vers 1838-1840

Informations générales
  • TD49.224
  • [Notes de sermons pour des dimanches et des fêtes]
  • Orig.ms. BJ3, pp. 63-68 et 70-169; T.D. 49, pp. 224-228, 228-229 et 231-239.
Informations détaillées
  • 1 ASCENSION
    1 AUGUSTIN
    1 AUTORITE DE L'EGLISE
    1 BAPTEME DE JESUS-CHRIST
    1 BIEN SUPREME
    1 COMMANDEMENTS DE DIEU
    1 CONCUPISCENCE DES YEUX
    1 CONSENTEMENT
    1 CONVERSION SPIRITUELLE
    1 DEMARCHE DE L'AME VERS DIEU
    1 DOGME
    1 ECRITURE SAINTE
    1 EGLISE
    1 EMPIRE DE SATAN
    1 FIDELITE A LA GRACE
    1 FOI
    1 GENEROSITE DE L'APOTRE
    1 GLORIFICATION DE JESUS-CHRIST
    1 HABITUDES DE PECHE
    1 HUMANITE DE JESUS-CHRIST
    1 HUMILITE
    1 IMITATION DE JESUS CHRIST
    1 JESUS-CHRIST
    1 JESUS-CHRIST AUTEUR DU PARDON
    1 JESUS-CHRIST MEDIATEUR
    1 JUIFS
    1 JUSTICE DE DIEU
    1 LOI ANCIENNE
    1 LUTTE CONTRE LE PECHE
    1 MIRACLE
    1 MORALE
    1 MORT DE L'AME
    1 OEUVRE DE JESUS-CHRIST
    1 ORGUEIL
    1 PAIX DE L'AME
    1 PAROLE DE DIEU
    1 PAUVRETE DE JESUS-CHRIST
    1 PREDICATION DE JESUS-CHRIST
    1 PROTESTANTISME ADVERSAIRE
    1 PRUDENCE
    1 PUISSANCE DE DIEU
    1 REFORME DU COEUR
    1 RESURRECTION DE JESUS-CHRIST
    1 SACERDOCE DE JESUS-CHRIST
    1 SAINT-ESPRIT
    1 SAINTE COMMUNION
    1 SAUVEUR
    1 SERMONS
    1 SERVICE DU ROYAUME
    1 SIGNE DE LA CROIX
    1 TEMPLE DU SAINT-ESPRIT
    1 UNION A JESUS-CHRIST
    1 VERTU DE FORCE
    1 VIE SPIRITUELLE
    1 VOLONTE DE DIEU
    2 ELISEE
    2 JEAN-BAPTISTE, SAINT
    2 JEAN CHRYSOSTOME, SAINT
    2 JEROME, SAINT
    2 NAAMAN
    2 PIERRE, SAINT
    2 SALOMON
    3 NAIM
  • vers 1838-1840
La lettre

[1] Evangile du XVIIe dimanche après la Pentecôte.

Deux parties: questions des Pharisiens et les questions faites par Jésus-Christ. Les Pharisiens font une question prise dans la morale. Jésus-Christ fait une question dogmatique. Les Pharisiens sont confondus, et dans la réponse qu’on leur donne et dans la question qu’on leur fait. D’où je conclus:

1° La nécessité de l’humilité dans la recherche soit de ses devoirs, soit de la vérité. Les Pharisiens adressent une question de morale, les protestants en font autant. Jésus leur répond par une question de dogme, pour leur faire voir que l’une ne va pas sans l’autre. Jésus-Christ adresse une question tirée de la Bible et n’en donne pas la solution, pour convaincre les juifs et les hérétiques de l’impossibilité d’expliquer la Bible sans une autorité.

