1834-1835

Informations générales
  • TD49.143
  • D'un plan d'études ecclésiastiques.
  • Orig.ms. CU 133; T.D. 49, pp. 143-146.
Informations détaillées
  • 1 ATHEISME
    1 AUTORITE DE L'EGLISE
    1 CONNAISSANCE
    1 CREATEUR
    1 DOCTRINE CATHOLIQUE
    1 ECRITURE SAINTE
    1 ETRE HUMAIN
    1 ETUDES ECCLESIASTIQUES
    1 FIDELES
    1 FOI
    1 PAROLE DE DIEU
    1 PERFECTIONS DE DIEU
    1 PEUPLE DE DIEU
    1 PHILOSOPHIE CHRETIENNE
    1 PHILOSOPHIE MODERNE
    1 RELIGION NATURELLE
    1 REVELATION
    1 SCOLASTIQUE
    1 SOCIETE
    1 TEMOIN
    1 VERBE INCARNE
    1 VERITE
  • 1834-1835
La lettre

Les études ecclésiastiques, pour être utiles, doivent participer à la fois et de la perfection de l’objet qu’ils ont pour but, et de la faiblesse du sujet qui s’y livre. Considérées dans leur but qui est Dieu et l’homme dans ses rapports avec Dieu, elles embrassent l’infini et les vérités fondamentales, principe et raison de toutes les autres vérités. Considérées dans celui qui s’y livre, qui est toujours un être doué de raison, mais d’une raison faillible, impuissante, elles doivent se proportionner à ses forces et à la capacité de son intelligence. On doit donc y trouver ce qui est absolu, général, mais en même temps elles doivent être limitées. Infinies dans leur objet, bornées à cause du sujet, elles doivent faire connaître tout ce qui est vrai partout et toujours, mais borner la connaissance de ce qui est arbitraire, de pure opinion, aux circonstances dont on peut tirer avantage pour la connaissance de la vérité.

Les études religieuses ne sont que la connaissance des preuves sur lesquelles s’appuient les dogmes catholiques et des développements qui en découlent. L’étude des preuves doit donner la base nécessaire de la vérité, base puissante, infinie, immuable comme la vérité qui repose sur elle. [Elles sont le connaissance] des preuves particulières proportionnées au degré d’erreur auquel sont parvenus les adversaires, qu’on se propose de combattre.

La vérité, qui n’est que la parole de Dieu manifestée aux hommes, repose sur la parole de Dieu manifestée aux hommes, et de même que Dieu est à lui-même sa raison, de même la vérité, parole de Dieu éternelle, infinie, immuable comme lui, est elle-même sa preuve. Et comme elle s’est communiquée aux hommes dès le principe et qu’elle continue à se développer partout et toujours par une tradition non interrompue, la plus forte preuve de la vérité sur la terre est ce qui est cru et partout et toujours par tous.

C’est donc l’étude de la tradition qui doit être la première du prêtre, et de cette tradition le premier monument qu’il en trouve, c’est le livre des Ecritures où est consignée l’histoire des révélations faites par la divinité aux hommes. Mais comme l’Ecriture n’est pour ainsi dire que l’image glacée de la vérité, pour lui donner la vie et en démêler les mystères, il est nécessaire d’expliquer l’autorité de cette tradition morte par l’autorité de la tradition vivante, et d’établir ce qui a été cru partout et toujours par le témoignage de la société qui s’étend partout et qui embrasse tous les hommes.

La parole de Dieu conservée par l’Ecriture et l’Ecriture enseignée par la société universelle, tel est le premier fondement de la foi. En résumé, on sent bien qu’il faut toujours revenir à la société universelle, c’est-à-dire à l’Eglise. Mais il est vrai aussi que selon que les ennemis de la vérité en attaquent des parties plus ou moins importantes, de cette triple chaîne il faut remonter plus haut dans les preuves à leur opposer, et par exemple il faudrait présenter quelque autre chose que l’autorité de l’Eglise à celui qui nierait Dieu lui-même.

Les développements à donner à l’étude des preuves de la foi doivent, en outre, se proportionner à l’état actuel des esprits, et par conséquent, quoique se rapportant à une grande unité, varient selon les circonstances, à cause de la faiblesse humaine de choisir entre celles qui sont les plus propres à produire la conviction.

