[Notes d’instructions destinées à la Maison de l’Assomption vers 1850]

Informations générales
  • TD51.071
  • [Notes d'instructions destinées à la Maison de l'Assomption vers 1850]
  • DES OUTRAGES CONTRE L'EUCHARISTIE.
  • Orig.ms. BN1, pp. 31-61; T.D. 51, pp. 71-75.
Informations détaillées
  • 1 ASSISTANCE A LA MESSE
    1 ATHEISME
    1 CATHOLIQUE
    1 EUCHARISTIE
    1 HAINE CONTRE JESUS-CHRIST
    1 INGRATITUDE
    1 JEUDI SAINT
    1 SACRILEGE
    2 JUDAS
    2 MAHOMET
  • Collège de l'Assomption. Nîmes.
  • vers 1850
La lettre

Jesus turbatus est spiritu, et protestatus est, et dixit: amen, amen dico vobis, quia unus ex vobis tradet me.

Je ne pense pas, chrétiens, qu’un seul d’entre vous puisse écouter sans une émotion pleine de tristesse les paroles par lesquelles le Sauveur des hommes peint les troubles de son âme, à la vue du traître qui songeait à le livrer à ses bourreaux au moment où il lui donnait la plus grande marque de son amour. Judas au milieu des apôtres, au moment de l’institution de l’Eucharistie. Sur douze disciples un perfide. Jésus venu sur la terre n’aura pu trouver douze hommes sur qui se confier. N’est-ce pas désolant, mes frères. J’ai quelque chose de plus désolant encore à vous dire, car si au moment de la première cène sur douze apôtres il y eut un Judas, je pense qu’en considérant tous les outrages dont l’adorable Eucharistie est de nos jours l’objet, en voyant la haine des uns, l’incrédulité des autres, l’endurcissement de certains, l’indifférence de presque tous, je pense que nous devrions nous estimer heureux si sur douze chrétiens nous pouvions en trouver un seul qui ne l’eût jamais trahi.

Jésus dans l’Eucharistie n’est plus connu, et tous les jours des insultes nouvelles viennent refouler dans son coeur les torrents d’amour qu’il voudrait répandre sur les hommes avec ses bienfaits.

Jésus dans l’eucharistie n’est plus connu, et lorsque nous considérons par un certain côté comment vont les choses de l’Eglise, on en est réduit à désirer qu’il soit moins connu encore, afin que l’ignorance serve d’excuse [à] l’ingratitude et à l’impiété.

Jésus dans l’Eucharistie n’est pas connu, mais comme le sacrilège qui l’attaque se vante de connaître ce qu’il blasphème, cette ignorance, loin d’être une excuse à son crime, devient un nouveau motif de réprobation: c’est sous le poids de ces douloureuses pensées que je viens aujourd’hui, mes frères, faire un appel à votre amour pour notre divin Sauveur.

Vous qui n’avez pas encore compris combien il vous aime, venez et apprenez à quoi il s’expose pour arriver jusques à votre coeur; venez et apprenez combien vous êtes obligé de le dédommager de tant d’outrages dont il est abreuvé. Je viens vous parler en un mot de la nécessité de réparer les outrages faits à Jésus dans le sacrement de son amour, et je fonde cette nécessité sur les caractères de ces insultes, en second lieu sur leurs conséquences.

Première partie.

Je remarque dans les divers outrages faits à la divine Eucharistie un triple caractère: d’incrédulité, de haine et d’ingratitude.

Comprenez, tout d’abord, mes frères, à quels outrages notre divin Sauveur s’expose de la part de ceux qui le nient ou qui nient la vérité de la croyance catholique sur l’Eucharistie. Qui y croit de nos jours? Sont-ce les nations encore païennes? Sont-ce les disciples de Mahomet? Sont-ce les sectes séparées de l’Eglise Romaine? Et parmi celles qui ont conservé intact ce dogme, s’il est vrai que leurs partisans par cela même qu’ils sont dans l’erreur ne soient point dans la grâce, quels outrages ne reçoit-il pas de la profanation des mystères, de la part de ces infortunés? Il y a là tout d’abord de quoi faire tourner la tête. Les uns nient Jésus-Christ et dès lors le sacrement de son amour. Les autres croient à Jésus-Christ et blasphèment contre sa présence dans l’Eucharistie; d’autres enfin croient à Jésus-Christ et à la présence réelle, mais parce qu’ils sont retranchés de la véritable Eglise, ils ne peuvent qu’ajouter de nouveaux sacrilèges chaque fois qu’ils immolent l’adorable victime.

