[Sermons et fragments de sermons 1844-1854]

Informations générales
  • TD50.036
  • [Sermons et fragments de sermons 1844-1854]
  • [Sermon sur] L'EUCHARISTIE.
  • Orig.ms. BK3, pp. 271-299; T.D. 50, pp. 36-44.
Informations détaillées
  • 1 ACTE DE CREATION
    1 AMOUR DE JESUS-CHRIST POUR LES HOMMES
    1 AMOUR DIVIN
    1 ANACHORETES
    1 ASCESE
    1 BON PRETRE
    1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
    1 CORPS DE JESUS-CHRIST
    1 CORPS MYSTIQUE
    1 CRAINTE
    1 DESOBEISSANCE
    1 DIEU
    1 DIEU LE PERE
    1 DISCIPLINE ECCLESIASTIQUE
    1 EFFORT
    1 EGLISE CELESTE
    1 EGLISE EPOUSE DU CHRIST
    1 ENNEMIS DE L'EGLISE
    1 ESPECE HUMAINE
    1 ETERNITE
    1 EUCHARISTIE
    1 GENEROSITE
    1 HUMANITE DE JESUS-CHRIST
    1 HUMILITE DE JESUS-CHRIST
    1 INCARNATION DE JESUS-CHRIST
    1 JESUS-CHRIST AUTEUR DE LA GRACE
    1 JESUS-CHRIST AUTEUR DU PARDON
    1 JESUS-CHRIST CHEF DE L'EGLISE
    1 JESUS-CHRIST NOURRITURE DES AMES
    1 LOI DIVINE
    1 LUTTE CONTRE LE MONDE
    1 LUTTE CONTRE SATAN
    1 LUXURE
    1 MAL MORAL
    1 MARTYRS
    1 MINISTERE SACERDOTAL
    1 MISERICORDE DE DIEU
    1 MORTIFICATION CORPORELLE
    1 MYSTERE
    1 OBEISSANCE DE JESUS-CHRIST
    1 ORGUEIL
    1 PECHEUR
    1 PERES DE L'EGLISE
    1 PERFECTIONS DE JESUS-CHRIST
    1 PERSECUTIONS
    1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
    1 PUISSANCE DE DIEU
    1 SACRIFICE DE JESUS CHRIST
    1 SACRILEGE
    1 SAINT-ESPRIT
    1 SAINTE COMMUNION
    1 SAINTE TABLE
    1 SAINTS DESIRS
    1 SANG DE JESUS-CHRIST
    1 SERMONS
    1 TRIOMPHE DE L'EGLISE
    1 UNION DES COEURS
    1 VENGEANCE
    1 VERTU DE FORCE
    1 VERTUS
    1 VIE SPIRITUELLE
    1 VOIE UNITIVE
    1 ZELE APOSTOLIQUE
    2 BOSSUET
    2 CYPRIEN, SAINT
    2 JUDAS
    2 PAUL, SAINT
  • 1844-1854
La lettre

Action de l’Eucharistie sur l’Eglise.

Ut sit Deus omnis in omnibus. 1 Cor., 15-28.

J’entreprends aujourd’hui, mes frères, de vous dire quelque chose des deux sujets les plus chers à mon coeur. Je les réunis sous un même point de vue, afin de vous révéler selon ma faiblesse comme un rayonnement des éternelles clartés que le mystère de ce jour répand sur le monde régénéré: Dieu, d’une part; l’humanité, de l’autre; entre Dieu et l’humanité, Jésus-Christ Dieu et homme. Jésus-Christ, Fils de l’homme, puisant dans le sein de son Père des trésors inépuisables de science, de sagesse, de sainteté, de vertu, et les répandant à flots sur les hommes. Celui en qui habite corporellement la plénitude de la divinité se communiquant à son Eglise, et à chaque membre de son Eglise selon tout ce qu’il est, par l’Eucharistie. Jésus-Christ et l’Eglise, les rapports de Jésus-Christ avec l’Eglise par l’Eucharistie; voilà de quoi je veux vous entretenir.

