*Notes sur l’épître de saint Paul aux Romains*.

Informations générales
  • TD49.239
  • *Notes sur l'épître de saint Paul aux Romains*.
  • [Chapitre I de l'épître aux Romains]
Informations détaillées
  • 1 ABAISSEMENT
    1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
    1 ACTION DE GRACES
    1 AMOUR DES AISES
    1 AMOUR DIVIN
    1 ANCIEN TESTAMENT
    1 APOTRES
    1 ATHEISME
    1 CARACTERES DE L'APOSTOLAT
    1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
    1 CHATIMENT
    1 CHRISTIANISME
    1 CONFESSION DU NOM DE JESUS-CHRIST
    1 CONNAISSANCE DE DIEU
    1 CORPS
    1 CORRUPTION
    1 CULPABILITE
    1 DECADENCE
    1 DESINTERESSEMENT DE L'APOTRE
    1 DESSEIN DE SALUT DE DIEU
    1 DEVOIRS DU PRETRE
    1 DIEU LE FILS
    1 DIEU LE PERE
    1 DOCTRINE CATHOLIQUE
    1 DONNEES DE LA FOI
    1 ENFER
    1 ENSEIGNEMENT DE LA PHILOSOPHIE
    1 ERREUR
    1 ESPECE HUMAINE
    1 EVANGILE DE JESUS-CHRIST
    1 EXAMEN DE CONSCIENCE
    1 FAIBLESSES
    1 FEMMES
    1 FOI
    1 GENEROSITE DE L'APOTRE
    1 GLOIRE DE DIEU
    1 GRACE
    1 HAINE ENVERS LA VERITE
    1 HERESIE
    1 HOMMES
    1 HONTE DU PECHE
    1 IGNORANCE
    1 INCARNATION DE JESUS-CHRIST
    1 INTELLIGENCE
    1 JESUS-CHRIST
    1 JESUS-CHRIST AUTEUR DE LA FOI
    1 JESUS-CHRIST CHEF DE L'EGLISE
    1 JUIFS
    1 JUSTICE DE DIEU
    1 LACHETE
    1 LOI ANCIENNE
    1 LOI CIVILE
    1 LOI NATURELLE
    1 LOI NOUVELLE
    1 LUTTE CONTRE LE MONDE
    1 LUXURE
    1 MALADIES
    1 MATERIALISME
    1 MESSIE
    1 MINISTERE SACERDOTAL
    1 MISERICORDE DE DIEU
    1 MONDE CREE
    1 MORALE
    1 MORT DE L'AME
    1 MYSTERE DU SALUT
    1 NOUVEAU TESTAMENT
    1 ORGUEIL
    1 ORGUEIL DE LA VIE
    1 PAGANISME
    1 PAIX DE L'AME
    1 PASSIONS MAUVAISES
    1 PECHES
    1 PENSEE
    1 PEUPLES DU MONDE
    1 PHILOSOPHIE MODERNE
    1 PRATIQUE DE L'OBEISSANCE
    1 PUISSANCE DE DIEU
    1 REDEMPTION
    1 REGNE DE VERITE
    1 RESPECT HUMAIN
    1 RESPONSABILITE
    1 RESURRECTION DE JESUS-CHRIST
    1 REVELATION
    1 REVOLTE
    1 SAINT-ESPRIT
    1 SALUT DU GENRE HUMAIN
    1 SCEPTICISME
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    1 SOUMISSION SPIRITUELLE A JESUS-CHRIST
    1 SUJETS DU ROYAUME
    1 UNIVERSALITE DE L'EGLISE
    1 VIE SPIRITUELLE
    1 VOCATION
    1 ZELE APOSTOLIQUE
    2 DAVID, BIBLE
    2 MAISTRE, JOSEPH DE
    2 MOISE
    2 PAUL, SAINT
    3 CHYPRE
    3 DELOS
    3 ROME
  • vers 1837-1840
La lettre

v. 1. – « Paulus, servus Jesu Christi, vocatus apostolus, segregatus in evangelium Dei. »

Paulus servus. Voilà la première condition de l’apôtre et du prêtre; l’esclavage. Du moment que le prêtre ou l’apôtre reçoit sa mission, il est fait esclave, c’est-à-dire qu’il n’a plus rien qui lui appartienne. Les anciens appelaient les esclaves: res, non sui domini, des choses qui n’avaient pas la propriété d’elles-mêmes. Le prêtre devrait ne plus avoir la propriété de lui-même, déposer cette propriété entre les mains de Jésus-Christ et [lui] laisser le soin de guider sa volonté, de veiller à ses besoins, de le diriger dans ses oeuvres. Il s’il y a si peu d’ouvriers apostoliques, n’est-ce pas parce qu’il y a peu d’esclaves de Jésus-Christ? Où en suis-je à cet égard? La première condition de l’esclavage est la perte de la liberté. Qui voudrait être esclave de Jésus-Christ à ce prix? Et, pour ne parler que de moi-même, que fais-je pour me préparer à un esclavage pareil? Rien du tout. Cependant je vois s. Paul qui place le saint esclavage comme première condition. Ah! quand serai-je esclave de Jésus-Christ? Je ne fais pas assez attention que la différence qui subsiste entre cet esclavage et celui des hommes, c’est que tout homme asservi par un autre homme est humilié. Pour obéir à son égal, il faut qu’il s’abaisse. Mais celui qui obéit à Jésus-Christ est bien autrement partagé. En effet, sa volonté corrompue s’anéantissant devant la volonté divine meurt pour revivre régénérée, fortifiée, digne de ses destinées.

