Instructions sur les Actes des Apôtres, d’après les notes du P. Favatier.

Informations générales
  • TD50.341
  • Instructions sur les Actes des Apôtres, d'après les notes du P. Favatier.
  • Dix-neuvième instruction. [La prédication de saint Paul, Actes, XVII]
  • Cahiers d'Alzon, XIII, pp.226-238.
  • Orig.ms. des notes du P. Favatier, BR2, pp. 141-150; T.D. 50, pp. 341-349.
Informations détaillées
  • 1 APOSTOLAT DE LA VERITE
    1 APOTRES
    1 ATHEISME
    1 AVARICE
    1 BOURGEOISIE
    1 BUT DE LA VIE
    1 COMMANDEMENTS DE L'EGLISE
    1 CONCILE OECUMENIQUE
    1 CONCUPISCENCE DE LA CHAIR
    1 CONFESSION SACRAMENTELLE
    1 CONTRARIETES
    1 CONVERSIONS
    1 COURS PUBLICS
    1 CREATEUR
    1 CROIX DE JESUS-CHRIST
    1 DECADENCE
    1 DEFENSE DES DROITS DE DIEU
    1 DIEU LE PERE
    1 EGLISE
    1 ENFANTS DE DIEU
    1 ENSEIGNEMENT DE LA LITTERATURE
    1 ENSEIGNEMENT DE LA PHILOSOPHIE
    1 EVANGILE DE JESUS-CHRIST
    1 IGNORANCE
    1 INDIFFERENCE
    1 JESUS-CHRIST JUGE
    1 JESUS-CHRIST MODELE
    1 JUGEMENT DERNIER
    1 JUIFS
    1 MANQUE DE FOI
    1 ORIGINES DE L'HOMME
    1 PAGANISME
    1 PENITENCES
    1 PERFECTIONS DE DIEU
    1 PEUPLES DU MONDE
    1 PHILOSOPHIE MODERNE
    1 POLEMIQUE
    1 PREDICATION
    1 PREDICATION DE JESUS-CHRIST
    1 PROVIDENCE
    1 PRUDENCE
    1 RECHERCHE DE DIEU
    1 RELIGION NATURELLE
    1 RESURRECTION DE JESUS-CHRIST
    1 RETRAITES PASTORALES
    1 REVELATION
    1 SCANDALE
    1 SCEPTICISME
    1 SCHISME
    1 VIE SPIRITUELLE
    1 VOCATION
    2 ALPHONSE DE LIGUORI, SAINT
    2 BOSSUET
    2 BOURDALOUE, LOUIS
    2 DAMARIS
    2 DEMOSTHENE
    2 DENYS L'AREOPAGITE
    2 EPICURE
    2 ETIENNE, SAINT
    2 FAVATIER, PAUL
    2 FELIX, CELESTIN
    2 FENELON
    2 FRAYSSINOUS, DENIS-ANTOINE
    2 JACQUES, SAINT
    2 JEAN, SAINT
    2 LACORDAIRE, HENRI
    2 LOYSON, HYACINTHE
    2 MARIE-MADELEINE, SAINTE
    2 MARTHE, SAINTE
    2 MASSILLON, JEAN-BAPTISTE
    2 PAUL, SAINT
    2 PIERRE, SAINT
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 PLATON
    2 SOCRATE
    2 TACITE
    2 ZENON
    3 ATHENES
    3 EPHESE
    3 EUROPE
    3 FRANCE
    3 PARIS
    3 PHILIPPES
    3 THESSALONIQUE
  • Elèves du collège de Nîmes.
  • Mercredi 25 mars 1868.
La lettre

Nous ne pouvons pas poursuivre, sans nous arrêter, l’histoire des voyages de S. Paul. Ce qui les caractérise tous, c’est la persécution. Nous n’en finirions pas, si nous voulions raconter en détail toutes les vexations qu’il eut à subir. Mais ce qu’il nous faut examiner maintenant, c’est le genre de prédication de S. Paul et le genre de prédication de l’Eglise catholique.

