[Cahier de notes de sermons, vers 1840]

Informations générales
  • TD50.324
  • [Cahier de notes de sermons, vers 1840]
  • PLAN D'UN SERMON SUR L'HUMILITE
  • Orig.ms. BM1, pp. 11-15; T.D. 50, pp. 324-328.
Informations détaillées
  • 1 APOSTASIE
    1 ATHEISME
    1 CHARITE ENVERS DIEU
    1 CHATIMENT DU PECHE
    1 COMMERCE
    1 CONNAISSANCE DE SOI
    1 CONSEQUENCES DU PECHE
    1 DECADENCE
    1 EGOISME
    1 ESPERANCE
    1 FOI
    1 FONCTION SACERDOTALE
    1 HERESIE
    1 HUMILITE
    1 LUTTE CONTRE LE MONDE
    1 MORT
    1 MORT DE L'AME
    1 ORGUEIL
    1 PAROLE DE DIEU
    1 PHILOSOPHIE MODERNE
    1 PREDICATION
    1 REGNE DE VERITE
    1 SOUVERAINETE DIVINE
    1 VERITE
    1 VERTU DE FORCE
    1 VERTUS DE JESUS-CHRIST
    2 JEAN-BAPTISTE, SAINT
    2 JEROME, SAINT
    3 TYR
  • vers 1840
La lettre

Tu quis es.

En abordant cette chaire, sentiment de tristesse. Comme à Jean, on demande au prêtre qui il est. Lui, ministre d’une religion qui s’éteint, il peut bien répondre: Vox clamantis in deserto. Le monde n’est-il pas un désert? On vient pour le juger, on [ne] vient pas pour savoir ce qu’il dit. On vient pour blâmer ou approuver sa voix, son geste, sa diction, mais non pas pour recevoir sa parole. Et cependant l’une des insultes les plus graves que l’on puisse faire au sacerdoce de Jésus-Christ, c’est de juger sa parole comme une parole humaine.

Quoi qu’il en soit, en méditant l’Evangile j’ai cherché à découvrir quel était le motif pour lequel les pharisiens profitèrent si peu des paroles de Jean, pour lequel les hommes se perdent dans le monde. J’ai vu l’orgueil. D’un autre côté, j’ai été frappé du caractère des réponses de Jean, en opposition avec la question qu’on lui adressait, et j’ai été frappé de son humilité. Je me suis demandé pourquoi l’Eglise proposait aujourd’hui cet Evangile et j’ai vu que le plus grand obstacle au bienfait de l’Incarnation était l’orgueil, la plus grande préparation, l’humilité. Je viens donc vous parler de l’humilité. Je prouve sa nécessité par les maux que fait l’orgueil, par les biens que l’humilité prépare. Je m’adresse aux fidèles, aux douteux, aux incrédules.

[I]. Maux de l’orgueil.

L’affaiblissement de la vie. Les maux que cause l’orgueil sont la séparation de Dieu, les ténèbres, le désordre, la mort.

La séparation. – Initium superbiae hominis, apostatare a Deo. – In ipso vita erat. Le Verbe, c’est la vie. De même que le soleil aux natures physiques, de même Dieu au monde des esprits. Pourquoi? C’est que l’homme veut se faire centre. Il brise, pour ainsi dire, les rayons de la splendeur divine pour s’en faire une auréole usurpée. Mais de même que la plante arrachée du sol natal périt bientôt, de même les sources de la vie tarissent pour celui qui se sépare de Dieu. Comprenez-vous maintenant ce cri que pousse l’Ecclésiaste? Taeduit me vitae meae, videntem mala universa esse sub sole, et cuncta vanitatem et afflictionem spiritus.

Désenchantement universel, projets avortés, illusions tombées. – Ce jeune homme. – De là, les suicides. – On ne veut pas de la vie du corps, quand on a perdu le principe de la vie de l’âme. Qui a fait ces maux? C’est l’orgueil.

Mais la vie, qu’est-ce donc? Vita erat lux hominum. – Erat lux vera quae illuminat omnem hominem venientem in hoc mundum.

On ne comprend pas assez que, Dieu étant le principe de toutes les vérités, c’est en Dieu seul qu’elles s’enchaînent et que sans Dieu on aura des faits isolés, mais on n’aura pas la vérité dans son ensemble. Et c’est pour cela que le chrétien ignorant, mais plein de foi, contemplant le bouleversement dont nous sommes les témoins et disant avec résignation: Dieu l’a voulu, prononce une parole bein autrement philosophique, dans la rigoureuse acception du mot, que celui qui étudie tous les ressorts par lesquels Dieu a fait jouer la machine sans remonter au principe moteur.

Mais l’orgueil n’est pas satisfait, et comme l’homme ne sait le tout de rien, il lui sera impossible de saisir avec sa raison l’ensemble des choses, et de là, l’erreur. Et puis, comment trouver la vérité, lorsqu’on la cherche non pour elle-même, mais pour l’honneur qui en revient? Quomodo vos potestis credere, qui gloriam ab invicem accepistis, et gloriam quae a solo Deo est non quaeritis?

