[Sermons et fragments de sermons 1844-1854]

Informations générales
  • TD50.005
  • [Sermons et fragments de sermons 1844-1854]
  • [Sermon sur l']*Ascension*.
  • Orig.ms. BK3, pp. 181-209; T.D. 50, pp. 5-16.
Informations détaillées
  • 1 ACTION DE DIEU
    1 ADORATION
    1 AMOUR DE DIEU POUR SA CREATURE
    1 ASCENSION
    1 BIEN SUPREME
    1 DESSEIN DE SALUT DE DIEU
    1 DIEU LE FILS
    1 DIVINITE DE JESUS-CHRIST
    1 EGLISE MILITANTE
    1 ENFANTS DE DIEU
    1 ENNEMIS DE L'EGLISE
    1 EPREUVES SPIRITUELLES
    1 ESPECE HUMAINE
    1 ESPERANCE
    1 ETERNITE
    1 FOI
    1 GLORIFICATION DE JESUS-CHRIST
    1 HERITAGES
    1 HUMANITE DE JESUS-CHRIST
    1 INCARNATION DE JESUS-CHRIST
    1 JESUS-CHRIST AUTEUR DE LA GRACE
    1 JESUS-CHRIST CHEF DE L'EGLISE
    1 JESUS-CHRIST JUGE
    1 JESUS-CHRIST MEDIATEUR
    1 MISERICORDE DE DIEU
    1 OEUVRE DE JESUS-CHRIST
    1 PECHE ORIGINEL
    1 PRIERE DE JESUS-CHRIST
    1 PUISSANCE DE DIEU
    1 REDEMPTION
    1 REGNE
    1 SACERDOCE DE JESUS-CHRIST
    1 SACRIFICE DE JESUS CHRIST
    1 SAGESSE DE DIEU
    1 SAINTS
    1 SAUVEUR
    1 SERMONS
    1 SOUFFRANCE SUBIE
    1 SUJETS DU ROYAUME
    1 TRIOMPHE
    1 TRIOMPHE DE L'EGLISE
    1 UNION A JESUS-CHRIST
    1 VERTU DE FORCE
    1 VERTUS
    1 VIE SPIRITUELLE
    2 EZECHIEL
  • 1844-1854
La lettre

Sedet ad dexteram majestatis in excelsis. L’oeuvre du Sauveur des hommes est consommée sur la terre. Le Verbe de Dieu après s’être fait chair a habité parmi les hommes, les a instruits, a souffert, est mort pour eux; il ne lui reste plus qu’à aller prendre place en leur nom de l’héritage qu’il a conquis et qu’il veut partager avec ceux qu’il a adoptés pour ses frères, après avoir adressé quelques dernières paroles à ses apôtres, et leur avoir confié la mission et le pouvoir de régénérer le monde. Jésus s’élève dans les airs et c’est dans les profondeurs des cieux qu’il est assis à la droite du Père environné de majesté, Sedet ad dexteram majestatis in excelsis; c’est dans cette gloire, dans ce triomphe que l’Eglise le propose à nos hommages, à notre adoration, mais gardez-[vous] de croire, mes frères, que cette adoration, ces hommages doivent être stériles. Non, non, dans le mystère de l’Ascension d’un Dieu, je vois le développement magnifique et consolant de la pensée divine; au spectacle d’un Dieu victorieux de la mort, l’espérance ouvrait pour nous les portes de l’éternité. Un Dieu montant au ciel, commence pour nous sur la terre l’oeuvre de notre transfiguration, c’est le prélude de notre triomphe; c’est la pensée de saint Augustin. Ecoutez ce grand évêque: La résurrection du Seigneur, dit-il, est notre espérance, l’Ascension du Sauveur est notre glorification: Resurrectio Domini spes nostra est, ascensio Domini glorificatio nostra est. Mais comment cela, chrétiens? Ecoutez le même Père expliquant sa pensée dans un autre endroit: « Dieu, dit-il, en plaçant au-dessus des astres la nature humaine, montre aux fidèles que le ciel peut leur être ouvert, et leur découvre, en élevant aux cieux le vainqueur de la mort jusqu’où ils peuvent le suivre. Dum humanam conditionem sideribus importavit, credentibus coelum patere posse monstravit, etiam victorem mortis in ecclesia elevavit, victoribus quo sequantur ostendit.

