 PAGANISME
    1 PAPE
    1 PARLEMENT
    1 PERE DE FAMILLE
    1 POUVOIR
    1 RESPECT
    1 REVOLTE
    1 REVOLUTION
    1 ROYALISTES
    1 SALUT DES AMES
    1 SOCIETE
    1 SOUVERAIN PROFANE
    1 TERREUR
    2 BULLIERE
    2 CONSTANT, BENJAMIN
    3 FRANCE
  • 1829-1830
  • Paris
La lettre

[A]

En France, l’Etat peut-il avoir une opinion, d’après laquelle il nomme aux chaires publiques des personnes de son avis? A cette question, la réponse est double en quelque sorte. Ou il doit payer des professeurs pour enseigner toutes les opinions, ou il ne doit payer personne et laisser chacun libre d’enseigner ce que bon lui semblera. L’Etat n’a point d’opinion à lui. Ou s’il en a une, ce n’est que celle des ministres qu’un coup de fortune a fait passer par le gouvernement. Or voici la conséquence que vous admettrez de toute nécessité. Ou l’Etat agira d’après des principes constants et invariables, – et c’est ce qui est impossible avec les révolutions qui amènent les diverses majorités; – ou l’Etat changera d’opinion comme ses ministres, et dès lors je demanderai quelle est la base de sa croyance. Car c’est une chose bien remarquable qu’on ne veuille lui former une opinion que pour affermir sa base, qui, dit-on, réside dans sa croyance, pour la rendre inaccessible aux coups de ses ennemis, quand il est constant que cette opinion, que ces croyances, que cette base par conséquent changent toutes les fois qu’un portefeuille change de maître.

Je sais bien que l’on est effrayé de voir une société reposer sur quelque chose de plus mouvant que le sable. L’on craint que le vent en semant ce souffle ne disperse toutes ces masses mobiles, ne renverse l’édifice sur lequel il est bâti et ne l’engloutisse dans cette poussière qu’on lui a donnée pour base.

[B]

Père et mère honoreras,

Afin de vivre longuement.

Cela s’est bien vu en France depuis plus d’un demi-siècle, mais les causes de cette rébellion dans les diverses modifications de la famille méritent d’être remarquées. Les évêques repoussent leur père, ils portent atteinte au respect qu’ils lui doivent, et les évêques sont dégradés. Mais parce que leur punition ne pouvait avoir lieu qu’à l’époque où l’Etat les rejetterait, il fallait auparavant que d’autres corps tombassent. Le Parlement se sépare de son chef. Le Parlement, si zélé pour les libertés de l’Eglise gallicane, veut appliquer à la société temporelle les maximes qu’il avait établies relativement à l’Eglise. Le Parlement se révolte, et après une lutte longue et désastreuse, le parlement est anéanti déjà depuis longtemps, et pour la même cause, quoique l’exemple n’eût pas été donné par les ministres de la religion.

Les parlements se révoltent contre les papes rois et sont détruits; les nobles contre les rois et sont avilis; le peuple contre les rois et est châtié, anéanti. Les évêques contre le pape et ils sont punis.

[C]

Je viens de parcourir les détails sur l’assemblée de 1682 par M. de Bausset. L’auteur n’est pas suspect, et malgré que j’en aie, il faut convenir que la marche des évêques envers le Pape ressemble tout à fait à la marche des libéraux dans leurs attaques contre le pouvoir.

[D]

C’est quelque chose de bien pénible que la mauvaise foi que certains écrivains cachent sous le sophisme le plus perfide. C’est aussi quelque chose de bien fatiguant que la réfutation de pareilles doctrines, posées seulement sur des principes faussés à dessein. L’article de B. Constant sur la littérature en offre un exemple par la confusion constante du despotisme avec le pouvoir légitime, et de la liberté avec la rébellion ou la licence.