Vocatus apostolus. Voilà l’humilité. On l’appelle apôtre; il l’est de nom, mais l’est-il de fait? Celui qui est envoyé pour accomplir les volontés de son maître et qui ne les accomplit pas, peut-il se dire envoyé? Et dans ce cas que de prédicateurs, que de prêtres qui ne le sont que de nom! Tout ceci fait trembler.

Segregatus in evangelium. Certainement si quelqu’un a été appelé, mis à part pour être envoyé, c’est bien s. Paul; aussi ne met-il pas en doute sa vocation divine. Segregatus in evangelium veut dire littéralement: destiné à aller porter la bonne nouvelle; et comme plus bas il parle de cette bonne nouvelle qui était prédite par les prophètes, peut-être ne veut-il dire que de même que la bonne nouvelle prédite par les prophètes devait être annoncée à un temps fixé, de même ceux qui devaient la porter étaient désignés d’avance, et qu’il était un de ceux-là.

v. 2. – « Quod ante promiserat per prophetas suos in scripturis sanctis. »

Voilà s. Paul qui appelle l’Ancien Testament à l’appui du Nouveau. Qu’on remarque bien l’époque où s. Paul prononce ses paroles, c’est au moment où il va s’adresser aux Romains pour les confirmer dans la foi, ad confirmandos vos. On aurait pu lui demander au nom de qui il venait prêcher une religion nouvelle. Je ne prêche point, dit-il, une religion nouvelle, je ne prêche que l’évangile de Dieu, c’est-à-dire le traité de paix entre Dieu et les hommes, l’amnistie accordée du ciel à la terre. Voilà ce que je prêche, et cette bonne nouvelle, celui qui m’a choisi: segregatus in evangelium Dei, Dieu, celui-là même qui m’a choisi, mais en même temps chargé de vous dire que ce que je vous prêche avait été annoncé par les prophètes dans les Ecritures. Ces Ecritures sont dans les mains du peuple qui lapidait ses prophètes, mais conservait scrupuleusement leurs paroles. Prenez les livres de ce peuple, lisez, nous ne faisons qu’accomplir ce qui a été promis.

Cette réponse est importante à faire à ceux qui voudraient une religion nouvelle et qui disent: de même que le Christ a développé la loi de Moïse, de même faut-il que d’autres développent la loi du Christ. Mais ce premier développement était prédit. Les Juifs eux-mêmes qui nient que Jésus-Christ ait été chargé d’accomplir la loi, ne nient pas cependant que la loi ne doive être accomplie. Mais écoutez Jésus-Christ: Attendite a falsis prophetis, défiez- vous des faux prophètes, et il annonce qu’un temps viendra où l’on espérera séduire le peuple par l’espoir d’un nouveau Messie. Loin donc que nous soyons prévenus que le catholicisme doit se développer dans un certain sens, nous sommes prévenus, au contraire, qu’il ne le sera pas, et que nous devons nous défier des loups ravisseurs, qui, sous la peu de brebis, tenteront cette épreuve. Voilà donc dès le commencement s. Paul qui répond à une objection que l’on devait faire dix-huit cents ans après lui.

v. 3. – « de filio suo, qui factus est ei ex semine David secundum carnem. »

De filio suo. Considérons d’abord le rapport des premiers mots de ce verset avec le verset qui précède. Voilà l’union de l’Ancien et du Nouveau Testament, Jésus-Christ. L’Ancien Testament annonce Jésus-Christ qui doit venir, et le Nouveau annonce Jésus-Christ venu. Voilà encore une différence entre la religion de Jésus-Christ et celle que l’on voudrait prêcher qui veut définir Jésus-Christ un simple homme. Or si comme vous le prétendez, vous prétendez à un développement, vous vous trompez en cela. Qui dit développement dit rapport et différence: rapport pour le fond, différence pour la forme. Les Juifs attendent Jésus-Christ, mais ne le connaissant pas selon ce qu’il est, ils ne savent positivement pas s’il est Dieu. Jésus-Christ paraît, il révèle ce qu’il est, et voilà le développement de la vérité. Les Juifs attendent un envoyé extraordinaire qui viendra de la part de Dieu, et les chrétiens aussi. Jésus-Christ est venu, la notion de Jésus-Christ s’est développée, mais sur un point, qui, lorsqu’il a été connu, est devenu essentiel en sorte qu’on ne peut pas le nier, sans nier un point fondamental. Les chrétiens diffèrent des Juifs en ce qu’ils croient mieux et plus, car ils croient tout ce que croient les Juifs. C’est tout le contraire pour les novateurs: Jésus-Christ n’est plus Dieu. Voilà une vérité fondamentale niée; donc il n’y a pas de développement.