Dans les temps modernes, on a vu quatre hommes: Bossuet, Bourdaloue, Fénelon et Massillon, qui représentent chacun un genre très différent. Ainsi le genre de Bourdaloue est très différent du genre de Bossuet; quant à Fénelon qui improvisait sur tout, il nous a laissé quatre ou cinq discours où le raisonnement est presque aussi serré que dans Bourdaloue; mais c’est dit d’une tout autre manière. Quant à moi, je vous avoue franchement que je baille en lisant Fénelon: c’est bien écrit cependant, c’est charmant, mais ce style me fait l’effet d’une tisane sucrée, mais un peu tiède. Puis arrive Massillon qui vous tourne et retourne le coeur humain, l’analyse et le montre sous toutes ses faces, glissant légèrement sur le dogme, mais insistant beaucoup sur la morale, ce qui convenait aux philosophes d’alors. Aujourd’hui, c’est une autre forme de prédication et elle semble admettre un peu plus de désinvolture. C’est là une question très grave et qui doit être traitée par le futur concile.

Quant à moi, le discours de Notre-Seigneur sur la montagne me paraît le modèle des prônes. Quand Notre-Seigneur s’adresse aux foules, il le fait en termes très familiers, il procède par sentences. Si l’on veut des modèles de controverse, qu’on examine les discours que S. Jean met dans la bouche de Jésus-Christ. On y verra comment le divin Maître pince ceux qui voulaient le pincer, de manière à ce qu’ils n’aient rien à lui répondre. Il leur cite des textes qui les écrasent et qui les remplissent d’étonnement, car ils savent que cet homme n’a jamais appris les lettres. Comment se fait-il qu’il les cite à tout instant? Puis au genre mystique du docteur de la loi qui veut montrer qu’il sait, Jésus-Christ oppose la raillerie: Quoi: vous, si savants en Israël, vous ignorez ces choses?

Il y a même des conversations avec les dévotes. Marthe est une de ces dévotes qui vont rondement et ont fini leur confession en quelques minutes; aussi se plaint-elle de ce que Madeleine en a pour si longtemps. Voulez-vous enfin des modèles de retraites pastorales? Voyez le discours de Notre-Seigneur au jardin des Olives, avant le moment solennel de sa Passion; voyez encore le discours de St Paul aux évêques et aux prêtres d’Ephèse, lorsqu’il leur annonce qu’ils ne verront plus sa figure. Les discours de St Paul et de St Etienne, au commencement des Actes des Apôtres, sont encore des discours de controverse. Pour l’ouverture d’un Synode ou d’un concile, on peut prendre pour modèles les discours de St Pierre et de St Jacques au concile de Jérusalem.

Mais il y a aujourd’hui une espèce de discours qui scandalise beaucoup de gens; on ne prêche plus, disent-ils, l’Evangile. Tels sont les discours de M. Frayssinous, et depuis le Père Lacordaire, le Père Félix, le Père Hyacinthe et Mgr Plantier lui-même ont prêché. Ainsi aujourd’hui le Père Hyacinthe est en grande renommée et il a du talent, tout en ayant certaines idées qu’il est permis de ne pas partager. Mais au fond ce genre n’est pas un genre mauvais, et on peut en trouver le modèle dans le discours de St Paul devant l’Aréopage. Peut-on prêcher ces discours devant toutes sortes de gens? Evidemment non, et le grand art du prédicateur consiste précisément à savoir se mettre à la portée de son auditoire. Dans toute prédication il faut élever les intelligences, nourrir, fortifier, et agrandir les âmes. Ainsi donc, S. Paul est le modèle des conférenciers.

Quel était, en effet, le but de M. Frayssinous, quand il a commencé ses conférences, dignement continuées par ceux dont je viens d’énumérer les noms? Mr Frayssinous a commencé ses conférences, parce qu’il savait que Paris était alors peuplé d’incrédules; c’est précisément le cas de S. Paul devant l’Aréopage. L’Apôtre était donc allé de Philippes à Thessalonique; là comme il recueillait un grand fruit de ses prédications, les Juifs payent des gens du peuple pour faire une sédition. Alors, les frères sont obligés de faire partir de nuit Paul et Silas, qui se rendent à Béroë ou Bérée et enfin de là à Athènes.

