- TD50.225
- EXPLICATION DES COMMANDEMENTS DE DIEU.
- [Première conférence. L'oubli de la loi de Dieu]
- Orig.ms. BL3, pp. 259-261; T.D. 50, pp. 225-227.
- 1 AMOUR DES AISES
1 ATHEISME
1 CATHOLICISME
1 CLASSES INFERIEURES
1 CLASSES SUPERIEURES
1 COMMANDEMENTS DE DIEU
1 COURS PUBLICS
1 DESOBEISSANCE
1 DEVOIRS DE CHRETIENS
1 DOMINATION DE DIEU
1 EMPIRE DE SATAN
1 ETAT DIEU
1 LOI DIVINE
1 LOI SANS DIEU
1 MAUX PRESENTS
1 PHILOSOPHIE MODERNE
1 QUESTION SOCIALE
1 RATIONALISME
1 REGNE
1 SOCIALISME ADVERSAIRE
2 FENELON
3 NIMES, CATHEDRALE - Hommes de Nîmes(1)
- mai 1850(1)
J’ai besoin tout d’abord de vous expliquer pourquoi je suis dans cette chaire. Parce que je suis plus que jamais frappé des maux qui écrasent l’Eglise et avec elle la société, que tout s’ébranle et chancelle, et qu’il faut plus que jamais montrer la vérité qui reste.
Que vous dirai-je donc?
Je veux vous prévenir contre le mal qui surabonde, mais comment? C’est là le difficile. Le mal est partout, il est en haut, il est en bas.
Et puis, ai-je le temps de réfuter tous les systèmes? Irai-je vous prouver la vérité catholique? mais vous y croyez. Peut-être cependant [certains] n’y croient pas, il faudrait quelque preuve au moins comme en passant et pour eux. Je préfère choisir un terrain plus facile, et vous montrer la cause de tous les maux qui font frémir tout homme honnête qui réfléchit, découlant de l’oubli de la loi de Dieu.
Je mettrai comme en présence deux camps: celui de Dieu et celui de Satan, celui du ciel et celui de l’enfer, le champ de bataille sera la terre.
Je vous montrerai la nécessité de choisir entre l’un ou l’autre de ces camps, nécessité qui résultera de la logique inexorable des faits. Il y a deux cents ans que Fénelon a dit qu’il faut être ou catholique ou athée; aujourd’hui l’on dit: ou catholique ou socialiste; c’est à peu près la même chose. Il faut choisir.
Mais pour arriver à ces conclusions, il y a, je le sais, à renverser bien des préjugés.
Surtout lorsque je montrerai comment le mépris de certains principes éternels a amené certaines conséquences. Et pour cela j’établirai la loi de Dieu, d’une part, de l’autre la loi des hommes ennemis de Dieu.
J’aborderai successivement toutes les questions autant que le temps me le permettra. Je suis résolu à ne reculer devant aucune conséquence.
J’ai dit que je mettrai en regard la loi de Dieu avec la loi de l’homme, ennemi de Dieu.
Cette loi, si c’en est une, est une négation.
La loi de Dieu commence par poser Dieu auteur de toutes choses.
La raison humaine, du premier coup, aspire à l’indépendance; elle nie.
Le pouvoir dans l’état, la raison en philosophie, le plaisir dans leur vie intime.
Voilà la trinité du rationalisme.
Or tout cela est de l’athéisme.
En voulez-vous la preuve?
Ce sont les classes supérieures qui ont fait cette trinité. Hé bien, au-dessous des classes supérieures sont venues les classes inférieures qui ont dit:
« Vous dites que la raison est toute-puissante, mais nous aussi nous avons une raison; elle est moins cultivée, nous voulons qu’elle le soit, et pour cela nous avons besoin de votre or, il faut que vous nous en donniez. Le plaisir est la même chose, il nous en faut, pour le plaisir l’homme a besoin d’argent, nous prendrons le vôtre.
Or quand vous avez placé toute votre espérance dans la raison, votre force dans l’état, votre bonheur dans les sens, direz-vous que vous croyez en Dieu? Non, vous n’y croyez pas.
Souffrez que nous agissions comme vous.
Vous n’y croyez pas avec vos systèmes panthéistiques.
Vous n’y croyez pas avec votre légalité, vous n’y croyez pas avec votre vie d’argent et d’orgies.
Dieu n’est qu’un frein entre vos mains pour nous briser, nous ne voulons d’aucun frein.
Arrière la notion de Dieu! Nous n’en voulons que comme vous en voulez ».
Je ne sais pas ce qu’il y a à répondre à cela.
Je ne sais ce qu’ont à y répondre les classes supérieures, car je ne suis pas leur homme en ce moment, je ne suis pas non plus, à Dieu ne plaise, l’homme des classes inférieures, je suis l’homme de Dieu, qui vient dire aux plus élevés leurs devoirs, aux pauvres leurs espérances, aux catholiques leur mission. Et c’est pourquoi je dis aux uns: tant que vous n’avouerez pas que vous avez fait fausse route, vous serez battus par vos adversaires.
Je dis aux pauvres: si vous croyez que je plaide la cause de vos adversaires, vous vous trompez.
Mais que vous reviendra-t-il de suivre une route où ceux qui vous ont précédé ont marché vers les abîmes? Voulez-vous y tomber?
Otez la notion de Dieu, toute idée de juste et d’injuste disparaîtrait. Où irez-vous avec cette théorie?