2° Il nous manifeste ici tout le plan de la religion. L’amour est le grand précepte, mais l’accomplissement en est impossible à l’homme tombé. Voilà la loi ancienne, il faut la rendre praticable. Jésus-Christ indique celui qui renversera les obstacles à son accomplissement, ce Seigneur qui s’assoiera à la droite du Seigneur. L’amour est le lien de l’Eglise, Jésus-Christ en est la base. Amour de Dieu répandu sur les hommes par l’Esprit, et l’Esprit envoyé par Jésus. C’est donc Jésus qui réunit les hommes à Dieu, et cette réconciliation est opérée, quand triomphant il rentre au ciel et s’asseoit à la droite de son père. Jésus, je vous adore. Jésus, vrai Dieu et vrai homme, c’est le dogme de votre divinité qui est le titre de ma réconciliation avec Dieu et le principe de mon amour pour lui. Oui, si Jésus n’est pas Dieu, ma réconciliation est vaine et l’amour de Dieu est impossible. Jésus, Dieu et homme, unit l’humanité à la divinité et fait tomber le mur de division. Doctrine consolante pour vous, chrétiens, que cette théorie; car si vous croyez que Jésus est Dieu, vous devez conclure à son amour pour les hommes qui a enfermé sa divinité dans un corps mortel, et à la nécessité de payer cet amour par la reconnaissance. [Doctrine] consolant[e] pour les âmes pieuses, car c’est Jésus qui entretient l’amour dans nos coeurs.

Amour de Jésus fait homme; amour de Jésus, eucharistie; amour de Jésus triomphant dans les cieux.

Nous sommes les membres de Jésus-Christ, et toutes les fois que nous nous asseyons à la table sainte, Dieu nous dit dans la personne de son Fils: Asseyez-vous à ma droite. Promesse contre les tentations, promesse d’immortalité. – [Inachevé]

[2] Evangile du XVIe dimanche après la Pentecôte.

L’orgueil nuit au prochain, il nuit à nous-mêmes. L’observance de la loi littérale, devenue ridicule, empêche les bonnes entreprises; on ne s’aide pas, on s’isole, on renverse les bonnes oeuvres, on manque à la charité, on se rend odieux, on fait détester la religion, on n’en a pas le véritable esprit, la véritable charité. L’orgueil nuit à ceux qui en sont les victimes: jalousies, premier tourment; humiliations, second tourment. – Humilité, principe de la paix et de la véritable gloire. Il faut être petit aux yeux des autres et à ses propres yeux. – [Inachevé].

[3] Evangile du IVe dimanche après l’Epiphanie.

Plusieurs instructions. Jésus dort. Jésus aussi dormait, lui qui devait sauver la barque par sa mort.

Jésus dort pour montrer qu’il est homme; il commande à la mer pour montrer qu’il est Dieu.

Jésus dort, afin d’éprouver les fidèles. S’il eût été réveillé, les disciples eussent pu croire que la tempête avait lieu, malgré lui, et ne l’eussent pas excité. De même le chrétien averti par la tempête a recours à Jésus-Christ qui semble s’être endormi dans leur coeur.

Les éléments s’apaisent, non par l’erreur des hérétiques qui supposent tous les êtres animés, mais par la puissance de Dieu qui rend sensibles pour ainsi dire les créatures insensibles elles-mêmes. – [Inachevé].

[4] Sur l’évangile du baptême de Jésus-Christ. Matth. III, 15.

Sine modo, sic enim decet nos implere omnem justitiam. – La justice qui s’accomplit dans ce mystère, la voici. La justice de Dieu consent à épargner les hommes, pourvu qu’ils présentent un remplaçant. Jésus, en venant se faire baptiser, vient se mettre à la place des hommes. Il convenait, en effet, qu’il se mît à leur place, et c’est le premier acte de sa vie apostolique. Il commence à accomplir toute justice, et voyez ce qui se passe. Qui le baptise? C’est la plus grande autorité visible, celle de Jean, de la tribu sacerdotale et prophète – ce qui est encore plus. (Pierres de l’autel mises de côté en attendant un prophète).

Jean accepte la victime au nom des hommes et lui impose les péchés des hommes en le baptisant; et, de son côté, le Père l’accepte: Hic est filius. La victime est acceptée, le contrat est passé. Voilà comment Jésus-Christ prépare le baptême des chrétiens. Jésus entre innocent dans les eaux du baptême, il en sort pécheur, afin que nous y entrant pécheurs nous en sortions innocents. – [Inachevé].

