EXPLICATION DES COMMANDEMENTS DE DIEU.

Informations générales
  • TD50.233
  • EXPLICATION DES COMMANDEMENTS DE DIEU.
  • Troisième conférence. Sur l'amour de Dieu.
  • Orig.ms. BL3, pp. 267-270; T.D. 50, pp. 233-236.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DIVIN
    1 ATHEISME
    1 BIEN SUPREME
    1 BLASPHEMATEURS
    1 BUT DE LA VIE
    1 CATHOLIQUE
    1 CHARITE ENVERS DIEU
    1 CHATIMENT
    1 CHRETIEN
    1 CONCUPISCENCE DES YEUX
    1 CONSENTEMENT
    1 CONVERSION SPIRITUELLE
    1 COURS PUBLICS
    1 DESESPOIR
    1 DEVOIRS DE CHRETIENS
    1 DOCTRINE CATHOLIQUE
    1 EFFORT
    1 ENNEMIS DE LA SOCIETE
    1 ENSEIGNEMENT DE JESUS-CHRIST
    1 GRACE
    1 ILLUSIONS
    1 PECHE ORIGINEL
    1 RATIONALISME
    1 SOUFFRANCE SUBIE
    3 NIMES, CATHEDRALE
  • Hommes de Nîmes.
  • mai 1850
La lettre

Dieu ne veut pas seulement être adoré par l’homme, il veut encore en être aimé: Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de toutes tes forces. C’est J.-C. qui nous le déclare; c’est le premier et le plus grand des commandements. Laissant de côté une foule de considérations, je me propose de prouver que ce commandement est le plus grand de tous, parce qu’en indiquant à l’homme ses rapports immortels avec Dieu, il lui fixe le terme absolu de sa destinée.

Mais avant d’aller plus loin, je ne puis me défendre d’une pensée pénible. Serait-il vrai que l’on donnât à mes paroles une portée qu’elles n’ont pas? Je m’étais proposé de vous faire assister à un châtiment sévère donné par Dieu à ceux qui depuis 150 ans l’ont voulu exclure de partout, et de ce châtiment je concluais la menace de celui bien plus terrible qui nous menace, si nous ne revenons au plus tôt sur nos pas.

On a cru voir dans mes paroles que pour donner tort à certains adversaires du christianisme, je donnais raison aux autres. J’étais bien loin de cette pensée.

Je disais, trois classes d’hommes sont en présence aujourd’hui: les rationalistes qui proclament le suprême domaine de l’homme ici-bas, les hommes qui tirant la conséquence sont allés jusqu’à dire: Dieu est le mal, et les catholiques. Or je disais aux premiers: vous n’avez pas ce que vous avez voulu; aux autres, vous voulez le désordre, mais nous seuls avons le droit de vous le dire; enfin je disais aux catholiques: votre méthode est magnifique, mais vos devoirs sont immenses, et je viens vous dire de faire effort pour les remplir. Quelques personnes prétendent qu’ici les rationalistes sont vaincus et qu’il est peu gracieux d’insulter aux vaincus. Je voudrais partager cette illusion que les rationalistes soient vaincus, mais enfin supposons qu’ils le soient, paix aux vaincus, laissons-les de côté.

Il est des adversaires plus dangereux, ceux qui menacent la société et tout ordre; c’est devant eux que je me pose et je dis: deux idées sont en présence.

L’idée catholique qui dit le terme du bonheur de l’homme c’est Dieu, et le système de ceux qui ne voient d’autre destinée pour l’homme que la terre.

Et d’abord établissons bien positivement l’importance de cette question, quel est le terme de la destinée de l’homme? Est-ce la terre? est-ce le ciel? Si c’est le ciel, tout sur la terre doit être subordonné à cette pensée.

Si c’est la terre, tout ce qui peut concerner le monde au-delà du temps n’est qu’une chimère, une illusion. Et cependant n’est-ce pas là où aboutissent tous les systèmes, la préoccupation exclusive du développement de l’humanité ici-bas?