Voyez le portrait que l’on trace des Athéniens et examinez si on ne pourrait pas l’aplliquer sous plusieurs rapports aux Français d’aujourd’hui. L’esprit de St Paul, nous dit le texte, se soulevait en lui-même, incitabatur spiritus ejus in ipso, parce qu’il voyait la ville adonnée à l’idolâtrie. N’y a-t-il pas aujourd’hui beaucoup d’idolâtrie en France? N’y a-t-il pas certaines idoles vivantes plus pernicieuses que les idoles mortes? Il ne faut pas aller chercher bien loin la raison pour laquelle, sauf sans doute quelques honorables exceptions, la bourgeoisie ne se confesse pas à Pâques: l’idolâtrie de la chair et l’idolâtrie de l’argent en sont la cause. Comme le disait S. Ligori: « Otez la violation du commandement: l’oeuvre de la chair ne désireras qu’en mariage seulement, et, le bien d’autrui tu ne prendras ni retiendras à ton escient, et les 999 millièmes des Français se confesseraient. »

Voici une autre plaie: Il y avait là, ajoute le texte, des philosophes épicuriens et des stoïciens. Ainsi en premier lieu ces philosophes qui disent:

Fide, bibe, lude, post mortem nulla voluptas.

Or il y a encore beaucoup de ces épicuriens; il y a aussi des stoïciens avec leur orgueil insensé. Et cette maxime de St Augustin ne saurait être plus vraie, à savoir que toute philosophie se réduit à trois divisions: la philosophie platonicienne, la philosophie stoïcienne, la philosophie épicurienne. Aujourd’hui on n’est pas digne d’être platonicien, et la philosophie de Platon renferme plus de grandes choses que notre siècle n’en pourrait porter. Les stoïciens sont une [autre] espèce de gens, les mêmes que ceux de la morale indépendante et ceux qui suivent en histoire le système fataliste, et cette école prend tous les jours des proportions de plus en plus grandes. Par morale indépendante, ils entendent une morale où Dieu ne serait pour rien; Ce qui ne souffre pas la discussion et ne saurait être qu’une mauvaise plaisanterie. Quand on a renié Dieu, il est impossible absolument d’être autre chose qu’un épicurien.

Epicure et Zénon dominaient donc à Athènes; quant à Platon, ils n’étaient pas dignes de le comprendre; et d’ailleurs, comme le disait St Augustin, la lecture des oeuvres de Platon aboutit nécessairement à un de ces résultats: ou la connaissance du vrai Dieu, ou bien au scepticisme, à l’athéisme et aux conséquences qui en découlent.

Les Athéniens étaient donc intrigués de la visite que venait leur faire St Paul, et quelques-uns disaient: « Que vient faire ici ce semeur de paroles, seminiverbius« . D’autres disaient: « il semble annoncer de nouveaux dieux ». Ils le saisirent donc et l’entraînèrent à l’Aréopage; voulant savoir ce qu’il disait de nouveau, car les Athéniens n’avaient pas d’autre occupation que celle-là: dire ou apprendre quelque chose de nouveau. Il n’y avait pas alors de télégraphe, et pour toute gazette, il y avait les Acta Diurnalia dont parle Tacite. C’était donc à des gens ainsi disposés que St Paul allait prêcher Jésus crucifié:

« Athéniens, dit-il, il me semble qu’en toutes choses vous êtes très religieux. Très religieux n’est peut-être pas la traduction exacte du mot superstitiosores qui signifierait plutôt que les Athéniens adoraient toutes sortes de dieux, et, en effet, leur ville en était remplie. Car, en passant et en voyant les statues des dieux, ajoute l’apôtre, j’ai trouvé même un autel où était écrit: au Dieu INCONNU. Ce Dieu donc, que vous adorez sans le connaître, est celui que je vous annonce ». Remarquez ici, mes chers enfants, la passion que les Athéniens avaient de multiplier leurs dieux à l’infini, puisqu’ils élevaient des autels même à ceux qu’ils ne connaissaient pas. Mais surtout voyez cette prudence de St Paul qui commence par flatter l’instinct religieux des Athéniens. Il fallait bien, en effet, que St Paul prît ses précautions, puisque Socrate avait bu la ciguë, parce qu’on l’accusait de prêcher des dieux nouveaux. Il y aurait bien quelque chose à dire sur ce coq qu’il dit, avant de mourir, de sacrifier à Esculape; mais nous n’avons pas à nous engager dans cette discussion.