[5] Evangile du IVe dimanche après Pâques.

Et cum venerit ille, arguet mundum de peccato et de justitia et de judicio.

Le Saint Esprit convainc le monde de péché par les miracles qu’il fera faire aux apôtres, et qui seront la condamnation des Juifs qui ont refusé de croire en Jésus-Christ; de justice, parce que retournant à son Père il montre que la justice divine est apaisée et qu’à son retour dans le sein de son Père il envoie l’esprit de charité; de jugement, parce que le jugement du prince des ténèbres que le Saint-Esprit fera connaître, fera connaître en même temps quel est le sort qui attend les esclaves du prince de ce monde. Cum autem venerit spiritus ille veritatis, docebit vos omnem veritatem.

Différentes manières dont le Saint-Esprit enseigne: 1° l’Eglise; 2° les fidèles qui sont ses temples et dans lesquels il fait la vérité. – [Inachevé].

[6] Sur l’Evangile de l’Ascension.

Voici donc, mes enfants, le jour du triomphe pour Notre-Seigneur. Le jour de Pâques était le jour de sa victoire; aujourd’hui, le jour où il rentre glorieux dans ses états qu’il vient d’augmenter, il rentre au ciel après avoir conquis la terre. Etudions ce triomphe. Sa victoire est complète sans doute, mais comme il a vaincu seul, il veut faire participer ses soldats à la gloire qu’il a acquise, il veut que nous nous unissions à lui et que nous triomphions avec lui. Si donc nous voulons avoir part à son triomphe, il faut marcher sur ses traces.

L’enseignement que je trouve dans le mystère de ce jour, c’est la victoire de mon maître qui m’apprend la possibilité que j’ai de vaincre. Le second enseignement, c’est que le triomphe de mon maître est garant de la gloire du mien. Il ne dépend donc que de moi, et je puis vaincre et ma victoire me promet la conquête du ciel.

De plus, Jésus-Christ entre en pontife.

Le triomphe de Jésus-Christ me prouve que je puis vaincre, parce que pour vaincre il faut la force, et Jésus-Christ montant auprès de son Père l’en fait descendre.

Je puis vaincre parce que Jésus-Christ ne me donne à combattre que des ennemis vaincus. Christus ascendens in altum. Je puis vaincre, parce que si je succombe, je suis sûr d’être relevé par la prière de Jésus-Christ qui sera toujours écouté. Je puis vaincre, car je ne suis sur la terre que pour vaincre au nom de Jésus-Christ.

Garant de mon triomphe, parce que je ne fais qu’un avec Jésus-Christ, parce que Jésus-Christ est mort pour me préparer ma place. Vado parare… Parce que le bonheur de Jésus-Christ ne serait pas complet, s’il ne me faisait pas part de sa gloire.

Tant que Jésus-Christ est sur la terre, sa médiation est incomplète. [Inachevé].

[7. Une suite de titres sans développements]

Premier dimanche de l’Avent.

Second dimanche de l’Avent.

Troisième dimanche de l’Avent.

Quatrième dimanche de l’Avent.

Noël.

Dimanche dans l’octave de Noël.

Circoncision.

Dimanche dans l’octave de la Circoncision.

Epiphanie.

Premier dimanche après l’Epiphanie.

Second dimanche après l’Epiphanie.

[8] Troisième dimanche après l’Epiphanie.

L’évangile de ce jour est un des plus consolants pour ceux, qui, malgré le poids des misères qui les accablent, veulent se sauver; un des plus effrayants pour les chrétiens lâches qui refusent de mettre la main à l’oeuvre. Facilité de la conversion, voilà ce qui résulte de l’évangile.