Et pour faire un appel à la conscience, à la bonne foi, franchement en dehors des chrétiens qui s’occupe d’une autre vie, qui travaille pour une autre vie?

Je ne pense pas qu’il faille davantage insister sur cette pensée, elle se prouve par elle-même.

Ceci posé, ceux qui se préoccupent exclusivement du but de l’homme ici-bas, se partagent en deux catégories: ceux qui croient en Dieu et ceux qui n’y croient pas. Examinons les deux systèmes.

Vous croyez en Dieu, vous devez le supposer bon; expliquez-moi, vous qui placez le honheur de l’homme sur la terre seulement, les contradictions de l’homme qui font sa perpétuelle souffrance. Et que de contradictions, en effet!

Amour de la vérité. – Partout ignorance, erreur.

Amour du bien. – Partout le vice.

Amour du bonheur. – Partout souffrance.

Amour de la vie. – Partout des tombeaux.

Et l’homme trouve son bonheur sur la terre.

Dites donc plutôt en face de ces contradictions que si le bonheur de l’homme est ici-bas, Dieu n’est pas bon, et s’il n’est pas bon, il n’existe pas.

Mais si Dieu n’existe pas, le désordre va être bien pire. Sur la foi d’un Dieu, je vois une certaine morale subsister, mais étant donné mon besoin du vrai, du bien, de la félicité, de la vie, me voilà livré à un permanent désespoir.

Sans Dieu, je sais que je n’aurai aucune vérité.

Sans Dieu plus de bien, plus de bonheur, plus de vie éternelle, plus rien qui étanche ma soif de l’infini. O vous qui limitez vos espérances à la terre, vous n’avez donc jamais compris le besoin de l’infini? Si Dieu n’est pas, où sera la vérité? le bien? le bonheur? l’immortalité? l’âme? Avant j’en avais une certaine idée mais la difficulté était de l’atteindre, maintenant sans Dieu impossible de l’atteindre jamais. Et vous voulez laisser l’humanité dans cet état, la plonger dans cet abîme?

Que ceux qui acceptent un peu de terre pour terme de leurs destinées s’en contentent, pour moi il me faut quelque chose de plus.

A cette doctrine désolante, j’oppose la doctrine catholique. Et d’abord, je ne veux pas vous la prouver, elle se prouve depuis six mille ans.

Ensuite, vous en conviendrez avec moi, elle est trop belle, trop faite pour l’homme pour ne pas lui aller, si certains obstacles ne s’y opposaient. Quelle est cette doctrine?

Dieu principe de tout, centre de tout.

Et comme le soleil communique la lumière, la chaleur, la vie, Dieu communique la vérité, la chaleur, la vie.

Dieu est la perpétuelle régénération des âmes.

Mais quoi! me direz-vous, ceci ne se voit pas ici-bas.

Je vous attendais là. Ne vous ai-je pas dit que Dieu est éternel?

Voilà l’explication du mystère.

Dieu a fait l’homme pour lui.

Dieu a laissé l’homme libre.

L’homme s’est révolté.

Péché originel. – Transmission du péché originel.

Péché actuel. – Désordres. – Respect de Dieu pour la liberté.

Qu’est-ce que l’amour sans la liberté? Conséquences de la liberté.

Donc désordre. – Donc épreuve. – Donc mérite.

Mais l’homme trop faible.

Sic Deus dilexit mundum.

Second amour de Dieu. Amour travaillant dans l’homme.

Ut nos divinitatis suae tribueret esse participes. – Conséquences.

Ah! que tout est petit sur la terre! Que tout doit être subordonné à une pareille grandeur!

En face d’un pareil terme que tous les autres sont petits!

Diligamus ergo Deum, quoniam ipse prior dilexit nos.

Notes et post-scriptum