EXPLICATION DES COMMANDEMENTS DE DIEU.

Informations générales
  • TD50.228
  • EXPLICATION DES COMMANDEMENTS DE DIEU.
  • Deuxième conférence. Sur l'Adoration de Dieu.
  • Orig.ms. BL3, pp. 263-264 et BL 6 à 9; T.D. 50, pp. 228-232.
Informations détaillées
  • 1 ADORATION
    1 ATHEISME
    1 BIEN SUPREME
    1 CHATIMENT
    1 CHRETIEN
    1 CLASSES INFERIEURES
    1 CLASSES SUPERIEURES
    1 COMMANDEMENTS DE DIEU
    1 CONCUPISCENCE DES YEUX
    1 COURS PUBLICS
    1 DOGME
    1 DOMINATION DE DIEU
    1 DROITS DE L'HOMME
    1 ESPERANCE
    1 ETRE HUMAIN
    1 LOI HUMAINE
    1 LUTTE CONTRE SOI-MEME
    1 MANQUE DE FOI
    1 ORGUEIL DE LA VIE
    1 PROPRIETES FONCIERES
    1 PROVIDENCE
    1 QUESTION SOCIALE
    1 REVOLTE
    1 SENTIMENT DES DROITS DE DIEU
    1 SOCIETE
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    1 SPECULATIONS FINANCIERES
    1 SPOLIATEURS
    1 TRAVAIL
    2 PROUDHON, PIERRE-JOSEPH
    3 NIMES, CATHEDRALE
  • Hommes de Nîmes.
  • mai 1850
La lettre

J’attends une objection, vous avez raisonné avec nous comme si nous étions athées, nous ne le sommes pas; oui, mais vous suivez, parlez et agissez comme si vous l’étiez.(1)

Si vous ne l’étiez pas, vous adoreriez Dieu et vous ne l’adorez pas. J’entreprends de prouver que pour n’avoir pas voulu adorer Dieu, les hommes ont perdu le droit de propriété.

Qu’est-ce que l’adoration? C’est reconnaître le suprême domaine de Dieu sur la créature, raison du sacrifice.

Mais si je reconnais le suprême domaine de Dieu sur ce que je suis, je dois aussi le reconnaître sur ce que j’ai. Que Dieu l’ait, il le montre par la mort, les gelées, les inondations, les révolutions, dont la clef n’est tenue que par l’homme de foi.

Le chrétien l’adore dans la providence, dans la répartition des biens et des maux, et sait qu’il relève de Dieu, mais [rien] que de Dieu; voilà sa dignité, sa gloire.

Est-ce ce qui a lieu dans le temps présent?

On a oublié Dieu, on s’est passé de Dieu, on l’a chassé de partout, de nos lois, de ses temples mêmes.

L’homme a voulu se passer de Dieu, se suffire à lui-même, il a voulu vivre indépendant. Et la preuve, c’est que je vais exciter un grand étonnement si je dis que Dieu est le propriétaire universel. On préfère supposer le monde livré à un fatalisme aveugle ou à un hasard plus aveugle encore. Quelle reconnaissance donnez-vous à son suprême domaine sur vous? Autrefois il y avait des biens, aujourd’hui vous ne lui reconnaissez pas même ses églises.

Nous n’adorons plus Dieu.

Hé bien, Dieu se vengera. Vous niez son domaine, il niera votre droit à rien posséder et chargera les plus rigoureux logiciens de tirer les conséquences(2).

Il ne faut pas seulement connaître Dieu, il faut l’adorer.

Qu’est-ce qu’adorer?(3)

Reconnaissance du domaine suprême.

Or on a nié ce domaine:

1° On a oublié Dieu. Qui s’en occupe. O vous, hommes du monde, quand et comment pensez-vous à Dieu?

2° Vous vous êtes appliqués à ne dépendre que de vous-mêmes, dans vos efforts pour vous attacher à la terre.

