[Notes de lecture et réflexions]

Informations générales
  • TD51.110
  • [Notes de lecture et réflexions]
  • [Notes diverses]
  • Orig.ms. BN11, pp. 1-6; T.D. 51, pp. 110-117.
Informations détaillées
  • 1 AUGUSTIN
    1 BONHEUR
    1 DEGOUTS
    1 ENNEMIS DE L'EGLISE
    1 INSENSIBILITE
    1 JEUNE CORPOREL
    1 JUSTICE DE DIEU
    1 MORT
    1 RESPECT HUMAIN
    1 TRANSFORMATION SOCIALE
    1 TRIPLE CONCUPISCENCE
    2 BASILE, SAINT
    2 CYPRIEN, SAINT
    2 MOISE
    2 PLATON
    2 ROBERT BELLARMIN, SAINT
    2 SOCRATE
    2 TERTULLIEN
    2 TRASIMAQUE
    2 VITAL
    3 ORANGE
  • vers 1843-1844
La lettre

[1] Jeûne. Le jeûne engendre les prophètes, fortifie les forts, le jeûne rend sages les législateurs; c’est le bon trésor de l’âme, c’est l’appui assuré du corps, l’armure des vaillants, l’exercice des athlètes. Il chasse les tentations, embaume la piété, soutient la tempérance, donne la chasteté. Il donne le courage dans les combats, enseigne le repos dans la paix, il sanctifie le nazaréen, rend le prêtre parfait. (St Basil. de Jej. hom. 1).(1)

[2] Obéissance. (Obedientia) omnis justitia origo atque perfectio… obedientia maxime est virtus, et ut sic dixerim, omnium ergo, materque virtutum. S. Aug.

[3] Adam et Jésus-Christ. Quodcumque enim limus exprimebatur, Christus cogitabatur homo futurus. (Tert.) Dormit Adam, ut fiat Eva. Moritur Christus, ut fiat Ecclesia. Dormienti Adae fit Eva de latere, mortuo Christo lancea percutitur latus, ut profluant sacramenta, quibus formetur Ecclesia. (S. Aug.)

[4] Bonheur. Felicitas non est dea, sed munus Dei. Queratur igitur ille Deus, qui eam dare possit, et deorum falsorum turba noxia relinquatur, quam stultorum hominum vana sectatur multitudo, dona Dei deos sibi faciens, et eum cujus ea dona sunt, obstinatione superbiae voluntatis offendens. Sic enim carere non potest infelicitate, qui tamquam Deum felicitatem coeli, et Deum datorem felicitatis quaerit, sicut carere non potest fame, qui panem pictum lingit, et ab homine qui verum habet, non petit. (S. Aug. de civ. Dei, lib. IV, cap. 22).

Voir sur le bonheur le Philèbe de Platon.

[5] Du Juste. Ce qui fait que les hommes se trompent souvent sur les premières notions des vertus, c’est qu’ils n’en cherchent pas l’idée dans le vrai principe. Thrasimaque disant à Socrate que le juste est ce qui est conforme à la volonté du plus fort, dit faux s’il ne voit le plus fort que dans celui qui gouverne ici-bas, to kreittonos sumpheron; il dit vrai s’il voit la justice en Dieu qui en tant que puissance infinie ne commande rien que de juste, et ne trouve de convenable pour lui que ce qui est juste.

[6] Science. Unde ememus panes ut manducent hi, telle était la question que le Christ adressait autrefois à ses disciples, en présence de la multitude qui depuis trois jours le suivait au désert. Aujourd’hui les rôles sont changés la foule n’est plus avide de vérité et cependant elle a besoin de nourriture. Jésus ne fait plus de question à ses disciples, ce sont les disciples qui semblent autorisés à adresser la parole au Maître pour lui demander à leur tour: Unde ememus panes? Seigneur, vous nous avez chargés de nourrir cette population, mais où trouverons-nous la nourriture qui lui convient? les anciens aliments lui sont à dégoût, comme autrefois les Juifs au désert leur bouche ne peut plus recevoir la manne. Du reste, leur intelligence s’est tellement saturée d’orgueil que nous ne savons de quel langage nous servir pour en être entendus, le langage le plus simple leur répugne, parce que le langage n’est pas, disent-ils à leur hauteur, et ils ne sauraient comprendre les choses plus relevées à cause de leur ignorance. Le lait des enfants leur semble indigne d’eux et leur estomac ne peut supporter le pain des forts. Unde ememus panes? Seigneur, indiquez-nous ce que nous avons à faire, par quelle voie nous devons arriver à ces coeurs, quel genre de nourriture leur sera plus favorable?

Faire ressortir la difficulté de la position du prêtre dans les temps présents et les avantages d’une étude nouvelle pour lui.

[7] Eglise. Efforts inutiles contre elle. Congregamini populi, et vincimini, et audite universae procul terrae: confortamini, et vincimini, accingite vos, et vincimini. Inite consilium, et dissipabitur: loquimini verbum, et non fiet: quia nobiscum Dominus. (Is. c. 8, v. 9).

