Carême 1849. Cathédrale.

Informations générales
  • TD51.169
  • Carême 1849. Cathédrale.
  • 2. LA TRINITE.
  • Orig.ms. BN11, pp. 229-234; T.D. 51, pp. 169-174.
Informations détaillées
  • 1 AUGUSTIN
    1 DIEU LE FILS
    1 DIEU LE PERE
    1 PERFECTIONS DE DIEU
    1 SAINT-ESPRIT
    1 TRINITE
    2 PORPHYRE
  • mars-avril 1849
  • Cathédrale de Nîmes.
La lettre

La procession dans les personnes divines est une émanation intellectuelle, Processio intelligibilis ad intra.

Procession d’intelligence, le Verbe; Procession de volonté, le Saint-Esprit ou l’amour.

Hoc est enim summum gaudium nostrum, quo amplius non est frui Trinitas, Deo, ad cujus imaginem facti sumus. S. Aug. De Trin. lib. I, n. 15.

Il faut remarquer la lutte entre Porphyre et saint Augustin sur la Trinité, pour comprendre que la philosophie platonicienne n’avait pas à coup sûr donné ce dogme au christianisme.

Est itaque bonum solum simplex, et ob hoc solum incommutabile, quod est Deus. De civ. Dei, lib. XI, cap. 10.

Universa nobis Trinitas in suis operibus intimatur. Inde est civitatis sanctae, quae in sanctis angelis sursum est, et origo, et informatio, et beatitudo. Nam si quaeratur unde sit, Deus eam condidit; si unde sit sapiens, a Deo illuminatur; si unde sit felix, Deo fruitur; subsistens modificatur, contemplans illustratur, inhaerens jucundatur; est, videt, amat; in aeternitate Dei viget, in veritate Dei lucet, in bonitate Dei gaudet. De civ. Dei, lib. 11, cap. 24.

Tout être est doué d’activité, l’activité implique l’action, et l’action c’est la vie = L’action d’un être égale son activité = L’activité d’un être se résume dans sa fécondité.

Dieu doit se reproduire d’une manière digne de lui, d’une manière infinie; mais il n’y a pas deux infinis, il se reproduira lui-même dans son Fils.

Dans l’âme il y a une distinction imparfaite; en Dieu distinction parfaite, et c’est ce qu’on appelle personne.

Et sumus, et nos esse novimus, et id esse ac nosse diligimus. S. Aug.

Le Verbe est en toute chose comme force et principe d’action.

Tout était éternellement dans le Verbe.

Dieu est un et distinct; il est infiniment un et dès lors infiniment simple, infiniment distinct, ce qui constitue la distinction des personnes; l’être a des propriétés, l’absence de propriété c’est l’absence de l’être.

En Dieu une science parfaite, aucune matière en la Trinité.

Dieu se connaît d’une manière infinie, parce que rien ne l’empêche de se replier sur lui-même.

Dieu se comprend lui-même, – car sa compréhension est infinie.

Impossible de raisonner de Dieu d’après les créatures.

L’être de Dieu c’est son intelligence, donc son intelligence est parfaite, donc il comprend autre chose que lui.

Il voit tout d’un même regard.

Dieu ne veut d’une nécessité absolue que le plus grand bien qui est lui-même.

La procession divine est un acte intérieur = ad intra. Cela se coit dans l’esprit humain pour l’opération de l’intelligence.

La procession est une émanation intelligible, comme celle de la parole intelligible qui demeure en celui qui prononce cette parole au-dedans de lui-même.

La génération est un acte par lequel on tire de soi un être semblable à soi, de même nature.

Tout être intelligent peut être considéré dans sa manifestation au point de vue de l’intelligence et au point de vue de la volonté; pour un Dieu il faut qu’il y ait manifestation de l’intelligence et manifestation de la volonté.

L’intelligence est mue en ce sens que l’objet qui la meut se présente à elle comme image; la volonté est mue en ce sens que l’objet présenté avec l’intelligence comme image est voulu par la volonté. En Dieu il n’y a qu’une procession de parole et une procession d’amour; tout ce qui est en Dieu est essentiel, donc ses relations tiennent à son essence, le nom de personne appartient à Dieu d’une manière plus parfaite. Dieu connaît dans son Verbe toutes les intelligences.

PLAN.

Nous avons dit que nous ne prouverions pas Dieu, et c’est inutile; on ne peut sonder les profondeurs de l’être sans Dieu qui en est la cause, on ne peut se faire une idée de l’ordre sans Dieu qui en est le principe, on ne peut se figurer le mouvement sans Dieu qui est le premier moteur. Dieu est l’être par excellence. Il a la plénitude de l’être, donc infini, donc parfait; si infini, donc éternel, donc immense, donc immuable; si parfait, donc infiniment puissant, infiniment sage, infiniment bon; si infini, incompréhensible; mais s’il est incompréhensible, comment s’en faire une idée? En tant qu’être infini, il ne peut être compris que par une intelligence infinie, mais il peut être connu par une intelligence limitée, à l’aide de la foi. En tant qu’infiniment parfait, il est infiniment bon et il peut être saisi par le coeur, mais comme il est infiniment saint, il ne peut être saisi que par un coeur pur – et nous avons conclu que pour arriver à Dieu deux conditions étaient nécessaires: l’humilité de la foi et la pureté du coeur.