3° Vous vous êtes demandé le bonheur à vous-mêmes; – d’où il résulte:

1. L’oubli de Dieu;

2. l’indépendance par rapport à Dieu;

3. le mépris de Dieu.

Le chrétien qui adore Dieu pense à lui, se met dans un sentiment de dépendance par rapport à lui.(4)

Adore les peines mêmes qui lui sont envoyées, comme moyen d’aller à lui. Mais vous n’avez pas voulu de ce système.

Vous n’avez pas voulu adorer Dieu et reconnaître son domaine; il va vous ôter le vôtre. J’ai là tout ce qu’il y a de plus fort sur la propriété, rien que des sophismes.

J’entreprends de prouver que les hommes, pour n’avoir pas voulu adorer Dieu, ont perdu le droit de la propriété.

1° Qu’est-ce que l’adoration? C’est la reconnaissance du souverain domaine de Dieu sur l’homme; mais si en adorant Dieu je reconnais le souverain domaine de Dieu sur ce que je suis, – de là le sacrifice – je puis bien le reconnaître sur ce que j’ai. Il le montre ce domaine par la mort, par la gelée, par l’inondation, et caet.

Si Dieu a un souverain domaine sur tout, il est le souverain propriétaire. [Un mot illisible] catéchisme dit: Dieu est un pur esprit et le souverain seigneur de toutes choses.

Le chrétien reconnaît ce domaine dans la providence, il accepte ses décrets, croit ce qu’il ne comprend pas dans le désordre apparent des choses, fait hommage de ce qu’il est et de ce qu’il a, et vit dans un sentiment de dépendance, mais aussi de confiance, mais aussi dans un sentiment habituel de la présence de Dieu; lui rapporte tout, ses pensées et ses peines.

Est-ce ce qui a eu lieu? Non.

On a voulu se passer de Dieu, on a oublié Dieu. On a fait comme s’il n’existait pas. L’homme a voulu se suffire à lui-même. Dans ses combinaisons politiques, quand a-t-il fait entrer la pensée de Dieu pour quelque chose? Quant à ce qu’il est, il s’est déclaré indépendant. [Pour] ses plaisirs, il s’est déclaré indépendant. Il a supposé le monde livré à un fatalisme aveugle ou à un hasard plus aveugle encore, et s’il a cru à Dieu, ç’a été à un Dieu endormi. Quelle preuve a-t-il donnée de la reconnaissance du suprême domaine de Dieu sur lui? Il ne lui a pas même laissé ses églises.

Dieu avait des biens sacrés, aujourd’hui il ne les a plus. Nous n’adorons plus Dieu.

Hé bien, ce Dieu se vengera, et en attendant les supplices éternels on commence dans ce temps. Si Dieu n’est pas propriétaire, il n’y a plus de raison de respecter la propriété.

J’ai lu avec attention ce qui de nos jours avait été écrit de mieux en faveur de la propriété. Je l’avoue, j’ai trouvé les arguments faibles. Vous dites: l’observation est le meilleur moyen de découvrir les lois de l’humanité. De tout temps l’homme a été propriétaire.

Je dis: de tout temps les hommes ont fait de Dieu la base de la société. Aujourd’hui ce n’est pas ainsi. Donc ou la société est mauvaise ou votre raisonnement est faux. Si faux, ne vous en servez plus; si bon et si la société est mauvaise, subissez les conséquences que vous-même avez posées.