Jésus descend de la montagne où il a prêché. Il veut prouver sa parole, il la prouve par des miracles, les deux premiers qu’il ait faits, selon s. Jérôme, et dans ces miracles il veut donner deux exemples de la facilité avec laquelle l’âme aussi peut et se guérir [et être] convertie. Que faut-il, en effet, que la conversion, qui n’est que le retour à Dieu? Deux choses: la volonté de Dieu et la volonté de l’homme. Cela se trouve dans l’évangile du paralytique et du centenier. Le paralytique provoque la bonté de Dieu: Domine, si vis… Aussitôt Dieu répond: Volo. Pourquoi la guérison n’a-t-elle pas lieu? C’est que vous ne voulez pas la guérison de votre âme, comme le paralytique voulait la guérison de son corps. Mais Dieu veut et voyez: Et extendens Jesus manum, tetigit eum. Pour guérir, il se met au-dessus des lois. Elisée, dit s. Jean Chrysostome, n’avait pas voulu voir Naaman, Jésus touche le lépreux. Sa pureté guérit le malade, loin que l’impureté du malade souille la pureté de Jésus. Eh bien, ainsi Jésus arrêtera les lois du monde moral, sa justice, pour vous guérir. Et c’est ce qu’il a fait. Il a touché notre impureté dans l’incarnation, puis: Vide nemini dixeris = humilité. Vade, ostende te sacerdoti. Voilà le cours ordinaire des choses qui reprend. Vous vous convertissez, vous chantez votre conversion sur les toits, et vous ne prenez aucun des moyens ordinaires, aucune des pratiques qui sont prescrites, et vous retombez. Il n’y a en cela rien d’étonnant, il faut prendre les moyens que Dieu donne.

Il faut en second lieu le concours de la volonté. Volonté du centurion. Foi, humilité, prudence, selon s. Jérôme. Foi, il va trouver Jésus. Humilité: non sum dignus. Prudence qui lui fait découvrir dans un homme le maître de tout. Je dis à l’un: Allez, et il va; comme pour lui dire: Et vous aussi envoyez un de vos anges, selon la pensée de s. Jérôme; ou bien commandez au mal et il vous obéira, de même qu’il est allé quand vous avez commandé. – Admiration de Jésus. Qu’admire-t-il? La grâce de Dieu qui a donné la foi, et la foi du centurion qui a grandi par sa correspondance à la grâce. Ah! si nous avions une foi semblable! Et Jésus qui est l’auteur et de la grâce et de la guérison, attribue tout à la foi du centurion pour nous montrer la part glorieuse qu’il veut nous donner dans l’oeuvre de notre conversion. Mais voilà le malheur. Votre foi est faible, votre conversion est chancelante. Votre foi est morte et votre conversion est nulle. Que faut-il? Réveiller sa foi, ne pas se contenter d’une foi en parole.

D’où je conclus que rien n’est plus facile que de se convertir, parce qu’il suffit de croire que Dieu peut tout. Domine, si vis. C’est la seconde disposition. Cette foi, c’est le sentiment de sa misère qui redouble encore la confiance: sentiment que je trouve et chez le paralytique et chez le centenier. Sentiment accompagné chez le paralytique d’un ardent désir, chez le centurion d’une humilité profonde. Mais ce désir du paralytique n’est pas moins grand que celui de Dieu. L’humilité du centenier est bien [digne] de l’admiration de Jésus même.

Domine, si vis… – Volo. – Non sum dignus. – Vade, et sicut credidisti, fiat tibi.

[9. Titres sans développements.]

Quatrième dimanche après l’Epiphanie.

Cinquième dimanche après l’Epiphanie.

Sixième dimanche après l’Epiphanie.

Septuagésime.

Sexagésime.

Quinquagésime.

Premier dimanche de carême.

Second dimanche de carême.

Troisième dimanche de carême.

Quatrième dimanche de carême.

Cinquième dimanche de carême.

Sixième dimanche de carême.

[10] Pâques.

Christus resurgens ex mortuis, jam non moritur.

