[Notes d’instructions vers 1841]

Informations générales
  • TD50.285
  • [Notes d'instructions vers 1841]
  • INDIFFERENCE.
  • Orig.ms. BL14, pp. 121-127; T.D. 50, pp. 285-288.
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
    1 APATHIE SPIRITUELLE
    1 BIEN SUPREME
    1 BUT DE LA VIE
    1 CHRISTIANISME
    1 CONSCIENCE MORALE
    1 CONSENTEMENT
    1 DECADENCE
    1 EGLISE NATIONALE
    1 ENFANTS
    1 ENSEIGNEMENT DE LA VERITE
    1 HAINE CONTRE DIEU
    1 INDIFFERENCE
    1 INSENSIBILITE
    1 PAUVRE
    1 PREDICATION
    1 SOCIETE
    2 PAUL, SAINT
    2 PILATE
  • vers 1841
La lettre

Dicit ei Pilatus: Quid est veritas?

Voilà ce que l’on se demande avec l’indifférence de Pilate, et cependant on se pose les plus grands problèmes pour ne pas les résoudre. Et l’on reste dans l’indifférence. Je viens attaquer cette disposition d’esprit et voici ce que j’ai à dire, ou elle est théorique ou pratique; si théorique, rien de plus dégradant; si pratique, rien de plus coupable.

1° Indifférence théorique.

La suprême sagesse a tout disposé pour une fin, et tout dans la nature obéit à cette fin.

Or le privilège de l’homme est de concourir librement et par sa volonté et sa raison à la fin voulue par Dieu, de telle sorte que ce qui caractérise les actions humaines, c’est que l’homme en soit le maître. Illae solae actiones propriae dicuntur humanae, quarum homo est dominus: magnifique privilège par lequel la providence consent à ce que l’homme trouble l’ordre établi par elle, afin de respecter la liberté qu’elle a accordée à ce roi de la création. Mais de là l’obligation pour l’homme d’étudier la manière dont il se conformera au plan de la providence.

Car l’homme peut proposer à ses actions plusieurs buts, et selon qu’ils seront bons ou mauvais, ses actions seront bonnes ou mauvaises. Secundum quod finis est culpabilis vel laudabilis, secundum hoc opera nostra sunt laudabilia vel culpabilia, dit St Augustin.

D’où vous voyez la dégradation de l’homme qui ne veut pas connaître le but, pour lequel il est créé et qui doit diriger ses actions.

Car il ne peut en avoir qu’un, auquel tous les autres sont subordonnés et deviendront des moyens.

En sorte que tout ce que fait l’homme comme homme, il le fait pour une fin dernière qui doit absorber toutes les autres; car quand il agit en vue de diverses fins, il agit d’une manière contradictoire.

Cette fin c’est Dieu.

Allons plus loin, tous les hommes doivent travailler pour une fin commune. Or la seule où ils puissent se rencontrer, c’est Dieu.

Le plus haut intérêt de l’humanité tout entière est donc de connaître le moyen d’aller à Dieu; ce moyen c’est la religion.

Il est vrai que d’autres placent leur but ailleurs, mais au moins faut-il l’étudier, et celui qui ne l’étudie pas du tout n’est plus un homme. On devient moins homme à mesure qu’on s’avance davantage dans l’indifférence.

Mais, dites-vous, pourvu que je pratique une religion quelconque, peu importe laquelle. Vous dégradez Dieu qui vous aurait, dites-vous, ordonné de pratiquer une religion et ne vous aurait pas donné les moyens de connaître la vraie.

Mais vous allez plus loin encore: je ne sais pas si je puis connaître la vérité. Ah! je vous comprends, vous n’êtes pas capable, vous êtes trop faible, allez vous ranger à côté de la brute.

Dans tous les cas convenez que vous êtes grandement insensé. On vous dit: la liqueur que vous prenez est empoisonnée, vous répondez: peut-être, et vous videz la coupe.

On vous dit: le feu est à votre maison, vous répondez: peut-être qu’il n’y est pas, et vous continuez. On vous dit: Dieu vous menace de sa justice, et vous dites: peut-être, et vous ne vous inquiétez pas de votre bonheur à venir.

Ah! nous savons la dégradation où tombe une société que l’indifférence dévore. Tout principe généreux y est éteint; l’égoïsme, le plaisir y dominent seuls; Dieu et la vérité n’y sont plus rien; la conscience, la raison, tout y est épuisé.

Mais, dites-vous, Dieu est trop loin de moi. – Non, non, mon frère, il n’est pas loin. Appropinquans ego sum, et non Deus procul, dit Jérémie. Quamvis non longe sit ab unoquoque nostrum, dit saint Paul.

Ce qui vous éloigne de Dieu, ce sont vos fautes: Nonne peccata vestra dividunt, inter me et vos?

2° Indifférence pratique.

1. Envers sa propre conscience.

2. Envers la société.

3. Envers Dieu.

1. L’indifférence, c’est le suicide de la pensée et de la volonté. Vous seriez sensible à tout, excepté à vos plus chers intérêts! Mais la conscience ne meurt point.

2. Envers la société. L’insulte la plus sanglante, insulte de l’Eglise nationale; insulte envers les pauvres, qu’on veuille pour eux d’une religion ou qu’on n’en veuille pas; si on en veut, on leur jette un bâillon; si on n’en veut pas pour eux, on leur enlève le bonheur en ce monde et en l’autre.

Envers les enfants.

3. Envers Dieu à qui l’on dit: ou tu n’es pas juste ou tu n’es pas puissant. Pas juste, si tu ne fais pas connaître ta volonté; pas puissant, si tu ne la fais pas respecter.

Super quae percutiam vos, ultra addentes praevaricationem… vulnus, et livor, et plaga tumens…, facti mihi estis in satietatem, nequaquam dimittam peccata vestra.

Eternelle protestation de la vérité et de la charité catholique.

Notes et post-scriptum