COURS D’INSTRUCTIONS SUR DIFFERENTS SUJETS DE PIETE.

Informations générales
  • TD51.038
  • COURS D'INSTRUCTIONS SUR DIFFERENTS SUJETS DE PIETE.
  • PERSEVERANCE
  • Orig.ms. BM3, pp. 221-224; T.D. 51, pp. 38-40.
Informations détaillées
  • 1 ILLUSIONS
    1 PERSEVERANCE
    2 JEAN CHRYSOSTOME, SAINT
  • A des dames.
  • 1837-1839
La lettre

La vie est un combat où il ne faut jamais poser les armes, ou la défaite est assurée du moment que l’on se repose. C’est une montagne à gravir, on roule au fond dès qu’on n’avance pas. Nécessité de la persévérance, conditions de la persévérance, obstacles à la persévérance. Chute est âmes les plus belles, arrivées presqu’au terme de leur course. Nécessité pour ces âmes de se défier.

Cause d’instabilité, c’est nous-mêmes; cause de persévérance, c’est Dieu. Voulons-nous persévérer? Quittons-nous nous-même, unissons-nous à Dieu.

Clamate fortiter, et dicite: congregamini, ingrediamur civitates munitas. Jer. 4, 5. Les remparts qu’il faut donner sont les résolutions.

Levate signum in Sion. Confortamini, nolite stare, quia malum adduco ab aquilone, et contritionem magnam. Id. 6. Dieu quelquefois inflige des châtiments généraux, il avertit les âmes choisies.

Ascendit leo de cubili suo, et praedo gentium se levavit. Egressus est de loco suo, ut ponat terram tuam in solitudinem, civitates tuae vastabuntur, remanentes absque habitatore.

Tentations.

Un des spectacles les plus tristes que nous présente la religion est certainement celui de ces âmes, qui, après avoir parcouru pendant de longues années une carrière de vertus, heurtant contre un léger obstacle, font tout à coup la chute la plus désolante et sont pour l’enfer un objet de joie, pour le ciel de larmes et de regrets. Dieu nous les offre comme un exemple de ce que nous sommes, quand nous comptons sur nos seules forces. – Et ces exemples, Mesdames, sont-ils si rares? Ne les trouvons-nous pas à plus d’une reprise dans notre passé, et l’histoire de notre vie n’est-elle pas l’histoire de nos résolutions et de nos chutes?

Quelle est donc en nous la cause de ces déplorables catastrophes? Pourquoi tant de mal, après une si grande volonté pour le bien? Pourquoi tant de promesses manquées? Vous vous les rappelez, mes dames, ces promesses que la plupart d’entre vous ont faites à la fin du carême, aux pieds de l’autel, en présence de la table sainte. Vous vous les rappelez, où sont-elles? et si déjà pour beaucoup elles sont affaiblies, où en seront les restes avant la fin de l’année?

La cause, Mesdames, je la trouve dans la voie même de votre retour à Dieu. Vous avez voulu aller à lui, mais naturellement, mais non pas avec l’esprit de Dieu; vous y êtes allées avec votre esprit propre. Or, vous savez ce que dit le prophète: Nisi Dominus; la piété dans vos âmes est un édifice qu’il faut construire. Mais l’homme n’en doit pas être l’unique ouvrier. Si seul il prétend achever l’ouvrage, il lui est impossible de persévérer. Il faut donc qu’il se résolve à appeler un appui, il faut qu’il appelle Dieu, il faut appeler Jésus-Christ, l’architecte divin, car nous ne sommes que l’édifice de Dieu, et nous n’avons quelque valeur et quelque durée qu’en tant que nous nous faisons l’édifice de Dieu. Tout ce qui est de l’homme n’a qu’un instant de durée. Dieu seul imprime à ses oeuvres le cachet de l’éternité. Or, si nous étions convaincus que nous ne pouvons rien sans Dieu, que J.-C. est la pierre angulaire de notre édifice, que le Saint-Esprit est, pour user d’une comparaison de St J. Chrysostome, le ciment qui doit unir les pierres de notre édifice, le bitume qui doit enduire les parois de la faible barque sur laquelle nous sommes lancés dans un océan de tempêtes! Etrange aveuglement de l’homme. Qu’a-t-il qu’il n’ait reçu de son Dieu, et cependant il prétend ne lui rien devoir. Est-il donc si déshonorant de travailler sous un tel maître? de combattre sous un tel auxiliaire? de marcher après un tel guide? Qui résoudra les mystères de l’orgueil?

Evidemment non, sans la grâce nous ne pouvons persévérer.

Nous ne pouvons persévérer, parce qu’il nous faut une lumière, une force, un but.

Une lumière. C’est par les illusions que l’on commence, et les illusions d’une âme qui décline sont nombreuses. On a été jusqu’alors dans l’exagération de la ferveur, ou bien on peut prendre un peu de repos, ou bien l’on ne recule que pour mieux sauter, ou bien, l’on compte sur soi, que sais-je? Il faut une lumière et une lumière surnaturelle pour nous faire marcher, selon la pensée de Bossuet, dans le chemin droit, qui ne détourne pas, ni à la gauche dans le relâchement, ni à la droite dans un rigorisme outré. Ce point exact, qui le donnera, si ce n’est l’esprit de Dieu?

Il faut de la force. J’admets que l’on [inachevé].

Notes et post-scriptum