St Paul continue donc: C’est le Dieu qui a fait le monde et tout ce qui est dans ce monde, le Seigneur du ciel et de la terre, qui n’habite point dans des temples bâtis par les hommes. St Paul commence par établir le dogme de la création, et c’était bien quelque chose lorsqu’il avait affaire à des gens qui croyaient le monde éternel. Il élève immédiatement son auditoire à des idées plus hautes que celles qu’il avait: vous connaissez en effet la fable de Cadmus, et les hommes naissant des dents d’un dragon. Bien différente est la doctrine que St Paul annonce: l’homme n’est point sorti des dents d’un dragon mais des mains du Dieu tout-puissant.

Plus loin, St Paul ajoute: « Il a fait naître d’un seul toute la race humaine pour habiter sur toute la face de la terre », etc. Ainsi donc St Paul établit que tous les hommes sont frères. Ici, mes chers enfants, remarquez un peu l’inconséquence et l’absurdité de ces philosophes modernes, qui tout en parlant sans cesse d’égalité et de fraternité, attaquent sans relâche la révélation. Si nous sommes frères, n’est-il pas évident que nous sommes les fils d’un même père. Ainsi, dans un seul trait, l’Apôtre peint l’unité de race et l’ordre de propriété observée par les peuples entre eux, car il ajoute que ce Dieu a aussi déterminé les temps de la durée des peuples et les limites de leur demeure: definiens statuta, tempora, et terminos habitationis eorum, de façon que dans toutes ces révolutions qui agitent le globe terrestre, c’est toujours la main de Dieu qui fixe, qui gouverne toutes choses. Dès lors tombe le système absurde et insensé des atomes d’Epicure, et la Providence nous est montrée dirigeant et soutenant la terre entière.

Afin, ajoute l’Apôtre, que ces peuples cherchent Dieu, quaerere Deum, paroles sublimes et terribles en même temps. Le but de l’existence des nations est donc de chercher Dieu, et c’est là, lorsque je réfléchis, ce qui m’épouvante pour la France quand je la vois chercher autre chose que Dieu. Aussi, mes chers enfants, souvenez-vous que ce sont les catholiques qui cherchent Dieu qui sont les véritables représentants de la France. Et d’ailleurs, en dehors de ce but de son existence, la France n’avait-elle pas reçu une mission particulière de défendre en Europe et dans le monde entier la cause de Dieu? Et autrefois on récitait souvent une prière qui commençait par ces mots: « Seigneur qui avez permis que la France soit l’épée et le bouclier de l’Eglise, etc. ». C’est donc à nous catholiques qu’appartient la mission particulière de conserver et de continuer cette vocation admirable de la France dans l’Europe chrétienne, à nous de l’empêcher de déchoir de sa magnifique destinée. – Jacob a dit: « Les jours de mon pèlerinage ont été mauvais. » Or, mes chers enfants, l’existence des nations est un véritable pèlerinage. Elles s’en vont à l’éternité en cherchant Dieu, sinon elles s’enfoncent dans un abîme de boue et d’ordure.

Après avoir considéré l’humanité dans son ensemble, St Paul prend les individus, chacun en particulier: Dieu, dit-il, n’est pas loin de chacun de nous, non longe ab unoquoque nostrum. Si nous ne le voyons pas, si nous ne l’entendons pas toujours, c’est que nous sommes distraits, dissipés, enfoncés dans les choses humaines, basses, viles. C’est en Dieu que nous avons la vie, le mouvement et l’être. In ipso enim vivimus, et movemur, et sumus. Ce que l’air est dans notre poitrine, Dieu doit l’être dans notre âme, pour qu’elle puisse respirer et vivre de sa véritable et immortelle vie. Voilà pourquoi les âmes qui chassent Dieu, par le péché mortel, sont mortes, car elles n’ont plus en elles le principe de la vie. C’est en ce sens, ajoute St Paul, que quelques-uns de vos poètes ont dit: Nous sommes les enfants de Dieu même: Ipsius enim et genus suum.