Voyez ce qui se passe. Tout philosophe dit: Mes prédécesseurs sont des absurdes, et il serait bien fâché qu’il en fût autrement; il n’aurait pas l’espoir de trouver la vérité. Il y a dans ceci une profonde leçon: l’aveu que fait tout homme de l’impuissance de la raison humaine chez les autres.

L’orgueil qui veut s’asservir la vérité. Ah! le premier pas que vous faites vers la vérité est une insulte, et vous prétendez qu’elle se manifeste à vous. Quomodo?

Femme du monde: vanité; adorateurs; culte; Quomodo credere…

Chrétiens pieux, qui vous recherchez encore vous-mêmes.

L’orgueil empêche de découvrir la vérité et il la fait perdre. Les hérésies.

Tentation de Jean. – Etes-vous prophète?

Oui, c’est un prodige qu’un ambitieux, un vaniteux ayant la foi.

Désordres de l’orgueil. – Le Verbe est la loi vivante.

Lucerna pedibus meis verbum tuum, et lumen semitis meis. Juravi et statui, custodire judicia justitiae tuae.

Désordres dans le monde dès qu’on s’éloigne de Dieu.

Désordre en soi-même, désordre dans la famille.

Désordre dans la société, désordre contre Dieu.

Suites: jalousie, hypocrisie, haine, endurcissement, souffrance – qui ne souffre pas? – châtiment que Dieu inflige.

Deux exemples à la sagesse moderne et au commerce, ce sont les deux veaux d’or – la philosophie.

Qui exprobrasti, et quem blasphemasti, adversumque exaltasti vocem et levasti altitudinem oculorum tuorum? Ad sanctum Israël. Habitationem tuam, et ingressum tuum, et introitum tuum cognovi, et insaniam tuam contra me, et cum fureres adversum me, superbia tua excedit aures meas. Ponam ergo circulum in navibus tuis et fraenum in labiis tuis, et reducam te in viam per quam venisti.

Tu parles de progrès et moi je te ferai rétrograder.

Châtiment du commerce. Onus Tyri. Ululate naves maris. Quis cogitavit hoc super Tyrum, olim coronatam, cujus negotiatores principes, et institores ejus inclyti terrae? Dominus exercituum cogitavit hoc, ut detraheret superbiam omnis gloriae, et ad ignominiam duceret universos inclytos terrae. Ululate, naves maris, quia devastata est fortitudo vestra.

La mort.

[II]. Biens de l’humilité.

[L’humilité] prépare la foi. Définition: Virtus qua homo verissima sui cognitione sibimetipsi vilescit. – Connaissance de soi-même. – Il doit se sentir faible. L’humilité le dispose à la foi. – Il se sent méprisable, l’humilité le dispose à la gloire de l’espérance. Il se sent digne de haine, l’humilité le dispose à la charité.

Il se sent faible. Et qu’est-ce que la faiblesse de l’homme? Ecce Adam quasi unus ex nobis factus est. Quid est homo, quod memor es ejus? Non est nobis colluctatio adversus… Il faut, pour combattre, une armure. Cette armure, c’est la foi, autrement dit Jésus-Christ.

Vérité. La cuirasse de la justice, le bouclier de la foi, le casque du salut. – Tout cela n’est que la foi et la foi en Jésus-Christ; d’où saint Jérôme concluait que la foi en Jésus-Chrsit nous donnait la puissance de Jésus-Christ lui-même. – L’humilité qui prépare la foi nous donne donc la force de Jésus-Chrsit. Et Jésus-Christ, comment a-t-il vaincu? Par l’humilité, humiliavit semetipsum. L’humilité découvre la vérité, elle y fait revenir.

Mais qu’est-ce que la foi? Fides est sperandarum substantia rerum, argumentum non apparentium. Mépris des choses de la terre, elle les fait apprécier à leur juste valeur.

Mais ce n’est pas tout; l’homme se reconnaît méprisable, et lui et tout ce qui l’environne, sentiment qui le porterait au désespoir, si l’espérance des biens futurs ne lui était présentée. Folie des hommes qui s’attachent au monde. L’homme se balance entre deux états: ou un sentiment exagéré de sa grandeur, ou un sentiment exagéré de sa misère; l’humilité lui dit ce qu’il est.

L’humilité nous montre combien nous sommes haïssables, parce que nous sommes ingrats, parce que l’orgueil nous faisait détester Dieu et la haine de Dieu augmentait notre orgueil. Superbia eorum qui te oderunt ascendit semper.

Venez à la crèche. – Du sein de Dieu à la crèche y a-t-il loin?

O Adonaï, desideratus cunctis gentibus, memor eris testamenti patrum nostrorum, veni, et scient gentes qui est qui redimet, et liberet Israël*.

Notes et post-scriptum