Mais par quels raisonnements? – Par le droit du travail? L’argument joint à d’autres est bon, mais seul absurde. Le droit du travail acquis. – Mais c’est cela, vous avez travaillé sur des terres quand la population était moins nombreuse; aujourd’hui qu’elle l’est plus, on demande un nouveau partage afin que chacun puisse travailler. La terre n’étant pas à Dieu, est à tous. Chacun veut la cultiver à son tour, et quant aux capitaux, que sont-ils que le résultat d’une spéculation? On vous les a prêtés assez longtemps, permettez qu’on s’en serve pour des spéculations nouvelles. Ceci, vous le voyez, se réduit à une question de population, à une question des lois du mariage ou à une question de célibat religieux. Ne me parlez pas de la transmission de la propriété. Si c’est la société qui a établi ce droit, elle peut fort bien le détruire, mais je réserve cette question. Je me réserve de vous prouver qu’en dehors du dogme chrétien la transmission de la propriété n’a aucune raison d’être qu’une loi, et la loi faite par les uns [sera] détruite par les autres. Mais si Dieu est le maître suprême, tout change de face. Les riches ne sont pas les propriétaires, ils ne sont que les économes, que les fermiers obligés à donner le superflu. – Erreurs sur le superflu.- Droits de la religion à demander.

Mais cela ne donne aucun droit aux pauvres à prendre, car s’ils prennent, ce n’est pas aux riches, mais à Dieu même. Voilà pourquoi Proudhon est athée. Et toutefois consolation. Si Dieu est le maître absolu et qu’il soit bon, s’il vous prive de ces biens, c’est qu’il a une pensée meilleure, comme un père qui refuse quelquefois quelque chose à son fils.

Ne me trompé-je pas dans ce que j’ai dit? N’ai-je pas manqué mon but? Sentiment triste.

Essayons aujourd’hui.

Quel est le premier et le plus grand commandement? Transformation par Jésus-Christ.

Elévation au-dessus de tout sentiment terrestre.

Difficile, inexplicable.

Besoin que l’homme a du bonheur.

Dieu s’offre comme le terme du bonheur.

Pourquoi l’homme ne l’accepte-t-il pas?

Qui expliquera cela?

M. frères, jusqu’à présent j’ai distingué trois classes d’auditeurs.

Aujourd’hui je parlerai à tous.

Pourquoi Dieu n’est-il pas aimé?

1° parce que la foi s’affaiblit.

2° Parce que l’homme est gravement troublé en lui-même. Descendons dans l’âme humaine et comme le médecin scrute les causes de la mort dans le cadavre, étudions dans cet être immortel et mort à la fois. J’y trouve d’incroyables perturbations.

Qui expliquera l’amour de la destruction?

Qui expliquera l’amour de la cruauté marchant d’un pas égal avec l’amour des plaisirs?

Qui expliquera l’esclavage?

Qui expliquera la mort?

Qui expliquera la guerre?

Qui expliquera l’ambition, le besoin de commander aux autres, quand on veut la liberté?

Qui expliquera la famille et l’adultère?

Contradictions effrayantes! Qui vous expliquera le péché originel?

Cette ruine qui a été faite dans l’homme, par laquelle l’homme a rapporté tout à lui, tandis qu’il lui faut rapporter tout à Dieu. Et cependant l’homme est fait pour Dieu.

C’est pour l’éternité que nous devons travailler. Voyez aussitôt quelle faible importance prennent les intérêts de la terre?

C’est là ce qui fait la force des martyrs.

Vous êtes forcés d’en revenir à la double nature qui se trouve en vous, il faut prendre un parti.

Nécessité de combattre contre cette nature, mais chaos inexplicable, quand on n’accepte pas la doctrine catholique.

Mais quoi! direz-vous?(5)

Notes et post-scriptum
1. Tros lignes barrées par l'auteur en tête de cette conférence. Sept autres entre les paragraphes 23 et 24. Non reprises ici.
2. Les notes qui suivent jusqu'à la fin de ce document se trouvent sur feuilles volantes. La première (BL6) se termine avec le paragraphe 24, la deuxième (BL7) au milieu du paragraphe 35, la troisième (BL8) après le paragraphe 36 et la quatrième (BL9) à la fin de la conférence.
3. Dans la marge l'auteur a écrit le chiffre 2.
4. Ce paragraphe est séparé du précédent par un trait et est précédé du chiffre 1.
5. Le reste manque.