[Notes et réflexions diverses 1834-1835]

Informations générales
  • TD49.184
  • [Notes et réflexions diverses 1834-1835]
  • [Notes scripturaires]
  • Orig.ms. BJ 2, pp. 5-7; T.D. 49, pp. 184-185.
Informations détaillées
  • 1 ENSEIGNEMENT DE L'ECRITURE SAINTE
    1 FAUSSE SCIENCE
    1 FOI
    1 IDEES DU MONDE
    1 PEUPLE DE DIEU
    1 PLAN DE DIEU
    1 SAGESSE HUMAINE
    2 JEAN CHRYSOSTOME, SAINT
    2 KRUMACHER
    2 PAUL, SAINT
  • 1834-1835
  • Rome
La lettre

[A] Epître de S. Paul aux Romains.

Quelle est cette sagesse dont parle saint Paul? Sapientiam Dei loquimur inter perfectos. Voyez: d’abord il déclare que ce qui est insensé aux yeux du monde est sagesse aux yeux de Dieu, que Dieu a changé en folie la sagesse du monde. Nonne stultam fecit Deus sapientiam hujus mundi? La sagesse du monde est folie aux yeux de Dieu, quia quod stultum est Dei, sapientius est hominibus. Voilà toutes les idées renversées. Aussi Dieu veut-il triompher du monde par la folie de la prédication. Placuit Deo per stultitiam praedicationis salvos facere credentes. Le monde avait méconnu la véritable sagesse, il s’élançait avec transport vers l’ouvrage de son esprit, il se fiait dans la force de ses armes intellectuelles: Hi in curribus et in equis, et voilà que Dieu bouleversant les idées prend la folie, prend la faiblesse, et par la faiblesse et la folie s’empare du monde; la faiblesse et la folie feront expier au genre humain l’abus qu’il avait fait de sa force et de sa sagesse.

[B] Etude de l’Ecriture Sainte.

Les langues sémitiques sont-elles aussi nécessaires qu’on le prétend à la connaissance de la Bible? C’est ce que je [ne] crois pas pour plusieurs raisons. La première est que la controverse religieuse, au moins en France, ne comporte plus ce genre de discussion et qu’il serait dangereux peut-être de la conduire sur ce terrain. La seconde, c’est que le genre de preuves tirées de ces langues ne peut s’adresser qu’aux savants, mais la Bible est faite pour le peuple. Il a pu être un moment dangereux de la mettre entre les mains du peuple, mais aujourd’hui nous voyons le monde par sa position se trouver dans des circonstances à peu près semblables à celles où autrefois les Pères de l’Eglise encourageaient les peuples à la lecture des saints livres, où saint Jean Chrysostome reprochait aux fidèles de ne savoir pas le nombre des épîtres de saint Paul. Or le peuple n’aurait rien gagné, si c’était dans l’étude des langues orientales qu’il était nécessaire d’aller chercher l’intelligence des Livres saints. La troisième, que je ne puis croire que Dieu, qui est esprit et vie, ait attaché les preuves de la religion à la partie matérielle de la Bible; c’est l’esprit et non la lettre qui vivifie, il serait impie de dire que l’esprit n’ait pas été conservé dans la Vulgate, dans la traduction dont l’Eglise se sert pour son office. Donc la Vulgate peut suffire pour donner l’intelligence de la Bible. Donc on peut se passer des langues sémitiques. Toutefois j’admire les hommes qui se dévouent à cette étude. Si elle a pour eux de l’attrait, ils feront bien de s’y livrer, mais je ne crois pas que l’importance de l’étude des langues puisse être autre que fort secondaire.

[C] Le Temps dit dans un article sur les paraboles de Krummacher: Nous qui plus nous savons, moins nous croyons. Mais, grand Dieu, que savez-vous? Nous autres savons quand nous avons cru: Nisi credideritis, non intelligetis, est-il dit quelque part. Tout ce que vous pourrez tenter viendra se briser contre cette terrible règle, la foi et puis la science. La foi qui est l’acceptation de la vérité dans l’intelligence. Que de choses à dire sur la transmission de la vérité par la foi et sur la vérité passant dans l’intelligence de l’état de foi à celui de science!

Notes et post-scriptum