Quel beau triomphe que celui de Jésus-Christ! En pouvait-il être autrement, et celui qui est la vie par essence ne devait-il pas triompher de la mort? Il vit pour ne plus mourir, il vit à la droite de son Père. Mais cette vie, il ne la veut pas pour lui seul, il la communique à son Eglise, il la donne à chaque chrétien.

1° Jésus-Christ donne la vie à son Eglise.

L’Eglise vit de la foi à ce que nous ne comprenons pas encore. La résurrection est la preuve de la foi.

L’Eglise vit par l’espérance des biens futurs, l’éternité est son avenir. La résurrection est le gage de cet avenir, de cette éternité.

L’Eglise vit par son union à Dieu et par l’union entre ses membres. La résurrection est le principe de la réconciliation de Dieu avec les hommes, le lien de l’union des hommes entre eux par Jésus-Christ.

2° Jésus-Christ donne la vie à chaque chrétien: la vie de la grâce par les sacrements, la vie de l’éternité par la vision.

[10] Pâques.

Pax vobis a Christo Jesu qui est primogenitus mortuorum.

Jésus est le premier d’entre les morts. En quel sens? Il brise les portes de la mort. Pour cela il fallait qu’il mourût. Il est né de la mort, il faut que nous naissions de la mort. Il est le premier-né, parce qu’il n’y a de renaissance que par lui.

Il vient apporter la paix. Quelle paix? Paix de l’ordre. Il fallait pour faire cesser le désordre qu’il mourût, il fallait qu’il expiât. Il fallait pour prouver l’expiation qu’il ressuscitât. Il sort du tombeau portant la paix aux hommes. Mais il y a deux paix: la paix du temps, la paix de l’éternité. La paix du temps est une paix armée; il ne faut pas espérer qu’elle soit complète. Le temps seul peut préparer une série de triomphes qui préparent le triomphe final. Ce triomphe, c’est le triomphe sur la mort par lequel nous entrons dans la vie qui n’aura point de fin et où nous a précédés Jésus-Christ, pontife pour l’éternité. Là sera la paix éternelle, la paix de Dieu.

[12. Titres sans développements.]

Quasimodo.

Second dimanche après Pâques.

Troisième dimanche après Pâques.

[13] Quatrième dimanche après Pâques.

Jésus a accompli sa mission. Tristesse du départ de Jésus. Nécessité de savoir sacrifier les consolations, pour avoir part aux lumières du Saint-Esprit.

Arguet mundum de peccato, quia non crediderunt in me. Incrédulité condamnée par les miracles -; de justitia, – preuve de la divinité de Jésus-Christ par les dons du Saint-Esprit; de judicio, – condamnation de Satan.

Tous les jours. De peccato, opposition de votre conduite à votre foi. De justitia, abus des grâces. – De judicio, réprobation.

Cum autem venerit. Il ne dépend que de nous d’écouter toute vérité.

De meo accipiet, et annuntiabit vobis. Il n’y a point deux esprits, il n’y en a qu’un.

[14. Titres sans développements.]

Cinquième dimanche après Pâques.

Sixième dimanche après Pâques.

[15] L’Ascension.

Transformation du chrétien en Jésus-Christ.

La vie du chrétien ne doit être que la copie fidèle de la vie du Sauveur. Or Jésus-Christ montant au ciel vainqueur de la mort et prenant possession de son royaume, nous invite à méditer après lui sur la transformation que nous devons subir. Or j’y trouve trois conditions qui seront le résumé de tout ce que nous aurons pu dire sur la piété: 1° il faut se dépouiller de ce qui est mortel; 2° chercher le principe de notre transformation; l’employer.

1° Se dépouiller de ce qui est mortel. – Ce n’est pas du corps que je veux parler, c’est de l’âme. Or ce qui est mortel en l’âme, c’est le péché, c’est l’habitude du péché, et sous ce point de vue, vous comprenez tout d’abord, mes frères, ce que c’est que la mortification. La mortification du corps peut avoir ses avantages, mais la mortification de l’esprit lui est bien autrement supérieure. La mortification donne la mort à la mort même, et le chrétien se dépouillant des traces de sa mortalité peut dire avec Jésus-Christ: Ero mors tua, ô mors. C’est un travail de tous les jours, parce que tous les jours la mort s’efforce de reprendre son empire et que tous les jours il faut briser ses liens.

