*Plan d’un cours d’instructions sur le sermon de Jésus-Christ sur la montagne*.

Informations générales
  • TD49.289
  • *Plan d'un cours d'instructions sur le sermon de Jésus-Christ sur la montagne*.
  • [Sermon sur la montagne. Chapitre V de saint Matthieu.]
  • Orig.ms. BJ3, pp. 281-321; D.T. 49, pp. 289-299.
Informations détaillées
  • 1 APOSTOLAT DE LA CHARITE
    1 ASCESE
    1 BON EXEMPLE
    1 BONHEUR
    1 CALOMNIE
    1 CHARITE ENVERS DIEU
    1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
    1 COMPORTEMENT
    1 CROIX DE JESUS-CHRIST
    1 DEVOIR
    1 DIEU LE PERE
    1 DON DE CRAINTE
    1 DOUCEUR
    1 ETRE HUMAIN
    1 FIDELES
    1 HUMILITE
    1 HUMILITE FONDEMENT DE VIE SPIRITUELLE
    1 IMITATION DE JESUS CHRIST
    1 JESUS-CHRIST MODELE
    1 JUIFS
    1 LOI ANCIENNE
    1 LOI NOUVELLE
    1 LUTTE CONTRE LE MONDE
    1 MAJESTE DE DIEU
    1 MARTYRS
    1 MATIERES DE L'ENSEIGNEMENT ECCLESIASTIQUE
    1 MONDE ADVERSAIRE
    1 OEUVRE DE JESUS-CHRIST
    1 PERFECTIONS DE DIEU
    1 PERSECUTIONS
    1 PRETRE
    1 REFLEXION
    1 REGNE
    1 REGNE DE VERITE
    1 RESPECT HUMAIN
    1 RESPONSABILITE
    1 SACERDOCE
    1 SAINTS
    1 SAUVEUR
    1 SERMONS
    1 SOUFFRANCE APOSTOLIQUE
    1 SUFFISANCE
    1 VERTU DE FORCE
    1 VERTU DE PAUVRETE
    1 VERTUS DE JESUS-CHRIST
    1 VOLONTE DE DIEU
    2 ABEL
    2 ABRAHAM
    2 AMBROISE, SAINT
    2 ETIENNE, SAINT
    2 FLAVIEN, SAINT
    2 JEAN-BAPTISTE, SAINT
    2 JEROME, SAINT
    2 LAS CASAS, BARTOLOME DE
    2 MATTHIEU, SAINT
    2 ORIGENE
    2 THEODOSE I
    3 MILAN
    3 NIMES
  • 1838-1844
La lettre

1. – Matth., c. V, vers. 1-5. Mépris des biens de la terre.

Cinis est enim cor ejus, et terra supervacua spes illius, et luto vilior vita ejus. Sap. XV, 10.

Aestimaverunt lusum esse vitam nostram, et conversationem vitae compositam ad lucrum, et oportere undecumque etiam ex malo acquirire. Sap. XV, 12.

Et ponam eam in possessionem herinacii. Is. XIV, 23. Le hérisson, image du mauvais riche. Voyez saint Jérôme, p. 163.

Luxit vindemia, infirmata est vitis. Is. c. XXIV. Voir le commentaire de saint Jérôme, p. 209.

Frange esurienti panem tuum: cap. LVIII; voir s. Jérôme, p. 429.

Ecclésiaste. Tout le chapitre II peut servir à une péroraison.

Beati pauperes spiritu, quoniam ipsorum est regnum coelorum. – Beati mites, quoniam ipsi possidebunt terram. – Beati qui lugent, quoniam ipsi consolabuntur. – Beati misericordes, quoniam ipsi misericordiam consequentur. – Beati mundo corde, quoniam ipsi Deum videbunt. – Beati pacifici, quoniam filii Dei vocabuntur.

Beati pauperes, beati mites. La pauvreté, et la pauvreté supportée avec patience.

Beati qui lugent – Beati qui sitiunt. Les épreuves, les souffrances intérieures.