Jésus-Christ, chef des élus, les sanctifiant en lui-même; l’Eglise, société des élus, n’étant ce qu’elle est que par Jésus-Christ et recevant tout ce qu’elle peut recevoir de grâces sur la terre par Jésus-Christ, dans l’Eucharistie. Voilà tout mon dessein. Je veux donc vous montrer l’action de l’Eucharistie ou plutôt l’action de Jésus-Christ par l’Eucharistie sur l’Eglise; et comme mon sujet serait infini, je vous préviens que je me borne à deux points de vue principaux, je vous préviens que je me borne à vous montrer comment l’Eucharistie donne à l’Eglise ses deux conditions fondamentales d’existence, en ce qu’elle est pour elle un principe d’unité et un principe de vie.

L’Eucharistie, principe d’unité. L’Eucharistie, principe de vie dans l’Eglise. Voilà mon dessein.

Première partie.

L’Eucharistie, principe d’union dans l’Eglise.

Tout être est essentiellement un, et une société ne peut subsister que comme un tout moral uni par certains liens. Supposez une société qui ne soit pas une, aussitôt elle tombe, elle se dissout et meurt. C’est ce dont nous sommes tous les jours les témoins. Or, d’une part, plus une société est unie par des liens forts et puissants, plus elle a de conditions de durée et de bonheur; d’autre part, il convient que la société la plus parfaite trouve en elle le principe d’unité le plus parfait possible. Cela posé, je dis que l’Eglise possède en elle le principe le plus parfait d’unité sociale, puisqu’elle est unie par les liens les plus parfaits. Quels sont, en effet, les liens principaux qui resserrent une société? J’en trouve trois: la puissance de celui qui commande; la sagesse des lois qui règlent les rapports des membres de la société; l’amour des membres de la société pour le corps social. Or l’Eucharistie me révèle la puissance d’un Dieu qui agit directement sur l’Eglise; un Dieu, la sagesse même, qui non seulement a donné des lois parfaites, mais vient les exécuter dans le coeur des chrétiens, le prodige de l’amour d’un Dieu qui aime assez les hommes pour venir habiter dans leur coeur et aimer en quelque sorte pour eux.

Donnons quelque développement à ces pensées.

Je dis premièrement que l’Eucharistie nous manifeste l’action même de la puissance divine concourant à donner à l’Eglise la plus grande unité possible. En effet, quel est le but de Dieu dans ce sacrement, c’est de nous manifester sa puissance. Memoriam fecit, mais ne veut-il que cela? Quel est son but? C’est de nous élever jusqu’à lui. Voilà pourquoi il s’abaisse, mais en nous élevant jusqu’à lui il nous communique sa puissance(1), de telle sorte cependant que du moment que nous nous séparons de lui, cette puissance nous est enlevée. Or quelle puissance n’a pas une société, dont chaque membre reçoit en lui la puissance de Dieu, de telle sorte que cette puissance ne lui est donnée qu’autant qu’il reste uni à cette société.

Et n’est-ce pas ce qui arrive? Je communie, je reçois un Dieu qui vient être ma nourriture. Nourri d’une substance divine, j’ai une force divine. Dieu est en moi puissance. Pourquoi? Pour arriver à son but, qui est de resserrer toujours de plus en plus l’Eglise dans l’unité. Cette puissance de Dieu agit donc en moi, pour m’unir à l’Eglise et détruire en moi tout ce qui tendrait à me séparer d’elle. Dès lors s’accomplit cette parole: Ego dixi: dii estis, vous êtes des dieux. Mais pourquoi? Pour vous perdre dans l’unité de son Eglise.

Secondement, l’Eucharistie manifeste la loi divine, la sagesse même. Qu’est- ce que l’Eucharistie? C’est le Fils de Dieu fait homme, caché sous les espèces du pain. Mais qu’est-ce que le Fils de Dieu? C’est la loi éternelle. La voyez-vous s’identifiant à de pauvres pécheurs, afin de se mettre en quelque sorte à leur portée?(2)

Quelle a été la pensée du Père en créant le monde? Ce qu’il a produit de plus excellent, la sainte humanité de son Fils. Mais cette humanité, nous le savons est incomplète, tant que l’Eglise ne lui est pas unie. Ecoutez, en effet, ces paroles de saint Paul dans l’épître aux Ephésiens: L’union de l’Eglise et de Jésus-Christ. Lorsque Jésus-Christ, loi suprême, sera en quelque sorte l’âme du corps de l’Eglise, quelle perfection ne lui communiquera-t-il pas? et c’est pour cela qu’il faut tenir compte de cette assistance perpétuelle, par laquelle Jésus-Christ s’incarne chaque jour dans chaque membre.