[8] Endurcissement. O homo, tu quis es, ut respondeas Deo? quaerimus namque meritum obdurationis, et invenimus. Merito namque peccati universa massa damnata est, nec obdurat Deus impertiendo malitiam, sed non impertiendo misericordiam: quibus enim non impertitur, nec digni sunt, nec merentur, at potius ut non impertiatur hoc digni sunt, hos merentur; quaerimus autem meritum misericordiae, nec invenimus, quia nullum est, ne gratia evacuetur, si non gratis donatur, sed meritis redditur. (Aug. Ep. ad Simpl.).

[9] Foi. Consolation que procure la foi, voyez l’homélie de saint Basile: De gratiarum actione t. 2.

Opera quippe bona fiunt in homine, sine qua illa a nullo fiunt homine, omne enim quod non est ex fide, peccatum est. (Aug. Ep. ad Simpl.).

[10] Prière. Voir sur la prière la lettre de saint Augustin à Vital. Il y traite de la grâce et de la nécessité où nous sommes de prier les uns pour les autres, afin d’obtenir les mérites de Jésus-Christ.

[11] Respect humain. Si donc quelqu’un vient vous dire: adorez-vous donc un crucifié? Ah! gardez-vous d’en rougir et de baisser les yeux, mais plutôt soyez pleins de joie et d’un noble orgueil. Un crucifié! oui, sans doute, mais la croix était le supplice des crimes les plus affreux, et ce crucifié que j’adore est venu détruire le crime dans sa racine.

[12] Mort. Les sociniens et les panthéistes nient que la mort soit un châtiment, parce que si la mort n’est pas un châtiment, on peut nier le péché originel; si au contraire la mort est un châtiment, on ne peut répondre à l’objection qui en résulte contre la bonté de Dieu que par le péché originel, et en admettant le péché originel on admet la révélation. Il faut prouver contre ces hommes, d’une part, que la mort est un mal, donc elle est un châtiment, donc elle suppose un crime, donc elle suppose le péché originel, donc elle suppose la révélation; d’autre part, que la mort est un bien, du moment qu’elle est sanctifiée par Jésus-Christ, donc le moyen de ne pas la craindre, c’est d’accepter la doctrine et la grâce de Jésus-Christ. Voir le second canon du 2e concile d’Orange. On peut peindre les horreurs de la mort et demander si c’est là un bien; à cet égard l’incertitude de l’avenir n’est-elle pas quelque chose d’effrayant? pourquoi les efforts de toutes les nations à prolonger la vie au-delà du tombeau, si tout meurt ici-bas? Et pourquoi ces regrets de quitter la vie, si elle n’est pas un châtiment? pourquoi, hors de la révélation, cette incertitude de l’avenir, si ce qui aura lieu au-delà du tombeau est certain?

[13] Progrès. On est tout abasourdi de retrouver chez les premiers hérétiques la prétendue doctrine du progrès. Non suffundor errore quo carui, qui caruisse delector. Nemo proficiens erubescit: habet et in Christo scientia aetates suas, per quas devolutus est et apostolus (de pudicitia, c. 1). Il est encore plus exprès dans un passage du livre de Vel. Virg. Justitia primo fuit in rudimentis, natura Deum metuens; dehinc per legem et prophetas promovit in infantiam, dehinc per Evangelium efferbuit in juventutem. Nunc per Paracletum componitur in maturitatem. Mais si au temps de Tertullien on était déjà à l’âge mûr, que reste-t-il pour les âges suivants?

[14] Concupiscence. Si l’homme a été dans le paradis élevé à un état surnaturel, il faudra dire que la concupiscence lui est naturelle, et cependant on dit que la concupiscence est le fruit du péché. A quoi Bellarmin répond que sans la grâce la concupiscence eût été dans l’homme non comme châtiment, mais comme effet d’une nature infirme, suite de la matière qui forme son corps.

[15] Mort. Natus es homo, moriturus es. S. Aug.

Mori carni tuae est, amittere vitam suam; mori animae tuae est, omittere vitam suam; vita carnis tuae anima tua, vita animae tuae Deus tuus: quomodo moritur caro, amissa anima quae est vita ejus, sic moritur anima, amisso Deo qui est vita ejus: certe ergo immortalis est anima, plane immortalis, quia vivit et mortua. (St Aug. in Ioan.).

Ipsa est vera mors, ire in profundum peccati.

Voir S. Aug. l. V, p. 1875-1876, Gaume serm. 318.

Sanitas immortalis erit, nam haec longa aegritudo est, quia quotidianis medicamentis foliis morbum tuum sanus tibi esse videris; detrahe medicamenta, et vide quid potes. Non ex quo nascimur, necesse est ut moriamur.

Mortem (Dominus) et fidelibus et sanctis relinquit ad luctam, ad agonem tibi mors dimissa est. (St Aug.).