[E]

Tous les rapports sociaux sont basés sur le dogme de la religion, qui en les transmettant aux hommes leur donne le droit de participer aux bienfaits de la société. Tant que les sociétés naissantes restèrent comme en germe dans la famille et qu’au père appartenait le droit d’exercer tous les pouvoirs, à lui appartint aussi le droit d’élever ses enfants et de leur transmettre les vérités qui devaient les [rendre maîtres] de leurs destinées. Mais quand la société s’accrut dans ses membres et reçut en même temps un plus grand développement intellectuel, de même que l’individu pour subsister doit faire quelques sacrifices à la famille, la famille aussi doit en faire à la société. Et l’ordre et la nécessité exigèrent que, dans plusieurs circonstances, le père à qui d’autres soins étaient confiés se déchargeât d’une partie plus ou moins grande de l’éducation de son fils sur d’autres hommes, spécialement consacrés à former l’enfance et à développer en elle les vérités, aliment de l’intelligence, et les principes de morale, règles de conduite.

De là de nouveaux rapports sociaux entre le père et l’instituteur, entre l’instituteur et l’enfant. De là aussi un concours de la société, chargée de veiller à l’observation de la justice dans toute espèce de relations. Quel était le droit de la société dans l’éducation? C’est ce qu’il faut examiner.

Développer aussi au commencement l’influence des doctrines sur la société.

[F]

Par quel malheur, au moment où nos anciens ennemis nous pressent si vivement, il faut avoir à repousser encore les attaques perfides de ceux qui prétendaient combattre dans nos rangs! Pourquoi faut-il leur arracher un masque sous [lequel] ils nous cachent des doctrines de mort et d’esclavage, comme si elles n’avaient pas expiré dans cette lutte terrible où l’anarchie combattant pour anéantir le despotisme porta un coup mortel au pouvoir? N’ont-ils donc pas été assez instruits par la Terreur? Ce grand exemple ne leur a-t-il pas assez appris qu’il est dangereux de rendre le joug des peuples plus lourd que Dieu ne le leur a fait? Mais non; mais non. Ils ne veulent rien savoir, rien comprendre. Ils ne veulent pas savoir quelle alliance subsiste entre l’obéissance et la liberté, et ferment les yeux à toutes les révolutions. Leur esprit se persuade qu’être libre, c’est briser toute règle, obéir, c’est ne rien voir au-dessus d’un tyran.

[G]

Les libéraux font pour l’Etat, en méconnaissant l’autorité de la religion, ce que les Gallicans font pour l’Eglise en méconnaissant l’autorité du Pape; ils veulent élever un édifice éternel sur un fondement de sable.

[H]

De ce qu’un peuple a le droit d’élire son souverain, il ne s’ensuit pas qu’il soit souverain lui-même. Les esclaves du Nouveau Monde ont le droit de changer de maître, quand ils sont mécontents de celui sous lequel ils servent, s’ensuit-il pour cela qu’ils soient au-dessus de celui qui achète ou même de celui qui les vend?

[I]

Dans ce siècle où tant d’erreurs enfantent des systèmes, un homme ne peut-il se lever pour défendre la vérité, sans que ces hommes naguère si chauds pour leurs utopies ne semblent se plonger dans une léthargie mortelle? C’est un homme du moyen âge, dit-on, et l’on est content.

[J]

Bullière, avec son inconcevable légèreté, découvre quelquefois des points de vue assez intéressants. Peut-être, dit-il, la conversion des païens était-elle moins difficile que celle des Calvinistes. Rien de plus évident, surtout si l’on compare les païens religieux par autorité et les protestants religieux de la même manière.

[K]

Je n’aime pas de voir certains défenseurs de la vérité attaquer toujours une même erreur, quand le silence suffirait pour la faire rentrer dans le néant. La vague ne va se briser que contre le roc qui la domine; une fois précipité au fond de la mer, la vague passe et rien ne l’arrête.

[L]

L’on s’étonne quelquefois que les moines ne nous présentent pas un plus grand développement intellectuel. On ne sait pas que Dieu garde pour lui seul les coeurs de ces hommes prodigieux; et parce que le monde n’est pas jugé digne de connaître les effets de leur amour, il dit qu’il n’y a rien.

Notes et post-scriptum