De filio suo, qui factus est ei ex semine David secundum carnem. Voilà encore l’anéantissement de la raison humaine, car si elle ne veut pas de la loi catholique, c’est qu’elle ne peut souffrir ce Jésus qui est le fils de Dieu, sorti de la race de David selon la chair. Et voilà ce même Jésus que la terre repousse et que Paul lui présente: il se dit l’envoyé.

Lorsqu’on cherche à s’expliquer par quel motif il se trouve des hommes qui refusent de croire à la divinité de Jésus-Christ, on est fort embarrassé. Est-ce l’orgueil? Mais qu’y a-t-il de plus consolant que de penser à un Dieu fait homme pour relever l’espèce humaine? Est-ce la difficulté du mystère? Ceci n’est pas une raison. Là où il y a mystère, il faut s’arrêter. A quoi ne s’arrêtera-t-on pas? L’homme ne comprend le tout de rien, dit-on depuis longtemps. Je crois que c’est l’orgueil qui reconnaissant Jésus comme homme, ne veut pas le reconnaître comme Dieu; ce sont les passions qui se voient terrassées par cet homme-Dieu qui leur parle tanquam potestatem habens; ce que n’oseraient certainement pas faire les autres hommes, qui, sujets à leurs attaques, n’ont pas le même droit de les foudroyer.

v. 4. – « Qui praedestinatus est filius Dei in virtute secundum spiritum sanctificationis, ex resurrectione mortuorum Jesu-Christi Domini nostri; »

v. 5. – « per quem accepimus gratiam, et apostolatum, ad obediendum fidei in omnibus gentibus pro nomine ejus. »

Il est bien évident que dans ces versets s. Paul entreprend d’opposer la filiation divine de Jésus-Christ à cette filiation selon la chair, dont il avait parlé dans le verset précédent. Cependant je dois avouer que ce verset ne m’est pas très clair et que par conséquent il vaut mieux renvoyer l’explication.

Tels sont les titres de saint Paul: il a reçu la vertu de l’apostolat de Jésus-Christ, et voilà de quoi confondre tout novateur. Où sont vos titres? De qui êtes-vous? Quel droit avez-vous à être cru? Est-ce Jésus-Christ qui vous envoie, et si ce n’est pas lui, pourquoi parlez-vous? Car si Jésus-Christ est le fils de Dieu et qu’il soit le fils de David selon la chair, qui aura droit d’envoyer quand lui n’envoie pas?

Ad obediendum fidei in omnibus gentibus. Voilà la différence de l’apostolat et de l’épiscopat. L’apôtre reçoit la grâce de prêcher en tous lieux, l’évêque pour prêcher dans le lieu qui lui est destiné.

Pro nomine ejus. St Paul comprend tellement la puissance du nom de Jésus-Christ que sans cesse il revient sur le même point. C’est toujours Jésus-Christ qu’il prêche, Jésus-Christ crucifié, Jésus-Christ scandale pour les Juifs, folie pour les Grecs, Jésus-Christ pour les élus vertu et sagesse de Dieu. L’apôtre avait besoin de faire comprendre comment dans ce nom mystérieux était le noeud qui unissait le ciel à la terre. Aussi voyez comme sans cesse il revient sur ce point.

Voilà qu’en quelques lignes, et dès le commencement, s. Paul a énuméré ce qu’il est, au nom de qui il vient, les droits de celui qui l’envoie, les preuves de sa mission, l’objet de sa mission; ad obediendum fidei. Voilà d’un mot tranchée la différence qui subsiste entre les philosophes et les chrétiens. Eux auraient dit: ad persuadendum rationi; lui dit, au contraire: ad obediendum fidei. Les philosophes, simples hommes, n’ont aucun droit de commander; il faut donc qu’ils persuadent, il faut qu’ils conseillent par la douceur là où ils ne peuvent pas diriger par la force. Paul, au contraire, vient apprendre à toutes les nations l’obéissance de la foi, ad obediendum fidei omnibus gentibus. Les philosophes ne cherchent qu’à faire une école, de laquelle le peuple était naturellement exclu; les religions païennes étaient essentiellement nationales. Saint Paul montre que ce n’est ni une école philosophique qu’il fonde, ni une religion nationale qu’il prêche, ad obediendum fidei omnibus gentibus. Et voilà peut-être un passage que les prédicateurs d’aujourd’hui devraient avoir un peu plus en vue. Ce ne sont point des doctrines du jour dont ils doivent s’occuper, ce sont des choses que l’on puisse dire tous les jours et dans tous les pays, omnibus gentibus. Et voilà encore par où pèchent bien des prédicateurs. Peuvent-ils dire réellement qu’ils soient envoyés pour prêcher à toutes les nations? Ensuite, d’autre part, prêchent-ils pour commander la foi ou pour persuader? N’oublient-ils pas au nom de qui ils parlent? Ils veulent, disent-ils, descendre au milieu des hommes. Oui, mais qu’ils n’oublient pas que c’est pour leur commander. Ces seules paroles suffiraient pour apprendre la manière dont il conviendrait de s’y prendre pour prêcher aux nations et pour les convertir.