Or, je trouve dans ces paroles du grand évêque d’Hippone tout le mystère de ce jour. Jésus-Christ offrant par son ascension le gage sur la terre de notre victoire sur nos ennemis, dans le ciel notre triomphe; voilà tout son dessein. L’Ascension de Jésus-Christ commence sur la terre notre glorification et la consomme dans le ciel. L’Ascension de Jésus-Christ est le gage de nos victoires sur la terre de nos triomphes dans le ciel.

Première partie.

L’Ascension de J.-C. gage de notre victoire sur la terre.

N’oublions pas, chrétiens, que l’oeuvre de Jésus-Christ ne sera à proprement parler complète que lorsque le nombre des fidèles aura été atteint et que jusques-là nous avons à terminer son oeuvre, et c’est pour cela qu’il nous a laissés ici-bas pour combattre; mais dans son Ascension, je vois la preuve que la victoire nous appartient, si nous le voulons, et qu’il ne dépend que de nous de mériter la gloire qu’il nous destine. Voici comment je raisonne: Jésus-Christ en montant aux cieux m’apprend que je puis vaincre(1):

[1°] parce qu’il ne me laisse ici-bas que pour mon avantage; 2° parce que j’ai à faire à un ennemi dont l’ascension de mon Sauveur manifeste la défaite éclatante; 3° parce que je puis compter sur la prière d’un pontife qui ne craint pas de s’asseoir à la droite de Dieu; 4° parce que je sais que la prière de mon pontife me promet la force même de Dieu pour achever la victoire sur ses ennemis.

Pourquoi, me direz-vous, chrétiens, Jésus-Christ montant aux cieux ne nous associe-t-il pas aussitôt à sa gloire? S’il a vaincu la mort, pourquoi nous laisse-t-il asservis à ses coups? Pourquoi notre transformation ne s’opère-t-elle pas sur-le-champ? Pourquoi faut-il que nous traînions ici-bas une vie d’épreuves et de souffrances? Pourquoi, chrétiens? Parce que Dieu voulait nous laisser une partie de la gloire qu’il reçoit de la victoire sur ses ennemis.

Sans doute, si le Fils de Dieu l’eût voulu, au moment où vainqueur de la mort et du monde il s’élevait glorieux et triomphant dans les cieux, il eût pu convoquant par sa toute-puissance les saints des siècles futurs les réunir au cortège que formaient autour de lui les saints des siècles passés, leur faire partager son triomphe et les introduire avec lui dans les cieux; il eût pu encore laissant les générations poursuivre leurs cours marquer les prédestinés d’un sceau spécial et leur éviter désormais les angoisses de l’attente, les dangers de la guerre, les fatigues des combats. Tout cela il l’eût pu, mais il n’entrait point dans les destinées de l’éternelle sagesse de bouleverser l’ordre des temps, ni de hâter le moment du triomphe assuré. Il convenait, au contraire, que l’oeuvre divine s’accomplît selon une marche lente et progressive, et que le temple spirituel que la main du tout-puissant devait bâtir sur Jésus-Christ s’élevât peu à peu, formé de pierres polies par l’épreuve, la souffrance et la persécution.

Jésus monte au ciel, après avoir fondé son Eglise, il lui donne les siècles pour durée, et renouvelant pour elle sans cesse l’oblation de lui-même, il est assis pour l’éternité dans sa gloire. Attendant, du reste, que ses ennemis soient mis sous ses pieds. Christus unam pro peccatis offerens hostiam, in sempiternum sedet in dextera Dei, de coetero expectans, donec ponantur inimici ejus scabellum pedum suorum. L’Eglise poursuivra donc ses destinées, l’Eglise aura donc la mission de poursuivre dans le temps les victoires de son époux, et c’est ainsi que Jésus-Christ veut lui faire partager ses titres de gloire. Il a offert une victime pour le péché. Le voyez-vous ce glorieux vainqueur montant au plus haut des cieux et attendant le triomphe des siens, leur montrant le chemin de la gloire. Christus initiavit nobis viam novam et viventem. Sans doute encore un coup il pourrait écraser ses ennemis par sa toute-puissance, mais il préfère montrer cette puissance d’une autre manière en la laissant à notre disposition, et parce qu’il sait que notre partage sera d’autant plus glorieux que nous aurons plus combattu, il se retire en quelque sorte de la mêlée afin de nous laisser libres d’agir, et c’est pour cela qu’il nous dit: il vous est avantageux que je m’en aille. Mais admirez ici sa bonté, en même temps qu’il s’en va, il reste, il ne peut se décider à laisser ses enfants orphelins, non relinquam vos orphanos, veniam ad vos. Il s’en va, mais où va-t-il? Il va nous préparer notre demeure, Vado parare vobis locum, et en même temps il reste; il reste avec nous par son esprit, par son amour, par sa grâce qui nous soutiendra toujours, et qui nous soutiendra à travers les temps dans notre lutte envers ses ennemis.