2° Chercher le principe de notre transformation.

L’homme n’a pas le principe de la vie en lui; ce germe précieux est en Jésus-Christ ou plutôt c’est Jésus-Christ, et le chrétien doit aspirer à le posséder. Or il est bon de considérer que quoique Jésus-Christ soit disposé à l’accorder, il veut cependant qu’on le lui demande et on le lui demande par la prière. Permettez-moi de vous faire envisager en la prière un point de vue, auquel vous avez peut-être rarement réfléchi. La prière, c’est un élan vers Dieu; la prière, c’est un effort pour aller à Dieu. Mais plus sa prière sera ardente, plus elle nous rapprochera de Dieu, en sorte que si elle est complètement parfaite, elle unit à Dieu.

3° Employer ce principe. [Inachevé]

[16. Titres sans développements.]

Dimanche dans l’octave de l’Ascension.

Pentecôte.

[17] Premier dimanche après la Pentecôte.

Au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit. Que de personnes font le signe de la croix sans se doute de ce qu’elles font!

Au nom du Père qui m’a créé, au nom du Fils qui m’a racheté, du Saint-Esprit qui me sanctifie.

Je dépends de Dieu dans mon être, dans ma volonté, dans mes sentiments.

J’appartiens à Dieu par mon être, puisque tout ce que je suis et ce que j’ai lui appartient. Crime de vouloir lui soustraire quelque chose.

J’appartiens à Dieu par ma liberté, puisqu’il m’a racheté, et toutes mes actions doivent se rapporter à lui.

J’appartiens à Dieu par mon amour, puisqu’il m’a donné son amour pour me sanctifier. Tout ce que je fais donc pour lui obéir, je dois le faire avec un sentiment d’amour.

Cette prière embrasse le temps et l’éternité. Au nom du Père qui m’a créé et qui a créé toutes choses. Au nom du Fils qui m’a racheté dans le temps et qui me communique sa grâce. Au nom du Saint-Esprit qui m’est donné, mais qui m’étant donné dans le temps me sera donné pour faire mon bonheur dans l’éternité.

[18] Quatrième dimanche après la Pentecôte.

L’évangile nous apprend la vocation de Pierre, la base de l’Eglise. Tous, pierre ou grain de sable dans l’édifice, nous avons besoin de savoir comment Jésus-Christ nous taille et nous pétrit. Il prêche. Sur la barque il semble demander un service. Accordé. Reconnaissant, il veut payer sa dette, mais de manière à faire subir une épreuve: Duc in altum.

Jésus, après, veut qu’on en vienne à l’exécution. L’on ne veut pas. La foule s’est retirée; qu’a-t-elle emporté? Confiance de s. Pierre. Folie de travailler sans Jésus. Différence du travail fait sans Jésus et du travail fait avec Jésus. S. Pierre a commencé, les autres viennent à leur aide. Différence de générosité, différence de récompense. Entraînés par l’exemple.

Si la pêche est abondante, nous nous en attribuons la gloire. – Domine, exi a me. Quelle différence avec s. Pierre! Sentiment de défiance, sentiment surnaturel.

Mais Jésus l’appelle plus haut encore: relictis omnibus, secuti sunt eum; relictis retibus et patre. Ils laissent les filets du monde, leurs moyens d’existence, leurs plaisirs, leur père, tout: relictis omnibus, et ils vont conquérir le monde. Qui nous donnera des chrétiens aussi généreux. [Inachevé]

[19] Quatorzième dimanche après la Pentecôte (Math., c. VI, v. 24).