Beati misericordes envers ceux qui souffrent. Haud ignara mali, la souffrance chrétienne ne rend pas égoïste.

Beati mundo corde, beati pacifici, parce qu’ils ont l’esprit de paix. Le monde peut s’agiter au-dehors, mais eux sont contents.

Jetons les yeux, mes frères, sur cette foule immense qui marche à la suite d’un homme et l’accompagne hors des villes dans la solitude. Quel motif l’entraîne sur ses pas? Sont-ce les richesses? Mais jetez un coup d’oeil sur ses vêtements, ce sont ceux d’un artisan. Est-ce sa science? Le fils d’un charpentier n’a pas été introduit dans les lettres, aucun pharisien ne veut le reconnaître pour son disciple. Sa puissance? Le fils de l’homme, il l’a déclaré lui-même, n’a pas une pierre où reposer sa tête. Qu’est-ce donc? Ah! une vertu surhumaine lui est donnée. Voilà qu’a paru celui qui doit dire aux captifs: sortez; aux aveugles: voyez la lumière. Voilà qu’a paru celui qui vient éclairer ceux qui sont assis dans les ténèbres à l’ombre de la mort, qui doit diriger nos pas dans la voie de la paix.

2. – Bien de l’âme: 5, 6-9.

3. – Lutte contre le monde: 5, 10-12.

Beati qui persecutionem patiuntur propter justitiam, quoniam ipsorum est regnum coelorum. Beati estis, cum maledixerint vobis, et persecuti vos fuerint et dixerunt omne malum adversum vos, mentientes, propter me. Gaudete et exultate: sic enim persecuti sunt prophetas qui fuerunt ante vos.

Heureux les martyrs!

Deux royaumes, le royaume du monde et le royaume de Jésus-Christ. Il y a guerre continuelle entre ces deux royaumes. Les armes de l’un sont la violence, les armes de l’autre sont la douceur, la patience, le calme, la résignation. Il faut nécessairement prendre parti. Le monde nous poursuivra sur cette terre, Dieu dans l’éternité. Vous avez à livrer cette terrible lutte, depuis le premier jour de votre naissance jusqu’au jour de votre mort.

Le Sauveur n’a pas voulu faire cesser ce combat, il a voulu seulement nous donner la force pour remporter la victoire, mais en même temps il a soin de nous avertir de tout le mal que nous avons à endurer. Heureux, dit-il, ceux qui souffrent persécution pour la justice, car c’est à eux qu’appartient le royaume des cieux! Toujours la récompense à côté du travail. Cette persécution est de différents genres. Elle est au-dedans de nous et hors de nous par le démon ou les hommes. Je ne la considérerai aujourd’hui que de la part des hommes.

Respect humain. Les hommes nous poursuivent de leurs sarcasmes.

Contradictions: épouse par son mari, enfant par son père. Heureux ceux qui souffrent contradiction! Un des plus grands obstacles qui s’opposent à la conversion, c’est le qu’en dira-t-on. Ecoutez le Seigneur: Beati eritis, lorsque vous serez exposé à la calomnie. Mais on dira que je suis un lâche. Beati eritis. Quoi donc, il est avantageux d’être calomnié? Oui. De quelque façon que nous agissions, nous serons exposés à la critique du prochain. C’est à savoir ce qu’il vaut le mieux d’être exposé à la calomnie ou à la médisance. – Qui en est exempt? – mais sans aucun résultat de calomnie. Mais nous trouvons une consolation en Dieu.

Femme coquette. Femme pieuse. Homme religieux. Homme corrompu. Beati eritis.

Mais c’est que cette calomnie doit être faite à cause du titre de chrétien. Gaudete et exultate. Oui, toujours la même apparente contradiction. Voilà la science de la croix: se réjouir des insultes et des persécutions. Sic enim persecuti sunt prophetas qui fuerunt ante vos.