v. 6. – « In quibus estis et vos vocati Jesu Christi. »

Par quel motif s. Paul dit-il: in quibus estis et vos vocati Jesu Christi? Est-ce pour les consoler, pour les fortifier, pour leur donner du courage, ou au contraire pour les humilier? Il a dit plus haut, ad obediendum fidei in omnibus gentibus, pro nomine ejus. Toutes les nations sont appelées et les Romains se trouvent du nombre. Ce n’est donc pas pour eux un privilège particulier, mais une participation à la faveur commune: in quibus vos estis vocati Jesu Christi. D’une autre part, on peut considérer les expressions de l’apôtre: vous êtes appelés, vocati estis; c’est donc votre faute, si appelés comme les autres, vous ne vous sauvez pas comme les autres.

v. 7. – « Omnibus qui sunt Romae, dilectis Dei, vocatis sanctis: gratia vobis, et pax a Deo patre nostro, et domino Jesu Christo. »

Voilà, certes, un nouveau salut et tel que le monde païen n’en avait point entendu de semblable. D’abord qui jamais avait appelé les habitants de Rome et quelque peuple que ce fût, excepté les Juifs, chéris de Dieu. Les Romains se vantaient de leur crainte pour les dieux, mais l’amour semblait banni de leur culte. Et voilà s. Paul qui leur apprend que Dieu est pour eux plein de tendresse. Ensuite le mot saint était tellement étranger au peuple qu’il a fallu le créer en lui donnant une acception nouvelle. Je ne crois pas que les païens se fissent une idée d’un homme saint tel que le présente le christianisme. En voulons-nous la preuve? Qui dit saint parmi les chrétiens, dit un homme qui possède en lui toutes les vertus, mais sur toutes choses l’amour de Dieu et du prochain, et l’humilité. Toute sainteté est fondée sur ces deux bases. Or cherchez un seul homme dans le paganisme qui ait été charitable dans toute l’expression du mot, et humble, vous ne le trouverez pas. Quand tout ce que l’on prétend des solitaires de l’Inde serait vrai, peut-on dire qu’ils soient saints? Même dans leurs horribles pénitences, ils n’aiment qu’eux seuls, et certainement on ne dira pas qu’ils soient humbles. J’ai donc raison de dire, tout est nouveau pour le monde dans le préambule de cette épître, mais surtout cet admirable salut: gratia vobis et pax a Deo patre nostro, et domino Jesu Christo.

On a observé avec raison que les païens ont appelé Dieu du nom de père, Zeus pater(1), mais qu’aucun ne l’avait appelé notre père. Que la chose soit vraie ou fausse, il n’en est pas moins certain que les rapports qui subsistaient entre Dieu et ses créatures n’étaient pas ceux d’un père avec ses enfants; il est certain aussi que jamais prêtre païen n’aurait pu souhaiter aux hommes la grâce de son Dieu. Je voudrais bien savoir ce qu’aurait pensé le peuple, qui se serait entendu saluer par un prêtre de Délos ou de Chypre en ces termes: la grâce d’Apollon, la grâce de Vénus soit avec vous.

Qu’il est beau, qu’il est consolant ce salut: qu’avec vous soit la grâce et la paix de Dieu, notre père, et de Notre-Seigneur Jésus-Christ! En effet, nous voyons tout ce que Dieu a fait pour les hommes, quand les hommes se saluent et se souhaitent la santé du corps. Mais ceux qui croient qu’en nous il y a quelque chose de mieux, qu’il y a une âme, souhaitent la santé de l’âme. Et comme l’âme naturellement est infirme, ils souhaitent ce qui peut la guérir, et le résultat de la guérison, c’est-à-dire la paix; de la part de Dieu la grâce, le secours, la force pour supporter les misères de la vie, les combats du monde, les assauts des passions; et la paix, c’est-à-dire le triomphe, c’est-à-dire tout ce que l’on peut voir de plus admirable dans le monde tel qu’il est constitué. Car ce n’était pas de quelques hommes seulement, mais de tous les hommes que le prophète parlait, quand il peint leur trouble en ces termes: Dicebant, pax, et non erat pax. Oui, tous les hommes appelaient la paix. Et où était-elle, je le demande: hors d’eux-mêmes ou en eux-mêmes? Laissons pour le moment le monde extérieur, ne nous occupons que du monde intérieur. Voyez encore quels désordres, quels troubles surtout au moment où écrit s. Paul! C’est à cette époque que le monde conquis par les armes dut voir ses maîtres dans des fers bien plus avilissants que ceux qu’il avait reçus d’eux. C’est alors que le poète pourra dire:

Saevior armis

Luxuria incubuit, victumque ulciscitur orbem.