La situation actuelle des esprits, étant donnés les ennemis de la religion, se divise aujourd’hui en deux grandes classes, ceux qui croient en Dieu et ceux qui n’y croient pas. Les uns et les autres proclament la grande révolte de la raison particulière contre la raison générale, les uns en se dissimulant les conséquences de leur point de départ, les autres au contraire les adoptant toutes sans restriction. De là deux genres de preuves à leur opposer.

Le premier s’adresse à ceux qui admettent une autorité quelconque, afin de les conduire à l’autorité légitime; [le second] aux autres qui n’en veulent d’aucune espèce, pour les forcer à reconnaître la nécessité d’un point d’appui extérieur. A ceux qui reconnaissent la vérité d’une religion il faut montrer quelle est la véritable, aux autres il faut prouver l’existence de la religion. Toute discussion peut donc se réduire aux deux grandes thèses de la religion et de l’Eglise.

Pour prouver qu’une religion est nécessaire à l’homme et que par la religion seule l’esprit est initié au monde moral, il est besoin de faire l’histoire des croyances humaines, qui toutes attestent la même chose, et le tableau des excès philosophiques toutes les fois que la raison a repoussé ce guide. La nécessité des communications de Dieu avec l’homme se prouve par l’impuissance où l’esprit humain est d’inventer ce que le témoignage général lui dit être vrai; elle se tire encore de l’impuissance de l’homme à inventer la parole et à connaître, sans cette parole, tout ce qui est exprimé par elle.

Suivent les synthèses des sciences physiques et mathématiques, et l’on conclut des phénomènes naturels à la nécessité d’un premier moteur, la nécessité d’une cause spirituelle pour donner l’action à la matière. L’étude de cette cause première amène avec elle un vaste système sur les êtres spirituels depuis Dieu jusqu’aux hommes, système dont la vérité est confirmée par le témoignage universel.

Dieu, l’âme et la providence une fois admis, il reste à connaître les rapports de Dieu avec l’homme; et ces rapports, une société les donne en même temps qu’elle jette la plus vive lumière sur la nature de la création et du créateur. Mais d’abord il faut prouver l’autorité de cette société. Une fois [qu’elle est] établie sur la parole de Dieu manifestée aux hommes par un Homme-Dieu d’une manière extraordinaire, et sur des témoignages irrécusables qui attestent l’authenticité de cette parole, on présente le précis des dogmes catholiques professés par l’Eglise, qu’il importe de séparer des opinions de l’école – que trop de théologiens confondent – donnant presque les mêmes preuves pour ce qui est de foi et pour ce qui est seulement probable. Plus ce résumé sera concis, plus il sera avantageux, parce qu’il présentera plus facilement l’ensemble de la doctrine chrétienne, qu’il est utile aujourd’hui de dépouiller du fatras scolastique dont l’ont revêtu quelques auteurs modernes. Une fois l’autorité de l’Eglise rendue inébranlable, il est plus avantageux qu’on ne pense de s’abstenir de preuves particulières qui ébranlent, au lieu de l’affermir, la raison facile à s’effaroucher.

Une fois que les dogmes de la croyance catholique ont été clairement posés et que l’esprit placé dans la nécessité de les adopter tous avec une égale soumission et avec une foi sans bornes, on peut entrer dans la vaste carrière que lui offre l’ordre de conception. Alors on peut se livrer à des considérations particulières sur la nature de Dieu, de l’homme, de la société; on peut étudier l’histoire des combats de l’Eglise, non pour ressusciter de belles attaques, mais pour enregistrer les victoires passées de la vérité et y trouver le garant des victoires futures; on peut suivre la vérité dans ses immenses rapports avec la politique, la philosophie, l’histoire, l’industrie, le beau, enfin avec tout ce qui est digne de fixer l’attention de l’homme.

Ainsi l’on prend l’homme aux divers états de croyance où il peut se trouver, on l’amène à la foi complète, et, quand elle est affermie, on lui permet de s’élancer vers des conquêtes nouvelles sans danger pour lui, parce qu’il sait toujours à quelles limites doivent s’arrêter ses investigations.

Notes et post-scriptum