Ah! voici la persécution poussée à son dernier degré. – Oui, il faut aimer Jésus-Christ jusques à la mort. Il faut l’aimer dans les persécutions, et voyez comme la foi est ici fortifiée par la doctrine. Quelle est une des plus belles épreuves de notre foi? Ne sont-ce pas ces hommes qui sont comme des preuves vivantes et qui ont été appelés témoins par excellence? Ne sont-ce pas les martyrs, depuis Abel – figure du Messie – jusques à Jean-Baptiste, depuis Etienne jusques à ce religieux, qui, il y a cinquante ans à peine, répandit son sang en tenant embrassé l’autel de ce temple.

Oui, heureux les martyrs! Soyons prêts, à leur exemple, à donner notre sang, mais en attendant faisons l’apprentissage de la persécution en luttant contre le monde et contre nous-même. Soyons des martyrs de charité, de pureté, de pénitence, et nous mériterons d’être les martyrs de la foi.

4. – Exemple. Du sacerdoce: [V], 13, 16.

Projectus es de sepulchro tuo, quasi stirps inutilis pollutus, et obvolutus cum his qui interfecti sunt gladio, et descenderunt ad fundamenta laci, quasi cadaver putridum. Non habebis consortium, neque cum eis in sepultura; tu enim terram tuam disperdidisti, tu populum tuum cecidisti. Isaïe, XIV, 19 sq.

Quasi cadaver putridum sive ut aquila transtulit conculcatum, non habebis consortium sepulturae, nec cum eis quidem quos interfecisti; tu enim magister es, illi fuere discipuli, et cui plus traditum est, plus exigitur ab eo. Hieronymus.

Super muros tuos, Jerusalem, constitui custodes. Is., LXII, p. 462.

Vos estis sal terrae. Sacerdoce. Dieu l’établit pour donner à chacun l’exemple. Ici je ne considère le sacerdoce que comme modèle de l’humanité, mais ce n’est point le lieu de méditer seulement sur ces paroles. C’est à moi à les méditer au pied de la croix pour empêcher, en me les appliquant, qu’elles ne soient un jour le sujet de ma condamnation. Pour vous, vous ne devez chercher dans le sacerdoce que des vertus à imiter, et si vous y apercevez quelques taches, les couvrir de votre manteau, à l’exemple du premier empereur chrétien. Qu’il vous suffise de savoir que s’il y a un jugement pour le fidèle, il y en a un aussi pour le prêtre et que, s’il a le droit d’espérer une récompense plus belle, il doit aussi redouter un châtiment bien plus terrible. Je dis ceci pour ceux qui prétendent que les prêtres ont inventé l’enfer. S’ils l’eussent inventé, ils n’y eussent pas choisi eux-mêmes les tortures les plus cuisantes et les châtiments les plus affreux.

Responsabilité. Tout homme est responsable du salut de son frère: Mandavit unicuique de proximo suo.

Jésus savait la force de l’exemple. C’est pour cela qu’il commença à faire, ensuite à enseigner; ensuite il institua un sacerdoce qui dut être le modèle de toutes les vertus. Les prêtres de la loi ancienne n’étaient pas obligés à cette rigueur de morale. – Supériorité sous ce rapport du sacerdoce catholique; ce qu’il est par rapport aux fidèles, les fidèles doivent l’être entre eux et surtout par rapport aux hérétiques et aux incrédules. Entre eux: le père par rapport à son enfant, la femme par rapport à son époux, les supérieurs par rapport aux inférieurs. Voilà pour l’exemple et voyez le châtiment. Vos estis lux mundi. Sur l’instruction. Le sacerdoce catholique, le plus savant de tous. Obligation de l’instruction. Alors vous serez cette ville placée sur la montagne. Que serait Nîmes, si on voyait régner parmi ses catholiques la pratique de toutes les vertus chrétiennes et l’instruction capable de répondre aux objections des impies et des protestants? Sic luceat lux vestra coram hominibus. Mais il faut qu’elle luise, il ne faut pas qu’elle fume(1).

5. – Jésus accomplit et développe la loi: V, 17-20.