Oui, le monde est vaincu par la débauche, et avec la débauche la dégradation, avec la dégradation le désordre, et avec le désordre la lutte intérieure, l’absence de toute paix. Le retour de la paix est impossible à obtenir d’une puissance humaine; il faut une puissance surnaturelle, un secours d’en haut. Et les hommes que les derniers cris du remords avertissaient quelquefois de leur dépravation, ne pensaient pas pour cela devoir demander aux dieux un appui contre des faiblesses dont ils savaient les dieux eux-mêmes coupables. Ce salut seul donne l’idée de la distance qui sépare le monde corrompu du monde tel que l’a fait Jésus-Christ. Et ce salut si beau, si sublime, ne sépare-t-il pas encore les catholiques de cette portion malheureusement si considérable de la société, de qui la foi s’est retirée? Il me paraît qu’une station de carême qui s’ouvrirait pas ces mots pourrait donner lieu à de bien beaux développements.

v. 8. – « Primum quidem gratias ago Deo meo per Jesum Christum pro omnibus vobis, quia fides vestra annuntiatur in universo mundo. »

Est-ce à cause de la place qu’occupera un jour l’Eglise romaine que Dieu permet la gloire, qu’a acquise la foi de ses habitants? Du reste, remarquons les expressions de s. Paul: Gratias ago Deo meo. Ce ne sont pas les Romains qu’il félicite, c’est à Dieu qu’il offre ses remerciements, parce que c’est lui qui a donné la foi et que c’est lui qui est l’auteur du prodige. Si donc il y a quelque chose de merveilleux, c’est à Dieu qu’il faut rendre des actions de grâces per Jesum Christum. Il était important que l’on comprît la médiation de Jésus-Christ, et voilà pourquoi l’apôtre revient si souvent sur ce sujet.

v. 9-12. – « Testis enim mihi est Deus, cui servio in spiritu meo in Evangelio filii ejus, quod sine intermissione memoriam vestri facio semper in orationibus meis, obsecrans si quomodo tandem aliquando prosperum iter habeam veniendi ad vos. Desidero enim videre vos, id est simul consolari in vobis per eam, quae invicem est, fidem vestram atque meam. »

Admirons s. Paul. Qui l’empêche d’aller à Rome, puisqu’il peut aller où il veut prêcher l’évangile? Cependant il ne va pas à Rome, parce que Dieu ne le lui permet pas. Cependant comme son désir est grand de voir les Romains, il prie Dieu de lui accorder cette faveur. Il faut un renoncement de volonté absolue, quand on veut prêcher l’oeuvre de Dieu et ne prendre pour soi une charge aussi grande que lorsqu’on peut se dire que l’on ira où les supérieurs enverront et pas ailleurs. On peut prier, on peut demander à Dieu la grâce d’être destiné pour tel ou tel emploi, mais il faut toujours attendre la volonté divine. Saint Paul, à proprement parler, ne connaît pas de supérieur, parce qu’il a une grâce particulière du Saint-Esprit qui le dirige, et voilà pourquoi il se soumet au Saint-Esprit.

Desidero enim videre vos. Voilà l’amour, voilà la charité. Mais comme cette charité est surnaturelle, ut aliquid impertiar vobis gratiae spiritualis, Paul, cette source de grâces qui en répand des torrents partout où il porte ses pas, Paul est pressé de dilater son coeur et de communiquer aux hommes le dépôt qui lui a été confié pour eux. Il sait, de plus, que les hommes sont exposés à tomber et que la grâce attachée à ses paroles les fortifiera. Et c’est ici encore qu’il faut considérer la nouvelle vertu qui est attachée à la parole humaine par la grâce divine. Il suffit de voir ce qu’étaient les enseignements des philosophes, et l’effet qu’ils produisaient pour comprendre que peu à peu le monde se corrompant les noms de vertu et de vice n’étaient plus que des mots sur lesquels on disputait, mais qui n’avaient point ou presque point de rapport avec la pratique; il suffit de voir l’histoire pour comprendre cela. Or paraissent tout à coup des hommes qui, dépourvus de tout moyen humain, avec leur seule parole convertissant le monde. Cette parole était-elle dans leur bouche aussi dégradée, aussi avilie que l’avaient faite les sophistes? Non évidemment. Il y avait en elle une vertu secrète qui charmait. Les peuples se sentaient bien, à mesure qu’elle tombait sur les âmes malades. La force renaissait en elles; c’était une sève vivifiante qui ranimait tout à coup des plantes épuisées; c’était un aliment substantiel qui faisait tomber avec abondance un sang nouveau dans les membres épuisés par une longue faim. Saint Paul comprenait toute la vertu de sa parole et c’est pour cela qu’il dit: desidero videre vos, ut aliquid impertiar vobis gratiae spiritualis ad confirmandos vos. Oh! que l’homme évangélique, pénétré de cette pensée, a de force pour annoncer la parole de Dieu, pour agir sur les peuples! Oh! pourquoi ne comprend-on pas assez ce que c’est que se consoler mutuellement par une foi commune!

