Notes diverses.

Informations générales
  • TD49.077
  • Notes diverses.
  • [La mort du Christ]
  • Orig.ms. CU 120, pp. 31-32; T.D. 49, pp. 77-78.
Informations détaillées
  • 1 CULPABILITE
    1 DIEU LE FILS
    1 DIVINITE DE JESUS-CHRIST
    1 HAINE CONTRE JESUS-CHRIST
    1 INCARNATION DE JESUS-CHRIST
    1 JUIFS
    1 LIBERTE DE CONSCIENCE
    1 MESSIE
    1 MIRACLES DE JESUS-CHRIST
    1 MORT DE JESUS-CHRIST
    1 PAGANISME
    1 PASSION DE JESUS-CHRIST
    1 PECHE
    1 PUISSANCE DE DIEU
    1 SALUT DES AMES
    1 SAUVEUR
    2 MALCHUS
  • 14 juin 1830
  • Lavagnac
La lettre

J’ai entendu dire: Jésus-Christ n’a pu mourir qu’en rendant volontairement certains hommes coupables de péché. Ceci est contradictoire, puisque Jésus-Christ venait pour réparer tous les crimes, qu’il ne pût opérer l’oeuvre de la rédemption sans forcer des hommes à se souiller du plus grand de tous les forfaits. – Je voudrais savoir si l’on accorde à l’homme le libre arbitre. Si on le lui refuse, la question est absurde; sinon, il est révoltant de dire que Dieu l’ait ôté à certains hommes. – Et après tout, dans ce cas-là ils ne seraient pas coupables.

Encore une observation. C’est que si nous voyons que Dieu se livrant à ses bourreaux leur donne des preuves de sa divinité, il ne pourra accuser qu’eux-mêmes du crime qu’ils commettront. Or c’est ce que nous voyons: et par tous les miracles de la vie de Jésus-Christ qui lui attirent tant de disciples, et par les miracles de sa passion comme la chute de ses bourreaux au jardin des Olives, et par la guérison de l’oreille de Malchus. Que Dieu, dans le moment où il se livrait à eux, opérât des prodiges auxquels il n’était pas obligé pour leur prouver sa toute-puissance, est la preuve qu’ils pouvaient se convertir. C’est qu’il est vrai de dire que les juifs seuls ne crucifièrent pas Jésus-Christ, les gentils représentés par le peuple-roi, par les Romains, concururent au déicide. Et pourtant nous voyons ces mêmes Romains, dont la cohorte le gardait sur la croix au moment où il expira, le proclamer au nom de la gentilité le Fils de Dieu, vere Filius Dei erat iste. En supposant donc que Dieu eût contraint les Juifs à se souiller du sang de leur Messie, rien ne les empêchait de suivre l’exemple de ses autres bourreaux et de le proclamer leur rédempteur, après sa mort.

Ainsi la question n’est plus de savoir comment Dieu a forcé les Juifs à mettre à mort Jésus-Christ, mais comment Jésus-Chrsit a pu s’incarner et être mis à mort, au moment où il y avait des hommes assez coupables pour le crucifier. Or les époques où de pareils hommes se rencontrent sont-elles rares dans l’histoire? Et s’il eût fixé le moment de son immolation à une époque peu éloignée de nous, croit-on qu’il eût manqué de bourreaux.

14 juin 1830.

Notes et post-scriptum