Nolite putare quoniam veni solvere legem aut prophetas, non veni solvere sed adimplere. Amen quippe dico vobis, donec transeat caelum et terra, iota unum aut unus apex non praeteribit a lege, donec omnia fiant. Qui ergo solverit unum de mandatis istis minimis, et docuerit sic homines, minimus vocabitur in regno caelorum, qui autem fecerit et docuerit, hic magnus vocabitur in regno caelorum. Dico enim vobis nisi abundaverit justitia plus quam Scribarum et Pharisaeorum, non intrabitis in regno [= regnum] caelorum.

Trois manières d’accomplir la loi. Jésus vient apporter la réalité de ce qui avait été donné en figure. Jésus-Christ vient faire succéder aux observances légales les sacrements. Jésus est la fin de la loi, il vient l’accomplir par conséquent. Il vient aux pratiques légales faire succéder les sacrements, il vient donner des exemples plus parfaits, il vient mieux faire connaître la vérité.

Nous nous occuperons dimanche prochain du développement de la loi par le développement de la vérité, ce qui nous donnera l’occasion de montrer d’une manière indirecte, mais frappante, l’erreur des hérétiques et des incrédules du jour qui prétendent que la morale suffit, et que chacun peut et doit croire ce qui lui plaît sans s’enquérir de savoir s’il est dans le vrai ou dans le faux. Aujourd’hui nous considérerons l’accomplissement de la loi par Jésus- Christ. Sous un point de vue différent nous aurons à répondre aux personnes qui prétendent que plus l’humanité progresse, plus elle doit être affranchie de toute obligation. Nous leur prouverons qu’au contraire plus l’esprit humain se perfectionne, plus il est lié par de saintes chaînes. Nous ferons ressortir et comprendre l’importance des petites choses, ou plutôt nous ferons voir que dans l’accomplissement de la loi il n’y a rien de petit, si on sait animer toutes ses actions du véritable esprit du christianisme. Enfin nous dirons un mot de ceux qui se contentent de quelques théories philosophiques, au moyen desquelles ils veulent bien regarder le catholicisme comme un mystère vrai, mais qui ne veulent pas prendre la peine de le mettre en pratique.

Non veni solvere, sed adimplere. Les hommes, dans les différents rapports de la vie sociale, ont certaines formes de politesse que l’on doit connaître et observer. Ces formes doivent être observées avec d’autant plus d’exactitude que la personne à qui l’on s’adresse est moins connue ou est dans une position plus élevée. Mais à mesure que des rapports plus intimes s’établissent, les formes peuvent être observées avec moins de rigueur, parce que des liens nouveaux et beaucoup plus forts ont cimenté de part et d’autre les relations. Il en a été de même entre Dieu et les hommes. De là les cérémonies légales, parce que initium sapientiae timor Domini. Dieu voulait inspirer la crainte, plus tard il a voulu conduire par l’amour. Les hommes n’ont pas été tenus à moins, mais ils ont été tenus à autre chose. Toutefois le Sauveur avait besoin de rassurer le peuple qui l’écoutait. Les prophètes se mettant à la portée du sens grossier des Juifs, avaient fait envisager des promesses matérielles. Jésus-Christ donc en parlant de la pauvreté et de la souffrance devait naturellement troubler les idées grossières de ce peuple. Il a donc besoin de le rassurer. Mais, ajoute-t-il, je suis venu accomplir la loi, je viens établir des rapports plus intimes entre Dieu et vous. Mais pour cela il ne devait pas cesser d’établir certaines règles extérieures, et en même temps il développait la loi.

Iota unum aut unus apex non praeteribit a lege, donec omnia fiant.