Id est, simul consolari in vobis per eam, quae invicem est, fidem vestram atque meam. Voilà la consolation du chrétien et de l’apôtre; quand la persécution est forte, que la tempête est violente, le chrétien cherche du secours à la faiblesse de sa foi dans la foi de son frère.

v. 13. – « Nolo autem vos ignorare fratres quia saepe proposui venire ad vos (et prohibitus sum usque adhuc) ut aliquem fructum habeam in vobis sicut et in caeteris gentibus. Graecis et Barbaris, sapientibus et insipientibus debitor sum, ita quod in me promptum est et vobis qui Romae estis evangelisare. »

De qui s. Paul avait-il des ordres à recevoir? Et cependant le voilà arrêté. Il est débiteur envers tous les hommes, mais il ne peut aller évangéliser qui il lui plaît; il faut qu’il suive dans la distribution des dons célestes l’impulsion d’en haut, sans laquelle son ministère particulier est nul. Le prêtre aussi est débiteur envers tous les hommes, mais débiteur tel qu’il ne doit acquitter ses dettes que lorsque Dieu le lui commande. Et voilà ce qui explique combien de saints prêtres ne font pas tout ce qu’ils pourraient, si d’abord ils se regardaient comme débiteurs de tous les hommes et non pas de quelques hommes, c’est-à-dire s’ils ne prétendaient pas borner volontairement leur ministère à telle ou telle personne, mais s’ils voulaient l’étendre selon la plénitude des grâces qui leur a été confiée; en second lieu, si tout en se croyant une mission ainsi universelle ils ne prétendaient pas suivre leur inclination particulière dans le choix des personnes à qui ils portent le pain de la parole.

Quelle sublime mission! Graecis et barbaris, sapientibus et insipientibus debitor sum. Tous les hommes doivent être embrassés dans un même amour, dans une même charité. Quelle responsabilité terrible! Mais pense-t-on à la responsabilité lorsqu’on aime, lorsque l’amour inspire un dévouement absolu?

v. 16. – « Non enim erubesco evangelium ». Je désirerais comprendre ce que saint Paul entend par ces paroles. Est-ce une déclaration qu’il fait que jusqu’à présent il ne croit avoir rien fait, mais qu’il est prêt à se livrer à la Providence pour suivre l’attrait qui l’emporte vers tous les hommes, pour leur faire du bien? Non, dit-il, je ne rougis pas de l’évangile. Si je ne l’ai pas assez prouvé jusqu’ici, ma conduite désormais convaincra les plus incrédules. Je ne rougis pas de l’évangile, et pourquoi rougirais-je? Qui a la vérité comme moi? Ou bien veut-il faire un reproche indirect aux Romains?

v. 17. – « Virtus enim Dei est in salutem omni credenti, Judaeo primum et Graeco. » – C’est la vertu de Dieu, c’est-à-dire sa grâce, qui est le principe du salut pour le Juif d’abord, ensuite pour le Grec. Tel est l’ordre. Observons deux choses dans ce verset: d’abord, que c’est la vertu de Dieu qui sauve les hommes. Cette croyance, le paganisme l’avait bien affaiblie, le stoïcisme l’avait niée: le sage de cette secte croyait bien à la vertu, mais à une vertu humaine, non pas à une vertu qui descendue du ciel s’empare de l’homme et le soulève au-dessus de la terre. Et comment croiraient-ils en l’idée d’une vertu semblable? Comprenaient-ils ce qu’est le salut? Comprenaient-ils sa nécessité? Ni l’un ni l’autre, car le spectacle de la lutte du bien et du mal dans l’homme était une énigme pour eux. Il fallait que l’on proclamât la nécessité d’une vertu pareille, pour que les peuples se doutassent de ce qu’elle est. Il fallait aussi que Dieu annonce que pour une telle vertu il n’y a aucune distinction: virtus Dei est in salutem omni credenti, et que si l’Apôtre ajoute: Judaeo primum et Graeco, c’est que dans les temps passés le Juif a reçu des bienfaits. Mais ces bienfaits, au lieu de le rendre reconnaissant, n’ont servi qu’à manifester son ingratitude. Dieu lui donne cette dernière marque d’amour; après quoi, il n’y aura plus ni Juifs, ni Gentils, ni Grecs ni barbares. Et cependant quoique Dieu n’établisse pas ce privilège particulier, on le voit dans sa justice accorder à tels hommes qui sont nés dans telle ou telle nation des grâces qu’il n’accordera pas à d’autres hommes. Pourquoi cela?

