[Essais de jeunesse]

Informations générales
  • TD49.126
  • [Essais de jeunesse]
  • Sur les Ordres religieux.
  • Orig.ms. CU 128; T.D. 49, p. 126.
Informations détaillées
  • 1 CHRISTIANISME
    1 ENNEMIS DE LA RELIGION
    1 INSTITUTS RELIGIEUX
    1 SOCIETE
    1 VIE DE SACRIFICE
    2 CHARLES X
    3 FRANCE
  • 1830-1833
La lettre

Si l’on considère seulement l’étymologie du mot, on ne peut s’empêcher d’une pensée bien frappante. Quel nom la voix de plus de 12 siècles a-t-elle donné à ces hommes qui se dévouaient à des sacrifices perpétuels ou plutôt à un seul sacrifice de toute leur vie, et qui se réunissaient pour trouver de plus fréquents sujets de sacrifice? Celui d’ordre: il apportaient l’ordre ou plutôt ils l’attiraient dans eux, et c’était des ordres religieux. Or qu’est-ce que la religion? La réunion d’hommes, ce qui suppose l’ordre ou pour mieux dire une société. Mais la religion n’est qu’un degré plus parfait de la société, comme l’ordre n’est qu’une perfection de la religion. Maintenant si nous reconnaissons que l’homme est fait pour la société, qu’en même temps il doit tendre à sa plus grande perfection, l’homme doit tendre par conséquent à la religion qui le perfectionnera et même à l’ordre. Nous ne conclurons pas de là qu’il soit obligé d’entrer dans les ordres religieux, mais qu’il doit les favoriser, les protéger comme propres à apporter l’ordre partout. Cela s’est bien vu dans les temps de barbarie où les ordres réparèrent tant de maux, soit chez les sauvages, – c’est aux ordres et rien qu’aux ordres, car tous les missionnaires sont membres d’un ordre – où ils apportèrent la foi et chez quelques-uns le bonheur, comme ils l’eussent fait pour tous, si des obstacles n’y eussent été mis.

Et pour s’en convaincre, il suffit de jeter les yeux sur la marche suivie par les ennemis [des ordres]: ils attaquent d’abord le plus parfait des ordres religieux, celui qui exigeait les sacrifices les plus pénibles. Bientôt ce fut sur la religion qu’ils dirigèrent leurs coups, et quand elle eut été détruite dans tous les états [?], la société ne tarda pas à s’anéantir, car je n’appelle pas société l’état où se trouvait la France, le 21 janvier.

Ceci se termina avec le dix-huitième siècle. Depuis l’ordre fit des efforts pour naître. Il parut quelque temps après rétabli, mais ses ennemis n’ont pas perdu l’espoir: qu’on se rappelle plutôt le 16 juin(1).

Notes et post-scriptum
1. 16 juin 1828: ordonnance de Charles X frappant les jésuites et les membres de l'enseignement en les obligeant à signer une déclaration de non- appartenance à une congrégation non autorisée.