Remarquez la profonde habileté de St Paul: il ne citera pas aux Athéniens des textes de l’Ecriture Sainte, comme lorsqu’il parle aux Juifs; il s’exposerait à ne pas être compris. Mais il citera un poète païen, ce qui n’est pas une grande autorité sans doute, mais cette autorité a sa valeur aux yeux des Athéniens.

Puis donc que nous sommes les enfants de Dieu, ajoute l’Apôtre, nous ne devons pas croire que la divinité soit semblable à l’or, à l’argent ou aux pierres, qui ont pris des figures par l’industrie de l’homme. Non debemus aestimare auro, aut argento, aut lapidi, sculpturae artis et cogitationis hominis, Divinum esse simile. Ainsi la hardiesse de St Paul augmente. Il a bien commencé par flatter les Athéniens, par dire qu’ils étaient des gens très religieux, mais il ne tarde pas à leur montrer leur absurdité d’adorer l’or, la pierre et ce qu’ils peuvent eux-mêmes édifier ou détruire.

Et Dieu, leur dit-il, ou plutôt plein de mépris pour ces temps d’ignorance, il ne veut pas prononcer le mot d’idolâtrie pour ne pas irriter ses auditeurs, Dieu donc annonce maintenant aux hommes que tous fassent en tous lieux pénitence. Et voici la condamnation formelle de la morale indépendante et des stoïciens: « Parce qu’il a arrêté un jour pour sa justice, et en ce jour il jugera le monde, selon l’équité en la personne de celui qu’il a établi comme juge, confirmant la foi de tous en le ressuscitant d’entre les morts. St Paul ne nomme pas Notre Seigneur Jésus-Christ, jugeant que les Athéniens n’étaient pas assez préparés pour en entendre davantage. Déjà en entendant parler de la résurrection des morts, il y eut dans l’auditoire un mouvement de réprobation. Quelques-uns s’en moquèrent. C’est ce qu’on fait aujourd’hui pour la résurrection de Notre-Seigneur, et voilà pourquoi l’incrédulité se répand dans le monde. D’autres lui dirent: « Nous t’entendrons sur cette question une autre fois. » Ainsi font certaines gens qui ne sont jamais pressées d’entendre les vérités du salut. Ainsi la ville d’Athènes, la plus célèbre alors par sa civilisation, ne trouvait rien à répondre aux arguments de St Paul.

Néanmoins il y eut peu de conversions. On cite S. Denys l’Aréopagite qui vint plus tard évangéliser notre pays et mourut martyr à 110 ans. Selon une tradition, il aurait porté sa tête dans ses mains l’espace de deux mille pas. Il y eut encore une femme nommée Damaris qui se convertit, à la prédication de St Paul. Ainsi donc cette Athènes si brillante, si illustre, si savante, la patrie des Démosthène, des Platon, qui a donné tout ce qu’il y a eu de grand dans la Grèce, Athènes, qui a laissé des monuments si admirables au genre humain, Athènes reste indifférente à la parole de Dieu. Les Athéniens, si fins et si spirituels, avec tout leur esprit ne comprennent rien à la vérité. Avec cette prétention de science et d’habileté, les plus grands malheurs sont à craindre. Un peuple chercheur, un [peuple] épicurien, qui croit à la morale indépendante, qui se vautre dans les hontes et dans les boues du matérialisme, est un peuple qui tombe en pulvérisation. Voyez encore ces malheureux Athéniens, ils ne furent convertis à la vraie foi que pour tomber le plus tôt qu’ils purent dans le schisme.

Quant à nous, catholiques, par notre zèle retardons le châtiment qui atteindrait bientôt la France, si elle persévérait dans les voies d’incrédulité où l’ont engagée certains esprits; tâchons de la guérir, autant qu’il est en nous, du scepticisme, de la morale indépendante et du matérialisme, de la ramener à Dieu et à son véritable but, la recherche de la vérité.

Notes et post-scriptum