Enfin Dieu par l’Eucharistie resserre l’Eglise toute entière dans un lien d’amour. Amour de Dieu pour l’Eglise. Que trouvez-vous de plus grand qu’un amour qui vient aimer dans celui dont il veut être aimé?

Dieu dans la création a pour première pensée son Fils. Dominus possedit me ab inito viarum suarum. Mais en second lieu, ce qu’il y a de plus parfait sur la terre c’est l’Eglise ou le corps des élus, car les élus ne sont que par la grâce de son Fils. Sicut elegit nos in ipso, ante mundi constitutionem, in conspectu ejus, in charitate. Jésus-Christ est chef du corps des élus, ils ne sont aimés du Père qu’à cause du Fils, et l’amour du Fils le porte à demander qu’ils soient unis au Père: Ut sint unum. Le Fils se donne à eux; marque d’amour, mais une marque extérieure est nécessaire, l’Eucharistie. Quel plus grand amour pouvait-il manifester?

Puisque Jésus-Christ par l’Eucharistie n’est plus qu’un corps avec l’Eglise, Jésus-Christ prête en quelque sorte son coeur à l’Eglise, mais que voyons-nous dans ce coeur? L’amour de Dieu et l’amour de l’Eglise. Mais la plus grande marque d’amour que Dieu puisse donner à l’Eglise, c’est l’Eucharistie. L’Eucharistie nous donne le coeur de Jésus, nous donne l’amour le plus grand pour Dieu et pour l’Eglise.

L’Eglise n’est plus qu’un corps, dont Jésus-Christ est l’âme. Mens agitat molem…

L’Eucharistie unit les chrétiens entre eux: même corps, même besoin, même esprit, mêmes croyances, même espérance, même bonheur. Unum corpus, unus spiritus, sicuti vocati estis, in una spe vocationis vestrae.

Et maintenant je comprends cette parole de Bossuet: L’Eglise c’est Jésus-Christ, mais Jésus-Christ répandu et communiqué. Qui le répand, qui le communique mieux que l’Eucharistie?

Qu’elle est grande, quelle est puissante cette Eglise, quelle est belle dans son unité! Je me représente en ce moment une action unique, un vaste sacrifice; Dieu du haut de son trône le contemple, l’autel c’est la terre, le prêtre c’est un Dieu, la victime c’est un homme-Dieu. Mais autour de l’autel sont rangées les générations humaines, et toutes celles sur qui coule le sang du sacrifice sont élues, et toutes celles qui participent à la chair de la victime participent dès ici-bas à d’incroyables privilèges. Membres de la société de l’Eglise, ils ont privilège un particulier par la manducation de la victime; ils reçoivent une vie nouvelle. Quelle est cette vie? C’est ce que nous avons à faire voir.

Seconde partie.

L’Eucharistie, principe de vie pour l’Eglise.

Le corps de l’homme porte en lui certains principes de mort qui tendent à sa dissolution. Il en est de même de l’Eglise. Divine par son chef, elle participera dans ses membres aux infirmités de l’homme qui la détruiraient sans une assistance divine. Sujette à deux genres de corruption: ses croyances et ses moeurs; assistée dans ses croyances par le Saint-Esprit, dans ses moeurs par l’Eucharistie. Quelle pureté n’exige pas la réception de ce sacrement!