Et l’Eglise commencera cette lutte qui dure depuis dix-huit siècles et qui ne finira que lorsque les temps finiront, et dans l’Eglise, outre ces grands combats de tout le corps, chacun des membres aura ses combats particuliers, et le Christ assis dans l’éternité pour couronner le vainqueur attendra que chaque chrétien lui amène un ennemi terrassé, De caetero expectans, donec ponantur inimici ejus scabellum pedum ejus.

Je vous entends dire, chrétiens, pourquoi ces luttes? Pourquoi ces combats? Ne l’avez-vous pas compris? Afin que l’Eglise partageât sa gloire, afin que la honte de ses ennemis fût plus grande en recevant les derniers coups de leurs anciens esclaves. Hé puis, voyez combien la victoire est facile, les ennemis que mon maître vous ordonne de combattre ont été dépouillés de leurs armes(2): Expolians principatus et potestates, traduxit confidenter, palam triumphans in semetipso. Vous l’avez entendu, chrétiens, les puissances sont vaincues, dépouillées. Jésus-Christ les traîne vaincues à la face de l’univers, et en triomphe aux yeux du monde, palam triumphans in semetipso. Il fait plus, ce divin Sauveur, et en s’élevant vers les cieux il tire après lui les dépouilles de la captivité, il en emporte les chaînes, Christus ascendens in altum, captivam duxit captivitatem.

Ne me parlez donc plus des ennemis que j’ai à redouter, les chaînes dont ils m’écrasaient autrefois, mon libérateur les emporte avec lui dans les cieux, et eux-mêmes, vaincus, dépouillés, attachés, traînés au char de triomphe sont exposés à une honte universelle, Expolians principatus et potestates, traduxit confidenter, palam triumphans in semetipso. Elevez-vous donc vers les cieux, divin Jésus, puisque votre triomphe est le garant de nos victoires. Sans doute de nous-mêmes nous n’eussions pu triompher, mais forts de votre force nous pouvons tout. Nous combattrons donc ici-bas, et après que vous nous aurez rendu facile la victoire, pleins d’espérance nous vous suivrons.

Mais quoi encore! Un général abandonne-t-il les siens dans la mêlée?

Non, certes, et Jésus n’abandonne pas les siens en montant aux cieux.

Lorsque le prophète Ezéchiel vit le Fils de l’homme présenté devant le trône de l’ancien des jours, l’éternel lui donna la puissance, la gloire et l’empire, Dedit ei potestatem, et honorem, et regnum. Mais la puissance sur qui donc? N’était-ce pas sur le monde qu’il venait de triompher? sur le royaume. Mais quel royaume? n’est-ce pas le royaume de la terre? Eh bien, ce royaume, après en avoir été établi le souverain, le Fils de l’homme le laissera-t-il échapper? Non, non, il règne, il règne, sans doute, mais voyez ce qu’il est.

Il vous est avantageux que je m’en aille. Pourquoi? Parce que j’irai prier pour vous. De quoi avions-nous besoin en effet? De la force, mais cette grâce ne peut nous être accordée par en-haut. Par qui l’obtiendrons-nous? par Jésus-Christ. Mais si notre intercesseur est admis auprès du trône, n’avons-nous pas encore ici un nouveau motif d’espérer?

S’élevant vers les cieux, où va-t-il? Il va vers son Père.