Mais détournons les regards de ce tableau lamentable. J’ai quelque chose de plus triste encore à vous montrer. Entrons dans les temples de la véritable Eglise, venez et contemplez ce qui s’y passe.

La divine victime va être immolée, l’autel est prêt, le prêtre a revêtu les ornements du sacrifice, une foule pieuse est réunie. J’aime à vous louer, mes frères, de l’attitude de respect et de foi que vous manifestez. C’est bien, mes frères, mais laissez-moi vous dire ce qui se passe autour de vous. Est-ce une solennité extraordinaire, quel tumulte! Ne diriez-vous pas les flots de la mer qui se choquent? quoi! vous avez la foi et vous parlez, vous vous querellez ainsi dans le lieu saint! Quoi! vous avez la foi et vous êtes en présence d’une personne en dignité.

Le sacrifice commence. Autrefois au moment solennel le diacre disait: dehors les chiens. Et qui me donnera de chasser du lieu saint ces hommes au regard cynique qui viennent y chercher une proie [?] à leur lubricité? Qui me donnera de chasser ces femmes qui viennent se poser en idoles dans nos temples? Qui me donnera d’en chasser ces hommes, qui, sous prétexte qu’il faut que le peuple ait la foi, font une oeuvre de haute morale en venant dans nos temples imposer des prières? Et ils veulent qu’on prie pour eux, et nous prierons; nous savons combien ils en ont besoin. Jésus intercédant pour ses bourreaux nous a appris qu’il y avait des prières pour tous les crimes, mais qu’ils nous laissent seuls et qu’ils n’opposent [pas] les indécences de leur incrédulité au repentir que nos prières demanderont pour eux.

Comprenez-vous donc, mes frères, que ces hommes-là ne croient pas et que toutes les fois qu’ils entrent dans nos temples, c’est pour y insulter le Seigneur.

Mais voulez-vous essayer de comprendre comment le catholique pose sur son coeur un sceau d’incrédulité, toutes les fois qu’il outrage l’Eucharistie. C’est qu’en effet il faut un effort de la foi pour croire à ces mystères. Un Dieu sous un peu de pain, c’est chose difficile à croire pour la raison; ce l’est encore plus pour les passions, lorsqu’on leur dit que cette nourriture céleste exige une lutte incessante contre elles. Aussi l’on en vient facilement à ne pas croire à ce sacrement, mais la parole de Jésus-Christ est une, et s’il a dit vrai pour le reste, il a dit vrai pour cela. Sinon c’est un menteur pour tout. On finit par ne plus croire. Comme les disciples on dit: durus est hic sermo. En effet, que de motifs pour ne pas croire à l’Eucharistie! et pourtant je ne vois là que des motifs de ranimer ma foi, car si Dieu a parlé, si sa parole est immuable, je n’ai plus qu’à adorer et à me taire, je n’ai plus qu’à admirer l’amour de Dieu: Sic Deus dilexit mundum.

Caractère d’ingratitude.

Messes manquées, pâques négligées; Filios enutrivi, et exaltavi, ipsi autem spreverunt me.

Caractère de haine: Unus ex vobis tradet me.

Hérétiques, mauvaises communions.

Profanation des lieux saints, blasphèmes des impies.

Rendez-vous dans les églises.

Communions sacrilèges.

A quoi j’ai à ajouter le nombre: saturabitur opprobriis.

Seconde partie.

Conséquences de ces outrages.

Colère de Dieu sans remède.

Pouvoir donné à satan: Unus ex vobis tradet me.

L’amour de Jésus-Christ converti en haine: Vae autem homini illi, per quem Filius hominis tradetur.

Notes et post-scriptum