Rien de plus vaniteux que la prétention de ceux qui disent: Je veux pratiquer la religion en grand. Qu’est-ce qui est grand, qu’est-ce qui est petit dans la religion? Si nous considérons tout ce que nous sommes capables de faire par rapport à Dieu, évidemment tout est petit. Car quel acte de notre part peut supposer un acte digne de quelque chose qui soit complètement digne de l’infinie majesté? Tout au contraire, devient grand si nous considérons les rapports de Dieu aux hommes, car dès lors les actes qui expriment ces rapports reçoivent un prix infini de la vertu que Dieu y attache. Qu’est-ce qu’un peu d’eau et quelques paroles? Ce n’est rien si vous le voulez, et cependant par la volonté de Dieu c’est le signe de l’adoption éternelle. Qu’est-ce qu’un peu de pain et un peu de vin? Ce n’est rien encore, et cependant par la volonté de Dieu ce pain et ce vin cessent d’être, et sous les mêmes apparences ce même Dieu vous montre le corps et le sang de son fils. Et vous direz encore que vous voulez voir la religion en grand? Eh bien, ne l’envisagez pas du point de vue étroit où votre individualité se pose, envisagez-la comme Dieu lui-même la voit. C’est comme un ensemble de rapports imposés à notre volonté, proportionnés à notre faiblesse et qui, dans ce qu’ils ont de plus humble, ont l’avantage immense d’abaisser avec notre orgueil le principe de notre dégradation. Et dès lors vous comprenez qu’une seule lettre, un seul point de la loi ne saurait être effacé.

Car, comprenez-le bien, ce ne sera jamais, si vous le voulez, l’acte en lui-même qui aura une importance, ce sera le sens que vous lui donnerez. Ce ne sera pas, et comprenez alors pourquoi il faut qu’il y ait dans la religion des petites choses, pour nous humilier. – Et puis, bon Dieu, qui vient dire qu’il veut considérer la religion en grand? Ceux qui s’occupent aux plus petites choses: la coquette, le fat, l’esprit superficiel.

Nisi abundaverit justitia vestra plus quam scribarum et pharisaeorum, non intrabitis in regnum coelorum. Voici l’accomplissement de la loi. Jésus-Christ condamne ici deux abus: ceux qui s’attachent à l’extérieur et ceux qui s’attachent seulement à la théorie. Quoique les scribes et les pharisiens soient pour la plupart confondus dans une réprobation commune, par scribes on peut entendre ces hommes qui font des raisonnements à perte de vue et qui n’en agissent pas mieux, et par pharisiens ceux qui affectent un extérieur composé, mais dont la vie s’arrête et souillée de crimes, ces sépulcres blanchis, éclatants au dehors et dont l’intérieur ne renferme que la pourriture du cadavre.

Mes frères, nous lisons dans les Annales de l’histoire ecclésiastique qu’un de ces hommes, à qui Dieu avait donné des grâces particulières pour l’intelligence de sa loi, développant un jour l’Ecriture sainte devant une assemblée de nombreux chrétiens, et même de philosophes païens, s’arrêta tout à coup, et glacé d’effroi en présence des vérités terribles qui s’offraient à son esprit, ferma le livre des saintes Lettres et versa des larmes amères. Mes frères, je ne sais si Origène expliquait à ce moment le passage qui nous occupe, mais un sentiment tout semblable s’empare de moi. A mesure que par la méditation on s’efforce de pénétrer la sainte obscurité de l’Ecriture, l’esprit est accablé à la vue de deux tableaux: d’une part la majesté, la justice, la puissance de Dieu; de l’autre, la corruption, la faiblesse et la révolte de l’homme(2). Que deviendra cet être déchu en présence de son auteur irrité? La pensée s’abîme, mais la miséricorde s’élève.

6. – De la charité par rapport aux torts que l’on fait: V, 21-26.

7. – De la pureté et de la fuite des occasions du scandale: V, 27-30.

Timor Domini sanctus, permanens in saeculum saeculi, judicia Domini vera, justificata in semetipsa. Delicta quis intelligit? Ab occultis meis munda me, et ab alienis parce servo tuo.

Aufer iram a corde tuo, et amore malitiam a carne tua: adolescentia enim et voluptas vana sunt.

8. – Du mariage et du divorce: V, 31-32.

9. – Sur la croix(3).

Non arbitratus sum me scire aliquid inter vos nisi Jesum Christum, et hunc crucifixum.