Il va prier et intercéder pour nous, et nous savons que sa prière sera exaucée, car écoutez le mystère. Jésus est prêtre et comme prêtre il a offert une victime, mais cette victime offerte sur la terre il va la porter dans les cieux. Le voyez-vous ce pontife qui est à nous: Sanctus, innocens, impollutus, segregatus a peccatoribus et excelsior coelis factus. Quoi! il a pénétré les cieux et sa prière ne serait pas exaucée? Quoi! il l’a déclaré lui-même, lorsqu’il était sur la terre et qu’il demandait quelque chose à son Père, son Père le lui accordait et maintenant qu’il est aux cieux son Père le lui refuserait? Ah! connaissez mieux la prière de Jésus-Christ. Et comprenez d’un autre côté qu’il est là toujours vivant pour intercéder pour nous. Semper vivens ad interpellandum pro nobis. Oh! Jésus, je vous contemple dans les splendeurs des cieux recevant de votre Père une gloire immortelle, mais vous rappelant toujours que vous devez sauver ceux que votre Père vous a donnés. Ah! vous priez toujours pour eux et votre prière est toute-puissante. Venez, mes frères, contempler avec moi cette merveille. Mais quoi, que demandez-vous? La grâce pour votre Eglise et Jésus-Christ vous la refuserait? Mais voyez ce que serait cette grâce que Dieu veut accorder. Ascendens ad Patrem meum, et patrem vestrum, Deum meum, et Deum vestrum. C’est Jésus-Christ qui parle ainsi. Et lui-même ne le dit-il pas? Quidquid petieritis Patrem in nomine meo, dabit vobis.

Deuxième partie(3).

Le péché avait rendu l’homme ennemi de Dieu, l’avait dépossédé du ciel, avait détruit en lui sa grandeur originelle. A ce triple mal il fallait une triple réparation, c’est pour l’opérer que Jésus est venu sur la terre. Mais pour achever son oeuvre, il fallait qu’il remontât vers les cieux, et c’est pour cela que son ascension est le gage de notre triomphe futur. En effet, c’est un médiateur qui va au ciel achever ce qu’il a commencé ici-bas. C’est un frère qui va nous faire rendre notre héritage, c’est le chef victorieux de l’Eglise qui doit nous faire participer à la gloire dont il est lui-même environné.

Sans doute, le Christ après avoir par sa résurrection revêtu une vie toute nouvelle, incorruptible, ne pouvait rester sur cette terre de corruption, il devait s’élever vers les cieux et c’est ce qu’il a fait. Mais voyez comment il poursuit son ministère. Il n’y a qu’un médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ homme, Unus mediator. Hé bien, ce Dieu homme médiateur, qu’a-t-il fait? Quand la haine a été déclarée entre Dieu et les hommes, il a commencé par s’offrir à son Père. Il est descendu ici-bas, et maintenant il remonte vers les cieux, Qui descendit ipse est qui ascendit super omnes coelos, ut impleat omnia.

Mais il faut que la médiation s’accomplisse. Comment cela se fera-t-il? Il faut que les deux ennemis se rejoignent, et voilà pourquoi s’il est remonté au ciel, nous avons l’espérance d’y remonter avec lui; tant que nous n’y serons pas, la médiation ne sera pas consommée. La gloire que Jésus a acquise comme médiateur exige donc que nous montions après lui. Et voilà ce qui rend son sacerdoce éternel. Christus sempiternum habet sacerdotium. Sa médiation dure toujours, Unde et salvare in perpetuum potest, accedentes per semetipsum ad Deum. Voyez la conséquence, le plus beau titre de Jésus-Christ c’est son caractère de médiateur, de prêtre. Ce titre, il en exerce toujours les fonctions, Unam pro peccatis offerens hostiam, in sempiternum sedet in dextera Dei. Il est prêtre, toujours offrant une victime, et toujours pouvant sauver, et toujours accomplissant l’oeuvre de la rédemption, toujours dès lors coopérant à notre salut. Mais c’est-ce que le salut? sinon la réconciliation avec Dieu, sinon la vie de l’éternité. Donc le titre de médiateur nous assure la vie éternelle(4).