L’Eucharistie repousse le mal du sein de l’Eglise. Quelle communication peut subsister entre la lumière et les ténèbres? Quelle alliance entre Jésus-Christ et Bélial? Ne me dites donc pas: comment l’Eucharistie peut-elle être un principe de vie? La mort du monde moral, c’est le mal, c’est le vice. Voyez l’Eucharistie les détruisant par sa présence. Quoi! vous comprenez l’orgueil dans un coeur qui se dispose à recevoir un Dieu humilié, qui se cache sous les voiles eucharistiques? Vous comprenez l’esprit de révolte dans celui en qui habitera le Dieu obéissant jusqu’à la mort et la mort sur la croix? Vous comprenez l’esprit de vengeance dans une âme qui se donne à un Dieu qui meurt en priant pour ses bourreaux? Vous comprenez l’impureté dans un corps qui se nourrit du pain des anges? Mais, me direz-vous, cela se voit. Et oui, je le sais. Je sais que parmi les douze apôtres se trouvait Judas. Je sais aussi que, quelques heures après sa trahison, il recevait dans l’éternité le châtiment de son crime. Je sais qu’il y a des communions sacrilèges; je sais que la marque la plus certaine de réprobation est une suite de communions indignes. Je sais que le triomphe de la miséricorde de Dieu, c’est la pardon qu’il accorde quelquefois à une âme qui l’a reçu indignement.

Voilà ce que je sais, mais je sais aussi quelle salutaire terreur inspire la table sainte à l’âme souillée par le péché; je sais quels efforts généreux inspire le désir de se nourrir de son Dieu. Je sais enfin de quelle force divine est revêtu le chrétien faible encore dans les voies de la piété, lorsque plein du désir de vaincre ses passions, de briser les chaînes du péché, il va se nourrir du corps et du sang de son Dieu. Or, l’Eucharistie agissant sur chacun des membres agit sur le corps entier. L’Eglise se fortifie de la force de ses enfants, elle devient plus vigoureuse de la disparition de chacun de leurs maux.

En même temps que l’Eucharistie détruit les principes du mal, elle apporte avec elle une vie toute nouvelle, la vie qui est la santé de l’âme, la force, l’énergie de toutes les vertus. Qu’est-ce que l’Eucharistie, sinon Jésus-Christ. Qu’est-ce que Jésus-Christ, sinon un Dieu parfait et un homme parfait. Or, l’Eucharistie se communique à l’homme selon ce qu’elle est. Or Jésus-Christ, Dieu et homme parfait, se communiquant à l’homme tend sans cesse à le perfectionner, à lui donner dès lors une vie plus parfaite. Mais les conditions de la vie de l’homme, nous les connaissons, c’est la pratique de la loi de Dieu, c’est la pratique des vertus. Et quelle vertu n’habitera pas dans un coeur que la divinité se plaît à remplir de ses dons? Quelle vertu? Est-ce le mépris de la terre, lorsque vient habiter en lui le Dieu de la terre et du ciel? la fuite du monde, lorsqu’il possède l’auteur du monde et celui qui a dit malheur au monde? Est-ce la victoire sur satan, lorsqu’il sait que le prince de ce monde a été jugé? Est-ce l’amour du prochain, lorsqu’il possède celui qui s’est fait homme afin de rendre les hommes ses cohéritiers?

Voyez quels prodiges de force ne produit pas l’Eucharistie: la fuite dans le désert, la mortification, le zèle pour le salut des âmes, le martyre même. Ecoutez une vénérable assemblée d’évêques: les Pères de l’Eglise d’Afrique réunis sous la présidence de saint Cyprien ont été avertis par le Saint-Esprit et de fréquentes visions: crebris assiduisque ostensionibus, que le temps d’une persécution nouvelle approchait; aussitôt, ils ordonnent que les lois de la discipline si sévères pour la réconciliation du pécheur soient adoucies, afin qu’ils aillent puiser dans la participation de l’Eucharistie une vie nouvelle. Il faut, disent-ils dans leur lettre au Pontife de Rome, que l’ennemi qui nous menace nous trouve prêts pour le combat, il faut préparer le peuple entier à des luttes nouvelles, il faut lui fournir des armes, il faut les réunir dans les camps de Jésus-Christ. Et quel moyen de leur donner le courage? Ecoutez: « nous devons les admettre à la participation des mystères: Communicatio nobis danda est, ut quos excitamus, et exhortamur ad praelium non inermes et nudos relinquamus, sed protectione sanguinis et corporis muniamus…, nam quomodo docemus aut provocemus eos in confessione nominis sanguinem fundere, si eis militaturis Christi sanguinem denegamus?