Tel est, mes frères, le résumé de toutes mes paroles, la croix. Or dans cette instruction je veux la considérer de deux manières: Jésus y est attaché, c’est un autel; Jésus, sorti victorieux du tombeau, la porte entre ses bras, mais c’est un sceptre. La croix de Jésus, autel de son sacrifice, nous apprend à nous immoler avec lui; la croix de Jésus, sceptre de sa puissance, nous apprend à ne compter que sur son appui.

La croix, autel.

Abraham et son fils. – Tous les sacrifices. – Quand vient le temps, il vient et par la souffrance. – Il souffre et souffre volontairement. Cet autel lui sera imposé. – Le prêtre, la victime, le couteau, le feu. – Plénitude du sacrifice.

La croix élevée comme un signe. – Le sacrifice amène la mort, et la mort de Jésus amène la vie. La croix donc communique la vie à tous les hommes, mais si nous voulons prendre part à la vie, il faut commencer par mourir. Parole dure aux passions, parole douce à celui qui entend la voix de Jésus.

Jésus n’a souffert que pour acheter sa puissance. Du moment donc que lui qui était innocent est mort, la mort a été anéantie en lui: il règne, il est le roi de la lumière, de la vie. Il est roi, et la croix est son sceptre. Quelle puissance plus incontestable que la sienne! Postula a me, et dabo tibi haereditatem gentium. On se révolte contre elle: reges eos in virga ferrea. Il triomphe des démons, il triomphe de nos vices. Il triomphe de nous et il l’étend sur nous en signe de bonté. Sa puissance nous protège contre les attaques de nos ennemis. Voulons-nous régner, prenons la croix.

10. – De la charité: V, 38-48.

Estote ergo perfecti, sicut et pater vester caelestis perfectus est.

Le démon veut imiter Jésus-Christ, et il ne croit pas le pouvoir mieux faire qu’en proposant la charité à ceux qu’il tient enfermés dans ses entraves. Je vais donner: 1° l’exposition de la véritable notion de la charité chrétienne; 2° les preuves des effets produits par cette charité.

1° La notion.

Dieu veut que les hommes s’aiment et il leur donne pour modèle de leur amour Jésus-Christ. Mais Jésus-Christ, à son tour, propose aux hommes le Père pour exemple. Estote ergo perfecti, sicut pater vester caelestis perfectus est. Or voici la première différence entre la charité et la bienfaisance. La charité agit en vue de Dieu, la philanthropie en vue d’elle-même. Attendite, ne justitiam vestram faciatis coram hominibus, ut videamini ab eis. La philanthropie donne, la charité donne et agit. La charité est humble, la charité aime ses ennemis, fait du bien à ceux qui la persécutent, prie pour ceux qui la calomnient. Diligite inimicos vestros, benefacite his qui oderunt vos, orate pro persequentibus et calumniantibus vos.

Si maintenant je passe en revue la primitive Eglise: Multitudinis credentium erat cor unum et anima una. Les solitaires qui avant de quitter le monde donnaient leurs biens aux pauvres. – Saint Ambroise vendant les calices de Milan. – Flavien allant trouver Théodose irrité. Bonus pastor animam suam dat pro ovibus suis. La charité dans les couvents, la charité des évêques pendant les invasions des barbares. – Affranchissement des esclaves. – Las Casas au Nouveau Monde. – Civilisation moderne. Si par civilisation vous entendez le progrès matériel, peut-être non; mais le progrès intellectuel, très sûrement. – Les oeuvres de Saint-Vincent et tant d’autres.

Notes et post-scriptum
1. A cet endroit (p. 225 du ms) se trouvent quelques mots de l'auteur précédés de la mention: *suite du n° 5*. On les trouvera à la fin du texte 42.
2. On lit ici dans le ms (bas de la page 300): *voir au n° 4*. Ce sont les mots inscrits là par l'auteur que l'on trouve à la fin de notre paragraphe.
3. Le premier titre *Jurements, simplicité chrétienne, 5, 33-37,* est barré dans le ms.