L’apôtre saint Paul, dont je ne fais ici que commenter la profonde théologie, nous déclare que Jésus-Christ est à la droite de son Père désirant la mort, afin que nous puissions devenir héritiers de la vie éternelle, Deglutiens mortem, ut vitae aeternae haeredes efficeremur. Mais le Sauveur des hommes ne dit-il pas lui-même: Vado parare vobis locum. Nous voilà donc par Jésus-Christ les héritiers du ciel; mais pour que nous soyons héritiers, il faut que nous entrions en possession de l’héritage; Jésus-Christ est allé en prendre possession, mais la mort ne sera entièrement dévorée que lorsque nous posséderons le ciel(5).

Mais ce n’est pas tout et voyez si l’on peut aller plus loin. Jésus-Christ montant aux cieux, Sedet ad dexteram majestatis in excelsis. Cela lui convient à lui seul, dit saint Thomas, et parce qu’il est l’égal du Père comme Dieu, et comme homme le plus digne de s’approcher. Et saint Paul n’est-il pas de ce sentiment, lorsqu’il demande à quel ange le Seigneur a dit: Asseyez-vous à ma droite? Hé bien, je vais vous révéler quelque chose de prodigieux, c’est que ce n’est pas Jésus-Christ seul qui est assis sur le trône du Père, mais c’est l’humanité toute entière. Conressuscitavit nos, et consedere fecit [nos] in coelestibus in Christo. Et saint Jérôme commentant ce passage dit: Deus ergo qui dives est in sua misericordia, et dives propter charitatem suam, qua dilexit hominum genus, charitatem non simplicem, sed multam, cum essemus mortui propter delicat nostra, vivificavit nos, et non solum vivificavit; parum quippe era bonitati, et magnitudini ejus; sed vivificavit cum Christo Jesu, unam atque eamdem nobis tribuens vitam habere cum Christo. Entendez-vous? Une seule et même vie. Mais, dit saint Thomas, la vie qu’a revêtue Jésus-Christ ne lui permet plus de rester ici-bas. Donc quand nous aurons le complément de la vie de Jésus-Christ, il nous faudra monter avec lui aux cieux. Mais poursuivez et considérez, fecit nos, les temps ne sont rien aux yeux de Dieu, et voilà le ciel. Demandez-m’en une autre explication. Je ne pourrais pas vous la donner. C’est la vie de Jésus-Christ, c’est la gloire de Jésus-Christ, c’est l’union à Jésus-Christ.

A qui sont adressées ces paroles: Sede a dextris? Et Jésus-Christ répond: à celui à qui il a été dit: tu es poussière.

Ne nous plaignons donc plus, mes frères, de ce que notre chef est entré dans les cieux, suivons-le plutôt par les yeux de la foi et voyons quel est notre partage. Chérubin, que le Seigneur plaça à l’entrée du jardin de délices pour en écarter nos parents coupables et proscrits, remets ton épée dans le fourreau. Le premier Adam mérita par sa révolte que sa triste postérité fût à jamais exclue de la terre d’Eden, mais ce n’est plus vers aucun lieu de la terre que le nouvel Adam nous invite à jeter désormais les yeux comme sur la patrie. La patrie pour nous n’est plus ici-bas, elle est dans les cieux, et le nouvel Adam vient aujourd’hui nous en ouvrir les portes. Princes des légions évangéliques, ouvrez les portes de la cité de Dieu; portes éternelles, ouvrez-vous, voilà le roi de gloire qui s’avance, attollite. Et nous, chrétiens, il nous est permis de marcher à la suite de ce roi, notre Dieu, notre chef, notre frère, notre vie.

Mais j’entends dans les cieux un chant d’étonnement qui répond aux soupirs, aux voeux des exilés de la terre. Quel est ce roi de gloire? Quis est iste rex gloriae…, Dominus virtutum.

Vous l’avez entendu, c’est le Dieu des vertus; avant d’arriver à la gloire, il faut passer par la vertu.

Notes et post-scriptum
1. Sept lignes barrées par l'auteur et non reprises ici.
2. Cinq lignes supprimées par l'auteur, non reprises ici.
3. Les six premières lignes de cette deuxième partie, barrées dans le ms, n'ont pas été reprises ici.
4. Dans ce cahier, le P. d'Alzon n'écrit généralement que sur les pages impaires. Cette fois, il a de plus sauté un feuillet entier, passant de la p. 197 à la p. 201.
5. A cet endroit le P. d'Alzon passe de la p. 201 de son cahier à la p. 205.