Episcopatus nostri grandis honor et gloria est, pacem dedisse martyribus, ut sacerdotes qui sacrifica Dei quoditie celebramus, hostias Deo et victimas praeparemus. Mais sans l’Eucharistie le martyr ne peut rien: Idoneus non potest esse ad martyrium, qui ab Ecclesia non armatur ad praelium, et mens deficit, quem non accepta Eucharistia non erigit, et ascendit. Sentez-vous, mes frères, toute la force de ces pensées et de ces sentiments sublimes? Voyez-vous des évêques des premiers temps faisant couler avec le sang de Jésus-Christ une vie toute nouvelle dans les veines des martyrs? Voyez-vous cette vie divine se manifestant par des prodiges que le monde n’avait pas connus, et en effet, qui pouvait arrêter le martyr quand Jésus-Christ était dans sa poitrine? Oh! qui dira ce que peut dans le coeur du chrétien l’adorable Eucharistie? Quelles vertus, en effet, n’a-t-elle pas fait germer dans le monde? Et remarquez en passant, que c’est une vie nouvelle qu’un morceau de pain, qu’un peu de vin dans une coupe ne sauraient opérer ces prodiges.

Or, cette vie que l’Eglise possède par l’Eucharistie, elle sent le besoin de la communiquer au-dehors. Les mêmes évêques que je citais tout à l’heure, disaient encore: Episcopatus nostri grandis honor et gloria est, pacem dedisse martyribus, ut sacerdotes qui sacrificia Dei quotidie celebramus, hostias Deo et victimas praeparemus(3).

Comprenez ceci: le prêtre plus rapproché de Jésus-Christ, s’il est digne de son ministère, doit être plus plein en quelque sorte de la vie de Jésus-Chrsit. Elle doit déborder de son coeur, et c’est ce que nous avons vu. Les premiers évêques formaient les martyrs, puis ils se répandaient sur la face du monde, tous les points [?] doivent être vivifiés par le corps et le sang d’un Dieu. Le sacerdoce est chargé de cette mission, il relèvera la société mourante. Nous tenons en mains ses destinées.

Mais cette vie qui commence ici-bas doit-elle avoir un terme? Ah! ce ne serait point une vie divine, si elle devait en avoir un. L’Eglise soumise dans le temps aux épreuves, aux misères de l’humanité, doit dans les splendeurs de l’éternité revêtir une transformation nouvelle, qui est sans tache et sans ride, d’un Dieu homme. Chacun de ses membres vit de sa vie, et c’est alors que s’opère ce prodige que révèlent les paroles de mon texte: Ut sit Deus omnia in omnibus. Oui, l’Eglise ne doit pas toujours combattre, ne doit pas toujours souffrir ici-bas, elle doit comme son immortel époux passer aussi par le tombeau et vaincre la mort. Elle doit vivre de la vie de Jésus-Christ, et Jésus développant dans le ciel les merveilles dont l’Eucharistie ne fait que déposer le germe sur la terre, doit donc être dans cette vie nouvelle. Toutes choses en tous. Ut sit Deus omnia in omnibus. Qui peut comprendre ces choses? Et lorsque l’Eucharistie reposant dans notre coeur, le soulève, le dilate, nous avons bien quelquefois comme le pressentiment de ce qui nous est réservé, mais pour le rendre possible, nous n’avons qu’un mot: Dieu sera tout en tous, tout dans toute son Eglise, tout dans chacun de ses membres: Ut sit Deus omnia in omnibus.

Chrétiens, lorsque l’Eucharistie nous offre de pareils bienfaits, lorsqu’elle nous communique la puissance, la sagesse, l’amour de Dieu même, lorsqu’elle détruit encore le mal, fait régner le bien, nous rend capables de le répandre au-dehors, nous découvre une éternité de joies inénarrables, notre coeur ne palpiterait pas au désir de la recevoir? Oh! Jésus, je vous désire. Venez vous montrer à moi, unissez-moi à votre Père par ces liens merveilleux, donnez-moi votre vie.

Notes et post-scriptum
2. Quatre lignes barrées, non reprises.1. Développer. Ce mot se lit en marge en face d'une accolade englobant la phrase: "Memoriam fecit... nous communique sa puissance".
3. Ce sont les mêmes victimes, puisque dans les martyrs coule le sang de Jésus-Christ.