Efforts des hommes pour conserver la vie dans le temps, folie des hommes qui ne songent pas à la conserver dans l’éternité.

Mors amari non potest, tolerari potest. S. Aug.

Resurgendo Christus, abstulit morbi timorem.

Pourquoi la mort reste-t-elle pour les justes? Afin, répond St Augustin, que le mérite de la foi ne soit pas enlevé. Cum parvulis baptizandis quis non ad Christi gratiam propterea potius currerit, ne a corpore solveretur? atque ita non invisibili praemio probaretur fides, sed jam nec fides esset confestim sui operis quaerendo, et sumendo mercedem, num vero majore et mirabiliore gratia Salvatoris, in usus justitiae peccati poena conversa est. Tunc enim dictum est homini: morieris, si peccaveris; nunc dicitur martyri: morere, ne pecces. Tunc dictum est: si mandatum transgressi fueritis, morte moriemini; nunc dicitur: si mortem recusaveritis, mandatum transgrediemini; quod tunc timendum fuerat, ut non peccaretur, nunc suscipiendum est, ne peccetur. Sic per ineffabilem Dei misericordiam, et ipsa poena vitiorum transit in arma virtutis, et fit justi meritum etiam supplicium peccatoris. (S. Aug. de Civ. Dei).

Tantam fidei Deus praestitit gratiam, ut mors quam vita constat esse, contrarium instrumentum fieret, per quod transiret ad vitam. (S. Aug.).

De quelle mort Dieu avait-il menacé l’homme? De toutes. C’est l’homme qui en péchant s’est donné la mort, puisqu’il s’est séparé de la vie de son âme qui est Dieu.

Neque enim corpus, quod de terra est, redierit in terram, nisi sua morte quae illi accidit, cum deseritur sua vita id est anima corpus…; dono coelesti jam tale erit, ut etiam coelo incolem, non amissa natura, sed mutata qualitate conveniat. (S. Aug.).

[16] Corps ressuscité. Si mors poenalis non est, quas a corpore animam separat, cur eam timet natura, quam sic laudas ut neges esse vitiatam…; sic anima a corpore separari naturaliter non vult, ipsa mors poena est, quamvis eam in usum bonum gratia divina convertat. S. Aug.

Vous prétendez que la mort est un bienfait, parce que c’est la cessation du travail, mais si les hommes craignent moins le travail que la mort, comment les consoler d’un moindre mal par un mal plus grand? Quoi! la mort est un repos? Mais pourquoi donc?

Voir le commencement de peccatorum meritis.

Gemitus parturientis et mors hominis non fuissent, si peccatum non praecessisset. (S. Aug. de Pec. orig.).

La mort, selon saint Cyprien, est avantageuse au chrétien, parce qu’elle l’arrache à la nécessité du péché, et qu’elle le met dans la sécurité de ne plus pécher. De ce que la mort est un bien, qu’en conclure? sinon la miséricorde de Dieu qui change le mal en bien. (S. Aug.).

Nunc moriuntur ex poena, tunc vivificabuntur ex proemio. Ubi est, mors, victoria tua?

Regeneravit nos in spem vivam per resurrectionem Jesu Christi.

[17] Jeûne. Le jeûne rendit Moïse digne de s’élever sur la montagne et de communiquer avec Dieu.

Nèsteia prophètas genna, dunatous rônnusi, nèsteia nomothetas sophizei, psuchès agathon phulaktèrion, sômati sunoikos asphalès, oplon aristeuousin, athlètais gumnasion. Touto peirasmous apokrouetai, touto aleiphei pros eusebeian, nèpseôs sunoikos, sôphrosunès dèmiorgos. En polemois andragathei, en eirènè èsuchian didaskei. Ton Naziraion agiazei, ton ierea teleioi. Ou gar dunaton aneu nèsteias ierourgias katatolmèsai, ou monon en tè mustikè nun kai alèthinè latreia, alla kai en tè tupikè tè kata ton nomon prosagomenè. Autè theatèn epoièse tou megalou theamatos ton ‘Elian. Neque enim fieri potest, ut absque jejunio audeat ad sanctum ministerium accedere, non tantum in mystico horum temporum vero cultu, verum etiam in eo qui juxta legem in figuris peragebatur jejunium Eliam magni illius spectaculi fecit(2).

Notes et post-scriptum
1. Un peu plus loin (ci-dessous TE/39), le P. d'Alzon a transcrit en grec le même extrait de saint Basile, augmenté de quelques lignes.
2. Cet extrait du ch. 6 de la 1ère homélie de saint Basile sur le jeûne (PG, XXXI, c. 172 B) est cité en grec. Le premier texte transcrit par le P. d'Alzon dans ce cahier en est la traduction, moins quelques lignes. Nous renvoyons donc à cette traduction (ci-dessus TE/1), ne donnant ici, dans la version latine publiée par la P.G. que le passage manquant. - Le P. d'Alzon avait dans sa bibliothèque l'édition des Mauristes de l'oeuvre de saint Basile.