Mais en Dieu il y a une substance, et cette substance a des propriétés. Que pouvons-nous savoir de la substance de Dieu et de ses propriétés? Voilà ce que je veux examiner rapidement, mais comme une conclusion pratique doit en être tirée, nous examinerons quels rapports résultent entre l’homme et Dieu de la connaissance des propriétés divines.

Première partie.

Dieu est donc infiniment parfait; dès lors il est un, car sans unité il n’y a point d’ordre, et si l’ordre ne subsiste pas dans l’être le plus parfait, où sera-t-il? Unité plus grande que celle des corps, plus grande que celle de l’homme, plus grande que celle de l’intelligence où il y a succession; en Dieu il n’y a pas de succession, tout est simultané. Dieu est un de la simplicité la plus grande, et tous ses attributs viennent se réunir dans une parfaite unité, dans une unité infinie. Oter en Dieu l’unité, c’est lui ôter la possibilité d’être. Il est donc établi que Dieu est un: In essentia unitas.

La raison seule peut-elle aller jusque-là? En vérité je n’en sais rien, mais je sais qu’elle ne peut dépasser cette limite; et ce qui me reste à vous dire, il faut l’avoir appris de la bouche de Dieu même pour vous le raconter. Qui donc ira surprendre à Dieu son secret? Ce sera le Fils de Dieu lui-même, celui qui est dans son sein, Unigenitus Dei filius, qui est in sinu Patris, ipse enarravit. Dans l’infinie unité de Dieu se trouvent des propriétés. Un être parfait a la puissance d’être. C’est la première notion qu’on puisse en avoir. Il doit avoir une puissance infinie d’être, d’exister, de vivre; puissance infinie, existence infinie, vie infinie; les mots sont ici infirmes pour peindre ce qu’est ce premier principe subsistant par lui-même, vivant de sa vie propre.

Mais s’il est parfait, il se connaît; il se connaît d’une manière égale à lui-même, il se connaît d’une manière infinie, et il se connaît par son intelligence qui est sa vie, car la manière la plus parfaite d’exister c’est par l’intelligence.

Mais comme il est souverainement parfait et qu’il se connaît selon sa perfection, il s’aime infiniment, et c’est ce qui fait son bonheur.

Voilà donc trois propriétés: puissance, connaissance, amour, et ces trois propriétés sont distinctes, et comme tout est infiniment parfait en Dieu, ces propriétés sont distinctes en Dieu d’une manière infiniment parfaite. – Donc nous trouvons en Dieu une unité infinie et une distinction infinie dans les propriétés, ou si vous le voulez des propriétés infiniment distinctes.

Or pour caractériser ce qu’il y a de parfait dans la distinction des propriétés divines, l’Eglise leur a attribué le nom de personne, mais les personnes divines sont-elles personnes comme vous et moi sommes des personnes? Qui le dira?

Et encore dans quel ordre ces personnes se manifestent-elles? Le Père principe de tout – infiniment puissant, infiniment fécond, il se reproduit d’une manière infinie dans son Fils qui est sa pensée, son image, image infinie, une avec le Père, et distincte pourtant, Ego et Pater unum sumus; – ego et Pater, distinction; unum, unité.

Le Père et le Fils se connaissent, il est impossible que le Père et le Fils ne s’aiment pas. – Quum autem venerit Paraclitus, quem ego mittam vobis a Patre, Spiritus veritatis qui a Patre procedit, ille testimonium perhibebit de me. – Il nous envoie, vobis; Spiritum veritatis, esprit de vérité, donc esprit du Fils; qui a Patre procedit, donc esprit du Père.

Le Père engendre, parce qu’en tant que parole, que Verbe, son Fils est semblable à lui. Le Père et le Fils n’engendrent pas le Saint-Esprit, parce que l’amour désire l’objet aimé, mais ne le rend pas semblable à lui. – Mais le Père est distinct du Fils et du Saint-Esprit, le Fils du Père et de l’Esprit, l’Esprit est distinct du Père et du Fils.

Et cependant le Père est puissant, connaît et aime; le Fils est puissant et aime; le Saint-Esprit est puissant et connaît. La puissance, l’intelligence et l’amour appartiennent au Père, au Fils et au Saint-Esprit, et ceci ne peut être dit que quant à la distinction des personnes subsistant avec l’unité d’essence: essentia unitas, in personis proprietas.

Laquelle est la première? Toutes trois égales.

Tout ce qui est en Dieu est Dieu.

Dira-t-on que le Père est plus parfait, parce qu’il est principe? mais le Saint-Esprit n’est-il pas plus parfait comme terme, et le Fils n’est-il pas plus parfait comme lumière? – Adorons l’égalité des personnes pour conserver la simplicité et l’unité de nature.

Deuxième partie.

Dieu est la puissance infinie, aucune dégradation. On ne relève que de lui; cependant l’homme ne le veut pas, et toutefois principe de la grandeur l’adoration qui met l’homme en rapport avec Dieu et dispose Dieu en faveur de l’homme.

Dieu sagesse, lumière infinie. Toute intelligence découle de lui; lumière qui apparaît au monde, action de Dieu sur l’homme qui s’unit à sa parole et qui la recherche in lumine tuo videbimus lumen.

Dieu est amour, et de même qu’il nous connaît éternellement, éternellement il veut notre bonheur. Perfection de l’homme qui s’unit à l’amour et qui se le rend sien; bonheur d’être participant de Dieu selon sa puissance, sa sagesse, son amour.

Invocation à la Trinité.

Notes et post-scriptum