v. 17-18. – « Justitia enim in eo revelatur ex fide in fidem sicut scriptum est: Justus autem ex fide vivit. Revelatur enim ira Dei de caelo super omnem impietatem et injustitiam hominum eorum qui veritatem Dei in injustitia detinent. »

Que signifie ceci? La justice de Dieu est révélée en cela de la foi dans la foi, selon qu’il est écrit: Le juste vit de la foi. Je ne le comprends pas. – Je crois que ces paroles doivent d’abord s’appliquer à la synagogue, qui retenait injustement la vérité qui devait être prêchée en toute la terre, et c’est pour cela que s. Paul annonce son châtiment. Ces terribles paroles ne pourraient-elles pas s’appliquer aux époques où la foi se retire d’un peuple, ou pour mieux dire aux époques où Dieu punit la perte de la foi dans une société? Revelatur ira Dei de coelo. Alors la colère de Dieu se manifeste. Ces paroles peuvent encore s’appliquer aux gouvernements, qui veritatem Dei in injustitia detinent.

v. 19 et 20. – « Quia quod notum est Dei manifestum est illis. Deus enim illis manifestavit. Invisibilia enim ipsius a creatura mundi per ea quae facta sunt intellecta conspiciuntur, sempiterna quoque ejus virtus et divinitas ita ut sint inexcusabiles. »

Voilà où en étaient les philosophes, du temps de s. Paul. Voilà où en était l’empire, voilà où en étaient tous les hommes, et voilà pourquoi avec l’amour se manifeste la colère. Un grand amour méprisé attire une colère plus grande et cette parole: Deus enim illis manifestavit.

Voilà un passage terrible. Laissons pour le moment l’impie qui sans cesse voit dans le spectacle du monde une condamnation de sa conduite, parlons seulement du chrétien à qui ces paroles s’appliquent avec non moins de force. Et plus encore combien de fois n’ai-je pas été frappé de l’harmonie du monde extérieur? Combien de fois n’ai-je pas admiré comme tout, jusqu’à l’apparent désordre qui trouble quelquefois la nature, concourt à un but unique, universel? Et combien de fois n’ai-je pas vu, dans cette louange muette que la création offre à son auteur, une grande leçon pour moi de le louer d’une manière analogue en établissant, selon que je le pouvais, l’ordre en moi et autour de moi? Où en suis-je?

Mais ce n’est pas tout encore, plongeons plus avant dans la pensée de l’Apôtre: invisibilia hujusmodi per ea quae facta sunt, intellecta conspiciuntur. Il y a donc des rapports entre le monde physique et le monde moral, et l’étude du monde physique peut nous donner de grandes lumières sur la connaissance du monde moral. Admirons la bonté de Dieu qui pour proportionner la vérité à la faiblesse de notre intelligence, lui donne un vivant emblème dans le monde des sens, puisqu’il est un reflet, une ombre du monde des intelligences; mais efforçons-nous de pénétrer par la foi et par la méditation dans le monde des choses invisibles. Rermarquons surtout la folie de ceux qui étudient le monde visible pour lui-même, et non pour arriver à une plus grande perception du monde des intelligences: sempiterna quoque ejus virtus et divinitas: ita ut sint inexcusabiles. De même que le monde visible nous conduit au monde invisible, de même le monde invisible nous conduit à Dieu. Quel sublime spectacle que la contemplation de cette vertu divine, qui gouverne et anime le plan de toute la création dans les deux ordres d’êtres, qui les unit par un lien mystérieux et leur donne sans cesse la vie, le mouvement et l’être: sempiterna quoque ejus virtus et divinitas: ita ut sint inexcusabiles. Mais si tout homme est inexcusable, si la vue du monde ne l’élève pas vers Dieu, combien plus coupable ne sera pas celui qui connaissant déjà et Dieu et sa vertu providentielle, ne veut pas accepter les conséquences de ce principe!

v. 21. – « Quia cum cognovissent Deum non sicut deum glorificaverunt, aut gratias egerunt sed evanuerunt in cogitationibus suis et obscuratum est insipiens cor eorum. »

Tout homme doué de sa raison connaît Dieu, et s’il l’oublie, la nature devient pour lui un grand prédicateur qui lui rappelle ses devoirs; par conséquent, lorsqu’il ne veut pas reconnaître Dieu comme Dieu, il est inexcusable. Mais avançons dans le sens de ces paroles; quia cum cognovissent Deum, non sicut Deum glorificaverunt. Le crime ne consiste pas à méconnaître Dieu, le crime consiste à le connaître et à ne pas lui rendre ce qui lui est dû. La société jette dans le coeur de l’homme l’idée de Dieu qui y entre naturellement pour lui apporter l’amour, la société la communique à l’intelligence humaine par la parole, par le Verbe. Erat lux vera quae illuminat omnem hominem venientem in hunc mundum. Et quand l’homme aurait oublié ces premiers enseignements, tout ce qu’il voit, tout ce qu’il entend, tout ce qui a été fait autour de lui prend une voix pour lui répéter cette grande leçon.