Nemo potest duobus dominis servire. Pas de vérité qui déplaise plus à Satan, qui voudrait établir une alliance impossible et dont il connaît fort bien la portée. Je sais qu’il ne faut rien exagérer. Nul ne peut servir deux maîtres: aut unum odio habebit, et alterum diliget, aut unum sustinebit, et alterum contemnet. S. Augustin applique la haine et le support à Satan, l’amour et le mépris à Dieu. Foule d’hommes qui ne peuvent pas comprendre que la religion soit tout d’une pièce. Jamais pourtant vous n’allierez l’humilité et l’orgueil, la paresse indécente et la modestie, les plaisirs défendus et la pénitence, la justice et les gains illicites.

Non potestis Deo servire et mammonae. Tremblons, dit s. Chrysostome, à cette comparaison, à laquelle Jésus-Christ abaisse Dieu en le rapprochant de Satan. Mais s’il est lamentable de comparer Dieu à Satan en parole, il est bien plus affreux de préférer Satan à Dieu par vos paroles, et c’est ce que vous faites. Mammon, c’est l’argent, c’est la divinité du jour: les mariages réglés par l’argent, les places, spéculations infâmes, le bien-être matériel, tout par l’argent. La société chancelle. – Société, corps où le sang reflue au coeur, laisse les membres glacés. Vrai ennemi politique. Faire travailler, mais d’une manière utile à tous.

La suite de l’évangile n’est que la conséquence de ces paroles. Voici le remède aux maux faits par l’argent: Et ideo dico vobis, ne solliciti sitis. D’abord la tranquillité. Si un roi nous disait: Je ne vous donne pas d’argent, mais ce qui vous sera nécessaire, vous l’aurez, ne le croirions-nous pas? L’enfant n’a pas d’argent, ne croit-il pas à l’intérêt de son père et de sa mère? Et nous ne croirions pas à l’intérêt de Dieu qui nous aime mille fois plus. Voilà Dieu qui nous dit de ne pas craindre. Premier principe de bonheur.

Considérez les oiseaux du ciel, avares qui refusez tout pour entasser de l’or. Considérez les oiseaux du ciel, pauvres qui mourez de faim. Et pater vester coelestis pascit illa.

Et de vestimento quid solliciti estis? Femme mondaine, entassez parure sur parure, vous ne serez jamais aussi magnifique que Salomon et un lys vous dépasse. Et vous, femme chrétienne qui faites du bien; et vous, mère de famille qui ne savez comment vêtir vos enfants, nolite solliciti esse, dicentes: quid manducabimus, aut quid bibemus, aut quo operiemur?

Ce langage est facile, répondrez-vous, à qui rien ne manque. Aussi ce n’est pas moi qui le tiens, mais Jésus-Christ fait pauvre. Haec enim omnia gentes inquirunt. C’est de quoi se préoccupent les nations païennes, celles qui retournent à grands pas vers le paganisme. Scit enim pater vester, quia de his omnibus indigetis. – Non Deus, sed pater.

Quaerite ergo primum regnum Dei, et justitiam ejus. Primum. S. Augustin fait remarquer que cela n’exclut pas la recherche du reste. Différence entre l’inquiétude et l’applicqation, la charité et la concupiscence. Mais, dit s. Chrysostome, nous prenons l’envers de Jésus-Christ. Voilà pourquoi des choses si affreuses… [Inachevé].

[20] Quinzième dimanche après la Pentecôte.

La veuve de Naïm est l’image de l’Eglise. Le mort, c’est le fidèle; Jésus-Christ vient pour le ressusciter. Comment? Tous les fidèles ne forment qu’un corps en Jésus-Christ. Nécessité d’être uni à ce corps. Le péché nous en éloigne. Diverses espèces de mort: mort de langueur, mort violente, mort subite. Peinture de l’âme morte. Application à l’âme de diverses espèces de maladie.

Jésus-Christ touche le cercueil. Il le touche toutes les fois qu’il nous offre sa grâce. Mais à la différence du jeune homme de Naïm qui mourut et ressuscita sans le consentement de sa volonté, comme notre âme ne meurt que parce qu’elle le veut, elle ne ressuscitera avec la grâce de Dieu qu’autant qu’elle voudra ressusciter. Veuillons donc. [Inachevé].

Notes et post-scriptum