Donc l’homme connaît Dieu. L’athée qui nie son existence, le sceptique qui en doute prouvent, par cela même qu’ils en parlent, qu’ils le connaissent; seulement ils ne veulent pas reconnaître sa vertu et sa divinité, et c’est pour cela qu’ils sont inexcusables. Ils ne veulent pas le reconnaître comme Dieu, parce qu’il leur en coûte trop de rendre à Dieu ce qui lui est dû; car du reste ils le connaissent, mais ils ne sont pas les seuls. Combien qui non seulement ne le nient pas, mais encore le reconnaissent pour ce qu’il est et qui en spéculation lui accordent tout ce qui lui est dû, mais qui ne veulent pas le glorifier comme Dieu, c’est-à-dire le considérer comme l’unique mobile de toutes nos actions, de nos désirs, de nos pensées, qui ne veulent pas lui témoigner leur reconnaissance de ses bienfaits, et qui pour éviter les terribles conséquences qui naissent du contraire de leurs croyances et de leurs actions s’évanouissent dans leurs pensées.

Mais voyez la formidable conséquence. Et obscuratum est insipiens cor eorum. Dicentes enim se esse sapientes, stulti facti sunt. Faisons-nous d’abord une idée du crime que commettent ces hommes, et en second lieu du châtiment qui l’accompagne.

L’homme glorifie Dieu par l’amour, par la foi, par l’obéissance; mais cette obéissance, cette foi, cet amour, pour être dignes de Dieu, doivent être sans bornes. Du moment qu’il [l’homme] y met une mesure, il ne glorifie plus Dieu comme Dieu, car il lui préfère quelque chose. Or le mal qu’il produit est immense, car il préfère quelque chose à Dieu. Or tout ce qui n’est pas Dieu étant créé, il préfère la créature à son créateur et bouleverse l’ordre moral. Il ne glorifie plus Dieu comme Dieu, il le glorifie comme un être imparfait qui n’a pas droit à une gloire parfaite. Dès lors il se rend infiniment coupable, infiniment ingrat, il ne rend pas les actions de grâces qu’il devrait pour les bienfaits reçus. Dieu lui avait donné l’être, il était redevable à Dieu de son être; il le lui devait rendre tout entier, il le refuse. Il ne le glorifie pas comme Dieu, il ne lui rend pas les actions de grâces voulues; mais aussi voyez la peine: evanuerunt in cogitationibus suis. Du moment qu’on détruit la notion de Dieu en lui refusant ce qui lui est dû, on perd le fil de la vérité, on ne peut plus s’attacher à rien de réel, on ne saisit plus que des fantômes. Le Verbe, lumière de l’homme, se retire, l’homme s’évanouit dans ses pensées. Concevez, si vous le pouvez, les ténèbres de celui qui a perdu Dieu, voyez de quelles ruines il est environné. Comme tout lui échappe! Comme ayant nécessairement perdu l’idée de cause, tout dans l’ordre admirable de la création se dissout, se mêle et perd de cette merveilleuse unité qui permet d’embrasser tout le système d’un seul regard. Alors naissent et les problèmes et les systèmes venus des hommes. Dieu les punit par un cruel supplice, car il les livre à leurs propres pensées qui les tourmentent sans cesse et qu’ils ne peuvent saisir: evanuerunt in cogitationibus suis, et obscuratum est insipiens cor eorum.

Je crois bon de faire remarquer la distinction de s. Paul: evanuerunt in cogitationibus suis, l’évanouissement de la pensée; obscuratum est insipiens cor eorum, obscurcissement du coeur. C’est qu’il y a deux genres de ténèbres, les ténèbres du coeur et celles de l’esprit. Les ténèbres de l’esprit sont traduites par l’orgueil qui veut détrôner Dieu, pour établir l’homme centre de l’univers. L’homme qui ne peut chasser Dieu du monde, le chasse de son esprit; mais à mesure que Dieu se retire, la lumière de son Verbe se retire aussi, l’homme ne comprend plus: homo cum in honore esset, non intellexit. Les ténèbres du coeur sont tantôt la cause, tantôt l’effet de celles de l’esprit, mais ne sont pas moins épouvantables; obscuratum est insipiens cor eorum. Le coeur de l’homme s’obscurcit, lorsque rejetant le feu de l’amour divin il s’attache à ce qui n’est que de la terre.

v. 22. – « Dicentes enim se esse sapientes, stulti facti sunt ». Il serait bon de graver cette parole sur tous les monuments d’un peuple, qui, après avoir abandonné Dieu, se déclare sage. Comprend-on en effet la folie de ceux qui se proclament sages et qui repoussent la sagesse par excellence? Ils veulent l’ordre et repousse

Notes et post-scriptum